Testaments provençaux du Moyen âge

documents paléographiques

par Maurice Caillet
Jean Broc, Jean Fabre, Léon Martin, le P. Bernard Montagne, O.P. ; sous la dir. d'Arnaud Ramière de Fortanier. - Marseille : Arch. de la ville de Marseille : Institut historique de Provence, 1979. - 167 p., fac-sim. : ill. ; 32 cm. ISBN 2-902-904-03-7

Les érudits qui, sous la direction de M. Ramière de Fortanier, archiviste en chef de la Ville de Marseille, ont choisi les documents et constitué ce recueil, ont tiré des minutes notariales d'Aix-en-Provence et de Gareoult (Bouches-du-Rhône) conservées au minutier des Archives départementales des Bouches-du-Rhône onze testaments des années 1354 à 1516 intéressant, à une exception près, soit directement, soit par ses alliances, la famille de Littera, qui joua un rôle important dans la bourgeoisie aixoise au XVe siècle. Pour chacun de ces testaments, le recueil donne la photographie du texte original, sa transcription et sa traduction.

Cette méthode de travail, tout autant que la conception même de l'ouvrage, ont permis aux auteurs d'atteindre plusieurs buts intéressants : mettre en évidence ce que les minutes notariales peuvent apporter d'essentiel aux recherches généalogiques en réunissant une série d'actes concernant, sur une longue période, une même famille ; permettre à ceux qui étudient la paléographie de se familiariser avec l'écriture des minutes notariales de la fin du Moyen âge ; offrir enfin aux érudits qu'intéresse l'histoire sociale, religieuse et économique de la Provence médiévale une nouvelle source de documentation.

Une préface de Roger Aubenas, une introduction d'Arnaud Ramière de Fortanier, des notes liminaires du R.P. Bernard Montagne sur le contenu religieux des testaments, de M. Jean Fabre sur l'établissement du texte et la traduction, de M. Léon Martin sur la famille de Littera, avec un tableau généalogique, un répertoire commenté de formules de droit employées dans ces testaments, une liste des cotes des documents utilisés et une table des matières viennent utilement compléter l'ouvrage.

Si le fait de grouper dans une publication des actes concernant une même famille au cours d'une période donnée présente, sur le plan historique, un intérêt certain, les Littera ayant connu une grande stabilité sociale dans les milieux de la bonne bourgeoisie et du moyen clergé, il ne serait pas inutile que de semblables recueils viennent nous éclairer sur les dispositions testamentaires d'autres couches de la société provençale à la même époque.

Au point de vue matériel, ce livre a été édité avec beaucoup de soin ; on peut cependant regretter que certaines planches un peu grises rendent moins aisée, malgré la présence de repères, la lecture de l'original par ceux qui désirent s'y reporter, ne voulant pas se contenter des transcriptions, d'ailleurs réalisées, dans leur ensemble, avec une fidélité d'autant plus louable que ces écritures notariales du XVe siècle ne sont le plus souvent pas faciles à déchiffrer !

Les noms de personnes et de lieux offraient, cela va sans dire, une difficulté particulière, qui a été presque toujours résolue avec bonheur ; cependant, certaines corrections et identifications pourraient être proposées : p. 25, 1.94, Guillelmum de Laureis doit être Guillaume de Lauris (Vaucluse) ; p. 81, 1.376, il faut lire Castroforte, Vapincensis diocesis ; il s'agit de Châteaufort (Alpes de Haute-Provence) qui relevait du diocèse de Gap ; p. 99, 1.326, le nom du lieu-dit est vraisemblablement Del Cap Davall ; enfin, p. 111, 1.16, Spinosa, Regensis diocesis, est Espinouse (Alpes de Haute-Provence).

Mais ce sont là des broutilles qui n'enlèvent rien à l'intérêt de cette publication dont on ne saurait trop souhaiter qu'elle ait, sur le même thème, une suite de cette qualité.