Ignace Pleyel
a thematic catalogue of his compositions
Rita Benton
Les catalogues thématiques se multiplient et l'on s'en félicite car il s'agit là d'instruments de travail utiles aux musicologues, aux interprètes, libraires et éditeurs, comme aux bibliothécaires ; ils sont particulièrement appréciés lorsque l'œuvre d'un musicien est compliquée et multiple. On sait que le fameux catalogue des œuvres de Mozart, publié par Koechlel en 1862, en est à sa sixième édition et s'est accru, entre temps, de très nombreuses références et identifications nouvelles.
On saura gré à Rita Benton (University of Iowa) de s'être lancée dans le vaste océan de l'œuvre d'Ignace Pleyel (1757-1831) dont l'historien a quelque peine à suivre les activités multiples dans le domaine de l'édition musicale (depuis 1795), de la facture instrumentale (1807) ou de la composition ; élève de Haydn, Pleyel fut l'un des compositeurs les plus adulés de son temps et l'un des plus productifs, il ne laisse pas moins de 41 symphonies, 70 quatuors à cordes, etc. Le succès même de cette œuvre considérable explique le grand nombre des transcriptions qui en furent faites, à l'usage des amateurs du temps. Cette pratique, déjà courante pendant la fin de l'ère classique et le romantisme, est une source de confusion et de difficultés dès qu'il s'agit d'établir le caractère, original ou non, d'une œuvre donnée, dont on possède une dizaine ou une vingtaine de versions. Cet état de fait est encore aggravé par le peu de fidélité des transcriptions où sont pratiquées des coupures, voire des mélanges d'œuvres différentes. Ainsi, la nécessité d'un catalogue donnant l'incipit musical de chaque mouvement est-elle particulièrement évidente dans le cas de Pleyel.
L'auteur a utilisé judicieusement un double système numérique ; d'une part, un numéro à quatre chiffres, mis entre parenthèses, est attribué à chaque édition ou copie manuscrite différente de la même œuvre, il s'agit en somme d'un numéro d'identification bibliographique ; d'autre part, un numéro à trois chiffres est attribué à l'œuvre dans sa version originale, seule retenue comme source des incipits.
Les œuvres sont rangées par genre, des grandes symphonies aux œuvres pour piano seul ; à l'intérieur de chaque section, les œuvres sont classées dans l'ordre chronologique de leur publication, seule date sûre - ou à peu près -, la date de composition étant rarement connue. Les arrangements font l'objet d'un supplément à chaque section, de même que les œuvres non identifiées. Chaque édition ou copie manuscrite est décrite avec minutie : transcription diplomatique de la page de titre, datation, cotation, référence au RISM, localisation d'exemplaires dans les grandes bibliothèques musicales internationales.
Cet ensemble, d'une impressionnante complexité, est complété par une série d'index qui en rendent le maniement aisé : index des éditeurs, des manuscrits (regroupés par pays), des noms d'arrangeurs, graveurs, imprimeurs..., des titres et des incipits d'œuvres vocales, et index musical des thèmes, transposés en ut majeur ou ut mineur, permettent une identification de fragments ou éditions incomplètes.
Ce remarquable instrument de travail témoigne d'une méthode rigoureuse, non moins que d'une persévérance assez rare, que nous avons plaisir à saluer ici. Signalons au passage un petit oubli : Sonate pour alto, publiée par Guénin, rue de Richelieu, après 1793, figurant dans un catalogue de cet éditeur. La seule réserve que nous ferons à ce grand ouvrage concerne la présentation, souvent médiocre, des exemples musicaux (cf. p. 338, 346...) obtenus, je crois, par un nouveau procédé de frappe à partir d'une machine à écrire la musique, qui fera certainement des progrès dans un proche avenir, souhaitons-le.