Les étudiants à la médiathèque de Tréfilerie à Saint-Étienne

François Marin

Claire Bonnabry

Annexe de la bibliothèque municipale de Saint-Étienne, la médiathèque de Tréfilerie se trouve dans les locaux de la bibliothèque universitaire Droit-Lettres. C’est un espace très apprécié des étudiants.

The multi-media library at Tréfelerie, which is an annex of the municipal library of Saint-Étienne, is to be found within the Law and Letters Library. It is an area much appreciated by students.

Administrativ an die Stadtbibliothek von Saint-Étienne angeschlossen ist die Mediathek Tréfilerie in den Räumlichkeiten der rechts- und literaturwissenschaftlichen Universitätsbibliothek untergebracht und wird von den Studenten äußerst geschätzt.

Anexo de la biblioteca de Saint-Étienne, la mediateca de Tréfilerie se halla en los locales de la biblioteca universitaria Derecho-Letras. Es un espacio muy apreciado por los estudiantes.

La médiathèque de Tréfilerie, inaugurée en 1993, a pour particularité de se trouver dans les locaux de la bibliothèque universitaire droit-lettres.

C’est un des effets de la coopération étroite qui existe depuis 1991 à Saint-Étienne entre bibliothèques municipales, bibliothèques universitaires et centres de documentation de l’enseignement supérieur, au sein du réseau Brise (Bibliothèques en réseau informatisé de Saint-Étienne), qui propose une interrogation commune des catalogues, une carte unique, et un libre accès de tous les publics à l’ensemble des bibliothèques.

Ces liens étroits entre la ville et l’université ont permis l’ouverture d’une annexe de la médiathèque municipale dans une salle contiguë aux salles de travail de la bibliothèque universitaire de droit-lettres, exemple assez rare en France pour mériter d’être souligné.

Cette médiathèque est animée par des agents municipaux qui assurent le service public et la gestion des collections, constituées dans un esprit encyclopédique grand public et non comme un appoint des collections universitaires. Ce qui ne veut pas dire sans tenir compte des attentes des étudiants, comme nous le verrons par la suite, mais dans une approche non « scolaire  ».

Il faut également préciser que le campus de l’université Jean Monnet est situé en centre-ville et non en périphérie, comme c’est souvent le cas dans les grandes villes universitaires.

Cette situation particulière aboutit au constat d’une bibliothèque de quartier fréquentée à la fois par les habitants du secteur et par les étudiants tout proches.

Lors de leur inscription à la bibliothèque universitaire, les étudiants sont informés qu’ils peuvent emprunter gratuitement des livres sur le réseau des bibliothèques municipales et qu’ils disposent d’une annexe de la médiathèque municipale dans leurs locaux.

La carte emprunteur est commune à la bibliothèque universitaire et à la médiathèque municipale, ce qui facilite encore le passage d’une structure à l’autre.

L’accès à la médiathèque municipale est possible soit par une entrée extérieure indépendante située sur la rue Édouard Vaillant, soit par l’atrium, espace intérieur commun à la médiathèque municipale et à la médiathèque universitaire.

Situé entre la bibliothèque municipale et la bibliothèque universitaire, l’atrium couvert est une zone de communication entre les deux établissements, utilisé à la fois comme salle de lecture par les étudiants et comme lieu partagé d’exposition ou de réception. Les étudiants qui fréquentent la bibliothèque municipale empruntent rarement l’entrée principale de la médiathèque rue Édouard Vaillant, alors que le grand public emprunte exclusivement cet accès. On peut donc comparer la médiathèque de Tréfilerie à une oasis de lecture irriguée par deux fleuves, populaire et estudiantin.

Mais il arrive que de nouveaux étudiants qui cherchent la bibliothèque universitaire se mélangent au flot populaire et nous découvrent par hasard. Nous les remettons alors sur le « droit chemin  » de la bibliothèque universitaire, tout en leur vantant nos services et en leur expliquant qu’ils pourront aussi venir chez nous par la suite, en bons commerciaux de la lecture publique que nous sommes.

Les étudiants représentent 27,44 % du lectorat de la médiathèque municipale de Tréfilerie, pourcentage inhabituellement élevé dans une bibliothèque de quartier !

Ils empruntent des bandes dessinées par dizaines, et les rendent deux ou trois jours plus tard pour en reprendre d’autres. Les filles prennent aussi des romans de détente ou des revues.

Les étudiants sont d’ailleurs toujours surpris et ravis d’apprendre qu’ils peuvent emprunter autant de documents (12 pour trois semaines) car, à la bibliothèque universitaire, le prêt est limité à 3 ou 4 livres. Il est vrai que le prix et la durée de consommation d’une bande dessinée et d’un manuel de droit civil ne sont pas vraiment comparables !

Ils viennent en début ou en fin d’après-midi après les cours, parfois simplement pour s’installer dans les fauteuils et lire.

C’est surtout en semaine qu’ils sont le plus présents, le vendredi soir notamment avant de partir en week-end. Le samedi matin, on ne les voit pas, bien que la bibliothèque universitaire voisine soit ouverte au public.

Ils aiment aussi s’attarder le mercredi midi, profitant de l’ouverture en journée continue, et passeraient volontiers leur pause à « bouquiner  » dans la bibliothèque.

Outre un lieu de détente, l’annexe permet aussi aux étudiants de se procurer certains ouvrages non disponibles à la bibliothèque universitaire et qui se trouvent à la médiathèque centrale de Tarentaize. Pour éviter de se déplacer, ils demandent au personnel de leur faire venir le ou les documents à Tréfilerie. Cette demande est stimulée par l’existence du catalogue collectif Brise qui permet de repérer très facilement les ouvrages disponibles dans l’ensemble des bibliothèques municipales et universitaires. Et puis l’étudiant, quoique jeune et ingambe, peut parfois manifester des tendances sédentaires et routinières.

Parfois, les bibliothécaires effectuent pour les étudiants certaines recherches documentaires sur le catalogue Brise ville ou au-delà. Il leur arrive par exemple de les piloter dans le Sudoc (Système universitaire de documentation) ou le CCFr (Catalogue collectif de France), car leur compétence en matière de recherche documentaire semble parfois plutôt limitée. Mais cela va sûrement s’arranger avec le tutorat qui vient d’être mis en place par l’université.

À titre anecdotique, on peut signaler que les étudiants qui passent dans la bibliothèque le mercredi matin au moment de l’heure du conte s’arrêtent volontiers pour profiter des histoires. Est-ce pour se remettre de l’ennui de certains cours magistraux ?

Enfin, nous constatons que de plus en plus d’étudiants étrangers s’inscrivent à la médiathèque municipale. Ils viennent d’Europe de l’Est, du Vietnam, d’Amérique du Sud ou du Canada. Ils manifestent leur surprise devant le choix de livres que propose la médiathèque et viennent régulièrement en emprunter tout au long de leur séjour en France, souvent le temps d’une année scolaire. Leurs goûts ne se portent pas uniquement sur la bande dessinée. Ils empruntent aussi bien des ouvrages documentaires ou de littérature.

À Saint-Étienne, la médiathèque municipale de Tréfilerie est pour les étudiants un espace de détente, de loisir et de culture générale, et très apprécié comme tel, une fois surmontée la surprise d’une offre documentaire atypique par rapport aux besoins de l’enseignement universitaire.