Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale.

Exposition « Alfred de Musset ».

L'exposition commémorative du centenaire de la mort d'Alfred de Musset a été inaugurée à la Galerie Mazarine le 31 mai 1957 1. Elle fait suite aux expositions des années précédentes consacrées à la mémoire de grands écrivains de la période romantique : Balzac (1950), Hugo (1952), Mérimée (1953), George Sand (1954), Sainte-Beuve (1955), Gérard de Nerval (1955). Musset, né en 1810, était sensiblement le cadet de ces écrivains qui furent pour la plupart ses amis, mais son étonnante précocité le fit accepter en égal par ses aînés.

Les organisateurs de l'exposition se sont attachés à faire revivre l'homme et l'oeuvre dans son époque. On accuse parfois les spécialistes de l'histoire littéraire de trop s'intéresser aux secrets d'alcôves en jetant des lumières indiscrètes sur la vie privée des écrivains; mais comment comprendre l'œuvre de Musset sans donner une large place à sa vie privée? N'est-il pas significatif de voir à côté du manuscrit de Lorenzaccio un carnet de George Sand montrant que c'est elle qui suggéra à Musset le sujet de ce chef-d'œuvre du théâtre romantique? De même, comment ne pas être frappé en lisant une phrase d'une lettre de George Sand qui devient une réplique d'On ne badine pas avec l'amour?

Les manuscrits littéraires de Musset sont très rares, un effort particulier a été fait pour en rassembler un grand nombre. Ainsi pour le théâtre figurent les manuscrits de Lorenzaccio (Comédie française), Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée (Bibliothèque nationale) et, prêtés par des particuliers, ceux de Fantasio, de Louison, des fragments d'On ne badine pas avec l'amour. Pour les œuvres poétiques on peut signaler, entre autres, des fragments de Rolla (collection particulière), Les Stances à la Malibran (Bibliothèque municipale de Nantes), deux manuscrits du Rhin allemand (Bibliothèque nationale et collection particulière) et du Sonnet au Roi (Bibliothèque municipale d'Amiens et collection particulière). Une soixantaine de lettres autographes jalonnent la vie et l'œuvre.

Une place particulière a été faite aux créations et reprises de pièces de Musset depuis cent ans, évoquées d'une façon attrayante par des photographies et des maquettes de décors et de costumes.

Exposition « Henri Heine ».

Il y a vingt-cinq ans, en 1932, la Bibliothèque nationale avait célébré, par une grande exposition, le centenaire de la mort de Gœthe.

Voici qu'elle vient d'inaugurer, le 31 mai, dans le Salon d'honneur, une autre exposition, pour commémorer le centenaire de la mort d'un autre grand poète allemand, Henri Heine 2. Comme celle de 1932, l'exposition de 1957 a été réalisée à la demande des maîtres des études germaniques, MM. Edmond Vermeil et Joseph Dresch, mais c'est à M. Albert Pfrimmer, chargé de cours à la Sorbonne, que l'on doit la collaboration des collections allemandes. La présentation et le catalogue sont l'œuvre de M. Lang, récemment entré au Département des imprimés.

Outre les tableaux et les documents provenant des collectionneurs français et des établissements publics de France, la plus grande partie des documents provient de la collection Carl et Albert Strauss (banquiers et mécènes allemands, établis depuis 1933 en Amérique). Cette collection acquise par Düsseldorf, ville natale du poète, et versée aux « Archives de Heine » (Bibliothèque municipale) comporte environ 3.000 pages manuscrites. C'est la première fois que ces documents, ou du moins les plus précieux d'entre eux, comprenant des lettres, des œuvres manuscrites, des ouvrages imprimés originaux, des tableaux, des dessins, des gravures et des sculptures sont présentés dans une exposition publique.

De plus, les archives de l'Allemagne de l'Est, de Mersebourg et de Mülhausen ont prêté une série de documents également exposés pour la première fois : arrêtés et décrets pris par les gouvernements allemands (prussiens et autrichiens) contre le groupe d'écrivains libéraux - la « Jeune Allemagne » (1835) -dont Heine était le poète le plus en vue, arrêtés pris contre Heine personnellement et d'autres concernant ses écrits.

Les archives de Weimar, la Bibliothèque Karl-Marx de l'Université de Leipzig, la Bibliothèque nationale de Berlin, le Musée de Hambourg sont venus eux aussi, s'associer à l'hommage que la Bibliothèque nationale rend à Henri Heine. Grâce à ces différents concours, l'œuvre du poète se trouve évoquée sous tous ses aspects.

Parmi les pièces marquantes, nous signalerons tout d'abord le ravissant tableau d'Oppenheim, de 1831, représentant Heine à l'âge de 34 ans; une riche documentation biographique (par exemple, le livret scolaire du lycée français de Düsseldorf, avec la mention du nom de Harry Heine, élève de la classe de philosophie; le diplôme de docteur en droit obtenu par H. Heine à la Faculté de Gœttingen); le manuscrit du célèbre poème de la Lorelei ; les manuscrits du Romancero, du Livre de Lazare, des fragments des Aveux d'un poète, des chroniques de Lutèce; des éditions originales de poèmes de Heine mis en musique par Liszt, Schumann, Mendelssohn, Hugo Wolf; l'émouvant masque mortuaire du poète, et, surtout, le très remarquable projet de lettre à Thiers de juillet 1855, dont les quelques extraits ci-après montrent l'intérêt :

« Monsieur, j'ai encore à vous remercier de la bienveillante et gracieuse lettre par laquelle vous m'accusiez la réception (sic) de mon livre de Lutèce. Le succès prodigieux de ce livre m'a, je l'avoue fait grand plaisir... Encouragé par le bon accueil dont vous avez honoré mon livre de Lutèce, je prends la liberté de vous envoyer ci-joint la traduction française d'une partie de mes poésies [Poèmes et légendes, éd. Michel Lévy, 1855]. Si vos loisirs vous permettent de vous occuper de cette lecture, vous serez étonné combien je suis allemand dans le domaine de la poésie, moi qui suis presque français dans mes idées et dans la vie... »

Exposition « Chagall »

Dans la galerie Mansart, une exposition organisée par M. Vallery-Radot et M. Adhémar, avec le concours de Mlle Sauvage, a présenté l'œuvre gravé de Chagall. Il s'agit de plusieurs cycles successifs : le premier, composé des pièces gravées à Berlin (Mein Leben, 1922-1923), le second constitué par les livres commandés à l'artiste par Vollard (Paris, 1923-1939) : Les Ames mortes, les Fables de La Fontaine, la Bible. Après un séjour aux États-Unis, Chagall rentre en France et exécute des lithographies en noir, puis en couleur sur plusieurs thèmes les Amoureux, le Coq, les Bouquets, le Cirque. Maeght les édite, comme Tériade fait sortir les livres commandés par Vollard et qui n'avaient pas paru. Dans la préface au catalogue 3 M. Julien Cain a montré que « si, pour la composition et la couleur, Chagall a su créer une forme d'expression qui lui est propre et comme un langage nouveau, il n'en est pas moins attaché par mille lieux aux peintres vivants de son temps que Paris a groupés ».

L'exposition Chagall, présentée de façon nouvelle, avec des épis qui isolent chacun des cycles et suggèrent en même temps l'idée d'une progression, s'inscrit dans un programme de manifestations consacrées aux maîtres de l'estampe moderne, entre une exposition Picasso et la future exposition Segonzac.

Société des amis de la Bibliothèque nationale.

L'assemblée générale annuelle de la Société des amis de la Bibliothèque nationale et des grandes bibliothèques de France s'est tenue le 3 mai 1957 à la Bibliothèque nationale sous la présidence de M. Georges Duhamel de l'Académie française.

Ayant entendu la lecture du rapport moral et du rapport financier, l'assemblée a approuvé le don qui a été fait à la Bibliothèque nationale d'un exemplaire des Poésies complètes d'Arthur Rimbaud (Paris, Vanier, 1895), édition publiée par les soins de Paul Verlaine et comportant un jeu des premières et secondes épreuves corrigées par celui-ci.

La Société a enregistré le don fait par l'un de ses membres, M. Pierre Bérès, du prospectus rédigé par Guillaume Apollinaire pour annoncer la publication de La Case d'Armons, et polycopié aux armées. Ce bulletin de souscription pourra être ainsi joint à l'exemplaire de La Case d'Armons que le poète avait offert à la Bibliothèque nationale.

L'assemblée a en outre approuvé les dons adressés aux bibliothèques municipales d'Auxerre et de Sens en souvenir de la visite faite l'année passée à ces bibliothèques par la Société, d'un exemplaire de l'ouvrage de Philippe Lauer et d'André Blum sur La Miniature française au XVe et XVIe siècles et celui de M. Louis-Marie Michon sur les Reliures mosaïquées du XVIIIe siècle.

L'assemblée générale a procédé à la réélection du conseil d'administration qui est ainsi composé : Président d'honneur : M. Alfred Pereire; Président : M. Georges Duhamel, de l'Académie française; Vice-présidents : M. Wilfrid Baumgartner, gouverneur de la Banque de France, M. Paul Grunebaum-Ballin, président de section honoraire au Conseil d'État, M. Alfred Merlin, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, M. Henri Mondor, de l'Académie française; Secrétaire général : M. Jacques Guignard, conservateur à la Bibliothèque nationale; Secrétaire-adjoint: M. Ernest Simon, administrateur de la Chambre syndicale du commerce des papiers de France; Trésorier : M. Charles Peignot, éditeur d'art; Trésorier-adjoint : M. Paul Harth, ancien Président de la Société « La reliure originale » ; Membres : M. Gérard Bauer, de l'Académie Goncourt, M. Marcel Bouteron, membre de l'Institut, M. Julien Cain, administrateur général de la Bibliothèque nationale, membre de l'Institut, M. Edouard Goerg, président de la Société « Les peintres-graveurs français », M. Émile Henriot, de l'Académie française, M. André Maurois, de l'Académie française, M. Rodolphe-Rousseau, président du Cercle de la librairie et du Syndicat des éditeurs.

Bibliothèque Mazarine.

Les Amis de la musique de chambre ont organisé à la Bibliothèque Mazarine, dans le courant du mois de juin 1957, deux cycles de concerts. Le premier, qui était consacré à des œuvres de Jean-Sébastien Bach et de Scarlatti, a eu lieu les 13, 18 et 20 juin avec le concours d'Aimée Van de Wiele, claveciniste, et d'Alfred Lœwenguth, violoniste. Le second cycle, dédié à Gabriel Fauré, a réuni la participation du trio Pasquier, du trio de France, du quatuor Lœwenguth et celle de nombreux artistes, tels que Ginette Guillamat, Monique Mercier, Hélène Bouvier, Paul Tortelier, Jean Doyen, etc... et se prolongera jusque dans les premiers jours du mois de juillet.

Bibliothèques universitaires.

Bibliothèque fenno-scandinave.

M. Torben Nielsen, conservateur à la Bibliothèque royale de Copenhague, a été nommé le 1er mai 1957 bibliothécaire délégué à la Bibliothèque fenno-scandinave en remplacement de M. Rohnström. M. Nielsen est un spécialiste des langues et des littératures des pays scandinaves et de la Finlande.

Caen (Calvados).

L'inauguration des nouveaux bâtiments de l'Université de Caen a donné lieu, les 1er et 2 juin 1957, à des cérémonies solennelles qui se sont déroulées en présence de M. Billères, ministre de l'Éducation nationale, de S. M. la reine Elisabeth de Belgique, des délégués de plus de cent universités françaises et étrangères, du recteur, des doyens et des professeurs de l'Université de Caen, des représentants de l'Institut de France et de nombreuses personnalités. La Direction des bibliothèques était représentée par M. Julien Cain, directeur général, et M. Masson, inspecteur général. A l'occasion de ces cérémonies, M. Sarrailh, recteur de l'Université de Paris, a remis la croix de chevalier de la Légion d'honneur à Mlle Dupasquier, conservateur de la Bibliothèque universitaire. Grâce au concours de M. Rohou, bibliothécaire de la Bibliothèque municipale de Caen, et de Mlle Lecacheux, archiviste en chef du Calvados, une exposition réduite, mais de haute qualité, avait été organisée pour les fêtes d'inauguration dans le couloir central de la Bibliothèque universitaire. Elle comportait notamment : les chartes de fondation anglaise (1432) et française (1532) de l'Université; quelques incunables et livres anciens provenant de la Bibliothèque de l'Université, notamment un incunable enchaîné donné à l'Université quelques années après la publication; des photos et documents sur la destruction de l'Université; une très belle vitrine constituée par les dons de M. Desmond Flower : édition illustrée de Voltaire, édition originale de Candide, etc...

Bibliothèques municipales.

Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

Pour commémorer la réunion à Aix-en-Provence du Congrès de la Magistrature, la municipalité avait organisé du 29 mai au 20 juin 1957, au Pavillon de Vendôme, une exposition consacrée à l'ancien Parlement de Provence. La Bibliothèque municipale y a participé par le prêt de livres, de reliures armoriées, de manuscrits et d'estampes, portraits de magistrats et vues de l'ancien Palais de Justice.

Bordeaux (Gironde).

A l'occasion du Congrès de numismatique qui s'est tenu à Bordeaux les 1er et 2 juin 1957, sous les auspices de la Société française de numismatique, une exposition de monnaies et médailles rassemblant des pièces de collections particulières et un échantillonnage du médaillier municipal a été inaugurée à la Bibliothèque municipale le 2 juin. Elle est restée ouverte au public jusqu'au 9 juin.

Bourges (Cher).

La Bibliothèque municipale de Bourges a participé à une manifestation ayant pour thème la lecture rurale, organisée par Mme Augé, directrice de l'École ménagère agricole de Vouzay, à Bourges, sous le patronage de la Direction des services agricoles du Cher, en collaboration avec les libraires de Bourges.

Cette exposition, inaugurée par M. le Préfet du Cher, le jour de la distribution des prix de l'école de Vouzay, jeudi 20 juin, avait pour titre « Le Livre est près de vous ». Les panneaux de l'exposition itinérante de la lecture publique avaient été prêtés par la Direction des bibliothèques de France. M. René Fillet, bibliothécaire de la Bibliothèque municipale de Tours et directeur de la Bibliothèque centrale de prêt d'Indre-et-Loire, présenta le bibliobus scolaire de Tours aux autorités départementales. Un choix abondant de livres agricoles, de romans, de revues, de livres pour enfants, de disques... avait été agréablement présenté par les libraires de Bourges; pour la partie rétrospective, la Bibliothèque municipale avait prêté des livraisons populaires illustrées du siècle dernier (« Veillées parisiennes », « Bons romans », etc...). L'exposition a duré jusqu'au 23 juin.

Au cours de la distribution des prix, M. le Préfet du Cher et M. le Directeur des services agricoles insistèrent sur le rôle nécessaire du livre. M. René Fillet souligna l'apport irremplaçable et somme toute peu coûteux du bibliobus. Enfin, M. Gay, professeur à l'école, parla en termes chaleureux de l'enrichissement apporté par le bon livre.

Les panneaux de l'exposition de la lecture publique ont été ensuite transférés à la foire-exposition de Bourges dans le Pavillon des administrations, où sous le titre « Le Livre au village », ils ont pu être vus par de nombreux visiteurs, du 23 au 30 juin.

Dijon (Côte-d'Or).

Une exposition ayant pour thème : Le Diocèse de Dijon. Histoire et art a eu lieu au Musée de Dijon du 12 avril au 19 mai 1957. La Bibliothèque municipale de Dijon y a participé par le prêt de nombreux documents, manuscrits, livres, estampes, etc... Portraits gravés, reliures armoriées, mandements, lettres pastorales illustraient l'histoire des premiers évêques de Dijon, tandis que des plans et des vues anciennes évoquaient églises paroissiales et communautés religieuses. A côté des statues, des panneaux peints, des médailles, des reliquaires qui montraient les principales dévotions en honneur dans le diocèse, des xylographies populaires, des gravures au burin, des « vies » manuscrites ou imprimées complétaient cette iconographie des cultes locaux.

La dernière partie de l'exposition était consacrée à la liturgie. La Bible de Saint-Bénigne et celle de Citeaux introduisaient psautiers, graduels, antiphonaires, missels, bréviaires, livres d'heures manuscrits et imprimés, à l'usage des quatre diocèses dont dépendaient les paroisses du diocèse actuel et enfin les ouvrages liturgiques, statuts synodaux, catéchismes, composés par Mgr Bouhier et Mgr d'Apchon pour le diocèse créé en 1731.

Grenoble (Isère).

L'idée d'une exposition des Écrivains dauphinois du Temps passé (1489-1939) a été suggérée par Me Escallier, président des Écrivains dauphinois. Et c'est lui qui a organisé, en liaison avec le conservateur, un cycle de conférences qui se tiendront dans la grande salle de la Bibliothèque municipale de Grenoble en juin, septembre et octobre 1957. L'inauguration de l'exposition a eu lieu le 11 juin 1957 sous la présidence de M. le Maire et en présence de M. le Recteur de l'Académie de Grenoble.

N'ont été retenus, parmi les écrivains, que les littérateurs ou à défaut les orateurs et certains moralistes et philosophes. Hormis les poètes patoisants, ont, d'autre part, été écartés tous les auteurs dont les écrits n'ont pas eu de diffusion en dehors du Dauphiné.

400 à 500 pièces ont été exposées 4 : plans, portraits, estampes satiriques, manuscrits, autographes, impressions. La plupart sont empruntées aux collections de la bibliothèque, en particulier aux collections d'acquisition récente (fonds de Manteyer et surtout Chaper). Toutefois pour certains auteurs contemporains, des prêts ont été obtenus.

Pour mieux faire ressortir l'originalité de la production littéraire du Dauphiné, les écrivains sont groupés par genres : poètes, poètes patoisants, auteurs dramatiques, romanciers, narrateurs, critiques, orateurs, moralistes et philosophes.

Pour mieux marquer la diffusion des œuvres, ont été exposées non seulement les éditions originales, mais aussi les éditions tardives et les traductions en langues étrangères. Ainsi ressort non seulement l'extraordinaire diffusion contemporaine des romans de Stendhal, mais aussi la réédition pendant de très nombreuses années d'œuvres à peu près oubliées aujourd'hui. Il faut en rechercher la cause dans la persistance d'une littérature très goûtée depuis la fin du Moyen âge, vulgarisée de 1655 à 1764 dans les éditions de colportage du Faut Mourir de Jacques d'Embrun, parues à Lyon, à Rouen et à Troyes, genre romanesque pour Mme de Tencin, genre frivole pour Gentil-Bernard. Le cas le plus typique est celui de ce dernier poète. Nous connaissons de lui une dizaine d'éditions de son Art d'aimer parues lors de sa mort en 1775. Ce même poème ne cesse ensuite d'être réédité et traduit pendant la Révolution, sous l'Empire, sous la Restauration et même sous la Troisième République, dans des éditions de bibliophiles, dont la plus connue est celle illustrée par Prudhon en 1797. Les romans de Mme de Tencin, sans connaître la diffusion de l'œuvre de Gentil-Bernard, ont néanmoins été réédités, eux aussi, pendant plus d'un siècle de 1739 à 1885, et même dans des éditions populaires, telle que celle des Romans illustrés publiés par Havard en 1849 à 20 centimes la livraison.

La sélection rigoureuse qui a présidé au choix des écrivains représentés dans les vitrines ne permet pas de formuler de conclusion bien nette sur l'originalité de la production littéraire en Dauphiné. Néanmoins, tout visiteur sera frappé de constater combien la poésie avec des auteurs comme Jean-Marc Bernard, Louis Le Cardonnel ou André Rivoire préfère les régions rhodaniennes ou le Dauphiné méridional en contact avec la Provence. Dans les Alpes apparaissent d'autres talents, de caractère moins strictement littéraire, telle l'éloquence persuasive d'un Farel et d'un Barnave, ou la pensée originale d'un Mably et d'un Condillac.

Reims (Marne).

Sous les auspices de la Société des amis des arts et des musées de Reims, « 28 Graveurs d'aujourd'hui » (membres, pour la plupart, de la société « Le Trait ») exposent à la Bibliothèque municipale de Reims, du 8 juin au 7 juillet 1957. Cette présentation où s'affrontent les tendances les plus diverses de la gravure contemporaine témoigne également, par l'extrême variété des techniques, du remarquable renouveau de cet art à l'heure actuelle.

Toulouse (Haute-Garonne).

Le 1er juin, a été présentée à la Bibliothèque municipale de Toulouse une exposition consacrée à L'Art du livre à Toulouse, du xve au XVIIIe siècle, organisée à l'occasion du Congrès national de l'Union des maîtres-imprimeurs de France.

Cette exposition groupait une centaine d'impressions destinées à montrer l'évolution de l'art du livre à Toulouse durant sa période la plus caractéristique; en particulier, l'accent a été mis sur les points suivants : perennité des ateliers, dont certains ont duré plusieurs siècles; caractère local très marqué des œuvres éditées (notamment ouvrages en langue d'oc); origine presque exclusivement toulousaine des illustrateurs.

Des reliures exécutées par les ateliers conventuels ou artisanaux de la ville durant la période précitée et des documents sur la Communauté des imprimeurs au XVIIIe siècle complétaient cet ensemble.

Le 22 juin, a été inaugurée au grand Lycée de garçons de Toulouse qui vient de prendre le nom de Pierre de Fermat, une exposition consacrée à ce mathématicien, originaire de Beaumont de Lomagne (Tarn-et-Garonne) mais qui vécut à Toulouse où il fut conseiller au Parlement.

Cette exposition a été organisée par la Bibliothèque municipale avec la collaboration des archives départementales de la Haute-Garonne et une très importante participation des archives, bibliothèques, musées, sociétés savantes et collections privées de Toulouse et de sa région. Une mention particulière doit être faite de l'apport précieux de documents manuscrits, d'imprimés et d'estampes consenti par la Bibliothèque nationale, groupant notamment les très rares manuscrits scientifiques de Fermat.

Cette exposition a pour but d'évoquer la vie et l'œuvre de Fermat, sa place dans le monde savant de son temps, son influence jusqu'à nos jours et sa renommée. Pour cela ont été réunis des documents d'archives relatifs à sa vie privée et à son rôle comme conseiller au Parlement, des manuscrits de Fermat et des savants contemporains, des éditions anciennes de Fermat, Balzac, Descartes, Galilée, Gassendi, Huyghens, Pascal, Roberval, Newton, Leibnitz, etc... des reliures aux armes, des documents iconographiques (peintures, gravures, sculptures et médailles). La majeure partie des éditions anciennes appartient à la Bibliothèque municipale ; presque toute la documentation scientifique moderne a, d'autre part, été prêtée par la Bibliothèque universitaire de Toulouse.

Un catalogue illustré de 213 numéros a été édité à cette occasion par la Bibliothèque municipale afin de conserver le souvenir de cette manifestation et de servir dans une certaine mesure de bibliographie 5.

Bibliothèques centrales de prêt.

Mzrne.

Le Catalogue de disques de la Bibliothèque centrale de prêt de la Marne établi par Mlle Besredka a été multigraphié par les soins du service de multigraphie de Mme Delsaux. Il sera adressé aux services de lecture publique rurale qui en feront la demande. Le tirage est très restreint.

Prière d'adresser éventuellement les demandes au Service technique.

Lecture publique.

Bulletin de liaison des bibliobus.

Le Bulletin des bibliothèques de France a déjà signalé, au moment de leur publication, quelques-uns des bulletins de liaison édités par les bibliothèques centrales de prêt et les services départementaux de lecture publique à l'intention de leurs dépositaires et de leurs lecteurs. La plupart de ces bulletins contiennent, outre des articles de fond et des informations d'ordre pratique, des listes sélectionnées d'ouvrages qui sont mis par les bibliobus à la disposition de leur public. Certaines de ces listes constituent d'ailleurs de véritables bibliographies choisies qui pourraient être utilisées avec fruit par tous les bibliothécaires de lecture publique.

Citons, dans les derniers bulletins parvenus à nos services, la liste des romans et pièces de théâtre qui ont donné lieu à des scénarios de films, publiée par le Bulletin du bibliobus du Loiret (n° 4, avril 1957), celle des ouvrages de fiction inspirés par la médecine ou dont l'un des personnages est un médecin, qui figure dans Le Bibliobus et ses amis, bulletin de la Bibliothèque centrale de prêt de Loir-et-Cher (n° 6, mai 1957). Enfin A Livre ouvert renferme, dans son dernier numéro (n° 7-8, 4e trimestre 1956-1er trimestre 1957), un choix de pièces de théâtre pour enfants.

Rappelons que ce dernier bulletin est rédigé et diffusé en commun par les bibliothécaires des bibliobus de l'Aisne, de l'Aube, des Ardennes, de la Meuse, de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin et que, grâce à cette coopération, A livre ouvert offre l'aspect d'une revue luxueuse, abondamment illustrée et artistiquement présentée.

Ce ne sont pas seulement des listes d'ouvrages que ces divers bulletins diffusent auprès de leurs lecteurs, mais, nous l'avons dit, des informations pratiques sur les nouveautés de la librairie ou des notices sur des écrivains classiques ou modernes. C'est ainsi qu'au sommaire du dernier numéro de A Livre ouvert, on peut relever un article sur les clubs du livre, suivi d'un guide de ces clubs qui complètera sur certains points celui qui a paru dans le Bulletin des bibliothèques de France 6, un entretien avec l'écrivain Armand Lanoux, une présentation des trois grands prix littéraires de l'année 1956, une étude sur Rimbaud. De même, le n° 6 de Le Bibliobus et ses amis contient une étude sur la Presse du coeur et les ravages qu'elle exerce parmi les adolescentes, étude qui témoigne de la vogue considérable que cette presse connaît dans les campagnes.

Loiret.

Le Bibliobus du Loiret vient de faire paraître son Catalogue de pièces de théâtre suivi d'une liste de livres sur les travaux manuels et les jeux. On y trouve notamment un choix de comédies, chants mimés, chansons et danses à l'intention des enfants, une liste de farces et jeux dramatiques pour adolescents et quelques titres de livres sur l'art du comédien et la technique théâtrale.