De nouveaux handicapés

Martine Darrobers

L'action des bibliothèques anglo-saxonnes en faveur des minorités défavorisées était connue depuis longtemps : prisons, handicapés divers, personnes âgées, malades, immigrés... Voilà qu'elles sont durement remises en cause : racisme, inadaptation sont les principaux griefs qu'on trouve maintenant étalés dans la presse professionnelle.

Racisme. Il faudrait plutôt parler de sexisme, puisqu'il s'agit de lesbians and gays, une communauté défavorisée et injustement délaissée qui réclame droit de cité. Gordon Riddell a identifié cinq créneaux sur lesquels bibliothèques et services d'information paraissent en carence : guides des droits, magazines pour lesbiennes et homosexuels (news, mode, etc.), expositions qui reflètent toujours le point de vue dominant de la « normalité », écrits de sciences humaines (psychologie, sociologie ou psychiatrie) et témoignages (livres ou films) donnant la parole aux lesbiennes et homosexuels. Pour finir, l'auteur s'en prend aux schémas de classification qui évacuent cette catégorie et, tout d'abord, à la bibliothèque du Congrès qui, paraît-il, amalgamerait honteusement homosexualité, pornographie et prostitution...

En France, Dieu merci, nous ne sommes pas si sectaires : le Répertoire de vedettes-matières du Cercle de la librairie et la liste Rameau font preuve d'ouverture et individualisent comme il se doit lesbiennes et homosexuels. Quant à la documentation, c'est une autre affaire...