Les coûts en documentation

calculs, analyses et décisions

par Daniel Eymard

Emmanuel Moulin

Paris : ADBS éd., 1995. - 359 p. ; 24 cm. - (Sciences de l'information : Série Études et techniques). ISBN 2-901046-63-0. ISSN 1160-2376. 300 F

Le présent ouvrage est un manuel à l'usage des professionnels de l'information, qui fournit des outils et une méthode pour évaluer les coûts de leur activité.

L'auteur propose d'abord un exposé des notions nécessaires à la compréhension des problèmes posés par les études de coûts.

Dans une deuxième partie, il présente les études statistiques généralistes sur le thème des coûts totaux, puis il aborde le point de vue dynamique. Il prolonge enfin l'exposé des outils d'analyse par une quatrième et dernière partie traitant du diagnostic, de la décision et de l'action, la maîtrise des chiffres ayant en effet pour objet la réduction de l'incertitude afin d'optimiser la prise de décision. Il conclut en évoquant le thème très actuel de la décision de tarification.

Une logique analytique

La maîtrise des coûts est un impératif croissant sous la pression d'un univers concurrentiel global où les services de documentation sont souvent les premiers à subir des restrictions budgétaires. L'approche gestionnaire se développe de fait dans tous les services des établissements publics ou privés, imposée par les besoins de prévision et de contrôle.

Les études de coûts procèdent pratiquement toutes de la même logique : la logique analytique. On sait que la démarche requiert de partir d'une donnée, de la décomposer en sous-ensembles, puis de la recomposer en unités adaptées à l'objectif de l'analyse. Ici l'étude partira des charges, pour les éclater en coûts intermédiaires, puis les réagréger en coûts finals définis en fonction des besoins.

En conséquence, les étapes décrites par l'auteur sont les suivantes : - savoir où on veut aller, c'est-à-dire répondre à la question « Que veut-on calculer ? » : le coût des prestations ou des fonctions ? Leur coût unitaire ou total, moyen ou marginal ? - savoir d'où l'on part, c'est-à-dire connaître les charges, les identifier, les caractériser, les évaluer ; - construire des matrices de calcul reliant les points de départ et d'arrivée, le processus de transformation des charges en coûts reposant sur des clefs d'éclatement.

Cet ouvrage fournit ainsi une méthode paramétrable par le responsable, à partir d'une étude de l'existant, suivant le principe que la comptabilité analytique, à l'inverse de la comptabilité générale, s'adapte aux besoins des établissements.

Agir après le calcul

Mais, pour l'auteur, « le résultat du calcul n'est rien, c'est la décision qui en découle qui importe ». Selon ce principe, il poursuit par un tour d'horizon des instruments de contrôle de gestion (tableau de bord et indicateurs), puis par un exemple concret de diagnostic, un cas de recherche d'optimum, et enfin par le passage du calcul de coût à la décision de prix.

Une étude de coût étant avant tout un exercice pratique, Emmanuel Moulin expose à juste titre chaque développement en s'appuyant sur des exemples composés à partir d'études de cas réellement menées auprès de divers centres de documentation. Cette recomposition artificielle qui peut être prise pour une facilité permettant d'échapper à une absolue réalité, a l'avantage de procurer aux cas étudiés un caractère didactique.

Le texte qui nous est servi est en effet le contraire de cette potion amère que semblait nous promettre une lecture sur un sujet technique jugé souvent rébarbatif. Le graphisme d'un personnage (qui ressemble d'ailleurs à l'auteur) égaye la mise en page, nous conduisant de chapitre en chapitre, et de nombreux tableaux présentent d'utiles synthèses au fil des étapes principales.

L'auteur a ainsi transformé les résultats de sa recherche en un guide au ton enjoué qui pourra servir de repère à de nombreux professionnels de la documentation. La méthode de calcul des coûts peut être appliquée en référence à des missions (une des trois caractéristiques du coût est son champ d'application), ce qui donnera des idées à certains bibliothécaires et documentalistes du secteur public.