Une expérience nouvelle pour les adolescents

Odile Altmayer

S'inspirant de l'expérience réalisée depuis de nombreuses années en France au niveau de la lecture des enfants, et à l'étranger au niveau des adolescents, la Bibliothèque-Discothèque de Maisons-Alfort a pu ouvrir en mars 1976 une section réservée aux adolescents. Cette réalisation, première du genre en France de cette envergure, obtenue au prix d'un important travail préparatoire, se trouve complétée par la création, en novembre 1976, d'un centre de recherche et de documentation. Cet ensemble peut dès maintenant et pourra de plus en plus au cours de son développement servir utilement la cause de la lecture et du livre auprès des jeunes adolescents et aider les bibliothécaires et éducateurs soucieux de cette question.

La Bibliothèque-Discothèque de Maisons-Alfort a ouvert en mars 1976 une section des jeunes; celle-ci s'adresse aux garçons et filles de 12 à 18 ans. Le Centre de recherches et de documentation sur la lecture des adolescents, établi dans le même bâtiment, fonctionne depuis le Ier novembre 1976.

Raisons d'être de cette création

Il apparaît à l'évidence que l'âge de l'adolescence marque une transformation profonde sur le plan physique, psychique et social du jeune, transformation qui entraîne dans bien des domaines une évolution notable. Les intérêts, les goûts, les occupations vont se différencier : l'attrait de la solitude et simultanément le besoin de relations sociales et de contacts, l'éveil affectif, la transformation du cadre scolaire ou pour d'autres la formation à un métier, sont autant de facteurs qui contribuent à cette transformation, sans pour autant que l'adolescent ait acquis les connaissances, l'équilibre et le discernement d'un adulte.

Ceci n'est pas sans répercussion sur les besoins de lecture et les intérêts culturels des jeunes, qui ne sauraient être confondus avec ceux des enfants - ni en partie, avec ceux des adultes - ou du moins sont-ils perçus sous un angle différent.

On peut s'accorder en tout cas à reconnaître que, passé l'âge de la lecture enfantine, de nombreux jeunes désertent temporairement - voire pour certains définitivement - les bibliothèques publiques.

Il apparaît donc qu'il est utile d'étudier les problèmes concernant la lecture des adolescents.

Or, peu de choses ont été faites jusqu'à présent dans ce domaine en France.

Depuis de nombreuses années le souci de la lecture des enfants s'est manifesté : la première bibliothèque enfantine créée en 1924, « l'Heure Joyeuse » de Paris a été une réalisation exemplaire à son époque. C'est là que se sont formés de très nombreux responsables de bibliothèques d'enfants.

Depuis 1963, la « Joie par les Livres » a continué et développé l'œuvre entreprise et peut, grâce à la Bibliothèque de Clamart, à son Centre de documentation et à son bulletin « la Revue des livres pour enfants », contribuer non seulement au développement des bibliothèques d'enfants, mais aussi à une étude, une recherche sur les problèmes de la littérature enfantine et, de ce fait, à une amélioration de la qualité de cette littérature.

Partant de ces expériences, il a paru opportun de continuer l'action entreprise, au niveau des adolescents.

De plus, à l'occasion de voyages d'études réalisés en Allemagne - au Danemark - au Canada - et aux États-Unis - il est apparu que dans ces pays, en particulier au Danemark et aux États-Unis, le cas des adolescents était pris en considération dans les bibliothèques et qu'un Service de documentation (publication de bibliographies, de listes sélectives, de tracts divers) était organisé au niveau de Directions nationales ou d'États.

Ce qui se fait à l'étranger pourrait donc également se faire en France et être profitable aux jeunes de notre pays comme cela l'est, ailleurs, pour les jeunes danois ou américains.

Telles sont les raisons déterminantes qui ont conduit à la création des équipements de Maisons-Alfort.

Les étapes de sa réalisation

Avoir l'idée de créer une Bibliothèque d'adolescents et un Centre de recherches est une chose. La réaliser en est une autre. Il aura fallu dix ans et près d'un millier de démarches pour y parvenir.

En définitive, la réalisation de ce projet a pu se faire par la correspondance heureuse :
- de l'acceptation de la municipalité de Maisons-Alfort d'intégrer la bibliothèque d'adolescents et le centre de recherches dans les locaux de la Bibliothèque-Discothèque de Maisons-Alfort - et d'en assurer par la suite l'entretien, le chauffage et l'éclairage;
- du versement par l'APES (Association pour les équipements sociaux dans les nouveaux ensembles immobiliers) d'une subvention de cinq cent mille francs ;
- de la contribution du Syndicat national de l'édition qui, particulièrement intéressé par le Centre de recherches et de documentation sur la lecture des adolescents, a décidé de faire un effort exceptionnel et de fournir des livres dans la limite d'une valeur maximum de cent mille francs, évalués aux prix public.

Ces trois organismes ont constitué l'Association « Lecture-Jeunesse » à qui a été confié le soin de gérer les équipements spécifiques aux adolescents.

En outre, des subventions ont été obtenues : du Fonds d'intervention culturel, du Ministère de l'éducation, du Secrétariat d'État à la jeunesse et aux sports, du Conseil général du Val de Marne, du District.

La Direction des bibliothèques et de la lecture publique, puis la Direction du livre ont toujours soutenu et encouragé le projet, elles ont participé pour moitié aux dépenses de construction et de mobilier. Elles ont accordé des subventions pour l'achat de livres et ont contribué à assurer l'encadrement en personnel en mettant à la disposition de la ville - pour la section des jeunes et le Centre de recherche - un bibliothécaire contractuel (dès mars 1975) et un conservateur en novembre 1976.

Le Secrétariat d'État aux universités a ouvert en novembre 1976 un poste de conservateur pour le centre de recherches.

C'est donc au prix de l'effort de nombreux partenaires, grâce à l'intérêt porté par des organismes différents et à leurs contributions très efficaces, que ce projet a pu se réaliser et est maintenant effectivement entré en action.

Les travaux préparatoires

Mais avant d'ouvrir la bibliothèque au public, il s'agissait de constituer le fonds : fonds de livres, comme dans toutes les bibliothèques et fonds de documents iconographiques.

Un an et demi avant l'ouverture, une puis deux bibliothécaires, puis une documentaliste ont travaillé à la préparation de ce fonds, aidées d'une secrétaire.

En ce qui concerne les livres, le choix a été très particulièrement étudié en vue de répondre aux goûts et aux intérêts des adolescents, à leurs besoins de documentation scolaire ou professionnelle.

Le choix a été fait d'une part, en dépouillant un grand nombre de revues bibliographiques (Bibliographie de la France - Bulletin critique du livre français - Les Livres - Notes bibliographiques - Bulletin d'analyses de livres pour enfants - Littérature de jeunesse - Loisirs jeunes - Bulletin du livre), d'autre part, en faisant pour chaque catégorie de documentaires une série d'enquêtes auprès de spécialistes et auprès de collègues de bibliothèques spécialisées et de bibliothèques de lycées.

Le catalogage a été aussi l'objet d'un soin particulier : il s'agissait en effet de constituer un catalogue qui puisse d'abord renseigner le plus complètement possible les jeunes lecteurs qui le consulteraient et qui puisse aussi être un instrument utile au conservateur du centre de recherches pour répondre à toute demande de documentation. Il doit également servir aux bibliothécaires ou documentalistes en stage à la bibliothèque.

Chaque fiche comporte donc, en plus de la notice bibliographique courante, un compte rendu donnant en quatre ou cinq lignes un aperçu du contenu de l'ouvrage.

Le fichier comporte des catalogues Auteurs - Titres - Matières - Collections et topographique comme dans toute bibliothèque, mais aussi un catalogue que l'on pourrait appeler : « Matières-Romans » où les romans sont regroupés par genres (Aventure - Policier - Psychologie - Histoire - Science fiction, etc.) par thèmes (Ages de la vie - Métiers - Nature - Pays - Sports, etc.) et par sujets (lorsqu'il s'agit d'un sujet très particulier plus rarement traité dans les ouvrages de fiction : Braconnage - Cécité - Esclavage - Peine de mort, etc.).

Il a fallu aussi procéder à la constitution du fonds de documents iconographiques qui comprend : des posters, des diapositives, des reproductions d'art, des photographies. Ce fonds est aussi répertorié dans des catalogues : Matières:- Collections et topographique.

A ces documents iconographiques s'ajoutent aussi des collections telles .que la Documentation française - les Documents pour la classe - la Bibliothèque du travail - les fiches du Centre d'information et de documentation pour la jeunesse, etc.

Tout ce travail préparatoire ayant été accompli, la bibliothèque a pu ouvrir en mars 1976 et a tout de suite reçu un accueil très favorable des Jeunes de Maisons-Alfort et des environs.

Les locaux de la section des jeunes et leur affectation

La Section des jeunes est implantée dans la vaste Bibliothèque-Discothèque de Maisons-Alfort (2 500 m2) comprenant : une section enfantine - une section d'adultes - une section des jeunes - une discothèque - une salle de documentation - une salle polyvalente pour expositions, conférences, etc. - une cafétaria - et les bureaux et salles de service. Il est à noter que tous ces locaux, à l'exception des locaux de service, sont à usage commun entre enfants, adolescents et adultes.

La section des jeunes dispose, sur la superficie globale, de 509 m2 qui se répartissent en cinq salles : - une salle de prêt (90 m2) comprenant environ 4 ooo livres (cette collection est destinée à s'augmenter jusqu'à 6 à 7 000 volumes),
- une salle de lecture (40 m2) avec une quarantaine de périodiques et les usuels (150 environ),
- une salle de documentation (50 m2) où se trouvent réunis 5 600 documents se répartissant ainsi : 5 300 diapositives, 70 posters, 70 reproductions d'art, 15 photographies, 160 documents divers (Documentation française - documents pour la classe, etc.).

Des dossiers documentaires sont en cours de constitution.

Dans la salle de prêt se trouve le fichier avec tous les catalogues. Dans la salle de documentation on retrouve les catalogues Auteurs et Matières de la bibliothèque, un catalogue de périodiques et bien entendu les catalogues Matières - Collections et topographique des documents iconographiques ;
- une salle d'activités (96 m2) munie d'un « Labo-photo » servant soit de salle d'atelier pour réalisations diverses, soit de salle de réunions pour débats ou entretiens;
- enfin, une grande salle (90 m2) affectée au centre de recherches où se constitue un fonds de livres et de périodiques français et étrangers qui seront régulièrement dépouillés.

Outre les catalogues de ce fonds de livres et un catalogue des périodiques, on trouve aussi dans le centre de recherches les catalogues Auteurs et Matières de la bibliothèque.

A ces locaux s'ajoutent : un hall d'exposition (90 m2) à la disposition des jeunes, un bureau pour les bibliothécaires (29 m2) et un bureau pour la secrétaire (24 m2).

Le fonctionnement de la bibliothèque

La bibliothèque est ouverte vingt-huit heures par semaine. L'inscription et le prêt sont gratuits.

Tous les documents sont mis au prêt. Les lecteurs peuvent emprunter trois livres et trois revues pour un mois - prêt renouvelable, 1 poster ou autre document iconographique pour un mois, 20 diapositives pour 15 jours. Les usuels sont, sur demande, prêtés du samedi soir au mardi.

Le système de prêt employé est le système Newark qui est certes moins rapide que le système Brown ou que d'autres systèmes automatisés, mais qui, en l'absence d'ordinateur est le seul qui permette l'exploitation des données du prêt. Or, la bibliothèque devant servir de support au Centre de recherches et de documentation, il était important que l'on puisse établir des statistiques très précises et partir des informations recueillies à la banque de prêt pour des recherches ultérieures (évolution de la lecture des jeunes, incidence de la formation ou du milieu socio-culturel sur la lecture, etc.).

Il est à noter que la section des jeunes pour les adolescents n'est pas la seule qui leur est proposée; ils peuvent, à partir de 14 ans, s'inscrire à la section des adultes. Aucune obligation ne leur est faite de s'inscrire à la section des jeunes ; c'est donc tout à fait librement et spontanément qu'ils le font, ce qui n'empêche pas d'ailleurs certains d'entre eux d'adhérer simultanément à la section des adultes et à celle des jeunes.

Cette libre circulation dans les différentes sections de la bibliothèque est un facteur positif car elle ne donne pas aux jeunes l'impression d'être isolés par rapport aux adultes et elle assure une transition favorable entre les différents niveaux de lecture.

Inversement, un certain nombre de jeunes adultes ou d'adultes se sont inscrits à la section des jeunes, en particulier pour l'emprunt de documents iconographiques.

Le personnel (bibliothèque et centre de recherches) est composé de : 2 bibliothécaires à temps plein (dont une rétribuée par l'État), 1 secrétaire à temps plein, r documentaliste à mi-temps, 1 animateur à mi-temps, pour la bibliothèque ; 1 conservateur à temps plein (rétribué par l'État), i secrétaire à mi-temps, pour le centre de recherches.

A l'exception des deux fonctionnaires, le reste du personnel est rétribué par l'Association « Lecture-Jeunesse ».

Les lecteurs

A l'origine, la constitution du fonds avait été prévue pour un public de jeunes âgés de 13 à 18 ans, scolarisés de la 5e à la terminale comprise, ou en cours de formation professionnelle.

En fait, c'est dès 12 ans et au niveau de la 6e que certains ont demandé l'accès à la section des jeunes qui leur a donc été ouverte.

Au 31 décembre 1976, 615 lecteurs étaient inscrits, se répartissant de la façon suivante :
7 de 12 ans
82 de 13 ans
162 de 14 ans
120 de 15 ans
93 de 16 ans
55 de 17 ans
20 de 18 ans
76 au-dessus de 18 ans

C'est donc les jeunes de 13, 14, 15, 16 ans qui sont inscrits en plus grand nombre. Au point de vue scolaire, les inscriptions correspondent aux classes suivantes :
6e : 70
5e : 152
4e : 109
3e : 10I
2e : 36
Ire : 13
Terminale 8

En outre, 37 lecteurs sont élèves d'un Collège d'enseignement technique ou d'une École professionnelle préparant des certificats d'aptitude professionnelle de secrétariat, comptabilité, plomberie, mécanique, dessin industriel, aide-soignante, etc.

13 lecteurs sont étudiants.

Les autres, adultes et jeunes adultes sont en majorité des enseignants, éducateurs, documentalistes.

La plupart des inscrits sont domiciliés à Maisons-Alfort. Cependant, au fur et à mesure des mois qui passent, la Bibliothèque étend son rayonnement à d'autres communes avoisinantes : Créteil, Alfortville, Charenton, Bonneuil-sur-Marne, Vitry, Chennevières, Limeil-Brévannes, etc.

Les établissements scolaires fréquentés par les jeunes sont, pour le plus grand nombre de lecteurs, les quatre Collèges d'enseignement secondaire de Maisons-Alfort, puis le lycée Eugène-Delacroix, le CET et quelques écoles privées. Dans la mesure où les jeunes lecteurs sont domiciliés dans des communes environnantes, ils sont scolarisés dans les CES, Lycées ou Écoles de ces villes.

Le milieu socio-professionnel des lecteurs correspond pour la grande majorité d'entre eux à un milieu de fonctionnaires, d'employés, de cadres moyens et de commerçants.

Résultats acquis

Ce sont les statistiques de prêt établies en fin décembre 1976 qui traduiront de la manière la plus précise le bilan des activités de la section des jeunes.

La bibliothèque ayant ouvert en fin mars 1976, ces statistiques portent donc sur 9 mois de fonctionnement (dont deux mois de vacances : juillet et août qui marquent une grande dispersion des jeunes et donc une moindre fréquentation de la bibliothèque).

Le nombre d'heures d'ouverture a été au total de 928.

6 044 livres ont été prêtés se répartissant de la façon suivante : voir figure.

Le nombre de livres empruntés par lecteur pendant ces 9 mois est, en moyenne, de 9,8 par lecteur.

Le nombre d'emprunteurs a été de : 4 171.

Pour la salle de documentation, les statistiques sont les suivantes :

Nombre d'inscrits : 22I (tous les jeunes inscrits pour le prêt des livres ne s'inscrivent pas forcément au prêt des documents).

Documents iconographiques prêtés : 4 144 dont : 3 857 diapositives, 136 posters, 55 reproductions d'art, 10 photographies, 90 documents divers.

Le nombre total des prêts (livres et documents) depuis l'ouverture est donc de : 10 188.

Comme on le voit d'après ces statistiques, le nombre des documentaires sortis dépasse largement celui des romans.

Parmi ces documentaires, ceux qui arrivent en tête sont les « 790 », c'est-à-dire les livres sur le sport, suivis de près des « 600 », sciences appliquées, techniques et très particulièrement dans cette catégorie, les ouvrages sur l'auto, la moto, la mécanique.

Viennent ensuite les « 500 » - sciences pures - et parmi eux, surtout les livres sur les animaux, la flore, la nature, l'astronomie et la vulcanologie. Les 700 à 780 arrivent après : ce ne sont pas les livres sur l'art (sauf la musique et la chanson) qui sortent le plus mais ceux sur l'artisanat, les travaux manuels et la photographie.

Les livres de géographie (voyages - guides - livres descriptifs sur les provinces françaises ou les pays étrangers) passent avant les livres d'histoire qui semblent assez délaissés par rapport à l'intérêt qu'ils suscitaient encore il y a quelques années.

Les bandes dessinées sont très demandées et gardent un attrait incontestable auprès d'un grand nombre de lecteurs (garçons plutôt que filles).

En ce qui concerne les documents iconographiques, ce sont les diapositives qui sont le plus largement prêtées aux jeunes ; ceux-ci les utilisent avec beaucoup de plaisir - avec une prédilection pour les pays étrangers qu'ils ne connaissent pas mais dont ils rêvent.

Ils empruntent aussi volontiers des posters dont ils apprécient la variété. Par contre, un effort est à faire pour les intéresser au prêt des reproductions d'art ou des photographies qui sont pourtant très belles, mais moins au goût du jour que les posters.

En conclusion, les résultats obtenus depuis l'ouverture de la bibliothèque d'adolescents semblent positifs. Les jeunes empruntent livres et documents en grand nombre.

Qu'attendent-ils de surcroît ces garçons et ces filles qui viennent nombreux à la section des jeunes ? : tout d'abord, semble-t-il, un lieu de rencontre, de dialogue, de discussion. Le mercredi et le samedi après-midi, les salles de la section des jeunes sont animées de groupes qui discutent soit entre eux, soit avec les bibliothécaires ou la documentaliste - parfois d'une façon un peu bruyante, certes, peut-être au détriment d'un travail plus calme et silencieux - mais il est bon aussi qu'ils puissent s'exprimer et trouver un accueil agréable.

Leur présence est due aussi souvent à un réel besoin d'information et de recherche documentaire - soit en vue d'exposés scolaires à préparer - soit pour satisfaire leurs propres intérêts. C'est là qu'interviennent bibliothécaires et documentaliste pour aider ces jeunes dans leurs recherches, leur montrer l'usage des catalogues et la manière de se servir des dictionnaires, encyclopédies, ouvrages de références.

Animation

Les jeunes venant de la section enfantine ont eu l'habitude de se regrouper autour de l'heure du conte ou d'autres activités en rapport avec le livre. Ils souhaitent donc pouvoir continuer à le faire en fonction d'intérêts et de possibilités nouvelles.

C'est pourquoi il a paru souhaitable de permettre aux adolescents de compléter l'action du livre par des activités culturelles. La première « animation » à créer dans une bibliothèque de jeunes est bien celle de la participation à l'organisation, au fonctionnement, aux réalisations à entreprendre.

C'est dans ce but qu'a été constitué un groupe qui, pour débuter, comprend une vingtaine de lecteurs à qui il est demandé de donner leur avis, de proposer des idées et de participer aux décisions à prendre.

De plus ces jeunes ont pris en charge un certain nombre de tâches précises : le prêt - l'équipement des livres - le rangement dans les rayons - la décoration - le choix des livres - certaines activités d'animation.

De quelles activités s'agit-il ? : on les a voulues complémentaires à l'action de la bibliothèque, c'est-à-dire, en relation avec la lecture. Elles sont organisées avec l'aide d'un animateur qui dispose d'une salle dite « salle d'activités » munie elle-même d'un laboratoire de photographie.

Des réunions régulières, le mercredi tous les quinze jours, sont organisées sur des thèmes proposés par les jeunes ou suggérés par l'animateur : poésie - histoire de l'aviation - artisanat (poterie) - prestidigitation - débat sur le travail et l'emploi - exposé sur l'écologie et la protection de la nature.

Deux montages audio-visuels ont été réalisés : un présentant l'ensemble du fonctionnement de toute la bibliothèque-discothèque de Maisons-Alfort, l'autre évoquant les débuts de l'aviation. Un projet est en cours : la réalisation d'une exposition sur la Marne. Toutes ces activités permettent de présenter et d'exploiter les ressources de la bibliothèque dans ces domaines. La présence d'un labo-photo oriente une part importante de l'animation vers cette technique qui est bien complémentaire de celle du livre et en particulier, permettra - en partant de textes donnés - de créer des illustrations adaptées, sonores ou visuelles. Dès maintenant, pour leur besoin, des jeunes ont créé plusieurs dizaines de diapositives documentaires.

Un des soucis des organisateurs est que ce qui se réalise au cours de ces activités puisse servir à d'autres : c'est le cas des deux montages audio-visuels et de l'exposition en préparation qui sera ensuite proposée aux associations et bibliothèques du Val-de-Marne.

Toutes ces activités et prises en charges sont suivies par certains avec intérêt et régularité - par d'autres, d'une façon plus irrégulière. Tous ceux qui approchent les jeunes savent combien leurs intérêts sont mobiles. Il est à noter aussi que, pour certains, l'ennui et le désœuvrement sont grands. Ces deux aspects sont contradictoires... mais cet âge est celui des contradictions.

Ce qui ne doit pas empêcher d'entreprendre et de poursuivre un effort d'éveil à de nouveaux intérêts et de contribution des jeunes à la réussite d'une entreprise qui les concerne directement.

Relations publiques

Il nous paraît souhaitable d'établir une collaboration aussi efficace que possible sur le plan pédagogique avec les écoles. C'est pourquoi, au niveau local, des contacts ont été établis avec les établissements scolaires.

Depuis la rentrée d'octobre, II classes (de la 6e à la Ire) sont venues visiter la bibliothèque venant des différents établissements d'enseignement de Maisons-Alfort.

Une rencontre a eu lieu tout dernièrement avec la documentaliste du lycée de Maisons-Alfort dont les élèves viennent encore peu nombreux, faute peut-être d'avoir été suffisamment informés.

Des contacts devront être prévus aussi avec les jeunes des CET et des écoles professionnelles qui sont moins attirés par la bibliothèque.

Une information a également été envoyée à toutes les associations locales susceptibles d'être intéressées par la section des jeunes.

Enfin, un contact a été pris avec la responsable du Bureau d'information jeunesse à Créteil qui diffuse, par le moyen d'un bulletin trimestriel adressé à environ 400 correspondants, toutes informations dans le domaine socio-éducatif, culturel et sportif pouvant intéresser les jeunes.

Recherches et documentation

Pour pouvoir faire utilement un travail de recherche sur les problèmes de la lecture des adolescents et diffuser ensuite des informations fondées sur une expérience concrète, il fallait tout d'abord qu'existe la section d'adolescents dont il vient d'être question.

C'est pourquoi, après ces quelques mois de fonctionnement de la bibliothèque, le Centre de recherches a pu ouvrir au début de novembre 1976.

Son but sera double :
- tout d'abord, un objectif de recherche : recherche des goûts et besoins des adolescents en fonction de leur psychologie propre, étude de l'influence de la lecture sur la formation de l'adolescent, analyse des livres pour adolescents sous leurs différents aspects, image de l'adolescent dans la littérature, etc.
- puis un objectif d'information et de documentation : établissement de bibliographies par thèmes, par genres, par niveaux, par classes, par sujets; analyse de romans tirés des collections spécifiques à l'adolescence; liste de livres charnières permettant la transition du livre d'enfant au livre d'adulte, etc.

Ce centre de recherches, s'il répond à ces objectifs, pourrait donc être, grâce à la présence à ses côtés de la bibliothèque, d'une part, un lieu d'étude approfondie sur la littérature pour adolescents, d'autre part, un service de documentation à l'usage des bibliothécaires de toutes catégories d'établissements (municipaux, scolaires, d'entreprises, d'hôpitaux) et des éducateurs, enseignants, parents se préoccupant du problème de la lecture des adolescents, enfin, un lieu de rencontres entre tous les professionnels du livre : auteurs, éditeurs, libraires, illustrateurs, concernés par ces problèmes.

Dès maintenant, le Centre a entrepris diverses tâches correspondant à ces objectifs.

Dans le domaine de la documentation : des abonnements ont été pris à une soixantaine de périodiques spécialisés français et étrangers ; un fonds de livres est en cours de constitution. Ces périodiques et ces livres seront traités, catalogués en fichiers Auteurs - Titres et Matières.

Dans le domaine de l'information : il a été organisé en février une réunion à laquelle étaient convoqués une soixantaine de collègues ayant une expérience dans le domaine de la lecture des adolescents. Ce fut l'occasion de proposer l'organisation de comités de lecture locaux se chargeant d'analyser la production pouvant intéresser les jeunes et de rédiger des comptes rendus qui seront centralisés au centre de recherches.

Dès maintenant, l'équipe de Lecture-Jeunesse se réunit régulièrement en comité de lecture et analyse des ouvrages pris dans les collections pour adolescents.

- L'établissement de bibliographies spécialisées est en cours sur les thèmes suivants : Art - Métiers - Nature - Sports.

- La préparation d'un premier bulletin à paraître dans le courant du premier semestre 1977 est entreprise.

Dans le domaine de la recherche : la recherche entre dans les objectifs de Lecture-Jeunesse, tant en ce qui concerne les problèmes spécifiques de la lecture des jeunes qu'en ce qui concerne l'animation autour du livre dans les bibliothèques.

Des projets d'études et de recherches sont étudiés. Ils seront réalisés diversement :
- soit effectués et publiés par Lecture-Jeunesse elle-même,
- soit entrepris par d'autres : élèves de l'École nationale supérieure de bibliothécaires,
étudiants,
service de la recherche du Secrétariat d'État à la culture.

La section des jeunes de la Bibliothèque-Discothèque de Maisons-Alfort est, dès maintenant, un lieu d'information, de visites, de stages pour ceux qui le souhaitent. Le centre de recherches ouvert depuis peu, sera un terrain de rencontre et de réflexion, et répondra, en utilisant sa propre documentation ou en faisant les recherches nécessaires, aux demandes d'information qui pourront lui être adressées.

Il apparaît donc que l'ensemble de la bibliothèque et du centre de recherches et de documentation, gérés actuellement par l'Association Lecture-Jeunesse, avec le concours de l'État, peut dès maintenant et pourra de plus en plus au cours de son développement servir utilement la cause de la lecture et du livre auprès des jeunes adolescents et aider les bibliothécaires et éducateurs soucieux de cette question.

Il serait en effet souhaitable, qu'à défaut de section analogue, difficile à réaliser dans un grand nombre de bibliothèques publiques, il y ait en tout cas, parmi le personnel des bibliothèques publiques, un bibliothécaire plus spécialement charge de l'accueil des adolescents, qui soit par conséquent informé et compétent sur le sujet des lectures de cet âge et qui puisse, au sein des bibliothèques publiques, être l'interlocuteur des jeunes.

Il semble donc que l'initiative prise par Lecture-Jeunesse avec l'appui de l'État et de la municipalité de Maisons-Alfort mérite d'être poursuivie et développée.

Les moyens dont dispose Lecture-Jeunesse ne lui permettront pas de poursuivre son action après le 31 décembre 1977.

Au-delà de cette date, il reste à résoudre le problème de la reprise en charge des équipements par l'État et la municipalité. Ce problème n'est pas encore résolu, mais les responsables de Lecture-Jeunesse s'emploient activement à rechercher une solution.

Pour toute demande d'informations complémentaires, s'adresser à :
LECTURE-JEUNESSE, 4, rue Albert-Camus, 94700 MAISONS-ALFORT

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