Révolution numérique et industries culturelles

par Jean-Philippe Accart

Philippe Chantepie

Alain Le Diberder

Paris : Éd. la Découverte, 2005. – 122 p. ; 18 cm. – (Repères ; 408).
ISBN 2-7071-4511-4 : 7,95 €

« Tous les discours sur le numérique, c’est n’importe quoi ! Il faudrait tout reprendre point par point. » Cette citation de Jean-Luc Godard, publiée en 2000, apparaît en exergue de l’introduction à cet ouvrage et le qualifie parfaitement, tout du moins dans sa deuxième partie. La révolution numérique est en effet reprise point par point par les deux auteurs, Philippe Chantepie, chef du Département des études, de la prospective et des statistiques au ministère de la Culture, et Alain Le Diberder, PDG de CLVE, société de développement de logiciels pour les nouveaux médias.

Les industries culturelles, tels le cinéma, la radio, la télévision ou le disque, sont touchées de plein fouet par la numérisation : un « nouveau paysage numérique » se dessine sous nos yeux, qui évolue sans cesse (changements de formats, de supports ou de diffusion). Pour un néophyte, la confusion est grande et quelques repères sont nécessaires, sinon indispensables. Il faut tout d’abord considérer d’un côté les trois secteurs que sont l’informatique, les télécommunications et l’électronique grand public, et d’un autre, celui des industries de contenu. Ces secteurs ne peuvent bien entendu se développer l’un sans l’autre. Leur évolution est différente, qu’il s’agisse du disque (les auteurs étudient le phénomène de la « napsterisation »), la télévision (avec l’absorption des chaînes entre elles) ou la production de films de plus en plus intégrée.

Le facteur économique joue un rôle important : une nouvelle infrastructure économique se met en place avec notamment les phénomènes de fusion et d’acquisition, à l’instar d’autres secteurs. De grands groupes apparaissent (c’est le cas notamment dans l’industrie du disque ou du cinéma) et organisent les règles du jeu. Cependant, on constate parfois des effets contradictoires aux mutations de ces vingt-cinq dernières années : même si la diffusion des contenus a explosé grâce aux différents canaux offerts par la technologie, les coûts engendrés sont parfois lourds à supporter pour l’économie traditionnelle des contenus.

Hormis les questions d’ordre purement économique, ce nouveau paysage numérique change la donne dans les domaines juridique, normatif et politique. Toute la vie publique semble touchée et cela n’est qu’un début. Le phénomène le plus notable est celui de la convergence, le « continuum numérique » : de plus en plus, en devenant intégrées, les technologies se rejoignent, entraînant l’économie traditionnelle des biens à faire de même. Les auteurs perçoivent cependant une voie pour le futur, et prédisent un nouvel équilibre entre l’offre et la demande.

Ce volume de la collection « Repères » est donc l’occasion de faire le point sur un sujet en pleine évolution : il présente les tendances du paysage numérique en le situant dans l’environnement actuel de la technique, de l’industrie et du commerce.