Offrir aux publics un catalogue en ligne

par Dominique Lahary
Sous la dir. d'Éliane Bernhart. Villeurbanne : Institut de formation des bibliothécaires, 1995. 145 p. ; 21 cm. - (La boîte à outils ; 2). ISBN 2-910966-01-1. ISSN 1259-4857. 115 F

Ce deuxième volume de la collection « La boîte à outils », est composé de huit contributions complétées par un court glossaire, un mémento énumérant les étapes de la mise en oeuvre d'un projet et une bibliographie.

Une approche multiple

Sous le titre « Les utilisateurs et l'OPAC », Elisabeth Kolmayer propose une approche fondée sur la psychologie cognitive et l'ergonomie cognitive, mais où la sociologie est absente. Une lecture attentive de ce texte pessimiste permettra à ceux qui disposent d'une expérience de terrain de relier les concepts présentés avec leurs observations quotidiennes.

Pierre Louis fait une brève et utile présentation des questions soulevées par la mise à disposition du catalogue à distance par le Minitel. Catherine Roussy présente une intéressante démarche de formation de l'ensemble des équipes au catalogage et à la recherche et signale des impasses qu'il serait vain de reproduire ailleurs : le grand public n'est pas demandeur de séances de formation trop longues et il est inutile de lui proposer un guide d'utilisation de dix pages.

Mireille Tessèdre aborde, sur le thème de l'ergonomie, des problèmes de mise en place matérielle, de sécurité, mais aussi d'organisation logique des OPAC (facilité d'apprentissage, d'utilisation, d'interprétation des résultats). Le consultant Marc Maisonneuve évoque brièvement les problèmes juridiques soulevés par la mise à disposition de catalogues en ligne et pose clairement une question essentielle : peut-on appliquer le droit d'auteur aux notices bibliographiques ? Sans prendre explicitement position, il présente dans un édifiant tableau les conséquences d'une telle approche, de l'interdiction de modification à l'impossibilité théorique de reversement dans un catalogue collectif.

Le même auteur traite par ailleurs de l'approche qualité. A la faveur d'une analyse des délais et des performances, il multiplie les remarques judicieuses fondées sur une large expérience comparative. Il expose une méthode d'évaluation du niveau de bruit et de silence et présente dans un tableau les problèmes posés par « le cas difficile de Rameau ».

Voilà un débat qui mériterait d'être mené dans la littérature professionnelle, mais Marc Maisonneuve n'aborde pour l'essentiel que les problèmes généraux posés par le langage artificiel. Il s'interroge notamment sur les incidences de la pratique de récupération de l'indexation matière, qui ne tient compte ni de la profondeur d'indexation pertinente localement ni du vocabulaire du public.

Des prolongements à prévoir

Ce volume correspond tout à fait aux objectifs modestes que Bertrand Calenge, directeur de l'IFB, assigne à la collection : « Offrir un cadre de réflexion, une méthodologie ». Il est cependant un peu disparate quant à son intérêt et à son niveau de lecture. Des idées utiles sont présentées pour la rédaction de cahiers des charges, l'évaluation du module de recherche d'un système ou le paramétrage local d'un OPAC.

Mais, comme le dit Eliane Bernhart, une partie des solutions décrites est dépassée et il est difficile d'offrir des pistes éclairantes sur les évolutions actuelles. Mireille Tessèdre ne cite l'architecture client-serveur que pour signaler les perspectives de paramétrage qu'elle ouvre poste par poste. Des questions aussi essentielles que le lien entre notice et document électronique, les outils de recherche hypertextuelle, les progrès de la standardisation permettant une indépendance des interfaces de recherche et des bases auxquelles ils donnent accès 1 et la recherche simultanée sur plusieurs bases, ne sont pas abordées. La présentation de l'apport Internet à la question du catalogue en ligne est un peu limitée, car seuls sont abordés Telnet et la version basique de Wais (interrogation seulement par mot de la notice) 2.

On peut espérer que ces apports récents permettront de ne pas en rester au constat sur lequel s'ouvre ce volume, et que l'on peut brutalement exprimer ainsi : le public ne sait pas utiliser les OPAC, et d'ailleurs il ne les utilise pas.