Les métiers de l'édition

par Jean-Pierre Brèthes
Sous la dir. de Bertrand Legendre. Paris : Éd. du Cercle de la Librairie, 1996. 226 p. ; 24 cm. isbn 2-7654-0622-7. 220 F

On savait que l'université de Paris-Nord (Paris XIII-Villetaneuse) avait promu une filière édition-librairie (2e cycle en institut universitaire professionnalisé, 3e cycle en diplôme d'études supérieures spécialisées) très recherchée. Voici maintenant qu'elle nous propose le livre que chacun espérait sur des métiers variés et peu connus, en particulier du monde des bibliothécaires.

Mais, souligne la préface, il ne faut pas oublier que la production éditoriale se situe dans un contexte économique et que le livre, en dépit de sa charge « affective, intellectuelle et esthétique », n'en demeure pas moins un produit, même si ce n'est pas un produit comme les autres.

Après avoir rappelé les données chiffrées du paysage éditorial et des grands secteurs traditionnels, l'ouvrage s'attache à fournir quelques informations sur un nouveau secteur : le multimédia. Ce dernier ouvre en effet des perspectives sur de nouveaux métiers (concepteurs, chef de projet, directeur artistique, développeur informatique, testeur, ingénieur du son, infographiste, créateur d'hypertextes, etc.), car, s'il y a des ressemblances avec l'édition traditionnelle, il est évident qu'il ne s'agit pas de « reproduire ce qui existe (en mieux) sur papier ». D'ailleurs, « parle-t-on d'éditeur ou de producteur » pour le multimédia ? Les principaux groupes d'édition papier sont évoqués ensuite, dans leur perspective économique, pour souligner que le poids économique de l'édition reste faible, et les effectifs très faibles.

Les sphères d'emploi

Le schéma d'organisation d'une maison d'édition fait ressortir trois grandes sphères d'emplois.

La sphère éditoriale comprend le directeur éditorial, le responsable d'édition, les directeurs de collection, les conseillers littéraires, le secrétariat d'édition, les correcteurs, les iconographes, les documentalistes...

La sphère technique comprend le directeur artistique, les graphistes et infographistes, les maquettistes, le directeur technique, le chef de fabrication, le technicien de production, les calibreurs et préparateurs de copie, les typographes, photocomposeurs, photograveurs, imprimeurs, façonneurs et relieurs...

La sphère commerciale comprend le directeur commercial, le responsable promotionnel, les délégués pédagogiques, les attachés de presse, les représentants et courtiers, etc.

L'avantage d'un tel livre, c'est de trouver regroupées et définies dans une suite logique un grand nombre d'opérations courantes, et parfois peu connues, du domaine éditorial. Un rappel est fait des grands principes du code typographique, des différents procédés de composition et d'impression et de leurs évolutions. Mais la diffusion, si particulière à ce produit, n'est pas oubliée non plus, avec ses différents acteurs, les libraires, la grande distribution, la vente par correspondance, les clubs et le courtage.

La gestion, avec tous ses problèmes (prix du livre, budget et trésorerie, seuil de rentabilité, contrats, cession de droits, droits annexes et dérivés, coédition, coproduction, etc.) est largement développée. Enfin, la distribution, que beaucoup de bibliothécaires persistent à confondre avec la diffusion, occupe une place entière, en fin de chaîne.

De nombreuses informations

De nombreux tableaux (statistiques pour les données de l'édition, en particulier), graphiques (composantes du prix du livre, etc.) et schémas (organisation des maisons d'édition, chaîne éditoriale, acteurs du système de vente, schémas techniques de typographie, photogravure, impression, schéma des retours, etc.), rendent le livre attrayant et très clair.

On y réapprend ainsi que le tirage moyen est à la baisse entre 1984 et 1993, que le poche représente 70 % du nombre d'exemplaires vendus en littérature générale, que l'éditeur ne publie pas systématiquement le livre dont il a décidé de lancer la création, que la constitution d'un fonds se fait sur la durée et nécessite donc un solide financement préalable...

Tout cela est évidemment indispensable à l'étudiant qui s'engage dans des formations professionnelles destinées aux métiers du livre, aussi bien qu'au néophyte qui veut se lancer dans l'édition. Mais tout bibliothécaire ayant un jour ou l'autre à avoir des relations avec un auteur, un éditeur ou un directeur de collection y trouvera son compte et saura ainsi mieux de quoi il parle.

Certes, l'information apportée ici est parfois sommaire, mais elle a le mérite d'être toujours claire, à jour, et peut toujours être complétée par l'excellente bibliographie. Une liste, non exhaustive, d'organismes de formation, pourra intéresser les amateurs, même si l'on a appris auparavant qu'il y a très peu d'emplois en vue. On regrettera peut-être l'absence d'une conclusion générale que le lecteur est amené à faire lui-même.