Normes pour les bibliothèques de lecture publique

par Louis Yvert
établies par le Groupe de travail des bibliothèques de lecture publique (GTB).
Berne : Service Suisse aux bibliothèques, 1984.

Cet ouvrage - qui se présente sous la forme d'un classeur dont les feuillets mobiles doivent être mis à jour au fil des années - a été rédigé à partir de 1981 par le groupe de travail créé en Suisse en 1972. II a été simultanément publié en allemand sous le titre Richtlinien für Gemeindebibliotheken. A des lecteurs français, son titre peut paraître trompeur. II s'agit en effet d'un ouvrage assez général (« une documentation à la fois générale et détaillée", selon l'avant-propos de Paul Häfliger, président du GTB) traitant de l'organisation, du fonctionnement, des locaux et du financement des bibliothèques de villes petites et moyennes (jusqu'à 20 000 habitants), tant au plan qualitatif que quantitatif. Il s'inscrit dans le cadre de la politique de modernisation et de développement de la lecture publique que connaît la Suisse depuis les années soixante, politique qui nous avait valu, en 1975, le livre intitulé J'organise ma bibliothèque, également publié par le GTB et portant plus particulièrement sur les règles du travail bibliothéconomique. Ce nouvel ouvrage est un outil pratique destiné tant aux autorités politiques qu'au personnel concernés par la création, la réorganisation et la gestion d'une petite ou moyenne biliothèque.

En ouverture, les Dix principes pour la lecture publique sont exposés : service public pour tout public. minorités comprises, gratuit pour l'essentiel, comprenant des documents audiovisuels, etc. Les responsabilités à l'échelon communal ou cantonal sont précisées. En bref, adaptés à la Suisse, ces principes s'apparentent au Manifeste de l'UNESCO.

L'ouvrage comprend 9 parties : généralités (dont une rubrique sur le réseau de bibliothèques permettant entre elles une coopération importante), organisation (organigramme, répartition des tâches), locaux, collections, personnel, service public (heures d'ouverture, relations publiques, règlement), finances, utilisation (statistiques) et cas particuliers (petites communes). Chaque partie comprend 3 ou 4 chapitres, parmi lesquels j'ai retenu ceux qui m'ont paru originaux et intéressants par rapport à la littérature française équivalente :
- répartition des tâches entre les membres du personnel : responsabilité ou collaboration (chapitre 2.8);
- cahier des charges fixant les compétences et les devoirs du responsable d'une petite bibliothèque (2.9);
- composition des collections de livres en fonction des trois catégories de public : adultes, jeunes et enfants (4.1);
- temps de travail nécessaire aux activités générales, au traitement des collections et au service du prêt, selon l'importance de la population à desservir (5.1) ;
- organisation d'une bibliothèque publique et scolaire dans une petite commune par fusion de la bibliothèque scolaire et de la bibliothèque de lecture publique (9.1).

Concernant l'aspect proprement normatif tel que nous l'entendons (chiffrage des moyens nécessaires), il faut signaler de notables différences entre l'ouvrage du GTB suisse et les normes françaises telles qu'elles sont exposées dans le livre de M.-F. Bisbrouck. La Bibliothèque dans la Ville, les chiffres suisses étant sensiblement inférieurs. Ainsi pour le nombre de livres en libre accès (voir tableau).

II en va de même, naturellement, pour le personnel, les locaux et les dépenses. Une autre différence plus surprenante - concerne les heures d'ouverture : elles diminuent très sensiblement avec la population à desservir, passant de 25 heures pour 20000 habitants à 10 heures pour 5000 et 6 heures pour 2500.

Cette modération dans les recommandations du GTB s'explique par le fait que les petites bibliothèques « locales » sont conçues en fonction de leur appartenance à un réseau comprenant une bibliothèque « régionale » qui complète le service rendu à l'échelon local. Mais ce réseau n'est-il pas encore un peu théorique ?

Ces normes sont donc faibles, non seulement par rapport aux normes françaises mentionnées ci-dessus, mais aussi par rapport aux surfaces minimales désormais requises pour qu'un projet de bibliothèque municipale puisse bénéficier du concours particulier de la dotation générale de décentralisation, à savoir 70 m2 par millier d'habitants (décret du 12 mars 1986). Du moins sont-elles cohérentes et on en recommandera donc la lecture aux responsables des petites communes.

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