Kallimachos und die Literaturverzeichnung bei den Griechen

Untersuchungen zur Geschichte der Biobibliographie

par Juliette Ernst

Rudolf Blum

Frankfurt-am-Main : Buchhändler-Vereinigung, 1977. - 360 col. ; 29 cm. - (Sonderdr. aus dem Archiv für Geschichte des Buchwesens ; Bd. 18 : Lief. 1 et 2.)

Ce livre présente un intérêt tout particulier pour les bibliographes et les bibliothécaires, car il est l'œuvre de l'un des leurs : R. Blum a déjà été présenté aux lecteurs de cette revue par un compte-rendu, dû à A. Labarre 1, de Bibliographia: eine wort- und begriffsgeschichtliche Untersuchung (Francfort 1969). Il s'adresse à des collègues qui ne sont pas forcément des hellénistes, et évite tout ce qui pourrait gêner pour eux la compréhension de son exposé. Toutefois, les spécialistes de l'érudition grecque y trouveront toute la précision dans les données et les références qui caractérise une étude savante. R. Blum n'a pas voulu refaire une tranche de cette histoire de la philologie classique, traitée par R. Pfeiffer dans un ouvrage capital, dont je ne crois pas inutile de rappeler ici les différentes versions : l'originale en anglais, History of classical scholarship from the beginning to the end of the Hellenistic age, Oxford 1968 (cf. les comptes-rendus dans les volumes successifs de L'Année philologique XXXIX, p. 336 ; XL, p. 341 ; XLI, p. 368 ; XLIII, p. 397 ; XLIV, p. 377) ; la version allemande, Hambourg 1970 (cf. APh XLII, p. 358 ; XLIV, p. 377) ; enfin la version italienne, Naples 1973 (cf. APh XLV, p. 361 ; XLVI, p. 381). Mais si R. Blum s'y réfère constamment, son propos est autre : mettre en valeur l'activité de bibliothécaire et de bibliographe de Callimaque dont les pinakes (tablettes) constituent le premier « dictionnaire des auteurs ». Les pinakes eux-mêmes sont perdus, mais c'est sur leurs données que se fondent les érudits de l'antiquité qui renseignent sur les auteurs antérieurs à Callimaque.

Tous les bibliothécaires qui ont affaire aux manuscrits médiévaux savent combien sont délicats les identifications d'auteurs, la distinction entre homonymes, les attributions à tel ou tel, le traitement des œuvres anonymes, des versions différentes d'une même œuvre, des miscellanées. Plus grandes encore étaient les difficultés auxquelles se heurtaient les bibliothécaires du Mouseion d'Alexandrie au IIIe siècle av. J.-C. pour le classement des rouleaux le plus souvent dépourvus de titre et parfois de nom d'auteur. C'est à cette époque et pour leurs besoins que fut créée la philologie, continuée par les successeurs de Callimaque, Aristophane de Byzance et Aristarque de Samos. Toutefois, R. Blum en étudie tout d'abord en quelque sorte la préhistoire chez Aristote et son école, eux-mêmes précédés dès la fin du VIe siècle par les grammairiens qui se sont attaqués à la question homérique. Un examen approfondi de leurs méthodes amène R. Blum à conclure qu'Aristote ne dut pas cataloguer sa bibliothèque. C'est avec Callimaque que fait véritablement son apparition la technique du bibliothécaire et du bibliographe. On peut chercher à la reconstituer d'après les témoignages des auteurs anciens, auxquels il faut ajouter celui, particulièrement précieux, de Tzetzès. Il ressort de cet examen que Callimaque ne se contenta pas de dresser un inventaire des livres de la bibliothèque du Mouseion, qui semble d'ailleurs avoir déjà été établi par Zénodote, mais qu'il en a fait le catalogue, c'est-à-dire qu'en s'attaquant aux problèmes énumérés plus haut, en pratiquant lui-même la critique littéraire, il forgea un instrument de travail pour celle qui devait s'exercer à l'avenir et qui, grâce à lui, s'appuiera sur une solide documentation. Ainsi les pinakes n'étaient pas simplement destinés aux usagers d'une bibliothèque ; ils ne furent pas seulement imités par d'autres, comme les administrateurs de la bibliothèque de Pergame ; ils constituaient aussi une biobibliographie de tous les auteurs grecs connus.

Etant donné le schéma adopté pour la composition de son livre, présenté dans une excellente Table des matières, R. Blum n'évite pas les répétitions, mais il a toujours soin, par une note, de prier le lecteur de se reporter au paragraphe où le sujet a déjà été abordé. Un index développé fait de cette étude un ouvrage de référence en même temps que de lecture. La bibliographie est presque uniquement de langue allemande. Le bref résumé que R. Blum donne en français de sa recherche n'est malheureusement exempt ni de fautes de langue ni de fautes d'impression.

  1. (retour)↑  Voir : Bull. Bibl. France, novembre 1970, n° 2443.