Salon du livre 2014

Thierry Ermakoff

Le Salon du livre de Paris serait, selon les propos d’Anne Brigaudeau, journaliste à France Info, tenus le 21 mars 2014, le lieu de la détestation ; elle force un peu le trait : il y a l’état de grâce des rames de métro de la ligne 13 par exemple, pour reprendre une expression un peu hasardeuse d’une candidate à la mairie de Paris. Il n’empêche : ce Salon est devenu une énigme ; d’abord, la journée professionnelle ne dure que 4 heures (de 9 à 13 le lundi), un peu comme les semestres universitaires qui s’étendent paresseusement sur 4 mois ; du coup, la province un peu lointaine ne peut jouir que de quelques heures avant l’entrée fatidique des élèves et collégiens de 14 heures.

Qu’à cela ne tienne, cette année (comme la précédente, mais ne boudons pas notre plaisir, ni cet honneur qui nous est fait), la ministre de la Culture a pris parole devant les professionnels de la profession. Elle a eu des propos inquiets (et parfaitement justifiés) sur la censure qui pourrait être exercée par les mairies qui pourraient être dirigées par le Front national : voilà qui nous ramène à la vitesse de la lumière quelques décennies en arrière, nous qui pensions en avoir fini avec ces turpitudes. Elle nous a vaillamment parlé des usages du numérique en bibliothèque, des observatoires qui se profilent, du rôle de la BPI, et de la démocratisation culturelle : entendez l’extension des heures d’ouverture des bibliothèques municipales. Notre ministre y tient, et elle n’a pas tort ; elle est même venue avec une sorte de boîte à outils pour élus (ou bibliothécaires) récalcitrants. C’est de la bonne ouvrage, parfois, on se prendrait à rêver à un peu plus de hauteur, et un peu moins d’outils divers : le bricolage, même ouvert le dimanche, n’a jamais été notre petite sinécure. Mais sans doute ces propos doivent être rappelés au plus haut niveau.

À partir de 14 heures, en jaune, en bleu, en rouge, fluos, arrivent les cars d’enfants. On n’approche plus de rien : mais de quoi est-il si urgent de s’approcher ? Comme l’an dernier (et les années précédentes), le Salon du livre est une vaste librairie de nouveautés. Les éditeurs n’apportent plus leurs fonds ; on finit tout de même par les dénicher, ces fameux fonds, sur les stands des régions, Ile de France, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Haute-Normandie (conseil régional de), Basse-Normandie (centre régional des lettres de), etc. Là, on peut trouver des livres en francs, des ouvrages un peu défraichis et tout surpris de la lumière qu’ils reçoivent après ces mois passés dans les caves, des livres qu’on n’attendait pas (ou plus). Remercions Agone, la MEET, les Éditions de l’éclat, Jérôme Millon, Champ Vallon, Grandvaux, Finitude, Bleu Autour, Amsterdam,… qui nous offrent une véritable boutique aux merveilles, qui ne nous fait nullement regretter le lever tôt et le coucher tardif, mais ce n’est pas si fréquent.