Chronique

Bibliothèque nationale.

Départements des imprimés.

I. Dons et legs.

Au cours de l'année 1960, la Bibliothèque nationale a reçu, à titre de dons ou de legs, 6.700 volumes.

Parmi les ensembles les plus importants, il convient de citer : le legs Bougenaux, les dons Loyson, Duff, etc..., ceux des ambassades de Pologne et du Danemark.

Au début de l'année, Mme Bos a remis à la Bibliothèque le legs de sa sœur Mme Bougenaux. Celui-ci consistait en plusieurs centaines de lettres de Henri de Régnier, destinées au département des Manuscrits, et en 136 volumes, pour la plupart dédicacés à Mme Bougenaux : ouvrages de Gérard d'Houville, Paul Valéry, etc..., notamment la quasi-totalité des œuvres de Henri de Régnier, dont beaucoup sont des éditions originales sur grand papier.

Mme Loyson, petit-fille du P. Hyacinthe Loyson, a offert à la Bibliothèque 104 publications qui ne s'y trouvaient pas encore : 60 ouvrages du P. Hyacinthe et 44 le concernant, ou sur des sujets tels que les rapports du catholicisme et du protestantisme, le christianisme progressif et le christianisme libéral, le mariage, l'Église grecque, etc... A ces livres était joint un important recueil d'autographes.

M. Duff a récemment offert à la Bibliothèque nationale 68 publications de la Résistance éditées au Moyen Orient, à Londres, à Washington et à Alger au cours de la dernière guerre. Il s'agit principalement de plaquettes émanant de Aragon, Philippe Barrès, Bernanos, René Cassin, Focillon, André Philip, Jules Roy, etc... et de discours et messages du général de Gaulle, publiés en 1942 et 1943 et dont plusieurs ont pour objet la Syrie.

Certaines pièces, particulièrement remarquables par leur valeur ou leur rareté, méritent d'être signalées :
- un exemplaire très rare d'une édition des œuvres de Rabelais, 1573, dont la Bibliothèque ne possédait qu'une édition incomplète (legs de M. Hellewell, transmis par l'intermédiaire de la « Brotherton library », Leeds);
- un exemplaire de Boileau : Œuvres diverses du sieur D*** avec le Traité du sublime ou du merveilleux dans le discours, t. I, Paris, Denys Thierry, 1695 (don de M. Georges Braun);
- une bible publiée à Haarlem par Enschede en 1810, curieusement reliée en velours violet et ornée de fermoirs en or ciselé, qui aurait, selon la tradition, appartenu à la reine Hortense (don de M. Schaap) ;
- un exemplaire de présent de Amoureuse de Porto-Riche, imprimé pour Mme de Porto-Riche et dédicacé par l'auteur à sa femme (don de M. Cogeval).

Deux expositions de livres étrangers ayant eu lieu récemment à Paris, les ambassades des pays exposants ont tenu à remettre à la Bibliothèque nationale des ouvrages entrant dans le cadre de ses collections. L'Ambassade de Pologne a offert à la Bibliothèque nationale 383 volumes en langue polonaise à la suite de l'exposition du « Livre polonais » qui s'était tenu en avril 1959 à la Sorbonne : ouvrages de publication récente, embrassant des disciplines variées (littérature, philosophie, histoire, histoire de l'art, musique). A la suite de l'exposition du « Livre danois », organisée en février 1960 à la Maison du Danemark à Paris, la Bibliotèque nationale reçut de l'Ambassade du Danemark un important lot d'ouvrages dont elle ne conserva que 83 livres, répartissant les autres dans les bibliothèques des Facultés de médecine et de pharmacie, du Museum, Sainte-Geneviève, d'art et d'archéologie, Forney.

II. Achats.

L'ensemble des accroissements par achats ou échanges est de 4.92I entrées pour 1960.

On distinguera les accroissements portant sur la production étrangère courante, qui constituent la masse principale des achats, de ceux qui concernent le fonds français ancien.

a) Acquisitions étrangères courantes.

Le premier groupe comprend 4.588 titres de livres et périodiques 1. Les publications allemandes y figurent dans une proportion importante : I.118 titres; viennent ensuite les publications anglaises (I.012 titres), puis italiennes (696 titres), belges (252), hollandaises (175), portugaises (177), polonaises (155), espagnoles (144), suisses (122). On notera l'acquisition de 88 ouvrages arabes, de 34 « Hebraïca », la plupart épuisés, de 60 livres russes antérieurs à la Révolution d'octobre ou datant des premières années du régime communiste, enfin de près de 200 livres ayant figuré à l' « Exposition du livre hongrois ». Ces achats ont été accomplis suivant un programme traditionnel qui tient compte du caractère humaniste de la Bibliothèque nationale. Les sciences exactes sont représentées seulement par des encyclopédies, des ouvrages de synthèse et surtout des études d'histoire et philosophie scientifiques. Une place prépondérante, par contre, est réservée aux études concernant les sciences humaines et aux littératures.

Il ne sera peut-être pas sans intérêt de signaler, à titre d'exemples, quelques-uns des ouvrages étrangers entrés au cours de l'année, choisis parmi les plus importants et susceptibles d'intéresser de larges catégories de lecteurs fréquentant les bibliothèques de recherche. Citons :
- pour les sciences religieuses : Dom David Knowles : The Religious orders in England, vol. III, The Tudor age (Cambridge, 1959);
- pour la philosophie : Schelling: Sämtliche Werke. Bd. I-VI (Munich, 1958);
- pour l'histoire : Nicholas Thomas : A guide to prehistoric England, sous forme de dictionnaire, une notice étant consacrée à chaque site classé par comté; G. W. S. Barrow, ed. : Regesta Regum Scottorum. 1153-1424.I. The Acts of Malcolm IV (Edinburgh University press, 1960) ; Luigi Pareti : Storia di Roma e del mondo romano (Torino, 1952-1960), un 6e volume complétera cette nouvelle étude sur l'histoire de Rome et de la civilisation méditerranéenne; Franco Valsecchi : L'Italia nel settecento (Milano, 1959) qui fait partie de l'importante Storia d'Italia illustrata, en cours de publication; La Civiltà venezia del settecento (Firenze, 1960) qui continue la collection d'études publiée par les soins de la fondation Cini sur la civilisation vénitienne à travers l'histoire; Storia d'Italia (Torino, 1959), 4 volumes parus, le 5e à paraître, collection dirigée par Nino Valeri, qui met surtout l'accent sur les faits politiques; Ennio di Nolfo : Storia del Risoroimento et dell'unità d'Italia (Milano, i959), sixième tome qui vient compléter cette histoire laissée inachevée par Cesar Spellanzoni; S. Ma. Ajo y Sainz de Zuniga : Historia de las universidades hispanicas (Avila, 1957), 3 vol. parus, œuvre très documentée sur l'historique des universités en Espagne et en Amérique latine; The New Cambridge modern history, vol. XII, The Era of violence, 1898-1945, ed. by David Thomson (Cambridge, 1960); Select documents on Asian affairs. India 1947-1960. I. Internal affairs. II. External affairs, ed. by S. L. Poplai (Oxford, 1959); Efraim Cardozo : Historiographia Paraguaya (Mexico, 1959).
- en linguistique : Antonio Griera : Atlas linguistic d'Andorra (Barcelona, 1960); R. C. Trent : Dictionary of obsolete English (London, 1960), définissant et commentant du point de vue philologique des expressions qui ont changé de sens ou ne sont plus en usage.
- pour la littérature : Las fuentes del romancero general (Madrid, 1800; Madrid, 1957, 12 vol.), réimpression soignée en facsimilés des petits romanceros qui précédèrent la volumineuse compilation de Pedro de Flores, notes de A. Rodriguez Monino; Repertorio bibliografico della letteratura italiana, vol. II, 1950-1953 (Firenze, 1960), bibliographie signalétique très riche d'ouvrages et d'articles; Bonamy Dobree : English literature in the earlier eighteenth century 1700-1740 (Oxford, 1959, Oxford history of English literature); Richard Stang : The Theory of the novel in England, 1850-1870 (London, 1959) avec une importante bibliographie; Georges D. Painter : Marcel Proust, a biography, vol. 1 (London, 1959); Hugo von Hofmannsthal : Gesammelte Werke, Bd. I-15 (Francfort, 1952-1959); Romanceiro portugues colegido por J. Leito de Vasconcellos (Coimbra, 1960, vol. 1 et 2) ; Dizionario universale della letteratura contemporanea (Milano, 1959), sera complet en 4 vol., donne une bibliographie choisie sur les auteurs et les œuvres et de longues notices sur les mouvements littéraires;
- pour les sciences et les techniques : Proceedings of the first international symposium of the origin of the life on earth, Moscow 1957 (London, 1957), exposition des théories qui ont été émises pour expliquer l'apparition de la vie sur la terre; Joseph Needham et Arthur Hughes : History of embryology (London, 1959); F. S. Bodenheimer : History of biology (London, 1958); Robert James Forbes : Studies in early petroleum history (Leiden, 1958), développement de l'industrie pétrolière pendant le moyen âge et les siècles postérieurs jusqu'à la période moderne; Martin Levey : Chemistry and chemical technology in Ancient Mesopotamia (Amsterdam, 1959); Charles J. Hyman : Dictionary of physics and allied sciences. I. German-English ed. by Charles J. Hyman (London, 1958), premier dictionnaire bilingue vraiment important sur la physique : Encyclopedia of sciences and technology (London, 1960), 15 vol.; Agard multilingual dictionary aeronautical, ed. by Georges H. Frenot et A. H. Holloway (London, 1960), important dictionnaire en huit langues publié par l' « Advisory group for aeronautical research and development of the North Atlantic treaty organization ».
- pour l'art et l'archéologie : Francisco Abbad Rios : Catalogo monumental de Espana. Zaragoza (Madrid, 1957, 2 vol.) ; Architettura e restauro, a cura de Perogalli (Milano, 1957), riche documentation; Amedeo Maiuri : Ercolano. 1 nuovi scavi (1927-1958), vol. 1 et vol. de planches (Rome, 1958), première étude scientifique et synthétique faite par le directeur des fouilles, et luxueusement éditée; L. van den Berghe : Archéologie de l'Iran ancien (Leiden, 1959), ouvrage d'ensemble faisant le bilan des fouilles depuis 1842.
- pour les sciences juridiques, politiques, économiques et sociales : Marco Scovazzi : Le Origine del diritto germanico (Milano, 1957), étude qui examine de nombreux problèmes et approfondit beaucoup de questions, riche bibliographie; Brian Chapman : The Profession of government. The public service in Europe (London, 1959), étude sur le métier de fonctionnaire et surtout sur sa préparation en Europe; Dorothy Pickles. The French constitution of October 4th, 1958 (London, 1959).

b) Livres précieux.

Les collections de la Réserve se sont enrichies, par voie d'achat, d'éditions choisies en raison de leur importance pour le patrimoine littéraire national ou de la place qu'elles occupent dans l'histoire de la typographie et de la reliure françaises. Parmi les quelque trente pièces rares achetées en 1960, en vente publique 2, auprès de libraires-antiquaires ou de particuliers, il convient de citer : Maistre Pierre Pathelin, s. 1. n. d. (Lyon, Guillaume Le Roy, vers 1485), seul exemplaire connu de l'édition originale, dont la découverte fit reculer de cinq années la date de l'apparition de ce texte célèbre sous forme d'imprimé; ce précieux volume a été acquis sur un crédit exceptionnel.

Heures à l'usage de Rome (Paris, G. Anabat, 1510), « unicum » d'une des dernières éditions d'un imprimeur spécialiste des livres d'heures.

Lefèvre d'Etaples : Ancien Testament (Anvers, M. Lempereur, 1528), dernier volume de cette traduction, dont la Bibliothèque nationale ne possédait que les premiers tomes; l'édition ayant été condamnée et détruite, les exemplaires complets sont excessivement rares. Celui-ci se présente sous une reliure mosaïquée du XVIe siècle décorée dans le style des reliures exécutées pour Grolier.

Stace : Opera (Paris, Blaise, 1618). Exemplaire relié aux armes du marécha de Vitry.

Tristan L'Hermite : Les Amours de Tristan (Paris, Belaine et Courbe, 1638), édition originale.

Voltaire : Candide ou l'optimisme (s. 1., 1759), l'une des vingt éditions publiées la même année que l'originale; celle-ci inconnue de Bengesco, mais décrite par M. Besterman, complète la série conservée par la Bibliothèque nationale.

Lautréamont : Les Chants de Maldoror (Bruxelles, Paris, Tous les libraires, 1869), le reste de l'édition ayant été mis en vente en 1874 sous une couverture et une page de titre différentes.

Les Dixains réalistes (Paris, Librairie de l'eau forte, 1876), édition originale, tirée à 150 exemplaires, qui comprend des poèmes de Charles Gros et Germain Nouveau.

Département des médailles.

Un choix de monnaies crétoises, syriennes et orientales acquises en 1959 par le cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale est présenté par M. Le Rider conservateur, dans une élégante plaquette illustrée, constituant un tirage à part d'un article paru dans la Revue numismatique 3.

Bibliothèques universitaires.

Bibliothèque Sainte-Geneviève.

Le II mars 196I a eu lieu à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, sous le patronage et avec la présence effective de M. Terrenoire, ministre de l'Information, la cérémonie de la remise solennelle par l'Union culturelle française d'un premier lot de plus de trois mille volumes et environ 800 brochures, écrits en langue française par des auteurs non français. Ce don est le résultat d'une acceptation de juillet 1960 par le recteur et le conseil d'administration de l'Université de Paris d'une donation qui constitue l'ébauche de la première bibliothèque internationale d'œuvres françaises dues à des étrangers.

A cette manifestation, assistaient, outre les ambassadeurs du Canada, du Danemark, du Laos, du Mexique, du Portugal et de Yougoslavie, les conseillers culturels et représentants des ambassadeurs de la République fédérale d'Allemagne, de la Belgique, de la Finlande, de Grande-Bretagne, d'Israël et de Suède, M. Pérès, membre de l'Institut, doyen de la Faculté des sciences de Paris, représentant M. le recteur de l'Université de Paris, empêché au dernier moment. M. Julien Cain membre de l'Institut, directeur général des Bibliothèques de France, M. Basdevant, directeur général aux affaires culturelles du ministère des Affaires étrangères, M. le directeur adjoint de l'enseignement supérieur, M. Hessel, sous-directeur aux accords internationaux et échanges universitaires, Mme Bécourt-Foch, conseiller municipal de Paris, M. Bourveau, représentant le Protocole, le président de la Société des gens de lettres, le secrétaire général des Amitiés françaises à l'étranger, des membres de l'Université de Paris, de la Bibliothèque nationale, et de diverses bibliothèques universitaires de Paris, etc...

Dans son allocution d'ouverture, le conservateur en chef de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, rappelle que l'Union culturelle française, fondée en 1953 au Canada par M. Marc Léger, et qui, depuis cette date, est constituée en une fédération internationale de comités nationaux (Belgique, Canada, France, Ile Maurice, Suisse, Val d'Aoste...) a tenu à honneur d'être un trait d'union entre les deux millions d'hommes de langue française épars dans le monde, afin de favoriser les contacts entre les peuples et les groupements nationaux de pensée, de langue et de civilisation françaises, associés dans une action de compréhension complète. Au nombre des manifestations en faveur de la culture française organisées par l'Union culturelle française, une mention spéciale doit être donnée à l'exposition de la « Presse de langue française dans le monde » qui a groupé à Paris en 1956, pour circuler ensuite à travers divers continents, près de 2.000 journaux parus dans plus de 65 pays et l'exposition du « Livre français » de 1959 qui vaut à la Bibliothèque Sainte-Geneviève ce premier don, qui sera continué dans la suite.

Prenant la parole après M. de Valous, le président international actuellement en fonctions de l'Union culturelle française, M. Robert Desprechins, un Belge, définit à son tour les raisons qui ont motivé l'action de son groupement. Il fait l'éloge de la langue française qui, par sa clarté, sa netteté, a permis aux écrits et aux discours qui l'ont employée de tenir une place privilégiée. « La France et la culture française, dit-il, restent pour l'ensemble du monde un pôle vers le centre duquel convergent la plus haute spiritualité, l'esprit de liberté, et la conscience du droit de l'homme. C'est la raison, conclut-il, pour laquelle la langue française est chère à tous et que, dans certains points du monde, on se bat chaque jour pour la défendre. »

M. Roger Millot, président du Comité français, l'un des animateurs les plus fervents et les plus efficaces d'un mouvement auquel s'est dévouée la secrétaire générale Mme Jaudoin-Prom, se félicite de l'appui donné par l'Université de Paris à l'Union culturelle française. Il explique, en revenant sur certaines manifestations récentes, qu'il n'y a pas lieu de s'étonner de l'absence d'écrivains de langue française originaires de nos ex-colonies d'Afrique, ceux-ci, en effet, faisant lors de ces manifestations encore partie intégrante de la Communauté française et comme tels il n'y avait pas lieu de faire figurer leurs œuvres dans une manifestation dont étaient exclus les autres écrivains de nationalité française. Maintenant que les jeunes États africains ont accédé à l'indépendance, il n'en sera plus de même dans l'avenir. Au reste, l'Union culturelle française caresse le projet, avant que ne se termine l'année 196I, de présenter au public parisien l'ensemble déjà si riche de la production intellectuelle en langue française de ces états demeurés inébranlablement fidèles à notre pensée et à notre civilisation.

C'est en félicitant les organisateurs de leur action en faveur de la sauvegarde de la langue et de la civilisation françaises et en les encourageant à en développer l'extension en particulier dans le continent africain, que M. le ministre de l'Information tire la conclusion d'une manifestation entièrement conçue dans la ligne du génie de la France.

Aix-Marseille (Bouches-du-Rhône).

La Bibliothèque universitaire a reçu de Mme Voguel, au cours d'une cérémonie qui a eu lieu le 23 janvier 196I à la Faculté des lettres d'Aix, sous la présidence de M. le doyen Guyon, un don important de volumes provenant de la bibliothèque de son frère M. Norton-Cru.

Elle s'est ainsi enrichie de 500 volumes environ sur l'histoire militaire de la guerre de 1914-1918. Ces livres ont servi de base à M. Norton-Cru pour la publication de son ouvrage fondamental sur la Grande guerre : Témoignages et témoins et d'autres ouvrages d'histoire militaire.

Ces volumes constituent une précieuse documentation sur l'histoire de cette période et sont appelés à être largement utilisés en raison de la création d'un Centre d'histoire militaire à la Faculté des lettres.

Rennes (Ille-et-Vilaine). Bibliothèques universitaire et municipale.

La Bibliothèque universitaire et la Bibliothèque municipale de Rennes ont été inaugurées le 18 mars 196I au terme d'un plan d'extension réalisé simultanément et confié aux mêmes architectes. L'inauguration était placée sous la présidence de M. Julien Cain, directeur général des Bibliothèques, assisté de M. Le Moal, recteur de l'Académie, et de M. Fréville, député-maire. De nombreuses personnalités ont bien voulu honorer cette cérémonie de leur présence : MM. Pierre Lelièvre, inspecteur général des Bibliothèques, Brunau, inspecteur général des Bâtiments civils, Lemagny, membre de l'Institut, Orrion et Millot, députés-maires de Nantes et Angers, les doyens des quatre Facultés rennaises, etc. On remarquait également la participation de plusieurs bibliothécaires des villes voisines, qui avaient bien voulu se déplacer en cette circonstance et dont la présence soulignait opportunément l'unité morale de notre profession.

Après le déjeuner officiel, où MM. Le Moal et Fréville saluèrent la présence de M. Julien Cain et le remercièrent d'avoir accepté la présidence de cette manifestation culturelle, la visite des deux bibliothèques permit d'apprécier l'œuvre architecturale accomplie sous la direction de M. l'inspecteur général Brunau, architecte en chef de cette double construction. Comme on le sait, les deux bibliothèques étaient déjà implantées depuis cinquante ans entre la rue Lesage et la rue de La Borderie, à proximité immédiate l'une de l'autre, et possédaient même des services communs. Ceux-ci ont été supprimés par suite de l'importance nouvelle des bâtiments, mais une collaboration fonctionnelle reste l'avantage majeur de cette proximité, que le plan d'extension a respectée. En même temps que les anciens locaux faisaient l'objet d'une rénovation complète, des terrains libres permettaient d'accroître notablement les surfaces de consultation et de construire un nouveau bloc-magasins.

La visite officielle des bâtiments commença par les salles de lecture de la Bibliothèque universitaire qui s'ordonnent en un vaste quadrilatère autour d'une cour intérieure et offrent au public un total de 250 places. On pénètre ensuite dans le magasin de livres, où sont conservés 350.000 volumes et qui pourra en recevoir un million. Ces chiffres concernent uniquement la partie universitaire de la construction. La Bibliothèque municipale, qui possède 280.000 volumes dans un magasin apte à en conserver 500.000, montre également aux visiteurs une salle de lecture toute proche des précédentes et réservée à la consultation du fonds d'étude, puis des salles situées près de la rue de La Borderie et qui abritent le service de lecture publique ainsi qu'une bibliothèque de la jeunesse. Ce local s'ouvre sur un jardin très agréable, dans un quartier qui a pu conserver un cachet résidentiel, bien qu'à proximité du centre.

L'essentiel des locaux était ainsi présenté aux visiteurs, qui se retrouvèrent dans la grande salle de réunions de la Bibliothèque municipale où trois discours permirent de préciser l'historique et les objectifs de la construction. M. le recteur Le Moal remercia M. Julien Cain des crédits importants que celui-ci a consentis à l'Université de Rennes pour édifier ce bâtiment, et rappela le rôle personnel joué par M. Pierre Lelièvre dans la mise en œuvre quotidienne qui a permis de mener à bonne fin les projets initiaux. Après avoir attiré l'attention sur le rôle croissant joué par les bibliothèques comme condition de l'enseignement ou de la recherche, le recteur souligna que l'Université entend rester la gardienne des valeurs intellectuelles et morales, fondement de l'humanisme, et qu'à ce titre elle attache le plus vif intérêt à des bibliothèques qui lui apparaissent comme l'instrument et l'expression de ces valeurs.

M. Fréville, député-maire, replaça ensuite cette construction dans le cadre d'une gestion municipale qui accorde une large place à l'équipement culturel. Cette œuvre est « une parcelle d'un tout en voie de réalisation future, et même prochaine ». Le député-maire remercia également la Direction des bibliothèques d'avoir subventionné au tiers le coût total de la construction municipale. En outre, il se montra particulièrement reconnaissant de l'envoi de 2.000 volumes reliés fait par le Service technique de la Direction des bibliothèques, à l'intention de la lecture publique.

M. Julien Cain tira les conclusions de cette journée en appréciant l'effort accompli par l'Université et la Ville de Rennes. Il y associa les architectes à qui est due l'œuvre réalisée sous nos yeux : M. Félix Brunau et son adjoint M. Couasnon. Un retour vers le passé lui permit de rappeler l'histoire de ces deux établissements et les échanges de vues souvent passionnés qui précédèrent voilà cinquante ans leur commune implantation sur le terrain où elles viennent maintenant de s'agrandir. Cet historique expliquait le présent, en même temps qu'il ouvrait déjà des perspectives d'avenir : « les bibliothèques vivent et se transforment, en témoignant de l'accord université-municipalité, si bienfaisant, et en groupant tant de bonnes volontés pour répondre à l'appel de cette Bretagne chargée d'histoire qui veut se développer, s'élever et grandir ».

Bibliothèques municipales.

Bordeaux (Gironde).

Du 13 au 19 février 196I s'est déroulée à Hambourg une semaine Bordeaux-Hambourg organisée sous les auspices de l'Université de Bordeaux et du Comité départemental du tourisme. Ces manifestations recherchaient un double objectif : tout d'abord resserrer les liens entre les deux universités qui sont jumelées; ensuite, faire connaître aux habitants de Hambourg les sites touristiques et les spécialités gastronomiques de Bordeaux et du département de la Gironde. Ainsi a été organisée une double série de manifestations, les unes intellectuelles qui seules nous intéressent ici et les autres touristiques et gastronomiques.

Le programme de la semaine culturelle Bordeaux-Hambourg a été établi sur l'initiative de M. Higounet, professeur à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Bordeaux, qui a fait un semestre de cours à la Faculté des lettres de Hambourg. M. L. Desgraves a préparé et présenté à l'Institut français une exposition d'une quarantaine d'agrandissements photographiques retraçant les grandes étapes de l'évolution topographique de Bordeaux et montrant les principaux monuments de la cité. Une place particulière avait été réservée à Montaigne et à Montesquieu. Au cours de la semaine, un public nombreux a visité cette exposition et assisté à trois conférences prononcées par M. Dartigues président du Comité départemental du tourisme sur le tourisme et la gastronomie en Gironde, par M. Étienne, professeur à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Bordeaux, sur Ausone de Bordeaux à la Moselle, et par M. Higounet, sur les relations commerciales entre Bordeaux et les villes hanséatiques au moyen âge.

Des réceptions au Consulat général de France, à l'Institut français et chez des professeurs de la Faculté des lettres de Hambourg ont complété ces manifestations.

Colmar (Haut-Rhin).

Sélection de romans pour adolescents.

Une enquête entreprise au printemps 1959, sur l'initiative du Conseil colmarien de la jeunesse, auprès de tous les établissements d'enseignement secondaire et technique de la ville de Colmar, dépouillée ensuite à la Bibliothèque municipale, sous l'autorité de M. P. Schmitt, a permis de constater de regrettables lacunes dans les lectures des jeunes. Dès lors fut décidée la rédaction d'un catalogue de livres susceptibles d'intéresser les adolescents.

Les membres de la Commission de lecture du Conseil ont élaboré, en premier lieu, et publié en janvier 196I, une liste sélective de romans comportant de brèves notices analytiques et critiques. Les rédacteurs, parmi lesquels M. P. Schmitt, conservateur de la Bibliothèque municipale de Colmar, Mlle Orieux, bibliothécaire à la même bibliothèque, Mlle Berna, bibliothécaire de la Bibliothèque centrale de prêt du Haut-Rhin, ainsi que plusieurs éducateurs et libraires, ont cherché à cerner l'ensemble de la production et des préoccupations : romans d'action, romans romanesques, policiers, humoristiques, historiques, psychologiques, sociaux, etc... Cette liste sera suivie d'une seconde, concernant des ouvrages de documentation, des récits, des témoignages vécus. Pour l'une et l'autre section, des mises à jour régulières sont envisagées.

Exposition sur la littérature alsacienne.

Pour prolonger et illustrer concrètement les travaux d'un colloque, qui réunit à Colmar, à l'automne dernier, les membres des différentes Académies et Sociétés savantes d'Alsace, et où universitaires, érudits et poètes locaux prirent la défense de la littérature alsacienne, une exposition sur le même sujet fut organisée à la Bibliothèque de la Ville de Colmar.

Grande était la moisson. Mais on a tenu à présenter une vue d'ensemble complète de la littérature alsacienne, ce qui conduisit à opérer un choix très strict des œuvres les plus belles, ou les plus représentatives de chaque époque et de chaque auteur.

La littérature alsacienne emprunte au cours des siècles différents moyens d'expression, utilisant tour à tour le latin, l'allemand, le français, et le dialecte.

Les textes les plus anciens remontent au IXe siècle : Serment de Strasbourg (842), Evangelienbuch, du moine Otfrid de Wissembourg (circa 875)... Le monument le plus célèbre de la littérature religieuse monastique de l'Alsace est l'Hortus deliciarum, de l'abbesse Herrade de Landsberg (Hohenburg-Sainte-Odile)... Mais, hélas, on n'a pu exposer, de ces joyaux, que des copies ou des éditions savantes du XIXe siècle.

Il n'en est pas de même, heureusement, pour l'âge d'or de la littérature alsacienne : à savoir la fin du xve siècle, et le XVIe siècle, époque royale et privilégiée des humanistes et des réformateurs.

Les bibliothèques monastiques et seigneuriales de la région avaient acquis en grand nombre les éditions originales, ornées de gravures, du prédicateur Geiler de Kaysersberg, du pédagogue Jacques Wimpfeling, du moraliste Sébastien Brant, du moine satirique Thomas Murner, du philologue Beatus Rhenanus, du géographe Matthias Ringmann Philésius, du musicien Ottmar Nachtgall Luscinius, du médecin Jean Adelphus Muling, d'autres encore...

Une autre époque de la littérature alsacienne mérite une attention particulière : la fin du XIXe siècle, qui vit fleurir le théâtre populaire alsacien. Repliée sur elle-même, après l'annexion allemande de 1870, l'Alsace, pays très individualiste, voulut exprimer sa personnalité, son indépendance, vis-à-vis de son occupant. On se remit à cultiver le patois local, et on l'éleva à la hauteur de la langue littéraire.

Les bouleversements des guerres et des changements politiques ont exercé sur la sensibilité alsacienne une influence profonde, qui s'exprime bien entendu dans la production littéraire.

Douai (Nord).

La Bibliothèque municipale de Douai a reçu du 4 au II mars l'exposition itinérante « Traduit du français », réalisée par les services culturels américains.

Saint-Dié (Vosges).

M. G. Baumont, professeur honoraire du lycée, et ancien bibliothécaire de la ville, a dédicacé son ouvrage Saint-Dié des Vosges, origines et développement dans la salle de lecture de la bibliothèque, du 15 février au 4 mars.

A cette occasion, la bibliothèque a présenté sous vitrines des documents tirés de ses collections : les œuvres des « historiens de Saint-Dié » depuis le XIIe siècle jusqu'à 196I, manuscrits, imprimés, plans, gravures.

Cette manifestation a permis à un grand nombre de Déodatiens de connaître la salle de lecture de la bibliothèque aménagée depuis janvier seulement.

Bibliothèques centrales de prêt.

Hérault.

Le « Catalogue des nouvelles acquisitions 1960 » de la Bibliothèque centrale de prêt de l'Hérault est paru. Il comprend les romans et ouvrages documentaires pour adultes et enfants, ainsi que les disques.

  1. (retour)↑  Pour évaluer l'importance des acquisitions étrangères, il faut tenir compte des livres entrés par échange, dont la moitié environ est composée d'ouvrages isolés choisis par le service des acquisitions, la seconde partie étant constituée de périodiques, de suites et de publications de collectivités.
  2. (retour)↑  La Bibliothèque nationale s'est également enrichie, au mois de mars 196I, d'un certain nombre d'ouvrages précieux acquis en vente publique. Voir à la rubrique « Mélanges » de ce bulletin.
  3. (retour)↑  Le Rider (Georges). - Monnaies grecques acquises par le cabinet des Médailles en 1959. - Paris, 1960. - 25,5 cm, [30] p., III pl. (Extr. de la Revue numismatique, 1959-1960, pp. 7-35.)