Precis für die Anwendung in deutschen Bibliotheken überarbeitete und vereinfachte Form des syntaktischen Indexierungsverfahrens der British library.

par Jacqueline Greal
Berlin : Deutsches Bibliotheksinstitut, 1984. - 310 p.; 22 cm. - (OBI Materialien; 35.)
Index p. 272-300. - ISBN 3-87068-835-1 : DM 24.

Il s'agit là d'un rapport sur une expérience d'adaptation aux bibliothèques allemandes du système PRECIS utilisé par la British library pour l'indexation matières. Ont participé à cette expérience, réalisée en 1982-1983 et mise en oeuvre par le Deutsches Bibliotheksinstitut de Berlin, la section spécialisée de la Deutsche Bibliothek de Francfort, des spécialistes de diverses bibliothèques de RFA, ainsi que Derek et Jutta Austin de la British library. A l'origine de l'expérience, la situation actuelle de l'indexation matières en RFA et le besoin ressenti d'une adaptation de ses règles qui tienne compte de l'informatique, en vue d'une meilleure collaboration entre bibliothèques allemandes et étrangères, et donc d'un meilleur service des lecteurs.

Jusqu'à présent la Deutsche Bibliographie fournit à ses utilisateurs, outre le répertoire par auteurs et titres des ouvrages signalés, un index par matières de ces ouvrages. Les vedettes y sont juxtaposées et non hiérarchisées. Il n'y a donc pas de sous-vedettes au sens ordinaire, et peu ou pas d'adjectifs, en particulier de langue ou de lieu. C'est ainsi qu'un ouvrage sur la critique de l'Eglise dans la lyrique latine aux XIIe et XIIIe siècles figurera d'une part sous :

Eglise / Dans la littérature / Histoire d'autre part sous :

Poésie lyrique / Histoire

Ce qui laisse de côté les notions de critique, de latin et de datation précise. Certes, titre et éventuellement sous-titre des ouvrages permettent de compenser ce déficit de l'information, et, même pour l'intervalle maximum de cumulation entre deux répertoires, cinq ans, le temps de recherche n'est pas excessif. Mais appliqué aux catalogues manuels de fonds anciens et développés, le système décourage l'utilisateur par le volume de chaque tranche.

De nombreuses bibliothèques de RFA utilisent d'autre part, pour l'indexation matières, un système plus différencié, avec vedettes et sous-vedettes, les « Regeln für den Schlagwortkatalog » (RSWK), dont les inconvénients sont, eux, d'ordre essentiellement lexicologique. S'agissant d'une langue à flexions aussi marquées et aussi riche en composés que l'allemand, on 'comprend la gêne engendrée chez le lecteur, par exemple par la réduction obligatoire au nominatif singulier de toutes les formes possibles d'un vocable employé ou non en composition. Et comme d'autre part dans de nombreux cas les adjectifs de localisation sont proscrits, on arrive à des chaînages aussi ambigus que :

Italie / Vin

Peinture / France

Numismatique / Epoque romaine

La discordance d'avec la langue naturelle n'est là d'aucun profit pour la clarté des concepts énoncés.

Pour pallier ces inconvénients, la Deutsche Bibliothek a donc décidé d'expérimenter le système PRECIS, dont les avantages sont : qu'il est admis par le projet IFLA Universal Bibliographic Control; qu'il est codé dans les bandes MARC; qu'il est employé à l'étranger par de nombreuses bibliothèques ou centres de documentation; qu'on peut l'utiliser avec ou sans traitement automatisé; que la langue utilisée n'entre pas en ligne de compte; qu'il met en oeuvre une véritable syntaxe de l'information *.

Les principes directeurs de la mise en chantier du projet allemand ont été :
- la réduction du nombre des opérateurs et des codes PRECIS:
- la prise en compte des adaptations possibles des RSWK;
- la possibilité d'utiliser ou non l'informatique.

PRECIS dispose de 15 opérateurs exprimant le rôle syntaxique d'une vedette et d'environ 25 codes, indiquant comment l'information est traitée dans l'entrée correspondante. Cette multiplicité est sans doute séduisante, mais les bibliothécaires allemands l'ont ressentie comme beaucoup trop complexe et, de fait, inutile. On a donc procédé à des simplifications gouvernées par le souci de rester dans la ligne des RSWK. Par exemple, entre autres opérateurs exclus, celui qui permet d'introduire un exemple particulier à la suite d'une catégorie générale (Vertébrés - Anatomie - Exemple : Requin). Entre autres codes, on a renoncé à ceux qui permettent des entrées distinctes et multiples dans le cas de composés. Par exemple, un thème comme « Sac à main en cuir brut doublé de soie », qui s'exprime en allemand uniquement par deux mots, traité par ordinateur selon PRECIS, permet en une seule opération six entrées : sac, sac à main, sac à main en cuir, sac à main en cuir brut, sac à main en cuir brut doublé, sac à main en cuir brut doublé de soie; on voit l'intérêt du système, si l'on sait que, en allemand, chacune de ces entrées composées commencerait par un composant différent : Tasche, Handtasche, Lederhandtasche, etc. De même le projet allemand a-t-il renoncé à exprimer les flexions des substantifs et adjectifs, alors que PRECIS : Translingual project permettrait d'en tenir compte. Si bien que d'une part on en reste à des entrées contraires au génie de la langue, comme dans les RSWK, mais qu'un premier pas est pourtant fait vers une langue documentaire à base de langage naturel.

Un problème important a été celui des prépositions et autres mots-outils. PRECIS en fait un grand usage, alors que les RSWK comptent davantage sur titres et sous-titres pour préciser l'information donnée. Par exemple le thème « Influence des Nations unies sur l'Union soviétique » serait indexé selon les RSWK Nations unies/URSS, et: URSS / Nations unies;

selon PRECIS Nations unies Influence sur l'URSS, et : URSS Influence des Nations unies

On voit la multiplicité possible d'interprétations des vedettes RSWK. Pour le traitement automatisé des données, ie service informatique de la Deutsche Bibliothek a participé à l'expérience et a reconnu que ses avantages étaient réels. PRECIS ayant été conçu comme procédé d'indexation assisté par ordinateur, il est évident que l'utiliser pour un thésaurus et un catalogue manuels implique une déperdition d'efforts et de temps. Alors que si le travail intellectuel de base - l'analyse du sujet - est irremplaçable, PRECIS, une fois choisie la vedette qui doit se trouver en lead position et les opérateurs convenables, permet le chaînage logique de l'entrée sans intervention humaine, et donc sans risque d'erreur. Quatre pays : Grande-Bretagne. Canada. Australie et Afrique du Sud, pratiquent le système avec traitement automatique des données.

Ces principes établis, la comparaison ne pouvait valablement porter que sur les différences de qualité entre les résultats obtenus par les RSWK et PRECIS. L'expérience a permis de tester ces différences dans quatre domaines :
- les opérateurs (p) et (q)
- la localisation
- le nombre d'entrées par vedette
- le format des entrées.

Les opérateurs (p) et (q)

L'opérateur (p) introduit la notion de partie ou de propriété d'un tout et établit une relation insécable entre ce tout et sa partie ou propriété. Par exemple : pare-brise (d'une voiture), indépendance (d'un juge), élève/ handicapé (d'une école). L'emploi de cet opérateur (p) donnera en PRECIS les entrées suivantes pour ce dernier exemple :
Ecole publique
Elève handicapé. Intégration et :
Elève handicapé. Ecole publique.
Intégration.

Alors que les RSWK n'établissent pas ce lien rigoureux entre élève et école et coderaient :
Elève handicapé / Intégration / Ecole publique et :
Ecole publique / Elève handicapé / Intégration.

L'opérateur (q) s'utilise, lui, pour des vedettes se trouvant dans une relation quasi générique avec la vedette immédiatement précédente. Par exemple, la notion de « souris domestique comme animal de laboratoire » sera codée :
(1) Animaux de laboratoire
(q) Souris domestique

l'opérateur (q) indiquant à l'ordinateur qu'il ne doit pas séparer ces deux vedettes, contrairement à ce que feraient les RSWK.

Localisation

Là où PRECIS considère comme insécable le lien entre thème et lieu et exprime ce lien par l'opérateur (0). les RSWK dissocient les deux notions. C'est ainsi qu'un ouvrage sur « l'enfant de travailleurs immigrés atteint de troubles du comportement dans les écoles allemandes » sera codé :
(0) Allemagne (RFA)
(1) Ecole
(p) Enfant étranger atteint de troubles du comportement
d'où les entrées :
Allemagne (RFA)

Ecole. Enfant étranger atteint de troubles de comportement et : Enfant étranger atteint de troubles du comportement
Ecole. Allemagne (RFA)
alors que les RSWK entreraient :
Allemagne (RFA) / Enfant étranger atteint de troubles du comportement/Ecole, et :
Enfant étranger atteint de troubles du comportement / Ecole / Allemagne (RFA)

Nombre d'entrées par vedette

PRECIS a pour principe de n'offrir que des enchaînements logiques et ses règles ne permettent qu'une seule relation précise par entrée, ce qui limite l'accroissement excessif du catalogue, mais aussi sa richesse. Pour le thème « Architecture urbaine moderne aux Pays-Bas », on n'aura donc selon PRECIS qu'une seule entrée :
Pays-Bas
Urbanisme. Architecture

tandis que les RSWK ajouteraient l'entrée :
Pays-Bas / Architecture / Urbanisme.

Format des entrées

On l'a vu par les exemples cités, le format d'entrée à deux lignes caractérise PRECIS. Mais en fait pour 58 % des 146 ouvrages ayant servi à la comparaison, les RSWK requéraient également ces deux lignes. Dans quelques cas (3 % pour les RSWK, 24% pour PRECIS), trois lignes étaient nécessaires, jamais quatre.

Les conclusions tirées par les participants à l'expérience et les auteurs du rapport sont, en résumé, les suivantes :

PRECIS est dans l'ensemble adaptable aux besoins de la langue allemande. Ses avantages ne peuvent être ressentis dans leur intégralité que si l'on utilise le système complet, mais la perte d'information due à une simplification du système reste dans des limites acceptables. Seul un traitement automatisé permet la mise en oeuvre de tous les avantages par la production automatique de répertoires, catalogues et autres produits. PRECIS nécessite plus souvent que les RSWK une impression sur trois lignes, mais l'emploi de caractères plus petits peut pallier cet inconvénient pour les catalogues sur fiches. Le projet n'a pu étudier dans le détail les problèmes de tri automatique des entrées, de prise en compte dans ce tri des prépositions et mots-outils, ni de commodité de maniement des catalogues ainsi gérés. Le cadre limité de l'expérience n'a pas permis une appréciation objective du temps et du travail requis par l'emploi de PRECIS. Pourtant, si l'on considère que selon Derek Austin un indexeur expérimenté de la British library traite de 25 à 30 ouvrages par jour, et que, de leur côté, les indexeurs allemands passent de 15 à 30 minutes sur un ouvrage, on arrive à un résultat assez semblable. La réduction du nombre d'opérateurs et de codes dans le PRECIS adapté complique, mais n'interdit pas l'échange de données avec les utilisateurs étrangers du système complet.

En conclusion, on retire de ce rapport l'impression d'une volonté de simplification, qui tient compte, même au prix d'une moindre perfection théorique, du facteur humain représenté par un personnel hautement qualifié et expérimenté, et. comme tel, résistant à la nouveauté, dont il se méfie, tant qu'il n'y voit pas un progrès. Volonté d'honnêteté aussi : le rapport se termine par la liste des 146 ouvrages objets de l'expérience, avec pour chacun les vedettes PRECIS adapté et RSWK. ainsi que tous les index correspondants, ce qui permet de se faire une idée de la qualité de chaque système, et, accessoirement, pour un indexeur étranger à l'un et l'autre, de comparer avec sa propre pratique. Mais comme, en définitive, aucun système ne l'emporte nettement sur l'autre par la qualité intellectuelle de l'information qu'il procure, on se voit obligé de conclure que, comme partout ailleurs, c'est la nécessité d'entrer dans les réseaux documentaires nationaux et internationaux qui entraîne la décision de changer de système, et que c'est la plus ou moins grande compatibilité d'un système avec un traitement automatisé qui entraîne le choix de ce système.

  1. (retour)↑  Un article d'Anne-Marie FERRIER, paru dans le Bulletin des Bibliothèques de France, t. 23. n° 3, 1978, analyse en détail le système à l'occasion d'une expérience faite par le Département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale.