L'evaluation des bibliothèques universitaires

En publiant L'Évaluation des bibliothèques universitaires, l'AUPELF nous livre enfin la synthèse des travaux du colloque de Nice (1982), qui avait rassemblé quelque 150 participants. Premier ouvrage de langue française à dresser l'état de l'art, ce texte vient combler une lacune en un temps où les conditions économiques, techniques et humaines du travail documentaire imposent une révision de nos pratiques de gestion.

Car l'évaluation des performances des bibliothèques est avant tout un instrument de gestion, qui suppose une analyse préalable des systèmes à évaluer, la définition d'objectifs à atteindre et la mise en œuvre de méthodes que la première partie de l'ouvrage présente avec exhaustivité. Faire le point des recherches passées ou en cours, tel est en effet l'objet des études regroupées dans « théories et méthodes », où les auteurs, s'appuyant sur une très solide revue de la littérature, examinent le fonctionnement des modèles d'évaluation disponibles : quantitatifs, qualitatifs, comparatifs et autistiques.

Modèles pertinemment analysés, dont la multiplicité et la richesse dérouteraient l'éventuel utilisateur si les auteurs n'avaient pris soin de souligner les limites de chaque méthode, dont aucune ne saurait permettre l'appréhension globale des capacités d'un service ou d'un établissement, la complémentarité des méthodes entre elles, qui, juxtaposées, autorisent la définition d'une image opératoire des structures complexes que sont les bibliothèques et enfin la difficulté de leur mise en œuvre, due à l'élaboration de normes viables et à la nécessité de construire une méthodologie rigoureuse.

L'ouvrage vaut ensuite par les illustrations pratiques qu'apportent une douzaine d'études de cas, réalisées dans des institutions diverses. Ces exemples d'application montrent l'étendue des champs d'investigation possible, où l'on retrouve des domaines depuis longtemps explorés (ressources documentaires, services au public), mais aussi des thèmes plus novateurs (environnement et commodités de la lecture). Voilà de quoi satisfaire et convaincre un large public, du décideur institutionnel au bibliothécaire responsable du développement des collections.

De nombreux documents annexes complètent l'ouvrage (relevons tout particulièrement la bibliographie, abondante et de qualité, et les normes américaines et françaises existant sur le sujet), tandis que les auteurs formulent en conclusion des propositions d'action ambitieuses, centrées sur l'indispensable formation des professionnels aux techniques d'évaluations, la définition de thèmes de recherche privilégiés et l'élaboration d'outils spécifiques applicables à l'ensemble des institutions universitaires.

La gestion d'une B U étant « désormais une réorganisation continuelle pour des fins multiples et renouvelées dans un environnement mouvant », souhaitons que cette synthèse connaisse la plus large diffusion possible dans les milieux académiques et dissipe les hésitations de notre parcours quotidien : le sillon est aujourd'hui tracé.