Évaluation des politiques publiques.

par Anne Kupiec
Sous la dir. de Marie-Christine Kessler, Pierre Lascoumes, Michel Setbon, Jean-Claude Thoenig. Paris : L'Harmattan, 1998. 350 p. ; 22 cm. (Logiques politiques). ISBN 2-7384-6390-8. 180 F

Cet ouvrage qui rassemble des contributions d'universitaires et de chercheurs français et étrangers se propose de faire le point sur la situation de l'évaluation des politiques publiques, en reprenant les données d'une recherche 1 et les matériaux d'un colloque international qui s'est tenu en 1997.

Son principal intérêt est de souligner la polysémie et la complexité de la notion d'évaluation selon trois approches : les fonctions, les méthodes et les effets, qui constituent les différentes parties de l'ouvrage suivies d'une synthèse des tables rondes du colloque.

La lecture de l'ouvrage permet d'abord d'approfondir les problématiques de l'évaluation et sa relation avec l'action. L'analyse du caractère multiforme des politiques évaluées et des différentes conceptions technique ou politique de l'évaluation font l'objet d'amples développements, ainsi que les comparaisons entre les institutions nationales de contrôle et d'inspection et les différents modèles de fonctionnement de l'évaluation. Ce sont autant d'éléments utiles pour apprécier la relation de l'évaluation à l'action et au changement.

La méthodologie est ensuite abordée. Si elle apparaît pour certains essentielle, d'autres « dénoncent l'illusion d'une scientificité jugée inaccessible et/ou inutile ». Ces différentes caractéristiques font l'objet d'une analyse précise.

Les effets de l'évaluation

Les effets de l'évaluation font enfin l'objet d'un examen approfondi, car « s'il existe un consensus sur le fait que l'évaluation est un outil d'intelligibilité et peut permettre de renforcer l'action publique dans un sens démocratique, il faut aussitôt préciser que cet accord de principe recouvre en fait un important dissensus sur la portée réelle de ces fonctions latentes » (p. 255).

L'étude de ces divers aspects présente un intérêt théorique, mais aussi pratique. Certes, l'on pourrait remarquer que nombre d'évaluations, citées dans l'ouvrage, relèvent principalement de l'action sociale et se situent à l'écart des préoccupations des bibliothèques. Cependant, en raison de la volonté de synthèse qui traverse tout l'ouvrage, sa lecture offre à tout agent public matière à réflexion, voire à action, dans la mesure où « l'évaluation ne vise pas simplement à mesurer l'efficacité des mesures qu'on prend : elle sert aussi à mesurer, pour commencer, la cohérence des politiques dans l'espace et la durée » (p. 343). Plus généralement, l'évaluation peut s'inscrire dans le prolongement de l'article 15 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : « La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ».

Finalement, la question de l'évaluation dans les bibliothèques pourrait prendre une nouvelle tournure si l'Office parlementaire d'évaluation de la législation, de création récente (loi du 14 juin 1996), « chargé de rassembler des informations et de procéder à des études pour évaluer l'adéquation de la législation aux situations qu'elle régit », se saisissait de la future loi sur les bibliothèques.

  1. (retour)↑  Enjeux, pratiques et produits de l'évaluation pluraliste des politiques publiques, 1996.