The Impact of new technology on the availability of publications

report to the International federation of library associations and institutions UAP programme

par Catherine Lupovici

Priscilla Oakeshott

Brenda White

Boston Spa: BLLD, 1984. - 92 p.; 30 cm.
ISBN 0-7123-2024-5.

Ce rapport est publié dans le cadre du programme de l'IFLA pour l'accès universel aux publications (UAP) et a été subventionné par la Deutsche Forschungsgemeinshaft. Il analyse les systèmes traditionnels de production, de distribution et d'accès aux documents, puis il fait le point sur les différents développements technologiques en cours, susceptibles d'affecter les systèmes traditionnels et qui permettent d'envisager leur évolution ou l'apparition de nouveaux systèmes. Il essaie d'évaluer les conséquences positives et les menaces que ces changements peuvent faire peser sur l'accès universel à l'information et conclut par une série de recommandations d'action aux gouvernements et différents organismes concernés nécessaires pour préserver dans ce nouvel environnement technologique une disponibilité à long terme pour tous de toute l'information.

L'édition conditionne en premier l'accès aux documents. Le marché potentiel n'est pas uniforme, et les différents secteurs ne sont pas touchés au même titre par les nouvelles technologies. Le public de l'édition non spécialisée est plutôt intéressé par les produits audiovisuels. Dans le secteur scolaire, les programmes d'enseignement assisté par ordinateur visent autant l'utilisation à domicile que la classe et sont en croissance continue. L'impact le plus important est aujourd'hui le secteur de l'information scientifique qui a un marché bien défini, en particulier pour l'information éphémère ou très urgente, et est déjà desservi par les systèmes en ligne. La croissance des coûts de production et de stockage, et de l'information disponible combinée avec des budgets d'achat sans commune mesure avec la production, ne permettent plus à l'édition traditionnelle de se développer. Les publications périodiques savantes sont les plus touchées car les disciplines se multiplient et se subdivisent et le public potentiel de chaque revue est d'autant plus étroit qu'elle est spécialisée.

La distribution s'organise au niveau international dans deux directions : nécessité d'informations bibliographiques et commerciales rapides et nécessité de s'adapter à la gestion de stocks de nouveaux supports tels que les vidéocassettes et les logiciels informatiques

Enfin, dans les bibliothèques, le manque de place et de systèmes de dépôts satisfaisants peut être un obstacle à la disponibilité à long terme de la documentation. En effet, les nouvelles technologies, en permettant l'accès rapide à distance, favorisent l'accès au détriment de la disponibilité; en outre, à l'échelle mondiale, tous les utilisateurs potentiels ne disposent pas à cet égard de la technologie nécessaire (liée à l'électricité et aux télécommunications).

L'édition sans papier, prédite de longue date, est possible techniquement, mais n'est pas encore évidente. La saisie par l'auteur lui-même (aux USA, en 1983, 30% des auteurs des grands éditeurs pouvaient fournir leurs textes sur disquette) transfère la responsabilité de la version informatique de l'imprimeur vers l'auteur, mais le produit final est encore largement une impression papier. Cependant la saisie numérisée des textes permet des éditions partielles de documents à la demande. Tandis que l'accès en ligne et l'édition à la demande affectent en retour les éditions qui étaient faites primitivement sous forme traditionnelle.

Les disques optiques numériques sont potentiellement des matrices pour l'impression, des nouveaux supports d'édition et des supports d'archivage et de conservation. Les liaisons possibles par télécommunication ou télédiffusion entre des données stockées informatiquement autorisent des accès décentralisés à l'information et une impression à distance à partir de documents conservés dans des magasins centraux ou dans des banques de données conservées localement. Ces mêmes liaisons permettent aussi la commande et la fourniture des documents (la commande en ligne associée aux banques de données documentaires a connu une augmentation de 1 500 % aux USA entre 1976 et 1982).

Les réseaux de prêt entre bibliothèques offrent aussi la possibilité de l'accès et de la fourniture en ligne de textes intégraux ou de références bibliographiques. La viabilité de ces services n'est pas évidente car actuellement on ne mesure pas exactement le besoin de l'utilisateur final, ni sa préférence, soit pour la rapidité, soit pour la qualité et la fiabilité - qui sont en contradiction dans l'état actuel des techniques. Le texte intégral, les données factuelles et les statistiques sont très utilisés dans le secteur juridique, les professions libérales, les milieux d'affaires, où l'information est toujours urgente et où l'on paye pour en disposer. Ces produits sont aussi bien destinés à l'utilisateur final qui n'utilise pas forcément un intermédiaire.

L'utilisation du vidéotex et du télétex est moins développée, sauf dans des milieux d'affaires clos, pour la messagerie électronique par exemple. Le télétex et la télécopie pour les graphiques sont potentiellement utilisables pour la fourniture de documents, bien qu'ils aient primitivement été conçus pour des usages bureautiques. Les systèmes électroniques d'échange d'information et les revues électroniques sont utilisés principalement pour des communications informelles, de courtes contributions, des nouvelles. Ils ne remplacent pas des articles plus longs en version papier qui font référence.

Les conséquences de ces constatations sont multiples. Il est nécessaire de mettre en place un système approprié de conservation et de dépôt afin d'éviter la disparition des documents électroniques. Un contrôle bibliographique est indispensable pour identifier et établir le statut des variantes possibles d'un texte. Le concept actuel de protection juridique et de propriété intellectuelle n'est plus valable pour ces médias et pour l'accès à distance. Les distinctions entre édition, impression et réimpression changent mais le concept d'éditeur reste valable. Les libraires peuvent pour leurs services de commande ou d'information utiliser les services en ligne qui s'étendent aux produits traditionnels.

Si l'utilisateur peut identifier l'information qui l'intéresse et peut définir son propre lot d'édition, il n'a plus besoin en théorie d'acheter des documents qui ne l'intéressent pas mais font cependant partie du lot prédéterminé par l'éditeur. Il devient donc possible de connaître à l'avance les documents qui seront effectivement demandés et cela remet en question tout le système des abonnements sur lequel repose l'édition des revues.

Aujourd'hui les versions en ligne ne sont pas auto-financées et existent toujours en parallèle avec une version imprimée. Le secteur privé ne peut produire que de façon commercialement viable, mais le secteur public doit continuer à assurer la disponibilité à long terme pour les utilisateurs. Les contraintes budgétaires entraînent d'une manière générale la centralisation des collections (par région ou par pays) avec un accès banalisé plutôt que le partage des collections. Les bibliothèques doivent équilibrer leurs besoins respectifs en publications traditionnelles et en services documentaires en ligne, en achat pour stockage local et en services achetés à la demande. Quant à l'utilisateur, il a besoin d'un point d'accès unique à l'ensemble des systèmes, et le bibliothécaire a la responsabilité de lui fournir cet accès.

La protection légale contre les accès non autorisés et la réutilisation des données est inadéquate. La possibilité de télédécharger des informations entraîne les producteurs a rechercher une solution semblable au droit de reproduction adopté dans certains pays pour les documents imprimés. Les gros des publications continuera sous forme traditionnelle. Les publications périodiques savantes seront tentées d'abandonner la copie papier mais il n'est pas certain qu'elles puissent exister seulement en ligne. L'accès aux documents électroniques sera réservé à ceux qui disposeront des équipements nécessaires, et les coûts des équipements permettant à tous l'accès à l'information électronique seront trop élevés pour beaucoup de pays en voie de développement. Les nouvelles technologies creuseront le fossé entre les nantis et les autres. L'aide des gouvernements est nécessaire pour mettre en place et maintenir l'infrastructure indispensable pour l'accès du public à l'information et une vraie disponibilité de celle-ci à long terme.