Établir un plan rationnel de désabonnement de périodiques
L'exemple du Cadist des sciences de la terre
Montserrat Farguell
Claudine Kleb
Face à l’inflation des coûts de la documentation scientifique, les bibliothèques sont contraintes de revoir leur politique d’acquisition, en particulier en ce qui concerne les abonnements. Comment un centre d’acquisition et de diffusion en information scientifique et technique peut-il établir un plan de désabonnement compatible avec ses missions : l’acquisition et la diffusion de la documentation au service de la recherche nationale ? Un plan de désabonnement a donc été établi en fonction du ratio d’utilité de chaque titre, de la carte documentaire et de la coopération avec d’autres établissements complémentaires à travers une liste supplétive de titres de périodiques.
Faced with the rising costs of scientific documentation, libraries are compelled to review their acquisitions policies, in particular those that concern subscriptions. How can a centre for the acquisition and distribution of scientific and technical information establish a subscription plan compatible with its missions: the acquisition and distribution of documentation in the service of national research. A subscription plan has therefore been established as a function of the utility of each title, of the documentation card and of the co-operation with other complementary institutions through a supply list of periodical titles.
Die Bibliotheken sind gegenüber der Inflation der Kosten für wissenschaftliche Dokumentation dazu gezwungen, ihre Anschaffungspolitik zu revidieren, und insbesondere die der Abonnements. Wie kann ein Anschaffungs- und Diffusionszentrum wissenschaftlicher und technischer Information einen mit seinen Aufgaben in Einklang zu bringenden Abonnentenschwundplan aufstellen: sind Dokumentationsanschaffung und -diffusion im Dienst der staatlichen Forschung? Ein solcher Plan wurde somit in Abhängigkeit der Nützlichkeit jedes Werks, der Dokumentarkarte und der Zusammenarbeit mit anderen ergänzendenen Unternehmen über eine Ersatzliste von Periodikas aufgestellt.
Frente a la inflación de los costos de la documentación científica, las bibliotecas están obligadas a revisar su política de adquisición, en particular en lo que se refiere a los abonos. ¿ Cómo un centro de adquisición y de difusión en información científica y técnica puede establecer un plan de desabono compatible con sus misiones : la adquisición y la difusión de la documentación al servicio de la investigación nacional ? Por lo tanto un plan de desabono fue establecido en función del ratio de utilidad de cada título, del mapa documental y de la cooperación con otros establecimientos complementarios a través de una lista supletiva de títulos de periódicos.
Depuis quelques années, le coût des abonnements de périodiques est en constante augmentation : les chercheurs sont obligés de publier, les bibliothèques tenues d’acheter et les éditeurs commerciaux profitent de ces deux publics captifs. Parallèlement, les budgets des bibliothèques stagnent, voire diminuent. Il en résulte des menaces de désabonnements provoquées uniquement par cette question financière.
Certes, des résistances s’élèvent contre les éditeurs pratiquant une politique commerciale abusive : naissance de consortiums, projet Sparc 1, lettre ouverte aux éditeurs de la « Komission des Deutschen Bibliotheksinstituts für Erwerbung und Bestandsentwicklung 2 ». De plus, l’apparition de la presse électronique crée de nouvelles demandes des usagers qui entraînent pour les établissements des surcoûts importants – surcoût des abonnements électroniques, gestion des accès et des licences, matériels. Ces faits n’ont pas épargné la bibliothèque des sciences de la terre-recherche de la bibliothèque interuniversitaire scientifique (BIUS) Jussieu, héritière de la Sorbonne, à laquelle le Cadist (Centre d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique et technique) des sciences de la terre, des océans et de l’environnement terrestre fut attribué en 1980 3, en raison de la richesse de son fonds. Sur 663 m², elle développe 4 km de rayonnages en accès libre; grâce à ses 20000 monographies, 370 séries, près de 2500 titres de périodiques dont 1000 vivants et 399 reçus par abonnement, elle répond à sa « mission nationale d’acquisition et de diffusion de la documentation au service de la recherche » 4.
Jusqu’à 1999, le Cadist avait pu maintenir l’intégralité de ses abonnements tout en continuant à acquérir des monographies. Cependant, pour la première fois, pour l’année 2000, les désabonnements deviennent inévitables, à moins d’abandonner toute acquisition de monographies hors commandes permanentes. Or ces monographies sont des documents indispensables dans une bibliothèque, car elles réalisent des synthèses sur un thème et permettent la confrontation des différentes manières d’aborder un sujet.
Comment établir alors une liste de périodiques que la bibliothèque arrêtera d’acheter tout en s’inscrivant dans les missions d’un Cadist? Une étude a été menée afin de juger l’utilité des revues reçues par abonnements pour la recherche, principalement dans les domaines innovants ou à même de se développer dans les prochaines années, afin de ne pas avoir à acheter des têtes de collections quand l’innovation sera devenue le cœur de la recherche.
L’évolution des coûts
En 1999, le Cadist acquiert 399 périodiques. Jusqu’à 1997, les abonnements étaient répartis entre plusieurs fournisseurs et acquittés en francs ou en deutsche Marks. Après conversion, le prix moyen d’un périodique en sciences de la terre a augmenté de 149 % en 10 ans 5, passant de 1667 F 6 en 1990 à 4155 F en 2000 (prix provisionnel) pour les éditeurs commerciaux. Si l’on distingue par éditeurs, les écarts sont flagrants (cf. tableau 1).
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Pour les éditeurs non commerciaux (associations, etc.), entre 1985 et 1999, le prix moyen a augmenté de 81 % pour les associations américaines – de 1499 F à 2718 F – et de 68 % pour les autres associations anglo-saxonnes – 914 F à 1538 F. De même que les prix pratiqués par les éditeurs commerciaux passent du simple au triple par rapport aux associations, l’augmentation est de près du double pour les éditeurs non commerciaux (cf. tableau 2 et graphique 1).
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Augmentation du coût des abonnements
L’un des arguments présentés par les éditeurs pour expliquer l’augmentation des prix est l’accroissement de la pagination. En effet, entre 1990 et 1998, le nombre moyen de pages pour les revues en sciences de la terre est passé de 945 à 1140, soit une augmentation de 20,7 %. Rappelons ici qu’entre 1990 et 2000, l’augmentation du coût des périodiques a été de près de 150 %.
37 abonnements du Cadist, dont 15 sont publiés par Elsevier, ont doublé, voire sextuplé leur pagination 7. Sur 8 titres ayant triplé, 5 appartiennent à ce même éditeur. Pour ces 37 titres, le coût a triplé en 8 ans. Or, le reste des abonnements a connu une augmentation plus faible – entre 25 et 50 % de pages supplémentaires – et la majeure partie d’entre eux n’ont que peu augmenté. Il est vrai que certains titres ont modifié leur taille, passant d’un format in-octavo à in-quarto.
La subvention Cadist, si l’on considère la courbe du graphique 2
, connaît une augmentation constante, passant de 532845 F courants en 1985 à 13 60000 F courants en 1999. Après une augmentation de 109 % entre 1987 et 1993, en rapport avec la volonté de développer les bibliothèques universitaires suite au rapport Miquel, la subvention, alors de 1220000 F, évolue peu (+ 11,5 % en 6 ans, 3,7 % seulement si l’on convertit ses chiffres en francs constants 8), tandis que le coût de la documentation, et plus particulièrement des périodiques, est en plein développement. Ce frein, ainsi que les variations du taux du dollar, contribuent à réduire le pouvoir d’achat du Cadist
Parallèlement, les crédits de fonctionnement attribués à la bibliothèque des sciences de la terre-recherche sont passés de 9,12 % des crédits documentaires de la BIUS Jussieu pour la recherche en 1980 9 à 6,4 % en 1999.
De plus, en 10 ans, le prix moyen des ouvrages étrangers en francs constants de niveau recherche en sciences de la terre a augmenté de 31,2 %. Il a, certes, diminué de 11,9 % pour les ouvrages français, mais ils ne représentent qu’une part minime des acquisitions du Cadist (moins de 10 %). Dorénavant, le Cadist reçoit un exemplaire du dépôt légal dans son domaine (cf. tableau 3).
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Juger le ratio d’utilité d’un périodique
Les revues sont en sciences le moyen essentiel de diffusion de l’information scientifique. Elles sont au cœur des acquisitions d’une bibliothèque de recherche, et d’autant plus d’un Cadist dont la mission est « l’acquisition et la diffusion de la documentation au service de la recherche [nationale] ».
Le Cadist, contraint aux désabonnements pour les raisons évoquées plus haut, ne peut entreprendre une campagne de désabonnements sans continuer d’assurer au mieux sa mission : des critères rationnels liés à l’utilité des revues pour la recherche – et non exclusivement à leur prix – sont donc à établir afin de déterminer une liste de titres à supprimer et d’élaborer, tel un plan de développement des collections, un plan de désabonnement sur plusieurs années, la situation ne semblant pas destinée à s’améliorer.
Comment jauger l’utilité d’une revue? Les trois critères les plus fréquemment retenus sont la consultation sur place, le prêt entre bibliothèques et les facteurs d’impact 10. Afin de cerner l’avis des chercheurs sans interview – méthode efficace, mais très longue – nous avons aussi utilisé les listes de revues de rang A du CNRS et la liste des « périodiques noyaux » établie par la Geoscience Information Society (GIS) et, enfin, la carte documentaire – le nombre de localisations en France et Ile-de-France des périodiques reçus au Cadist – de nos titres en raison de notre mission nationale.
Le Cadist prête les fascicules de périodiques, année en cours incluse, aux chercheurs et « thésards » pour une journée. Il est donc possible d’obtenir des statistiques de prêt à partir du module informatique utilisé par la BIUS Jussieu pour chaque titre, soit sur les 3 derniers mois, soit depuis l’installation du module en 1994. Ces statistiques, certes, ne reflètent pas la consultation sur place par les lecteurs autorisés ou ne pouvant emprunter les revues – diplôme d’études appliquées-DEA, diplôme d’études supérieures spécialisées-DESS, maîtrises – ou le feuilletage, l’ensemble des collections étant en libre accès.
À des fins statistiques, nous conservons pendant un an la trace de toutes les demandes de prêt entre bibliothèques (PEB) reçues. Il a donc été possible d’établir le nombre de demandes satisfaites pour chaque titre en 1998. C’est un élément essentiel pour le calcul du ratio d’utilité dans un Cadist, car le PEB est au cœur de nos missions.
Le facteur d’impact – le quotient du nombre d’articles parus dans un journal pendant deux ans et du nombre de citations d’articles parus dans ce journal pendant ces deux années – est publié annuellement par l’Institute for Scientific Information (ISI) dans le Journal Citation Reports 11. Il signale l’impact de chaque article paru dans cette revue. Pour le chercheur, ce peut être un indicateur de sa qualité; pour le bibliothécaire, en aucun cas un indicateur d’usage. Le nombre d’articles publiés par la revue influence aussi le nombre de citations : plus il y a d’articles, plus la revue a de chance d’être citée. Par ailleurs, une revue spécialisée ayant un facteur d’impact plus bas n’implique pas une qualité moindre. Il demeure néanmoins un facteur de sélection/désélection en association avec d’autres critères.
Sur 399 abonnements, 220 sont classés par l’ISI. Le taux médian de facteur d’impact est de 1,000 soit 110 titres ayant un taux supérieur ou égal.
Si nous comparons les titres du Cadist ayant les meilleurs facteurs d’impact et ceux qui sont les plus empruntés ou demandés en PEB, Nature et Science à part, seuls 19 titres qui ont été demandés au moins 12 fois en 1998 ont un facteur d’impact supérieur à 0,996 et 73 titres sur les 139 abonnements empruntés plus de 50 fois.
16,4 % des abonnements classés au Science Citation Reports dépassent le taux moyen de PEB et 24,5 %, celui de prêt : le facteur d’impact n’est donc pas un indice fiable de l’usage d’une revue pour des bibliothécaires.
Le CNRS, afin d’évaluer ses chercheurs, a organisé chaque champ disciplinaire en sections; une commission spécialisée établit une liste des revues dites de rang A, où les chercheurs publient en priorité. Sur les 399 abonnements, 149 titres figurent dans une ou plusieurs liste(s) des trois sections correspondant au domaine du Cadist – sections 11 « Planète terre : structure, histoire et évolution » (91 citations), 12 « Planète terre : enveloppes superficielles » (126 citations) et 13 « Physique et chimie de la terre » (81 citations). Ils forment le noyau des titres fondamentaux pour la recherche en sciences de la terre.
La Geoscience Information Society est une association internationale de bibliothécaires et de professionnels de l’information spécialisée en sciences de la terre dont le Cadist fait partie. Michael M. Noga publie depuis décembre 1995 une liste des « titres noyaux » établie par le Collection Development Issues Committee de la GIS et mise à jour régulièrement. La dernière version, parue dans la GIS Newsletter de décembre 1998 comprend 139 titres dont 115 sont reçus au Cadist (les titres absents sont soit hors du domaine du Cadist, soit centrés sur les États-Unis). Ces titres forment donc un autre cercle noyau, du point de vue du bibliothécaire.
La plupart des titres de ces deux listes noyaux – CNRS et GIS – se recoupent. On obtient alors une série de 183 titres reçus au Cadist représentant 77,1 % du PEB en 1998 et 83,7 % des prêts (cf Graphique 3)
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L’ensemble de ces facteurs – prêt, PEB, facteur d’impact, appartenance à une liste de rang A et/ou à la liste noyau de la GIS – permet d’établir un premier cercle (A) de titres utiles à la recherche auxquels il est possible d’attribuer un coefficient d’utilité calculé à partir de ces éléments. On constate que les titres du cercle A forment le noyau dur des abonnements avec 77,1 % des demandes satisfaites de PEB et 83,7 % des prêts (cf Liste)
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La mission du Cadist est l’acquisition des ressources utiles à la recherche nationale. Il se doit donc de conserver les titres peu représentés sur la carte documentaire dans la mesure où ils répondent à ce critère d’utilité. Si l’on considère comme rares des périodiques présents dans moins de 5 bibliothèques en Ile-de-France ou moins de 25 fois en France, on obtient les deuxième et troisième cercles (B et C) autour du noyau (A).
Représentant près de 21 % du PEB pour 11,4 % des prêts et avec un facteur d’impact moyen de 0,672, ils sont le reflet de cette fonction acquisition pour la France, indépendamment des besoins propres à l’établissement de rattachement du Cadist (Université Pierre-et-Marie-Curie). Ces chiffres montrent aussi le faible lien entre facteur d’impact et utilisation (cf Quelques exemples de périodiques)
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Enfin, les occurrences du reliquat (cercle D), soit 57 titres, sont fréquentes sur la carte documentaire – plus de 25 mentions dans Myriade –, et représentent en moyenne peu de demandes de PEB et de prêt.
Cependant, on ne peut transformer ce groupe de périodiques en liste de désabonnements sans un examen minutieux des titres. En effet, il y a de fortes disparités entre les titres en matière de prêt sur place ou de carte documentaire.
Un programme de désabonnement doit aussi prendre en compte l’ensemble des bibliothèques dont les fonds spécialisés sont complémentaires ainsi que l’évolution de la recherche dans ces disciplines (cf. tableau 4)
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Plan de désabonnement
Le choix des titres à supprimer est fait en fonction de leur présence sur le campus Jussieu (bibliothèques de laboratoire) ou dans les bibliothèques partenaires du Cadist extérieures à Jussieu, de la carte documentaire française, de leur cherté comme le Journal of Crystal Growth et International Journal of Fracture, titres désormais aux bornes du domaine du Cadist.
Ces deux titres avaient été repris par le Cadist ces dernières années afin d’assurer leur présence sur le campus Jussieu et en Ile-de-France. Ils seront sans doute les premiers supprimés, leur coût étant trop élevé pour une utilisation restreinte – moins de 1 % de PEB et 0,4 % des prêts – et une importante présence en France.
En outre, l’apparition des périodiques électroniques fausse l’estimation de la consultation d’un titre. En effet, les titres accessibles sur le campus Jussieu actuellement le sont grâce à l’existence d’un abonnement papier. Il n’est pas possible actuellement d’obtenir des statistiques de consultation électronique (cf. tableau 5)
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Par exemple, le Journal of Crystal Growth, qui, selon les statistiques fournies par le module informatique de la bibliothèque, est très peu emprunté sous forme papier, est consulté directement depuis les laboratoires sous forme électronique.
Par ailleurs, les chercheurs en géosciences, interrogés après quelques mois d’accès aux périodiques électroniques, considèrent ce moyen d’accès comme intéressant, mais la version papier demeure indispensable en raison de la complexité des images (profils sismiques, par exemple) et de leur résolution graphique et chromatique, sans compter les temps de transmission et les problèmes de disponibilité du réseau 12.
Le plan de désabonnement doit aussi se fonder sur une politique de collaboration entre les établissements dont les domaines d’excellence recoupent celui du Cadist. C’est dans ce but que, depuis avril 1998, le Cadist est au centre du Groupe français des bibliothèques et centres de documentation en géosciences, qui rassemble le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’École nationale supérieure des mines de Paris, l’Institut français du pétrole, l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), l’Institut de recherche et développement (IRD-ex-Orstom), le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), l’Office international de l’eau et la Société géologique de France (SGF). Chaque membre a remis au Cadist une liste des abonnements communs qu’ils conserveraient pendant les années à venir, afin de constituer une liste supplétive de titres. Les titres reçus par don ou échange n’ont pas été pris en compte en raison de l’avenir aléatoire de ces collections.
Grâce aux listes de rang A des sections du CNRS concernant les sciences de la terre et celle du GIS, une liste noyau de 183 titres en géosciences a été constituée par le Cadist. Si on la croise avec celles des titres conservés par les autres membres du groupe géosciences, 4 niveaux apparaissent alors.
Groupe 1 : 71 titres qui sont dans le noyau CNRS/GIS de ces disciplines et que les autres membres du groupe géosciences ne reçoivent pas ou ne conserveront pas dans les années à venir : ce sont des titres à préserver au nom des missions du Cadist et pour le reste du groupe.
Groupe 2 : 111 titres du noyau CNRS/GIS en sciences de la terre que certains membres du groupe géosciences s’engagent à conserver pendant les années à venir : bien que ces titres soient fondamentaux pour la recherche, ils pourraient être l’objet d’une dernière vague de désabonnement, qui serait en réalité le signe annonciateur de la disparition du Cadist.
Groupe 3 : 57 titres périphériques (hors noyau CNRS/GIS), mais qui sont sur la liste supplétive du groupe géosciences : ils constituent un premier volet de désabonnements possibles en 2001 pour le Cadist.
Groupe 4 : 160 titres, enfin, qui sont hors noyau CNRS/GIS et hors titres retenus par le groupe géosciences : leur situation est délicate, car se situant dans la périphérie du noyau CNRS-GIS, ils seraient susceptibles d’être supprimés. Néanmoins, les autres membres du groupe géosciences n’y sont pas abonnés ou n’offrent aucune garantie à leur sujet. Leur suppression éventuelle doit faire l’objet d’une analyse complémentaire en fonction de leur carte documentaire et de leur usage (cf. tableau 6)
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Par ailleurs, une convention de coopération a été signée en 1983 entre le Cadist des sciences de la terre et le MNHN, Cadist en botanique et zoologie, ce dernier se chargeant à ce titre des acquisitions en paléontologie. C’est l’une des raisons qui ont conduit le Cadist à supprimer en premier les titres de paléontologie.
Le Cadist a donc établi pour les abonnements 2000 une liste de titres à supprimer à partir des éléments considérés plus haut, mais aussi pondérée par les orientations de la recherche et notamment les secteurs d’innovation. Seront éliminés :
– des titres de paléontologie : le laboratoire de paléontologie des vertébrés de l’université Pierre-et-Marie-Curie a disparu en 1998 et les périodiques représentent 0,5 % du PEB et 1,7 % des prêts. Ces titres sont disponibles au MNHN où ils sont au coeur de la discipline, donc non sujets à d’éventuels désabonnements. S’y ajoutent six autres titres qui, bien qu’ils ne soient pas reçus au Muséum, sont très représentés sur la carte documentaire (cercles C et D) et dont trois font partie du premier cercle (A).
– des titres de micropaléontologie : en effet, ils sont reçus au laboratoire de micropaléontologie de l’université Pierre-et-Marie-Curie. Ils ne représentaient que 1 % du PEB et des prêts. Les éventuelles demandes de photocopies seraient toujours assurées par le Cadist qui pourrait emprunter les fascicules auprès du laboratoire.
– des titres aux bornes du domaine du Cadist : Journal of Crystal Growth et International Journal of Fracture. Réclamé par nombre de chercheurs, l’abonnement au premier a été repris par la bibliothèque de chimie recherche, section de la BIUS Jussieu, afin d’éviter aussi sa disparition en Ile-de-France.
Trois bibliographies seront supprimées. Geotitles et Hydrotitles, bien qu’elles ne soient reçues qu’au Cadist, sont des périodiques britanniques sur support papier et très peu consultés, de même que Bibliography and Index of Micro-palaeontology, présent dans quatre établissements en France 13.
La hausse des prix continuant, la poursuite du plan de désabonnement est prévue en 2001 en s’appuyant sur le groupe 3 de la liste supplétive du Groupe français des bibliothèques et centres de documentation en géosciences.
En effet, il s’agit de titres périphériques qui seront conservés dans les années à venir par les membres du groupe.
Néanmoins, il faut aussi prendre en compte des critères d’usage, tels que le PEB, les prêts aux chercheurs de Jussieu et la localisation des bibliothèques partenaires s’engageant à conserver ces titres : il est plus simple d’orienter un chercheur vers la bibliothèque du MNHN, à quelques centaines de mètres de Jussieu, que vers le centre brestois de l’Ifremer.
Des conditions d’accès et des modalités de prêt et tarifs de photocopies privilégiées réciproques seraient à prévoir dans le cas d’établissements partenaires éloignés géographiquement.
Ainsi dans un premier temps, les titres garantis par la bibliothèque centrale du MNHN pourraient être supprimés. En effet, cet établissement est à quelques minutes à pied du campus Jussieu et les demandes de PEB en 1998, inexistantes ou quantité négligeable (moins de 3 demandes par titre en 1998) (cf. tableau 7)
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Dans un deuxième temps, les titres auxquels la Société géologique de France est abonnée pourraient être abandonnés. Cette bibliothèque, située rue Claude Bernard dans le 5e arrondissement, est facilement accessible depuis Jussieu. De plus, les lecteurs du Cadist fréquentent déjà en grande partie ces deux établissements (cf. tableau 8)
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L’étape suivante concerne des titres garantis par l’École nationale supérieure des mines de Paris – site Fontainebleau –, ou l’Institut français du pétrole. Or, ces établissements sont situés en banlieue parisienne. La suppression des abonnements garantis par ces bibliothèques entraînera une gêne incontestable pour les lecteurs de la bibliothèque des sciences de la terre-recherche, en raison de cet éloignement. Des tarifs préférentiels de photocopies transmises par courrier seraient à négocier pour les inscrits au Cadist (cf. tableaux 9 et 10)
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En lisant ces deux dernières listes, il apparaît que Water Research et Energy and Fuels ont un fort taux de PEB. Par conséquent, ils ne peuvent être supprimés. Par ailleurs, des titres généralistes tels La Recherche et Pour la science apparaissent : les abonnements pourraient être redistribués sur les crédits de fonctionnement attribués à la bibliothèque des sciences de la terre-enseignement, section de la BIUS Jussieu, car ce sont des « usuels » au même titre que Nature ou Science.
Si ces suppressions sont réalisées pour 2001, avec les réserves émises concernant certains titres, le Cadist disposerait alors d’un volant de 104612 F (cf. tableau 11)
. Afin de présenter le plan de désabonnement 2000, la bibliothèque a réuni à la bibliothèque, courant octobre 1999, une commission composée de chercheurs en sciences de la terre de Jussieu afin de discuter et de définir la liste des désabonnements sur proposition du Cadist. Le plan 2001 leur a été présenté au printemps 2000.
Conclusion
Comme un être vivant, une bibliothèque de recherche est un organisme soumis aux lois de l’évolution. L’univers de la recherche scientifique se modifie. Au cours d’une décennie, des disciplines nouvelles apparaissent, alors que d’autres perdent de leur importance, sans que l’on puisse déjà estimer lesquelles sont amenées à péricliter ou à resurgir de plus belle après un temps de latence. Les achats doivent suivre cette évolution afin de répondre aux besoins de la communauté des chercheurs.
Depuis 20 ans, le Cadist a réussi à répondre à sa mission nationale d’acquisition et diffusion de la documentation au service de la recherche. Grâce aux moyens financiers attribués, il a pu développer ses collections, notamment les périodiques, en anticipant les nouvelles orientations de la recherche, ce qui transparaît à travers le taux de satisfaction du PEB en constante augmentation. Le Cadist repère l’innovation dans ses disciplines à travers l’analyse des demandes négatives du PEB, le dialogue direct avec les chercheurs – de Jussieu ou de passage, français ou étrangers –, les programmes internationaux de recherche, les sujets de DEA et des thèses soutenues en France dans les domaines du Cadist.
Afin de continuer à répondre à ces missions, cette bibliothèque de recherche d’échelon national a entrepris un plan de désabonnement le plus rationnel possible fondé sur le ratio d’adaptation des abonnements à son public, local ou national, et sur la coopération documentaire avec les autres centres documentaires spécialisés en géosciences. Cette méthode demeure applicable aux autres domaines de la connaissance et à tout établissement amené à restreindre ses abonnements de périodiques.
La mise en commun des moyens demeure la réponse idéale à l’augmentation des coûts de la documentation scientifique. Par son fort taux de PEB prêteur et demandeur, la BIUS Jussieu joue, de fait, un rôle national de bibliothèque ressources en sciences. Face à la montée des coûts de la documentation et à la demande croissante des chercheurs en matière d’accès électronique aux périodiques, elle est à même de devenir un composant essentiel d’un consortium des bibliothèques universitaires scientifiques telles Paris XI-Orsay, ou centres de documentation spécialisés, tels le BRGM ou l’Institut de physique du globe de Strasbourg en géosciences.