Trente années d'élégance à travers la carte postale

1900-1930

par Daniel Rochat

Béatrix Forissier

Les Éd. de l'amateur, 1978. - 190 p. : ill. ; 30 cm. ISBN 2-85917-008-1 : 150 FF

Le même auteur a déjà publié Vingt-cinq ans d'actualités à travers la carte postale : 1889-1914. Cette fois le sujet est plus limité : il s'agit de la mode féminine de la Belle époque aux Années folles, et plus précisément des vêtements portés par la classe aisée. La mode enfantine et la mode masculine sont très brièvement évoquées aussi. La plupart de ces documents sont des dessins d'artistes plus ou moins célèbres, en général spécialisés dans le croquis de mode ou fournisseurs des magazines : Henri Boutet, A. Steinlen, A. Mucha, J. Abeillé, R. Kirchner, etc. Cet ouvrage est d'un grand intérêt pour les cartophiles et les amateurs d'art graphique et publicitaire. L'album contient 251 reproductions en noir et 20 en couleur. On regrettera que bien des originaux en couleur soient ici reproduits en noir. Parmi les reproductions en couleur on citera un dessin de Jacques Villon (p. 41) et deux de A. Seguin (p. 40) qui font penser à certains Renoir, un nu de Yves Diey (p. 140). Dans les reproductions en noir, on peut retenir entre beaucoup d'autres : Sager (p. 95), Fabiano (p. 102), Suzanne Meunier (p. 103), T. Corbella (p. 105, 175). Le coup de crayon d'Alice Huertas excelle à rendre le mouvement des danseuses de music-hall (p. 181). Quelques photographies d'extérieur se mêlent à ce festival : élégantes aux courses, Réjane sur le marchepied d'une automobile, le lancement de la jupe-culotte en 1911 avec force mannequins et photographes. Venons-en au sujet principal : la mode. Les grands couturiers sont évoqués (Jacques Doucet, Poiret, Chanel) ainsi que les évolutions successives de la longueur des jupes : c'est l'amorce d'une « libération ». Tous les éléments du vêtement et de la parure sont là, des chaussures jusqu'aux extravagantes coiffures : manchons de fourrure, ombrelles, costumes de bain, corsets, froufrous et dentelles. Il est difficile de donner une idée de ce foisonnement de créations : le dessinateur n'est pas bridé par la bienséance (comme l'était alors le photographe) et il peut concevoir des robes que l'on ne voit pas dans la rue et guère plus dans les salons ou au théâtre. Des portraits d'artistes (Cécile Sorel, Mistinguett, Garbo, Marlène Dietrich) et des caricatures donnent encore plus de variété à ce défilé de modes. Le commentaire et la mise en pages sont également excellents.