Information consultants in action

par Marie-Hélène Kœnig
ed. by J. Stephen Parker.
London : Mansell publishing, 1986. - 258 p.; 22 cm.
Index p. 252-258. - ISBN 0-7 201 17534

Sur le thème du conseil et de l'assistance en sciences de l'information (bibliothéconomie, documentation, archives) J.S. Parker a réuni 12 articles, extraits d'ouvrages ou de périodiques, d'auteurs d'horizons et de nationalités différents afin de le resituer dans son contexte international. Articulées en cinq parties, ces contributions offrent une confrontation intéressante des conceptions et des expériences de consultants de leurs auteurs.

« The cross-cultural background » s'ouvre sur un extrait de Librarianship in the developing countries de L. Asheim (1966), qui introduit judicieusement le sujet. Après avoir décrit l'un des cercles vicieux que connaissent les pays du Tiers-Monde (peu d'utilisateurs finals des bibliothèques, dévalorisation du rôle de ces dernières, donc de celui des professionnels...), Asheim pose une question dépassant le cadre-même des sciences de l'information, à savoir si ces pays ont réellement besoin de l'aide qui leur est apportée.

A.A. Briquet de Lemos fait ensuite un « Portrait of librarianship in developing societies » (1981). A travers une revue de littérature spécialisée d'une centaine d'auteurs, il analyse la perception de l'environnement étranger qu'a le consultant en information. L'auteur regrette les extrapolations faites à partir d'expériences personnelles et les visions parcellaires des pays « en voie de développement » auxquelles elles donnent lieu. Il préconise davantage de rigueur et l'application de méthodes sérieuses de recherche en bibliothéconomie afin d'endiguer le flot des impressions subjectives inévitables.

« The expatriate experience » propose d'une part les recommandations du United Nations technical assistance board (Briefing of international consultants, 1964), à des experts internationaux, quelle que soit leur spécialisation; d'autre part une présentation par A. Olden du cas de l'Afrique noire anglophone (« Expatriates », 1979), fondée sur sa propre expérience de consultant « longue durée ».

Les deux articles formant « The consulting process » abordent l'essentiel du sujet : la mission de conseil. « Library consulting » (1984) de B.A. Rawles et M.B. Wessels, très pratique, met l'accent sur le consultant lui-même et sur les rôles qu'il est amené à jouer. Sous forme de question/réponse, les auteurs évoquent la qualification, l'expérience, la déontologie, la rémunération, etc... ainsi que les qualités requises tant au plan professionnel qu'humain. R. Finer (« The consulting process », 1984) s'intéresse au processus de consultation dans son ensemble, en présentant les différentes étapes du conseil : formulation d'objectifs en fonction des besoins du client, analyse des systèmes envisagés et leurs implications, évaluation et choix de la part du client, mise en oeuvre du rapport technique et suivi du système. Parallèlement, elle précise le déroulement de ces étapes et en examine le corollaire en termes de relations humaines, ainsi que la déontologie informelle qui s'en dégage.

Dans la quatrième partie « Analysing international information consultancy », l'article de J.S. Parker « The overseas library consultant » (1979) s'attache à l'aspect institutionnel du conseil et notamment aux organisations intermédiaires (« quasi-client »), prescripteurs de consultants aux pays du Tiers-Monde (les end-clients). Dans « Consultancy roles in library development » (1984), D.V. Clow préconise une meilleure communication entre pays consultants et pays consultés, pour un ajustement plus fin de l'offre à la demande.

Avec « The consultant as information intermediary » (1983), M.L. Dosa replace le consultant dans l'ordre mondial de l'information qui devient un enjeu crucial, avec le développement de technologies de plus en plus sophistiquées de communication. Elle le perçoit comme un catalyseur qui peut assurer un relais d'information spécialisée et de savoir-faire technologique, mais aussi instaurer des liens entre les pays demandeurs et fournisseurs ainsi qu'avec les organismes internationaux d'assistance technique.

Enfin, « Implementation in review » évoque la phase ultime d'une mission de consultation : la mise en oeuvre du rapport technique. Trois exemples illustrent ce point : celui de l'Iran dans « International library report implementation » (1980) de J.F. Harvey, pour qui la concrétisation des recommandations d'un rapport dépend autant du consultant que du rapport lui-même. S'appuyant sur les résultats d'une enquête réalisée auprès de bibliothécaires iraniens, il précise un certain nombre d'éléments qui contribueraient à coup sûr à la prise en compte des recommandations d'un rapport d'expertise technique.

M. da Silva Ferreira (« Study of international and foreign consultancies undertaken in Brazilian institutions in the field of scientific and technological information », 1981) évalue des missions réalisées en matière d'IST au Brésil et évoque notamment le degré de satisfaction des bénéficiaires. Dans le seul article écrit spécialement pour cet ouvrage, « The development of library and information services in the Republic of Sudan in relation to international developments », P.H. Sewell et C. Wesley s'attachent au cas du Soudan et mettent l'accent sur le lien indéniable existant entre le développement de services d'information et le développement économique et social d'un pays.

Outre le sujet du conseil en sciences de l'information en tant qu'activité professionnelle à part entière (que l'on sent d'ailleurs plus proche des préoccupations anglo-saxonnes que de celles des pays européens), l'intérêt de cet ouvrage réside dans le mélange équilibré des contributions, tant par leur contenu que par leur forme (réflexion, témoignage, analyse, conseils pratiques). Il illustre le paradoxe de l'assistance, technique ou non, aussi difficile à apporter qu'à recevoir, ainsi que sa portée, renforcée par les innovations technologiques qui creusent encore le fossé avec les pays du Tiers-Monde. Il en ressort, une fois de plus, la nécessité d'une coopération professionnelle internationale accrue entre les pays technologiquement avancés et ceux qui le sont moins, afin que ceux-ci soient en mesure d'expliciter leurs besoins et ne se fassent pas appliquer des schémas d'organisation pré-établis qui ne leur conviennent pas forcément. On aurait envie d'aller plus loin que cette approche éclatée des consultants, néanmoins utile. Ce sera sans doute pour un prochain ouvrage de J.S. Parker, conçu semble-t-il comme un « manuel du consultant en information »...