« CD-ROM caveat emptor »

par François Lapèlerie

Karla J. Pearce

Library journal, 113, 2, p. 37-38.

Karla J. Pearce, assistante, pour la section sciences, du directeur de la bibliothèque de l'Université de Columbia, NY, se remémore son latin pour nous mettre en garde : vous qui avez de l'argent, ne vous laissez pas prendre aux mirages coûteux du CD-ROM... ou alors faites-le en connaissance de cause.

En 1987, les bibliothèques de l'Université de Columbia ont reçu un don de la fondation Pew pour acheter 10 CD-ROM et évaluer leur impact sur l'enseignement et la recherche. Ont été achetés : PsycLIT, Sociofile, de Silver Platter; Medline de CSA; Dissertation abstracts de UMI; Science citation index d'Isi; Science and technical reference set de McGraw Hill; PC-SIG library de PC-SIC Inc., et Geodisc de Geovision Inc. Deux autres disques furent attribués, en particulier à un laboratoire. En mai, le matériel et les programmes commencent à arriver. En septembre, sur les huit systèmes achetés, six sont installés, quatre seulement fonctionnent !

Principale difficulté : l'incompatibilité des différents programmes a rendu leur installation difficile, voire impossible. Difficulté accrue du fait que les instructions sont souvent incompréhensibles ou induisent en erreur. Des pans entiers de bases de données, pourtant promis, ne figurent pas dans les disques. Des écrans d'aide (Medline) ne sont pas inclus dans les programmes. L'installation sur disque dur des programmes de pilotage se révèle difficile, voire impossible. Impossible aussi de charger sur un même disque dur les programmes de SCI, Dissertation abstracts, Science and technical reference set et PC-SIG library, tellement ils nécessitent de place en mémoire. Ou bien, alors que le programme semble installé, certaines parties ne fonctionnent pas ou s'arrêtent en cours d'utilisation. Les programmes de pilotage semblent avoir été faits pour des bibliothèques qui peuvent acheter une station de lecture par CD-ROM, ce qui n'est pas le cas, ... même aux États-Unis. L'absence de standardisation est encore pire. Même conclusion que ci-dessus. La simplicité d'utilisation, parlons-en : utiliser un CD-ROM n'est pas un jeu comme semblent le dire les producteurs : sans formation, de nombreux lecteurs ne sauront pas s'en servir. Même les instructions apparaissant à l'écran ne sont pas complètes et précises; l'expérience là-aussi est nécessaire, même au bibliothécaire.

Seul PsycLIT se tire bien d'affaire : il est facile d'utilisation et agréable, voire même amusant. II nécessite néanmoins 15 à 20 minutes de formation, plus une ou deux informations complémentaires ultérieurement. Solution : organiser les sessions collectives de formation. Le coût des CD-ROM : exorbitant, alors qu'un CD-ROM ne devrait pas être plus cher que son équivalent papier, étant donné les coûts de fabrication. L'investissement, en regard de la qualité des recherches effectuées par les lecteurs, en vaut-il la peine, si on le compare au coût des interrogations en ligne ? Ne vaut-il pas mieux se diriger vers une extension des systèmes after dark?

Même si cette première expérience est relativement frustrante, il faut toutefois tenir compte de la satisfaction des lecteurs. Quant au bibliothécaire, il doit se garder d'acheter la première génération d'un CD-ROM ou d'un produit informatisé, sous peine d'être réduit au rôle de cobaye. Les bibliothécaires de la Columbia en savent quelque chose ! Article d'humeur, mais utile dans le concert des louanges actuelles.