Figures de l'événement

médias et représentations du monde

par Jean-Claude Utard
sous la direction de Bernard Huchet et Emmanuèle Payen. Paris : BPI-Centre Pompidou, 2000. – 189 p. ; 21 cm. ISBN 2-84426-064-0 : 140 F/ 21,34 euro

Du 2 octobre au 2 décembre 2000, la Bibliothèque publique d’information a présenté, sous le titre Figures de l’événement : médias et représentations du monde, un ensemble de manifestations (ateliers de recherche, cycles de projections, colloque) consacré aux médias d’information et à l’influence qu’ils exercent sur notre vision du monde. Le livre présenté ici a été publié à cette occasion, pour accompagner le colloque. Il se propose, à partir de contributions diverses, d’historiens, de médiologues, de sociologues, mais aussi de professionnels de l’information, journalistes de la presse écrite ou audiovisuelle, d’apporter quelques repères et quelques interrogations critiques sur un sujet potentiellement foisonnant.

Événement, histoire, information, savoir

En avant-propos, une brève intervention de Marc Augé situe la problématique : l’événement se définit par rapport à l’histoire, l’information par rapport au savoir, et ces quatre termes constituent des formules où chacun d’eux interagit avec les autres. Ainsi les techniques de l’information, qui relèvent elles-mêmes d’un savoir, sont un aspect de l’histoire contemporaine ; elles permettent de rendre compte des événements, mais elles les définissent tout autant et pèsent sur leur production et leur statut.

Cette problématique trouve un premier champ d’application dans l’introduction de Catherine Bertho-Lavenir, qui, tout en résumant les diverses métamorphoses des techniques de communication de la seconde moitié du XXe siècle (de l’invention du transistor et du microprocesseur aux réseaux d’aujourd’hui), confirme que « dans toutes les formes de communication, les évolutions ne sont jamais strictement techniques ».

Les contributions sont ensuite regroupées selon trois axes. Un premier axe envisage les « médias et les réceptions ». Daniel Bougnoux, rédacteur en chef des Cahiers de médiologie, envisage « notre condition médiologique » entre savoir, information et communication, stocks et flux, mémoire longue et « bifurcations et gambades du réseau ». Daniel Dayan, du CNRS, fait le triste constat, qu’en matière de télévision, il trouve des audiences mais pas des publics, si on définit le public comme un milieu disposant d’une sociabilité et d’une forme d’auto-réflexion. D’autres articles abordent l’information biomédicale et le sport bouleversé par l’image.

La parole aux professionnels

Un second regroupement donne la parole aux professionnels. Successivement, Thomas Ferenczi, directeur adjoint du journal Le Monde, Hervé Brusini, de la rédaction nationale de France 3, et Albert du Roy évoquent les conditions et les logiques de l’information telles qu’ils les vivent et les mettent en œuvre.

Enfin un ensemble de communications permet à des universitaires d’analyser quelques événements et leurs représentations médiatiques. Le spectacle sportif, la métamorphose du fait divers, la manière de mettre en scène et en images les camps nazis, la représentation du mouvement de l’automne 1995 selon ses acteurs, l’intérêt des journaux télévisés pour la conquête de l’espace sont quelques-uns des sujets traités, des « prismes » sous lesquels les médias et les représentations de la réalité se présentent. Une bibliographie sélective complète ces diverses approches.

Cette publication fournit un exemple original de collaboration entre les manifestations d’une bibliothèque, ouverte à l’actualité et à la documentation sous toutes les formes et sur tous les médias, et un travail de recherche et de réflexion. N’en attendons pas une synthèse, mais quelques « voies navigables », comme l’écrit Martine Blanc-Montmayeur dans sa préface, quelques questions plus que des réponses, bref, quelques « exemples à méditer ».