James Lumsden son of Glasgow

their juvenile books and chapbooks

par Françoise Salamand

Sydney Roscoe

R.A. Brimmell

Pinner : Private libraries association, 1981. - xxv-134 p. : ill. ; 26 cm.
Bibliogr. p. 129. Index p. 130-134. - ISBN 0-900002-04-2.

Sydney Roscoe commença ses recherches sur la production pour enfants de la maison Lumsden & son dans les années 50, alors qu'il se consacrait à un ouvrage sur Newberry et ses successeurs. Interrompu par la maladie, il confia ses notes à Brimmell qui reprit le flambeau. Ce livre est donc bien le fruit d'une étroite collaboration, par delà la mort.

De Lumsden, on ne sait que très peu de choses mais avec ce peu, Roscoe et Brimmell ont pu réunir de précieux renseignements. Entreprise de papeterie de la ville de Glasgow, Lumsden & son s'est ensuite tournée vers l'édition, et peut-être l'auto-distribution, encore que cette dernière activité ne soit pas prouvée. La bibliographie proposée ne peut prétendre à l'exhaustivité, ainsi que le rappelle Brimmell dans sa préface. Nombre d'ouvrages édités par Lumsden n'ont pas résisté au temps. Il n'y a, de plus, aucune archive à consulter. Roscoe et Brimmell ont trouvé leur pâture grâce aux livres examinés dans les bibliothèques, aux notices envoyées par des collectionneurs et à l'auto-publicité que se faisait Lumsden en donnant un aperçu de ses autres productions dans certains de ses ouvrages comme ce half-penny book (livre à deux sous) Familiar objects described.

James Lumsden, le fondateur, d'abord graveur en tous genres et imprimeur, est né aux alentours de 1750 et mort vers 1830, son fils James Lumsden junior (1778-1858) rejoint l'entreprise familiale vers 1789, mais c'est loin d'être son principal souci ou sa principale activité. Lumsden ne commence à éditer des livres pour enfants que vers la fin du XVIIIe siècle. Mais il n'a jamais eu, en son temps, la popularité d'un Newberry ou d'un Wallis, ses contemporains, autres éditeurs pour enfants.

La production de Lumsden est très diversifiée : on trouve des livres soignés et attrayants, reconnaissables à leurs illustrations - bistres et parfois vertes, souvent des sanguines -, à leurs jaquettes interchangeables aux couleurs vives ; des livres de colportage aux gravures sur bois fatiguées ; des affiches pour chambres d'enfants dont il reste trois exemplaires ; des livres plus sérieux comme ce Pilgrim's progress des années 1860. Ces ouvrages sont difficiles à dater. Roscoe et Brimmell l'ont tenté par recoupements et d'après les indications portées sur les exemplaires eux-mêmes. Les livres de colportage, pour la plupart, sont datés et leur publication s'étend de 1816 à 1822. Lumsden a eu une autre idée neuve : publier ses livres pour enfants en collections plus ou moins cohérentes. A ne pas confondre avec l'initiative de l'imprimeur Ross qui ajoute : From Ross is juvenile library ; ce qui brouille les pistes et tend à faire croire que Ross fut parfois en même temps imprimeur et éditeur.

Pour leur bibliographie proprement dite, Roscoe et Brimmell adoptent un classement par grands thèmes, à l'intérieur desquels ils citent des ouvrages par ordre alphabétique des titres. Un index permet de retrouver les notices par titres mais aussi par auteurs. La forme des notices est sensiblement toujours identique, bien que certaines ne soient pas rédigées par les auteurs eux-mêmes, livre en main, mais par des collectionneurs ou bibliophiles lointains envoyant la description d'un exemplaire de leurs fonds : elles donnent le titre puis la date de publication, le prix marqué, le numéro éventuel dans un catalogue, la collation, la description des illustrations et du volume, les notes et justifications de la date présumée, pour finir par les dimensions de l'ouvrage et la localisation des exemplaires encore visibles.

Le premier thème de la bibliographie est l'Histoire, avec quatre notices dont trois éditions de la New history of Scotland, de 1805 à 1810 environ. Le deuxième thème est plus riche, avec treize titres. Il s'agit de l'histoire naturelle et des ouvrages éducatifs. Sept titres pour les chansons, quarante-deux pour les textes religieux et les hymnes d'Isaac Watts, signe des temps où la littérature pour enfants se devait de contribuer à leur édification. Le thème le plus fertile, c'est pourtant, heureusement, les contes de fées, les histoires, les poèmes : 100 titres. Ils sont regroupés par titres significatifs, avec parfois l'omission du premier mot. Ainsi sont rassemblées les différentes éditions des Voyages de Gulliver ou de Barbe-Bleue. L'inventaire se poursuit avec les livres de colportage.

Après les livres pour enfants, 38 titres, précédés d'une introduction rappelant ce qu'est un livre de colportage authentique : un livre distribué par un circuit particulier, les colporteurs, dont les principaux clients étaient les fermiers, laboureurs et autres bergers des campagnes. Le contenu diffère également de celui des livres vendus dans le circuit citadin. L'histoire est brève, parfois d'un gros comique, ou franchement licencieuse. Ce genre d'ouvrage est fabriqué à moindre frais, souvent sur une feuille unique pliée de façon variable en 2, en 4 ou en 6. Peu d'illustrations ou bien seulement des bois usés, d'un lointain rapport avec le texte. Rien qui ne puisse augmenter les coûts de fabrication. The Infortunate lovers date de 1808, mais la production de Lumsden en matière de livres de colportage est circonscrite dans le temps : 1 en 1814, 2 en 1817, 5 en 1820, 3 en 1821 et 8 en 1822. On peut se demander si ce mélange des genres n'a pas nui au renom de la maison Lumsden et n'a pas détourné d'elle un public instruit voyant d'un fort mauvais œil se côtoyer les récits grossiers et les hymnes religieux.

Le système des « collections » est évoqué par Roscoe et Brimmel. Idée novatrice qui devait faire augmenter les ventes, mais qui fut vite abandonnée, sans doute à cause de l'absence d'une politique éditoriale structurée. Certaines séries comme Lumsden's superior edition of penny books sont cohérentes : les volumes ont le même format, probablement la même date de publication, les mêmes dimensions. Les textes sont des contes très connus comme Gulliver. D'autres collections sont plus douteuses, les volumes n'ayant apparemment rien en commun. De ces collections d'éditeur, Roscoe et Brimmel en dénombrent sept.

On leur sait gré d'avoir ainsi mis en forme leurs informations sur un éditeur ancien peu connu. Publié par l'Association britannique des bibliothèques privées (Private libraries association), cet ouvrage au papier élégant, à la mise en page très aérée, satisfera les collectionneurs de livres pour enfants. On regrette seulement qu'il n'y ait pas davantage d'illustrations, de frontispices ou de gravures, que les formats des reproductions soient souvent trop réduits pour être aisément lisibles et qu'il n'y ait, en tout et pour tout, qu'une seule illustration en couleurs.