Bobcatsss

Sylvie Chevillotte

Du 29 au 31 janvier, la 15e édition d’un congrès très particulier, Bobcatsss 1, a réuni à Prague plus de 350 participants européens, majoritairement étudiants.

Une idée originale

Ce congrès annuel est le fruit d’une idée originale : après la chute du mur de Berlin, quelques enseignants d’écoles de bibliothéconomie- sciences de l’information ont souhaité rapprocher des étudiants d’Europe de l’Est et de l’Ouest. Depuis 1993, Bobcatsss est donc un -congrès organisé conjointement de A à Z par les étudiants de deux écoles pour les étudiants et leurs enseignants.

Les thèmes abordés au cours des années sont variés et correspondent aux questionnements professionnels en cours : propriété intellectuelle contre droit au savoir, Union européenne et politique de l’information, ou encore bibliothèques et information dans les sociétés multiculturelles…

L’ambiance était très bon enfant et jeune, ce qui changeait un peu des congrès habituels et incitait à l’optimisme malgré la communication d’ouverture très négative du directeur de la bibliothèque municipale de Prague pour qui la bataille des bibliothèques contre la technologie est d’avance perdue… La relève semble cependant assurée. La participation présentait un relatif équilibre entre hommes et femmes, une grosse majorité d’étudiants de l’Est et du Nord, avec quelques Espagnols, Italiens et deux Françaises. Nous espérons voir s’accroître la présence française et faire bénéficier des étudiants de l’Enssib de cette opportunité d’ouverture européenne dans les années qui viennent.

Bobcatsss se déroule sous l’égide d’Euclid 2 (European Association for Library and Information Education and Research), et une session ouverte était consacrée aux travaux de cette association, notamment aux réflexions et discussions sur un éventuel « programme » commun aux écoles européennes de bibliothéconomie ainsi que sur une définition plus précise des compétences clés à acquérir dans les différents domaines.

Le marketing de l’information

Cette année, le marketing de l’information était à l’honneur à l’université Charles, institut de bibliothéconomie 3.

Le congrès s’est déroulé selon le schéma habituel des congrès internationaux : séance plénière d’ouverture, puis ateliers, sessions restreintes et posters. Des actes imprimés ont été remis aux congressistes, ce qui permet de prendre connaissance des 60 communications présentées.

N’étant pas une spécialiste du marketing, j’ai cependant apprécié la variété des communications et des thèmes traités, même si, et cela est inhérent au genre, niveaux et intérêt étaient inégaux.

De façon étonnante, plusieurs discours ont insisté sur la difficulté culturelle des bibliothécaires à intégrer la notion de marketing. Il ne s’agit donc apparemment pas d’une spécificité française !

Au cours de ces trois jours, deux approches distinctes ont émergé : l’une consistait à concevoir un marketing copié sur le secteur privé et relativement agressif – par exemple « Guerilla marketing for information services ? » – tandis que la seconde favorisait une approche à plus long terme basée sur la relation bibliothèque-public, en travaillant sur une adéquation et une satisfaction des besoins des usagers actuels plutôt que sur une focalisation sur les « non-usagers » – par exemple « Relationship marketing and the academic library ». Dans une autre communication, deux jeunes Danois présentaient un point de vue très pertinent et argumenté sur la distinction entre citoyen, client et consommateur et sur le décalage entre la vision des bibliothécaires et le public réel : « Public library in the customer society ». Enfin, une jeune enseignante de l’École royale de Copenhague posait la question de la satisfaction des usagers et de l’apport de la bibliothèque à travers deux points de vue différents : une proposition plutôt politique et l’autre plus économique – « Marketing the library : between customer satisfaction and accountability » – tandis qu’à titre plus anecdotique, une communication posait la question « Do librarians laugh ? 4 » et qu’un poster interrogeait les stéréotypes : « Let the spinster do the job 5 »…

Le marketing semble donc avoir de beaux jours devant lui, que ce soit celui des services, celui des écoles de bibliothéconomie ou celui de la profession…

Pour conclure, citons Ruud Bruyns, l’un des fondateurs de Bobcatsss qui n’aurait jamais pensé que la manifestation prendrait cette ampleur mais qui, 15 ans après, est encore là : « Once a bobcatssser, always a bobcatssser ! »