L'informatisation des bibliothèques

historique, stratégie et perspectives

par Marc Chauveinc

Alain Jacquesson

Nouv. éd. Paris : Éd. du Cercle de la librairie, 1995. - 362 p. ; 24 cm. - (Collection Bibliothèques). ISBN 2-7654-0604-9. 240 F

Cet ouvrage, réédition d'un livre publié par le même auteur en 1992, est le résultat de plusieurs années d'enseignement. Il s'appuie donc sur une solide expérience, enrichie au cours des dernières années puisqu'il comporte quatre-vingts pages de plus. L'auteur, directeur de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève, enseigne à l'ESID (École supérieure d'information documentaire) de la même ville et à l'IFB (Institut de formation des bibliothécaires) de Villeurbanne.

Un peu d'histoire

La structure en est tout à fait solide puisque l'ouvrage commence par un rappel historique, suivi d'une approche méthodologique, d'une analyse des fonctions d'un système informatisé, des normes à appliquer, des réseaux, de conseils d'installation, et de quelques choix techniques. Il se termine par des aspects complémentaires comme la rétroconversion, l'accès aux documents et la bibliothèque virtuelle. En fin d'ouvrage, la longue liste des sigles, nombreux dans le domaine de l'informatique, est du plus haut intérêt.

C'est un peu par anticipation que l'auteur fait commencer l'informatisation vers 1927, car il s'agissait alors d'une simple mécanisation des procédures de prêt avec des plaques métalliques, puis des cartes perforées ou de duplication des fiches avec des Flexowriter. C'est vers 1950 que l'ordinateur entre vraiment en jeu, et en 1965 que le format MARC voit le jour. Parallèlement, se développent de longues études sur l'indexation et la recherche qui préludent à l'installation des grands réseaux.

Organisation

Avant d'informatiser, il faut organiser. Alain Jacquesson propose donc une analyse des systèmes qui permet de maîtriser les organismes complexes que sont les bibliothèques. On passe ensuite de la définition des objectifs stratégiques au plan de réalisation, avec tous les éléments de l'analyse, suivis de la sélection, de l'évaluation et du choix d'un logiciel. Les étapes de la mise en place d'un système informatique sont parfaitement détaillées.

Le chapitre suivant étudie les fonctions à informatiser et distingue trois types de systèmes : intégrés, spécialisés, composites. Acquisitions, bulletinage, catalogage, prêt, Opac, recherche documentaire, gestion sont ensuite décrits en détail, ainsi que les supports possibles : gros ordinateurs, mini, micro, vidéotex. Signalons que l'informatisation des bibliobus fait l'objet de quatre longs paragraphes.

Les normes

Les normes sont décrites au chapitre suivant, avec, évidemment, la longue histoire du format MARC, des fichiers d'autorité et des normes associées. L'auteur, faute de place, ne peut entrer dans les détails du format, mais présente une courte analyse des problèmes de compatibilité. Il voit l'avenir des formats dans les relations entre notices, qu'elles soient bibliographiques, d'autorité ou textuelles. Suit une description des grands réseaux, américains et européens.

Écrit fin 1994, le livre ignore les derniers développements du futur catalogue universitaire, mentionne avec raison les nouveaux réseaux (Caen et Grenoble) utilisant le World Wide Web et l'antéserveur. Classé par pays, ce chapitre apporte le meilleur inventaire connu des réseaux mondiaux, ainsi que des critiques dont ils font l'objet. Mais il conclut en disant que « l'âge d'or des réseaux est derrière eux », ce qui n'est pas si certain quand on assiste au développement d'Internet, dont il décrit longuement l'organisation et l'influence sur les bibliothèques.

Revenant sur terre, l'auteur analyse le marché des systèmes informatiques en présentant leurs performances dans différents domaines, comme la capacité, l'interface avec l'extérieur, le multilinguisme, l'externalisation, la micro-informatique, l'intégration. Ces questions résolues, reste à installer un système dans une bibliothèque. Toutes les démarches sont décrites dans le chapitre dix, qui est suivi d'une étude sur la rétroconversion, l'accès au document primaire et la numérisation.

Sa conclusion évoque un « espace documentaire continu », dans lequel les données accumulées, livres mais aussi multimédias, sont les plus importantes, ainsi que les nouvelles méthodes de recherche, intelligence artificielle, hypertexte qui débouchent sur la bibliothèque virtuelle et ses « cyberthécaires ».

Voilà donc un livre important qui s'impose dans toutes les bibliothèques, même celles qui sont déjà informatisées, car il apporte des ouvertures intéressantes sur l'avenir.