Entre tradition et innovation

Les pratiques des chercheurs en économie/gestion

Dominique Perol-Isaacson

Catherine Lamy-Faure

Isabelle Sabatier

Cet article s'appuie sur l'observation (étayée par des entretiens) des pratiques documentaires des chercheurs de l'université Paris-Dauphine (étudiants de 3e cycle et enseignants-chercheurs). La diversité des besoins induit des pratiques différenciées : pour les revues fondamentales et le suivi de l'actualité documentaire, l'imprimé paraît toujours irremplaçable, le texte intégral sur support électronique étant plutôt ressenti comme un élargissement de l'offre documentaire de la bibliothèque. Pour les données factuelles et numériques, le support électronique est une nécessité. Documentation imprimée et documentation électronique sont donc utilisées de façon très complémentaire.

This article concerns itself with the observation (supported by interviews) of documentary practices of researchers of the university of Paris-Dauphine (post-graduate students and teacher-researchers). The diversity of needs induces different practices: for essential journals and following documentative news, the printed source still appears to be irreplaceable, the complete text on electronic supports has seemed to be rather like an enlargement of the documentary holdings of the library. For factual and numerical data the electronic support is a necessity. Printed documents and electronic documents are used, then, in a highly complementary way.

Dieser Artikel stützt sich auf die Beobachtung (durch Interviews belegt) der dokumentarischen Gewohnheiten der Forscher der Universität Paris-Dauphine (Doktoranden und Professoren). Die Vielfalt der Bedürfnisse führt zu unterschiedlichen Anwendungen : was die wesentlichen Zeitschriften und die Neuerscheinungen betrifft, erscheint das Gedruckte immer noch als unersätzlich, während der elektronische Volltext eher als eine Erweiterung des dokumentarischen Angebots der Bibliothek aufgefasst wird. Für Zahlen und Fakten ist die Elektronik eine Notwendigkeit. Gedruckte und elektronische Dokumentation werden somit komplementär genutzt.

Le renforcement, ces dernières années, de l’offre documentaire électronique dans les sciences économiques et la gestion, la généralisation de l’utilisation d’Internet ont considérablement accru les possibilités d’information. Quelle influence réelle ces nouvelles technologies ont-elles dans la pratique quotidienne des chercheurs ?

Le contexte

Nous présentons ici les pratiques documentaires des chercheurs de l’université Paris-Dauphine, qui bénéficient de conditions particulièrement favorables, la bibliothèque étant CADIST (centre d’acquisition et de diffusion en information scientifique et technique) en économie/ gestion et pôle associé de la Bibliothèque nationale de France.

La situation de la bibliothèque de recherche du service commun de la documentation, à proximité des centres de recherche, a été un choix de l’université, pour en faciliter la fréquentation des enseignants- chercheurs et des étudiants de 3e cycle.

Le lectorat de la bibliothèque de recherche est composé de divers types d’utilisateurs :

– les 365 enseignants-chercheurs de l’université disposent d’une carte magnétique assurant l’accès 24 heures sur 24 ; 90 % d’entre eux sont inscrits à la bibliothèque de recherche ;

– les étudiants de troisième cycle des filières de recherche (500 inscrits en DEA, diplôme d’études appliquées, et plus de 500 en doctorat) regroupés dans trois écoles doctorales, disposent de la carte d’accès aux heures ouvrables (9h à 19h) et d’une possibilité de prêt des ouvrages pour trois jours ;

– les 800 étudiants de troisième cycle professionnel DESS (diplôme d’études supérieures spécialisées) et les étudiants de second cycle sont admis, sur laissez-passer, pour des recherches motivées et ponctuelles ;

– les doctorants et chercheurs extérieurs à l’université sont admis également sur laissez-passer et constituent près du quart des usagers (50 % des lecteurs extérieurs viennent de l’Ile-de-France).

La bibliothèque propose, depuis plus de dix ans, des cédéroms en réseau et développe progressivement l’accès à des services en ligne. Les enseignants-chercheurs et les étudiants bénéficient d’un environnement techno- logique très favorable : l’ensemble de l’université est câblé depuis déjà plusieurs années et des travaux importants en 1998 ont permis d’améliorer de façon très sensible l’accès à Internet (liaison à 100 Mbits) pour le sixième étage de l’université, où se trouvent bibliothèque d’étude et bibliothèque de recherche, ainsi que la plupart des centres de recherche. Cela permet une très grande rapidité d’accès, indispensable à l’utilisation de la documentation électronique en ligne.

La bibliothèque de recherche offre 10 000 livres et 720 périodiques sur cinq ans en libre accès, auxquels s’ajoutent 600 revues en texte intégral sur cédéroms (Business Periodicals On Disc). Trente bases de données sur cédéroms en réseau et deux bases de données en ligne permettent des recherches bibliographiques ou de données chiffrées.

Dans le souci de promouvoir la documentation électronique auprès des étudiants de DEA et des enseignants-chercheurs, la bibliothèque leur propose depuis trois ans, de façon systématique, des formations aux ressources documentaires électroniques (sur cédéroms ou en ligne). Elles ont touché en 1999, 10 % des enseignants permanents. Ces formations sont thématiques (recherche d’articles de revues en économie/gestion, de données statistiques, d’informations sur les entreprises, recherche de documentation sur Internet).

L’observation des pratiques documentaires

La responsable du CADIST, ainsi que le personnel assurant l’accueil du public au bureau d’information (dont une doctorante, monitrice depuis 4 ans à la bibliothèque) sont à l’écoute des demandes des chercheurs et des doctorants et ont acquis une perception assez précise des besoins et des pratiques. Cependant, avant de mettre en place le nouveau système d’information documentaire et pour mieux cerner les besoins et les attentes des usagers, les responsables documentaires de la bibliothèque ont mené plusieurs séries d’entretiens :

– avec des enseignants-chercheurs en économie et gestion, directeurs d’écoles doctorales ou de centres de recherche ;

– avec un groupe de doctorants travaillant dans des secteurs disciplinaires divers ;

– avec différents groupes d’utilisateurs de banques de données.

A partir de là, on peut dire que la première source d’information pour le chercheur en économie/gestion, comme dans les autres domaines de la recherche, est, par tradition, son réseau personnel : l’équipe de recherche au sein de laquelle il travaille, les doctorants auxquels il délègue des recherches préliminaires, les chercheurs qui, en France ou à l’étranger, travaillent sur le même secteur, les chercheurs qu’il rencontre dans des réunions ou des colloques. L’information la plus fraîche circule souvent de manière informelle. Afin d’initier au plus tôt les futurs chercheurs à cet environnement nourricier, l’université a pris soin de rattacher chaque DEA à un des 26 centres de recherche.

Les enseignants-chercheurs utilisent peu les ressources documentaires électroniques de la bibliothèque sur cédéroms, qu’ils considèrent comme des produits destinés aux étudiants. En revanche, ils manifestent beaucoup d’intérêt pour les bases de données en ligne, qui correspondent mieux, selon leur point de vue, aux besoins de la recherche et peuvent, à terme, être consultées de leurs bureaux. De plus, elles reproduisent plus ou moins sous forme électronique la démarche documentaire qui a coïncidé avec l’explosion d’Internet.

Il faut souligner que la recherche sur Internet s’est intégrée aux pratiques courantes des chercheurs, quelle que soit la génération à laquelle ils appartiennent. Familiarisés avec cet outil grâce au courrier électronique, les chercheurs ne peuvent plus l’ignorer, sans risquer d’être coupés de la recherche internationale : les annonces, comme les inscriptions aux congrès, l’envoi des communications se font couramment sur le Web. De plus, les centres de recherche ont pratiquement tous un site réunissant des informations sur leur équipe de recherche, leurs travaux et leurs publications.

Néanmoins, les chercheurs sont encore peu nombreux à avoir réalisé un site personnel, même si la fréquentation régulière des sites de leurs collègues d’outre-atlantique leur a fait prendre conscience de leur intérêt.

La recherche d’information

La recherche d’information en économie/gestion s’organise autour de deux axes : la recherche de la documentation primaire et bibliographique et la recherche de données factuelles et chiffrées.

La recherche de la documentation primaire

Les besoins des chercheurs se définissent clairement selon leur niveau : les besoins d’un professeur spécialiste, référence dans sa discipline, sont différents de ceux d’un étudiant de DEA, dont le premier contact avec la recherche reste la définition d’un sujet de mémoire, susceptible d’évoluer par la suite vers une thèse.

– Les chercheurs doivent suivre l’actualité de leur thème de recherche : ils ont besoin d’avoir à leur disposition de façon permanente une dizaine de revues, qu’ils jugent fondamentales, et, pour cela, la forme imprimée leur semble irremplaçable. La plupart des centres de recherche conservent encore un abonnement papier pour leur usage interne et ils apprécient la consultation des sommaires. Actuellement, un service de photocopies de sommaires est assuré par le SCD (service commun de la documentation). Ceux-ci sont souvent affichés dans les centres de recherche à l’usage des membres de l’équipe.

Cependant, une évolution se dessine, puisque l’édition électronique précède sur le site de l’éditeur la mise à disposition de l’imprimé et que l’accès à des sommaires numérisés se généralise.

– Les chercheurs consultent beaucoup les monographies présentant la synthèse des évolutions en cours, comme les séries Advances in ou Research in. Internet a considérablement amélioré l’accès aux références d’ouvrages anglo-saxons : le succès auprès des chercheurs des librairies électroniques tient à la facilité de recherche des ouvrages dans leur catalogue très convivial et à la rapidité de livraison des documents.

Certains auteurs, refusant les éditeurs traditionnels, mettent en vente leurs œuvres directement sur leur site personnel. Ces ouvrages imprimés à compte d’auteur ne sont accessibles que par le Web.

– Ils ont besoin de retrouver rapidement une référence précise (éventuellement ancienne) et d’en obtenir le texte intégral : l’aide du bibliothécaire est souvent précieuse.

– Ils apprécient la libre disposition des ouvrages « fondateurs » dans leur discipline. Les collections présentées en bibliothèque de recherche ont été choisies en collaboration avec les responsables des centres de recherche de l’université.

– Ils souhaitent « butiner » (browse), ce qui leur permet de trouver des articles auxquels une recherche bibliographique stricte ne leur permet pas d’accéder, tout particulièrement lors des recherches sur les frontières de leur domaine. La recherche en économie/gestion s’oriente résolument vers la pluridisciplinarité.

Tous les chercheurs viennent à la bibliothèque de recherche parce qu’ils savent y trouver sur cinq ans, en libre accès, les revues dont ils ont besoin.

La recherche bibliographique

Pour le suivi de l’actualité documentaire, l’utilisation des bibliographies imprimées a été abandonnée depuis longtemps.

En économie, le Journal of Economic Literature (JEL) a été remplacé par le cédérom Econlit, dont les citations remontent à 1969. La forme papier ne sert plus qu’à retrouver des références antérieures à cette date. Le logiciel d’Econlit, assez peu convivial, permet cependant de faire une recherche par catégories de sujets, qui sont les catégories du Journal of Economic Literature (dont le type de structure, très hiérarchisée, tenant à la matière même de l’économie, peut être comparé à la Dewey). L’utilisateur du JEL peut donc transposer directement la démarche documentaire de la bibliographie imprimée au cédérom (thésaurus, classification).

En gestion, la recherche bibliographique se fait essentiellement par la consultation du cédérom ABI-Inform, qui remonte à 1981. Celui-ci présente la possibilité de faire une recherche classique par sujet, auteur... donnant la référence bibliographique accompagnée d’un résumé. Elle permet également de consulter les sommaires de toutes les revues dépouillées dans cette base de données (1200). À cela s’ajoute l’avantage inestimable d’accéder directement au texte intégral de 600 de ces revues grâce à la collection de périodiques électroniques Business Periodicals on Disc (BPO), liée à cette base avec fréquemment une antériorité de plus de 10 ans (1987). La possibilité d’imprimer l’article en mode image est appréciée. Présent en bibliothèque depuis cinq ans, ce produit est le premier à avoir assuré un accès électronique au texte intégral de revues. Il a, de ce fait, grandement contribué à familiariser les chercheurs avec les nouvelles technologies documentaires et il demeure le cédérom le plus utilisé en bibliothèque de recherche pour la recherche bibliographique.

Base de données en ligne ou cédérom ? Le cas de ProQuestDirect

L’ensemble de cette base de données est maintenant également consultable en ligne : ProQuest Direct, mis en test à la bibliothèque de recherche pendant plusieurs mois, connaît un large succès, grâce à une interface simple (recherche auteur, mot du titre, titre de publication).

La base de données en ligne a des atouts déterminants :

– l’interrogation ne nécessite pas la maîtrise d’un logiciel plus ou moins complexe, comme l’est celui d’un cédérom ;

– l’accès à la base de données n’est plus limité à la bibliothèque, mais peut être assuré dans les centres de recherche intéressés grâce à la sélection des utilisateurs par adresses IP et/ou mots de passe, et même au domicile du chercheur ;

– il est possible d’accéder au texte intégral d’un article (et de l’imprimer ou de le décharger sur disquette, ce qui est impossible avec le cédérom) immédiatement après une recherche bibliographique ou par l’appel du titre de la revue et la consultation des sommaires. Ceci représente un gain de temps considérable en regard de la démarche habituelle en deux temps, induite par le support imprimé ou le cédérom : recherche bibliographique, puis recherche du texte intégral.

Mais avec la base de données en ligne se pose le problème de contenu :

– l’antériorité des collections en texte intégral est souvent moins importante que dans la base de données sur cédéroms ;

– les revues académiques présentes sur le cédérom, comme le Journal of Finance ne se retrouvent pas toujours dans le produit en ligne : certains éditeurs tiennent à conserver l’exclusivité de la diffusion en ligne de leurs revues.

D’une façon générale, les bases de données bibliographiques, en ligne et sur cédéroms, posent différents problèmes :

– la littérature dépouillée est essentiellement anglo-saxonne ;

– la couverture est trop récente : certains chercheurs soulignent, chez leurs jeunes doctorants ne fréquentant qu’Internet ou les bases de données en ligne, une méconnaissance grave de certains articles de recherche datant des années 60 ou 70 et introuvables sous une forme autre que l’imprimé. Seule la base de données bibliographiques sur cédérom Econlit permet de remonter jusqu’en 1969 ;

– la consultation induit un coût d’impression non négligeable, souligné par la plupart des doctorants, qui ne parviennent pas à travailler sur écran ;

– même si la recherche en ligne paraît beaucoup plus familière, plus simple et plus performante que la consultation des cédéroms, elle n’est pas le point de départ de la recherche documentaire, qui débute par des contacts entre collègues (oraux ou par courrier électronique), ou par la consultation des notes bibliographiques annexées aux travaux jugés pertinents pour le sujet de recherche. Ces pratiques permettent une sélection qualitative des documents et une adéquation plus précise au sujet traité. En effet, en économie/gestion, le vocabulaire conceptuel reste souvent imprécis : le contexte, l’environnement du concept sont essentiels à la définition du sujet, de sorte que la consultation des bases bibliographiques traditionnelles engendre beaucoup de « bruit ». En outre, les notions ou concepts « émergents », objet des recherches avancées, ne sauraient êtres représentés dans les bases bibliographiques où ils apparaissent forcément plus tardivement.

Dans ce cas, la recherche à partir des bases bibliographiques traditionnelles reste utile au démarrage de la recherche, mais très vite les relations personnelles prennent le relais.

Pour conclure sur la recherche des textes, on peut constater que :

– les chercheurs restent très attachés, pour les revues fondamentales dans leur domaine de recherche, aux collections sur papier qui leur paraissent également irremplaçables pour le « butinage » ;

– la consultation du texte intégral sur support électronique est souvent ressentie comme un élargissement de l’offre documentaire de la bibliothèque, pour les domaines à la « marge » de leur domaine de recherche (psychologie, sociologie, médecine, physique, etc.), car la pluridisciplinarité pénètre de plus en plus la recherche dans ces domaines, et comme un moyen d’accès facile à distance. Elle n’est pas encore perçue comme un substitut souhaitable du papier. La bibliothèque virtuelle se présente comme un prolongement de la bibliothèque traditionnelle ;

– la recherche en ligne a manifestement plus d’adeptes chez les chercheurs que la documentation électronique sur cédéroms, ce qui s’explique aisément : elle ne nécessite pratiquement pas d’apprentissage, elle permet l’accès dans les bureaux et offre, de ce fait, un gain de temps précieux. La mise en place prochaine d’un réseau de cédéroms en intranet, qui complétera l’offre documentaire sur le campus, fera sans doute évoluer cette situation.

L’accès à la littérature grise

La consultation des cahiers de recherche est indispensable pour tout chercheur, car ils présentent la recherche « en train de se faire », avant même la publication, et ils permettent de savoir qui, au niveau national et international, travaille dans le même domaine de recherche. Le réseau personnel du chercheur lui permet d’avoir accès à la documentation dont il a besoin, mais, en dehors de ce réseau, il était jusqu’à présent très difficile d’avoir connaissance des cahiers de recherche et ensuite, de les obtenir, même en écrivant à l’auteur, dont il fallait trouver l’adresse.

D’autre part, les cahiers de recherche représentant une masse documentaire considérable, chaque bibliothèque n’en possède souvent, sous forme imprimée, qu’une quantité restreinte.

Les cahiers de recherche sont maintenant d’un accès très aisé sur Internet. Ils peuvent être recherchés sur un titre précis, à partir d’un moteur de recherche, par la consultation directe du site du chercheur (suivi d’un téléchargement ou d’une demande du texte par messagerie électronique), ou par la consultation de sites de cahiers de recherche comme WopEC, ce qui permet d’élargir le champ d’investigation. Certains sites créent des listes de diffusion à partir des catégories du JEL. La consultation et le téléchargement des cahiers de recherche semblent aller de plus en plus vers l’abandon de la gratuité.

Certains chercheurs critiquent l’absence de « désherbage » de certains sites, les cahiers de recherche n’offrant selon eux d’intérêt que pendant 2 ou 3 ans maximum. En effet, c’est dans ce délai que les cahiers de recherche les plus intéressants sont publiés dans les revues spécialisées ou dans des volumes collectifs.

Les thèses anglo-saxonnes sont très demandées par les enseignants- chercheurs et par les doctorants. Leur obtention en texte intégral est devenue très simple, puisqu’on peut les télécharger en format PDF pour un faible coût, après consultation de la base en ligne Dissertations Abstracts.

Les actes des colloques sont des documents également très importants pour la recherche ; mais il est toujours aussi difficile de se les procurer, que ce soit après une recherche classique dans la documentation imprimée, ou après une recherche en ligne. On trouve parfois ces documents en texte intégral sur les sites des associations organisatrices, mais aucun site ne permet une recherche générale, contrairement à ce qui existe pour les cahiers de recherche. Il y a là un besoin important, pour l’instant non satisfait.

Données factuelles et chiffrées

En dehors des données bibliogra-phiques, certains chercheurs ont besoin d’importantes quantités de données chiffrées, souvent sur de longues périodes :

– statistiques macroéconomiques,

– financières (boursières, bancaires),

– comptables sur les entreprises.

Pour ces types de données, la concurrence avec le papier ne joue plus, le support électronique est incontournable. Depuis dix ans déjà, elles sont présentées par les organismes producteurs (INSEE, Banque de France, OCDE, FMI, etc.) sur support numérique : bandes magnétiques, disquettes, puis cédéroms, plus récemment sur Internet. Compte tenu de l’énorme quantité d’information produite chaque année, les sites Internet ne peuvent donner qu’un bref aperçu des ressources. Seuls les accès par ligne spécialisée offrent un débit suffisant pour un accès à une information rapide et exhaustive. Ces lignes spécialisées sont malheureusement trop coûteuses pour les budgets universitaires. Néanmoins, malgré la moindre rapidité de transmission par Internet, l’information en ligne demeure irremplaçable. Pour ces raisons, la base de données DataStream est un outil précieux. Créée à l’origine pour les salles de marché, elle comporte des informations essentiellement boursières, d’actualité et rétrospectives, mais elle développe actuellement les statistiques économiques (170 000 séries macro-économiques sur 40 pays) et les comptes de 49 500 entreprises internationales cotées. DataStream est consultée en permanence en bibliothèque de recherche, essentiellement par les doctorants et les étudiants de 3e cycle. En dehors de la maîtrise de cette base, dont l’utilisation, contrairement à celle de ProQuest on line, est particulièrement complexe, l’obstacle à une diffusion très élargie, au sein même des centres de recherche, est le coût des accès.

Les attentes

Le souhait de chaque chercheur serait d’obtenir, dans son bureau et même à son domicile, selon un profil personnalisé, l’information dont il a besoin. Le support lui importe peu : papier, cédérom ou en ligne. La rapidité et la facilité d’accès sont primordiales.

La consultation des revues et des ouvrages demeure ancrée dans la pratique en raison de la souplesse d’utilisation du support papier. Mais la fonction de la bibliothèque ne saurait se limiter à la gestion des imprimés.

La veille technologique sur les nouveaux produits, les offres de produits en ligne en test, le recensement et le suivi des sites Internet, sont les nouveaux services attendus de la bibliothèque pour fournir au chercheur l’accès le plus rapide, et le plus transparent, à une information personnalisée et pertinente. Le stockage d’une masse d’informations qui grossit de façon exponentielle pose un vrai problème au chercheur, qui se trouve démuni pour l’organiser de façon rationnelle et retrouver les informations qu’il a engrangées. Les services attendus incluent des logiciels de gestion des bibliographies personnelles et des documents numérisés.

La bibliothèque, confrontée au traditionnel dilemme de l’arbitrage entre besoins collectifs et personnels, devrait, par l’émergence des nouvelles technologies, améliorer son offre de service. Elle devrait distribuer sur l’ensemble du campus les informations sélectionnées par son public universitaire, offrir dans ses locaux des produits plus ciblés et/ou trop onéreux pour être mis en réseau, enfin diffuser à l’ensemble de la collectivité nationale les informations qu’elle aura produites ou dont elle aura pu acquérir les droits.

Juillet 1999