Conservation et mise en valeur des fonds anciens, rares et précieux des bibliothèques

par Daniel Renoult

France. Livre et lecture (Direction)

Ministère de la culture, Direction du livre et de la lecture, Ministère de l'éducation nationale, Direction des bibliothèques, des musées et de l'information scientifique et technique.
Villeurbanne : Presses de l'ENSB, 1983. - 233 p.; 27 cm.
Bibliogr. p. 227-229. - ISBN 2-901119-08-5: 130 F.

En 1977 et 1978, Le Service des bibliothèques au Ministère des universités et la Direction du livre au Ministère de la culture organisèrent conjointement neuf stages de formation continue sur les fonds anciens rares et précieux. Ce sont les communications faites au cours de ces stages par des conservateurs ayant une longue expérience des fonds anciens, qui, grâce à J.-M. Arnoult, font l'objet de la présente publication.

De quels documents assurer la conservation ? demande H.-J. Martin en introduction. Analysant les notions de « rareté » et d'« ancienneté » du point de vue de l'historien et du bibliothécaire, H.-J. Martin démontre que la bibliothéconomie des fonds de patrimoine est indissociable d'un ensemble de connaissances historiques et bibliographiques qui seules permettent des choix judicieux et éclairés. D'autre part, c'est en coopérant entre elles que les bibliothèques assureront au mieux leur rôle de « mémoire d'une nation ».

Les deux premières parties de l'ouvrage sont les plus développées. L'une porte essentiellement sur les livres imprimés : acquisitions (G. Parguez), classement et catalogage (J.-M. Dureau et A.M. Merland), traitement matériel et sécurité des collections (A. Labarre), restauration (J. Toulet), constitution d'une réserve (J. Veyrin-Forrer), liste d'ouvrages de références pour l'exploitation et le traitement des livres anciens (A. Charon, F. Bléchet). La seconde partie qui comporte de très utiles illustrations est consacrée aux fonds particuliers : fonds local et régional (G. Littler), reliures armoriées (M. Pastoureau), ex-libris (M.-C. Mangin), estampes et photographies (M. Melot), cartes et plans (E. Archier et F. Lapadu-Hargues), monnaies et médailles (H. Nicolet), fonds musicaux (C. Massip), documents sonores et vidéogrammes (J.C. Bouvier, M.-F. Calas et J.-M. Arnoult). Une troisième partie due à J.-M. Arnoult et J. Goasguen traite des problèmes de communication des documents rares et précieux. Figurent en annexes une bibliographie, une liste des matériaux de conservation, suivie d'un répertoire des fournisseurs.

Nous ne pouvons ici entrer dans le détail des dix-huit contributions de ce recueil, dont nous nous contenterons de dégager les lignes directrices. C'est avant tout la volonté de faire œuvre utile qui domine l'ensemble. Chacun dans sa spécialité s'est efforcé de fournir des règles méthodologiques plutôt que de s'en tenir à sa propre expérience, de donner des indications concrètes et de répondre aux questions précises que peuvent se poser les bibliothécaires. Les références bibliographiques, les conseils pratiques abondent. La seconde dominante est le souci didactique. Chaque terme technique est préalablement défini. Les exposés synthétiques et précis sont composés comme des cours. La mise en page accentue cette structure pédagogique et facilite une consultation rapide. L'ouvrage vise les bibliothécaires non-spécialistes, confrontés à la grande variété des fonds précieux dont ils ont la charge, tâche à laquelle ils se sentent incomplètement préparés. Incontestablement, il apportera à tous, sous une forme très accessible, un grand nombre d'informations.

Dans ces conditions, on ne peut que regretter le retard avec lequel sont publiées ces conférences. De nombreux textes auraient mérité d'être mis à jour. Ainsi, depuis la rédaction de l'article sur le catalogage, la traduction française de l'ISBD (A) a été publiée, et un projet de norme française est sur le point de l'être. Ainsi, la photocopie est aujourd'hui possible pour les cartes alors que le calque est ici donné comme la « seule » solution. Ainsi on ne ferait plus aujourd'hui une si modeste place à l'audio-visuel (5 pages). Ainsi tous les textes traitant de conservation ne reflètent guère l'évolution des idées et des techniques depuis ces cinq dernières années. Les auteurs sont bien entendu conscients de ces lacunes qu'ils sont les premiers à regretter, mais cela ne remet pas en cause l'essentiel de l'ouvrage. Ces réserves faites, on ne peut en effet que souscrire aux éloges faits par M. Caillet dans sa préface. Même si le livre est loin d'épuiser le sujet, il constitue un excellent manuel de bibliothéconomie spécialisée et l'on peut prédire qu'il remplira l'objectif qu'il s'est fixé : rendre service.