Stacks of English

par Yves Desrichard

Michael Brookes

Paris : ADBS Editions, 1993. - (Sciences de l'information : Série Etudes et techniques). - 154 p.
ISBN 2-901046-58-4 : 320 F (1 livre + 1 cassette).

Il fallait y penser ! C'est la première impression qui vient à la lecture/audition de Stacks of English : alors que les méthodes audiovisuelles d'apprentissage des langues étrangères sont innombrables, alors que les glossaires, lexiques, dictionnaires de termes spécialisés se multiplient, c'est la première fois qu'on propose une méthode spécialisée en bibliothéconomie d'apprentissage de la langue anglaise.

Qu'on y prenne garde cependant : Stacks of English s'adresse, d'une part, à des bibliothécaires et documentalistes, c'est-à-dire à des professionnels ayant un minimum de connaissances dans leurs disciplines, de l'autre à des anglophones « rudimentaires », c'est-à-dire ayant ou ayant eu une connaissance de la langue anglaise tant écrite que parlée, puisque l'ouvrage est entièrement rédigé en anglais.

Il s'agit d'apporter aux professionnels (information workers and librarians) le vocabulaire spécialisé de leur domaine - mais « mis en situation », et non réduit à de simples listes de mots traduits - et de rafraîchir les connaissances de base concernant la langue anglaise, orthographe, grammaire, syntaxe...

Sept leçons, cinq exercices

Le livre est divisé en sept « leçons », chacune de ces leçons comprenant cinq exercices de types différents : révisions de grammaire, de vocabulaire et de syntaxe, lecture/audition de textes, interrogations sur la compréhension du texte, thèmes, rédaction de résumés, exercices oraux, etc. Bien sûr, un ensemble de corrigés est proposé en fin d'ouvrage.

Sur la cassette d'accompagnement, ne sont pas proposés, comme souvent, des exercices de langue (nous sommes loin de Ionesco !) mais des textes professionnels, puisés dans la littérature bibliothéconomique principalement anglaise et américaine. Autre bon point, les orateurs et les styles ont été diversifiés de façon à nous faire « goûter » les divers accents, mais aussi les différents débits de voix (exposé, entretien, conversation téléphonique) : au style monocorde du répétiteur oxfordo-shakespearien, Michael Brookes a préféré les accents « du terroir », et c'est tant mieux !

Bien évidemment, les leçons sont ordonnées par ordre de difficulté croissante, et leur nombre apparemment réduit ne doit pas cacher que le lecteur attentif de Stacks of English doit s'attendre à de longues heures de (ré)apprentissage, faisant de ce « petit » ouvrage la matière de nombreuses et solides sessions de cours.

Un judicieux choix de textes

A ces qualités déjà nombreuses, l'ouvrage de Michael Brookes ajoute un choix judicieux des textes et des exemples recensés, tous puisés dans la littérature professionnelle récente, principalement anglaise mais aussi américaine. Ce choix rend compte de la diversité des domaines, et par conséquent des vocabulaires, propres à nos professions : informatisation, accueil du public, gestion des collections, nouveaux supports, évolution des tâches, évolutions futures... Autant de problèmes exposés qui ajouteront à l'intérêt pratique des textes étudiés une amélioration de la culture professionnelle des lecteurs, puisqu'on apprend beaucoup de choses en lisant ou écoutant le compte rendu concernant l'informatisation de la bibliothèque de l'université du Sussex, ou l'analyse par Maurice B. Line de cinquante ans d'évolution dans les bibliothèques.

Toutes ces qualités font de Stacks of English une indéniable réussite, et un outil de travail indispensable au bibliothécaire soucieux de s'informer sur l'activité des bibliothèques anglo-saxonnes, mais aussi d'autres pays puisque l'anglais est une des langues vemaculaires de notre profession. De même, tous ceux qui ont eu à présenter leur activité à des collègues étrangers sans pouvoir en livrer autre chose qu'une version extrêmement schématique dans un anglais approximatif apprécieront cet outil, conçu, comme l'on dit, par et pour des professionnels de l'information, et qui évite les écueils liés à une pratique restrictive de la langue anglaise, tout en se présentant bel et bien comme une solide et parfaitement conçue méthode de langue.

Enfin (the last, but not the least, of course) Michael Brookes n'a pas oublié qu'il était anglais, et son ouvrage est parsemé de notations humoristiques qui raviront l'amateur et consoleront le consciencieux plongé dans les affres de la forme interro-négative...

Pour une fois, le prix élevé semble parfaitement justifié pour un ouvrage d'une telle qualité qui trouvera place, sinon dans la bibliothèque personnelle de chacun, du moins dans tout centre de formation professionnelle soucieux d'offrir à ses usagers de bons outils de formation permanente.