Europe et culture

un enjeu pour le développement local. Actes du colloque de Sarlat, 20-21 octobre 1994

par Jacques Perret

Association Amilcar

Rennes : Ed. Apogée, 1995. - 124 p. ; 23 cm. - (Europe, culture et territoires).ISBN 2-909275-56-6. 110 F

Le colloque de Sarlat « Europe et culture » avait pour objectif de préciser la place et le rôle de l'Union européenne dans des dispositifs de soutien au développement culturel et de débattre des critères de sélection de « bons projets » culturels. Cette question de la qualité du projet culturel était posée du point de vue du développement local, préoccupation dominante des fonds structurels européens comme des territoires qui peuvent en bénéficier (ruraux principalement).

Programmes communautaires et culture

L'ouvrage n'est pas un acte notarié reproduisant la chronologie des propos, mais une synthèse qui réorganise les raisonnements à partir des idées exprimées par les intervenants. Le premier chapitre s'intéresse à la place que les programmes communautaires, et d'abord le programme Leader, réservent à la culture. Il situe bien les intentions et les logiques d'interventions des autorités communautaires et sera donc utile à tout chasseur de prime européenne.

Le chapitre suivant est le plus dense : que faut-il encourager, dans la conception et dans la mise en oeuvre d'un projet pour qu'il participe au développement local, terme qui sous-entend développement économique, mais aussi développement démographique, social, éducatif... ? Après la « culture danseuse », puis la « culture-moteur de l'économie », nous revenons à des réalités plus nuancées, où le projet culturel participe à la vie d'un territoire et contribue à son développement à condition qu'il sache s'y intégrer et ne rien négliger des ressources et particularités locales. Les exemples cités montrent l'importance de la phase de conception du projet et des acteurs qui s'y impliquent. On comprend vite que la culture et les projets culturels dont on parle ne cherchent pas leur légitimation du côté des institutions culturelles, mais du côté des dynamiques locales.

Diversité des réseaux

L'ouvrage traite ensuite des réseaux : que sont-ils ? Comment fonctionnent-ils ? A quoi servent-ils ? Faut-il les soutenir et comment évaluer leur action ? Les exemples cités permettent de mesurer la diversité des situations : géométrie variable, bien sûr, mais aussi différence dans les contenus et les objectifs de ces réseaux, du regroupement corporatiste aux contacts pour la confrontation d'idées « et plus si affinités ». Les deux derniers chapitres sur le financement des projets et leur évaluation sont moins convaincants parce que trop généraux.

Là est la limite d'un ouvrage qui ne peut inventer ce qui n'a pas été dit. Même recomposé, ce livre est le reflet de la construction du colloque et du choix des intervenants. Mais c'est aussi un excellent état de la réflexion et du consensus du moment entre les points de vue des politiques, des administratifs, des acteurs économiques, culturels, des chercheurs, etc... C'est une synthèse accessible. Les réalités abordées retiendront l'intérêt de celles et ceux qui veulent être des acteurs culturels partageant des préoccupations sociales plus larges que leur seule technicité professionnelle.