Ministère de la recherche et de la technologie. Centre national de la recherche scientifique

Un nouveau-né dans le fichier FRANCIS : ÉCODOC, base de données bibliographiques en écorzomie générale 1. - Les grands systèmes informatiques qui commanderont demain les conditions d'accès à l'information (données bibliographiques, numériques, factuelles...) se mettent en place sous nos yeux. D'un côté, les serveurs et les réseaux télématiques contrôlent les centres de traitement de l'information et les moyens d'y accéder. De l'autre, les. producteurs de bases et banques de données définissent le contenu de l'information.

Lourde de promesses pour qui sait le temps que ces systèmes peuvent économiser dans la recherche des données, cette évolution n'est pas sans danger pour tous ceux qui n'en seront que les spectateurs passifs. Le coût d'accès à l'information pourra leur interdire de recourir à ces systèmes dont le contenu sera défini selon des critères qui ne garantiront peut-être pas le pluralisme auquel ils sont particulièrement attachés.

C'est dans de telles perspectives que le Centre national de la recherche scientifique a décidé de combler le vide laissé par la disparition prévue de la Documentation économique qui avait joué un rôle pionnier en France mais que l'INSEE ne pouvait ni transformer ni maintenir en l'état. Ne pas remplacer l'ancienne base bibliographique aurait définitivement poussé les économistes français et étrangers (dont un grand nombre de francophones) à ne recourir qu'aux seules bases anglo-saxonnes dont le nombre n'a cessé de croître, surtout aux États-Unis. Devenues faciles d'accès, grâce aux réseaux télématiques, ces bases n'auraient pas tardé à acquérir un monopole et à exclure du champ de l'information économique un certain nombre de travaux qui ne sont pas toujours les moins intéressants.

Au moment où le nombre de publications périodiques s'accroît rapidement, ËCODOC donne à tous les économistes qui le souhaitent (français, francophones et européens non francophones) la possibilité d'organiser eux-mêmes, donc de contrôler un système de collecte, de stockage, de traitement et de diffusion de l'information. Ce système comprend une base automatisée et un réseau de collecte placés sous la responsabilité d'un Comité scientifique représentant tous ceux qui apportent leur contribution à ÉCODOC.

Mis en œuvre par le Centre de Documentation Sciences Humaines (CDSH) du CNRS, la base ÉCODOC s'intègre au fichier FRANCIS qui comprend actuellement 600 000 références bibliographiques et qui s'accroît de 70 000 références par an. Sa gestion sera donc étroitement coordonnée avec celle des bases économiques sectorielles qui existent déjà : économie de l'énergie, socio-économie de la santé-Rhésus, emploi-formation. Tous utilisent le même logiciel SPLEEN et sont implantées sur les ordinateurs du CIRCE (Orsay). Dès qu'elle aura été suffisamment alimentée, la base ÉCODOC sera interrogeable en conversationnel avec SPLEEN 3, sur le CIRCE, via TRANSPAC et avec MISTRAL, sur QUESTEL. Avant que ne soit atteinte cette échéance, de nombreux produits autres que la revue bibliographique, pourront être demandés à la base.

La collecte et l'analyse des documents qui alimentent la base sont réalisées par un réseau d'équipes de recherche dotées de cellules documentaires. Les équipes déjà membres du réseau, et celles qui rejoindront les premières, constituent un quadrillage du champ de la documentation économique puisqu'elles interviennent :
- soit horizontalement, en collectant et en analysant les documents produits par l'institution à laquelle elles appartiennent (INSEE, Banque de France, UER des sciences économiques, etc.),
- soit verticalement, en collectant et en analysant les publications relatives à un champ spécifique (GRECO d'économie industrielle ou d'économie monétaire, ERA d'économie de l'éducation, Laboratoire d'économie du travail, etc.).

Cette organisation en réseau d'équipes garantit la permanence du système et le pluralisme de l'information.

Base et réseau sont placés sous l'autorité d'un Comité scientifique dont les premiers membres ont été désignés par le directeur général du CNRS mais dont la composition est appelée à s'élargir avec l'extension du réseau.

Entre autres attributions, ce Comité définit le contenu de la base et veille à ce que les contributions des. équipes respectent bien cette définition.

A ce jour, les choix suivants ont été retenus :
- S'agissant de la nature de l'information, ÉCODOC est axée principalement sur la théorie économique et couvre un champ très voisin de celui qu'a choisi le Journal of economic literature. N'est exclue de ce champ que l'information déjà collectée ou traitée par d'autres bases du CDSH (énergie, santé, emploi) ou prise en charge par DOGE (économie de l'entreprise) 2. Le champ d'ÉCODOC complète donc celui du système SPHINX (INSEE) orienté vers l'économie appliquée et l'information économique factuelle ou statistique, principalement nationale.
- S'agissant des types de documents, ÉCODOC recense les ouvrages, les articles des principales revues économiques, les thèses d'État et de 3e cycle, les communications de colloques et tous les rapports jugés de bonne qualité par les équipes membres du réseau. Priorité est donnée à la littérature économique de langue française puis de langues romanes de façon à compléter l'action déjà très avancée des bases bibliographiques à prédominance anglo-saxonne. D'ici quelques années, ÉCODOC pourra ainsi négocier avec ces dernières des accords d'échange, fructueux pour les deux parties.

Collecte et traitement portent normalement sur la littérature économique à partir du 1er janvier 1981, mais il est probable, comme vient de le demander le Comité scientifique, que l'on tentera d'intégrer à ÉCODOC l'essentiel de la littérature économique française collectée par la Documentation économique depuis les années trente. Si les moyens nécessaires à cette entreprise sont trouvés, la base bibliographique s'enrichira beaucoup plus rapidement que prévu.

Dans un rapport présenté au Conseil national de la statistique 3, il y a peu de temps, C. Sautter écrivait : « L'économiste français peut, à partir de centres d'interrogation en France, accéder à la littérature étrangère (et presque toujours anglophone) mais paradoxalement, il risque d'ignorer de plus en plus ce qui se fait en France » ; ECODOC est une réponse à ce constat de carence. Le succès de l'entreprise est désormais entre les mains des économistes français.

  1. (retour)↑  Ce texte a été communiqué par Jean-Marie Martin, directeur de recherche au C.N.R.S.
  2. (retour)↑  Organisé par divers Instituts d'administration des entreprises, sous le patronage de la Fondation nationale pour l'enseignement de la gestion des entreprises et du CNRS, le système DOGE-Documentation automatisée en gestion des entreprises est développé en étroite coopération avec ÉCODOC.
  3. (retour)↑  Amplifier, maîtriser et diffuser l'information économique générale sur l'étranger, 9 avril 1979.