Nouveaux enjeux de l’information

Éditorial

Reine Bürki

L’accès à l’information est au cœur des missions des bibliothèques, elle en structure les activités telles que la formation des usagers, le développement des collections ou l’accueil du public, si l’on considère que ces dernières concourent à faciliter le point de rencontre entre l’usager et une information pertinente, en quantité et en qualité.

Accéder à de l’information n’a aujourd’hui jamais été aussi facile, rapide, voire impérieux, tant la sollicitation numérique nous « informe » de façon continue. Dans ce contexte, la maîtrise des compétences informationnelles et le décryptage de nos environnements médiatiques relèvent d’une urgence de société : contribuer à former des citoyens responsables et capables de s’orienter dans un écosystème que le numérique a rendu de plus en plus complexe, influent et déroutant. Dans ce paysage remodelé, évolutif et réactif, les bibliothèques ont plus que jamais une expertise à faire valoir par la sélection et l’évaluation d’une information pérenne dont l’enjeu n’est pas tant l’accès, que la qualité.

La notion d’EMI – éducation aux médias et à l’information –, apparue dans les années 1980, est devenue un enjeu politique et un véritable défi lancé aux professionnels – bibliothécaires, documentalistes, médiateurs numériques – mais aussi aux enseignants et aux acteurs scolaires. Quels dispositifs imaginer pour accompagner des usagers dont l’attention sur-sollicitée peine à s’extraire d’une masse d’informations exponentielle, et où se côtoient souvent sur le même plan les faits scientifiques et les théories infondées, les analyses journalistiques et les fausses nouvelles, les opinions de chacun et les paroles d’experts ?

Ce dossier porte les marques de son actualité : plusieurs articles évoquent le contexte de crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, mais aussi de crise sociale et économique. Les enjeux informationnels dépassent ici leur visée de communication et de circulation de savoirs, il s’agit aussi d’un levier d’encapacitation pour agir et construire un avenir partagé. Car être « bien » informé, c’est aussi pouvoir s’appuyer sur des données communes pour définir ce « monde d’après », responsable et durable.