Au service des étudiants

regards européens

Daisy McAdam

Bernard Naylor

Lluïsa Nuñez

Vis-à-vis des étudiants, l’université est fondamentalement prescriptrice, et les études menées auprès de ces mêmes étudiants montrent à quel point leurs demandes s’inscrivent dans le droit fil des exigences professorales. Mais les évolutions pédagogiques conduisent de plus en plus à encourager l’autonomie estudiantine. Comment les bibliothèques universitaires abordent-elles ce passage de la prescription à l’autonomie ?

La question n’est pas simple, car elle se complique des innovations technologiques qui bouleversent l’enseignement supérieur. En même temps, les possibilités offertes par le numérique ouvrent des pistes pour des services nouveaux et originaux, en pleine élaboration. Alors que la documentation imprimée peinait à rencontrer les besoins des masses d’étudiants, tous avides des mêmes textes, l’électronique laisse apparaître l’espoir d’une offre adaptée à de très nombreux interlocuteurs.

Mais cette composante technologique ne résout pas à elle seule la tension entre offre et demande. Si la multiplication des accès aux textes numériques règle la question de la disponibilité documentaire – sous réserve de conformité au droit d’auteur –, elle laisse pendante cette autre question de l’assistance à l’apprentissage, fût-ce l’apprentissage de l’autonomie dans la recherche et dans l’organisation de sa documentation. Des efforts en ce sens laissent une grande place à l’innovation. En proposant au lecteur les réflexions tirées des expériences conduites à Genève, Southampton et Barcelone, le BBF espère montrer combien cette problématique a une vitalité qui existe bien au-delà de l’Hexagone.

À l’examen des services innovants mis en place, on constate un certain nombre d’éléments communs à ces expériences, malgré les distances qui séparent nos témoins. Tout d’abord, les processus mis en place révèlent l’océan des besoins réels des étudiants, et aussi leur pressante demande que ces besoins soient pris en compte : la réalité sociale d’une population de plus en plus obligée d’occuper un emploi pendant ses études, l’exigence d’une efficacité de ces études, obligent à beaucoup d’imagination. Ensuite, on remarque que toutes les solutions convergent vers une association étroite des bibliothécaires et des enseignants, leur mise en synergie étant une nécessité pour espérer quelque succès : pédagogie et documentation vont de pair, et cela est d’autant plus vrai que c’est l’autonomie de l’étudiant qui est recherchée 1. Enfin, les bibliothèques sont conduites à développer fortement leurs services et compétences dans des domaines non strictement documentaires, qu’il s’agisse par exemple de la mise en forme de cours, ou de l’exploitation de salles de formation. Bref, à l’offre pure d’une documentation prescrite se substitue un équilibre complexe entre une offre nouvelle et une demande révélée.