Le centre de recherches sur la conservation des documents graphiques

Françoise Flieder

Créé en 1963, originellement installé dans les sous-sols du Laboratoire de la Chaire de cryptogamie du Muséum national d'histoire naturelle, le Centre de recherches sur la conservation des documents graphiques dispose depuis juin 1971 de locaux plus vastes situés au-dessus d'une partie des magasins de livres de la Bibliothèque centrale du Muséum. Les installations dont dispose le Centre lui permettent d'assurer en collaboration avec divers organismes nationaux et internationaux, un important travail de recherche : études biologiques, étude du papier, des enluminures de manuscrits, des cuirs, des encres et du comportement des matériaux constituant les documents graphiques soumis à différentes variations climatiques. Un fichier de documentation générale portant sur tous les problèmes de conservation a été constitué par le Centre.

Assurer aux documents graphiques une longévité pratiquement illimitée pose aux responsables de ces collections un problème qui, tous les jours, devient plus difficile à résoudre. En effet, deux facteurs importants contribuent à une détérioration rapide de ce patrimoine :
- la pollution atmosphérique sans cesse croissante des villes où sont consultés la plus grande partie de ces documents;
- le nombre important des matériaux modernes utilisés dans l'élaboration d'une oeuvre graphique et dont la permanence est, nous le savons déjà, illusoire. Nous citerons pour mémoire la mauvaise qualité de certains supports en papier, cuir, reconstitué, etc., de la plupart des encres manuscrites (encres à stylos, à stylos à bille, crayons feutres, etc.), des adhésifs employés soit pour la reliure, soit pour le renforcement des documents anciens, soit encore pour certaines oeuvres contemporaines, telles que les « collages ».

Si donc le problème de la sauvegarde des dépôts d'archives et de bibliothèques a été depuis longtemps un des soucis des conservateurs, il doit aujourd'hui prendre une place prédominante dans leur esprit.

Évolution des recherches sur la conservation des documents graphiques

Les origines.

Dans l'Antiquité, on s'occupait déjà de la conservation des documents graphiques. En effet, les anciens préservaient leurs papyrus des attaques des insectes en les trempant dans l'huile de cèdre. C'est cependant vers le milieu du XVIIIe siècle, à l'occasion de fouilles exécutées à Pompéi et en Égypte, que le problème de la conservation des biens culturels attira pour la première fois l'attention des savants. De plus, l'importance et la diversité des matériaux anciens recueillis à cette époque nécessita une collaboration scientifique très importante. On eut recours à des disciplines diverses : minéralogie, botanique, zoologie, chimie et physique.

Parmi les scientifiques qui se sont penchés sur ces problèmes, nous citerons : entre 1800 et 1860, Chaptal, Davy, Chevreul, Vauquelin, Brongniart, Faraday. Un peu plus tard, entre 1863 et 1867, Pasteur donna à Paris une série de cours de géologie, de physique et de chimie appliquées à l'intention des élèves de l'École des Beaux-Arts. En 1905 Ostwald et en 1910 Von Raehlmann mirent au point les techniques de la microchimie qui provoquèrent une révolution dans l'étude scientifique des peintures. Jusqu'alors, les prélèvements de matière auraient dû être si importants qu'il était impensable de les réaliser sur des œuvres d'art. La microchimie permit aux chercheurs d'effectuer, avec précision, des analyses sur des prises d'échantillonnages très petites. Eibner en 1909, Laurie en 1910 consacrèrent une partie de leur œuvre scientifique à développer cette nouvelle méthode. Enfin, en 1919, le mycologue Pierre See fit des maladies des papiers piqués l'objet de sa thèse.

Les premiers ateliers et laboratoires spécialisés.

C'est à partir de cette période que des ateliers de restauration et des laboratoires de recherches furent créés dans divers pays. Le premier d'entre eux fut le laboratoire du « Staatliches Museum » de Berlin (1888). D'autres suivirent, tels que le « British Museum » à Londres (1922), le Musée d'antiquités du Caire, le Laboratoire pour l'étude des peintures à Paris (1925), le « Fogg Museum of Art », Harvard University, Cambridge (1927), le « Museum of Fine Art », Boston (1930), le « Metropolitan Museum », New York (1931), les Musées royaux d'art et d'histoire, Bruxelles, le « Max Doerner Institut », Munich (1934), la « National Gallery », Londres et le « Courtauld Institute University of London » (1935), l' « Istituto di patologia del libro » à Rome (1938), « l' « Istituto centrale del restauro », Rome (194I).

Sur le plan international, une première conférence se tint à Saint-Gall en 1898 pour étudier la restauration des documents. Elle fut suivie de très près par deux autres manifestations : la réunion des archivistes à Dresde en 1899 et le premier congrès international des bibliothèques à Paris en 1900. En 1928, fut créé à Genève, par la Société des Nations, l'Office international des musées qui fut remplacé en 1946 par le Conseil international des musées.

Les récents développements.

Depuis les vingt dernières années, le nombre d'ateliers de restauration n'a cessé de croître dans le monde entier. En Italie, en particulier à la suite des inondations de 1966, « une usine de restauration » s'est créée à la Bibliothèque nationale de Florence.

L' « Istituto di patologia del libro », centre déjà très connu par tous ses travaux, se développa considérablement. Il en est de même au Portugal où un grand atelier de restauration vit le jour à la Fondation Calouste Gulbenkian à la suite du débordement du Tage en 1967.

Les laboratoires de recherches spécialisés dans les problèmes de conservation des constituants des matériaux graphiques se sont également multipliés, mais cependant pas avec la même vitesse. Parmi les plus récentes créations, nous pouvons citer :
- aux États-Unis, où le « National Bureau of standards » s'intéressait déjà à ces questions, le laboratoire du Pr Barrow et les très nouveaux laboratoires de la « Library of Congress. » ; 1
- aux Indes, à New-Delhi, d'importants services de conservation se sont développés aux « National Archives of India » et au « National Museum »;
- L'Europe également a vu se créer à partir de 1952 plusieurs centres :
- en U.R.S.S., le laboratoire de recherche de l'Académie des Sciences à Léningrad ainsi que le laboratoire de la Bibliothèque Lénine à Moscou;
- en Allemagne et surtout en Autriche, nous ne trouvons pas à proprement parler de laboratoires de recherches, mais des ateliers de restauration ayant le souci de mettre au point de nouvelles techniques utilisables en restauration.
- Depuis une quinzaine d'années, à Londres, le Laboratoire du « British Museum » s'est également penché sur les problèmes relatifs à la conservation des arts graphiques, notamment en ce qui concerne les adhésifs.

Dans divers autres pays, tels que la Bulgarie, l'Espagne, Israël, la Hongrie et la Pologne, les laboratoires spécialisés sont très rares, mais il existe un très grand nombre de chercheurs isolés travaillant soit dans les ateliers de restauration, soit en étroite collaboration avec eux.

Sur le plan international, en 1948, l' « International Institute of Conservation of Historic and Artistic Works » (I.I.C.) vit le jour. Quelques années plus tard, fut créé à Rome le Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels.

Le développement des laboratoires de conservation et des centres internationaux devait entraîner la publication de périodiques spécialisés, parmi lesquels nous citerons seulement : Mouseion (1927-1946), qui fut remplacé en 1948 par le périodique actuel Museum ; Technical Studies in the Fine Arts (1932-1942) qui prit en 1950 le nom de Studies in Conservation; Bolletino dell'instituto di Patologia del Libro en 194I; I.C.O.M. News publiées par le conseil international des musées; les publications annuelles de l'Académie des sciences de Léningrad et du Laboratoire de la Bibliothèque Lénine à Moscou. En 1958, parut le premier bulletin de l'Institut royal du Patrimoine artistique de Bruxelles. Actuellement, les périodiques traitant des problèmes de conservation sont assez nombreux. Parmi eux nous pouvons citer : The Library Quaterly of the University of Chicago Press, l'Internationaler Restauratorentag. Enfin, une toute dernière publication danoise, Restaurator, s'intéresse particulièrement aux problèmes relatifs à la restauration des documents graphiques.

De ce rapide tour d'horizon, il ressort donc qu'à l'échelle mondiale, les laboratoires de recherches fondamentales et appliquées sont, pour la conservation et la datation des documents graphiques, extrêmement peu nombreux. Le champ d'investigations reste encore très large.

En France, en dehors de quelques publications de caractère pratique 2, 3 et bien que le C.N.R.S. eût réuni en 1947 une commission spécialisée 4, peu de travaux avaient été réalisés sur ce sujet jusqu'en 1953. C'est pourquoi la Direction des bibliothèques et de la lecture publique, très consciente de cette lacune, demanda au C.N.R.S. de détacher un de ses chercheurs pour étudier ces questions.

Vu la diversité des problèmes et le nombre de spécialisations auxquelles on devait faire appel, il est apparu nécessaire de placer ce chercheur au cœur d'un organisme où il trouverait des appuis dans des domaines différents. L'organisme d'accueil choisi fut le Muséum national d'histoire naturelle; son directeur, M. le Pr Roger Heim, également directeur de la Chaire de Cryptogamie, accepta d'héberger dans son propre laboratoire ce chercheur et de diriger les recherches scientifiques.

L'organisation administrative du centre

Nous passerons rapidement sur ce point dont nous avions déjà parlé dans un précédent article 5.

Pendant les dix premières années, le chercheur responsable des travaux dépendait exclusivement du Pr. Roger Heim. En 1963, afin d'étudier le programme d'activité, un conseil ainsi composé fut réuni :
- le Directeur du Muséum national d'histoire naturelle, qui préside le Conseil;
- le Directeur général du Centre national de la recherche scientifique;
- le Directeur des bibliothèques et de la lecture publique;
- le Directeur général des Archives de France;
- le Directeur des Musées de France.

Lors de la première réunion, il fut décidé de créer le Centre de recherches sur la conservation des documents graphiques. Un arrêté interministériel (Affaires culturelles-Éducation nationale) officialisa le 25 juin 1963 cette décision 6.

Les locaux

Jusqu'en 1971, le Centre était logé dans les sous-sols du Laboratoire de la Chaire de Cryptogamie et disposait au total d'environ 150 m2.

Depuis le Ier juin 197I, les laboratoires ont été transférés dans des locaux situés au-dessus d'une partie des magasins de livres de la Bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle, mis à leur disposition par la Direction des bibliothèques et de la lecture publique. La hauteur des plafonds des magasins étant insuffisante pour y loger des laboratoires, les trois derniers niveaux furent remodelés en deux étages hauts de 3,30 m et d'une surface de 400 m2 chacun. La disposition et l'orientation des pièces de ces deux étages sont identiques : un peu plus de la moitié de la superficie est située au sud, le reste comprend 100 m2 donnant sur une cour intérieure exposée au nord et environ 50 m2, mitoyens avec le Laboratoire de zoologie du Muséum, sont complètement obscurs. De ce fait, la destination de chaque laboratoire a été dictée par l'orientation. Une chape d'étanchéité isole le premier étage de laboratoires des magasins de livres.

Nous trouvons :

Au 5e étage.

Côté sud : une bibliothèque; des bureaux; un secrétariat; un département de chimie comprenant : un laboratoire de chimie générale, un laboratoire de fabrication du papier, un laboratoire d'étude des cuirs.

Côté nord : une salle de cours; une laverie; un laboratoire de chromatographie. Partie obscure : en dehors d'un atelier, des vestiaires et des sanitaires, on a volontairement installé là le laboratoire d'essais de résistance des matériaux où les conditions hygrométriques doivent être très strictement maintenues à 20° et à 50 % d'humidité relative; de ce fait, il fallait placer cette salle dans un endroit à l'abri des variations thermiques, hygrométriques et des radiations solaires.

Au 6e étage.

Côté sud : un laboratoire spécialement conçu pour accueillir les stagiaires qui séjournent plus d'un mois au laboratoire; un département de physique comprenant : un laboratoire de chromatographie en phase gazeuse, un laboratoire d'analyses par des méthodes optiques (spectrographie infra-rouge et ultraviolette); un département de biologie : deux cellules d'ensemencement, une pour la bactériologie et une pour la mycologie, une salle de préparation des milieux de culture; une salle des balances.

Côté nord : un département de microscopie avec une pièce de préparation des échantillons et une autre d'examen; une pièce destinée à recevoir l'enceinte climatique; une cuisine pour le personnel.

Partie obscure : un département de photographie comprenant deux cellules de développement; les vestiaires et les sanitaires.

Au sous-sol.

Nous disposons de 200 m2 servant à l'installation du matériel lourd et bruyant tel que les autoclaves pour la désinfection des documents, des broyeurs, un xénotest, etc... Ont également été prévues deux pièces de réserve : une pour la verrerie et une autre ventilée et munie d'une porte coupe-feu pour les produits chimiques toxiques et inflammables.

L'équipement

En dehors du matériel courant de laboratoire, le Centre dispose de l'équipement suivant :
- appareillage complet pour la mesure de la résistance mécanique des matériaux : pliagraphe, déchiromètre, usuromètre, dynamomètre, éclatomètre;
- loupes binoculaires, microscopes, microforge, micromanipulateur;
- enceinte climatique pour reproduire les différents types de climats (possib lité de faire varier la température (- 20° à + 80°), l'hygrométrie (15 % d'humidité relative à 95 %), la pollution atmosphérique (SO2 et CO2, SH2) et l'irradiation;
- matériel pour la fabrication expérimentale du papier;
- chromatographe en phase gazeuse, spectroscope infrarouge, spectroscope ultraviolet;
- appareil pour le vieillissement artificiel : le Xénotest;
- autoclave pour l'expérimentation des techniques de désinfection sous vide.

Le financement

La construction du bâtiment ainsi que l'équipement du laboratoire ont été totalement financés par la Direction des bibliothèques et de la lecture publique. Les crédits pour le fonctionnement pris en charge par le C.N.R.S., encore très insuffisants, s'élèvent actuellement à 65 000 F par an.

Le personnel

L'ensemble du personnel appartient au C.N.R.S. et se répartit de la façon suivante :
- une chargée de recherches responsable de l'ensemble des travaux;
- une collaboratrice technique, catégorie IB;
- une collaboratrice technique, catégorie 3B;
- une collaboratrice technique, catégorie 2B à mi-temps;
- une documentaliste à mi-temps;
- une secrétaire vacataire du C.N.R.S. dont le salaire est provisoirement complété par des subventions venant d'organismes internationaux ou privés;
- une aide-technique de laboratoire, rémunérée pendant deux ans par le Centre de Rome pour la conservation et la restauration des biens culturels et depuis avril 1971, par une subvention versée par la Délégation générale de la recherche scientifique et technique et actuellement par le Centre d'énergie nucléaire de Grenoble;
- quelques vacations du C.N.R.S. permettent de rémunérer une étudiante d'une façon intermittente.

Les recherches

I° Travaux antérieurs.

Nous les rappellerons brièvement car ils ont déjà été décrits en 1966 dans l'article précité.

Études biologiques.

Il fallait en première urgence combattre les agents biologiques dégradant les documents conservés dans des locaux inadaptés pour cet usage, c'est-à-dire des magasins où les conditions de température, d'hygrométrie et même d'ensoleillement étaient aberrantes.

Nous avons identifié les champignons prélevés sur les documents et étudié leur comportement vis-à-vis d'un certain nombre de traitements de désinfection ? I.

Parallèlement, aidés par d'éminents entomologistes et en particulier par le Pr Vayssière, nous avons étudié le comportement de différents insectes rencontrés en bibliothèque. Des traitements fongicides et insecticides ont été mis au point 7, 8. Des formules de cire et de colle, insecticides et fongicides  9, 10 ont été élaborées au laboratoire.

Étude du papier.

L'efficacité des traitements de désinfection une fois reconnue, notre souci a été de vérifier l'innocuité de ceux-ci par rapport au papier 11, 12,  13.

A cet effet, nous avons recherché des dosages permettant d'apprécier la dégradation physique et chimique de ce matériau 14, 15. Nous avons mis au point une technique de vieillissement artificiel afin de connaître le comportement dans le temps des papiers traités. De la même manière, nous avons sélectionné des procédés de blanchiment chimique des papiers anciens tachés par les pigments secrétés par les champignons 16, 17.

Enluminures de manuscrits. 18,  19, 20.

Afin d'aider les historiens d'art pour la datation de certains de leurs manuscrits et les restaurateurs pour la consolidation de la couche picturale des enluminures, nous avons mis au point des techniques nous permettant d'identifier la nature exacte des pigments et des liants présents dans cette peinture. La microchimie, la microscopie et la chromatographie en couche mince ont été retenues.

2° Travaux en cours.

Un certain nombre d'études mentionnées ci-dessus sont encore poursuivies aujourd'hui.

Dans le domaine de la désinfection, par exemple, nous étudions en ce moment l'action des rayonnements gamma sur des champignons ainsi que le comportement des papiers et des cuirs irradiés.

Le papier.

Les études sur le papier se poursuivent par des travaux sur le comportement :
- des documents anciens laminés par les divers procédés utilisés dans le monde;
- des papiers soumis aux différentes techniques de désacidification;
- des adhésifs synthétiques ou naturels utilisés en restauration.

Le cuir 21.

Jusqu'à présent, nous nous étions surtout préoccupés du support papier, les problèmes posés par le cuir n'ayant été qu'à peine ébauchés. Nous étudions donc actuellement le comportement des différentes peaux de veau, mouton, chèvre vis-à-vis des différents antiseptiques utilisés : oxyde d'éthylène, lindane, formaldéhyde, etc... Comme pour le papier, des examens permettant de contrôler la dégradation physico-chimique des cuirs ont été sélectionnés ainsi qu'une méthode de vieillissement artificiel. Le cuir étant un matériau vivant, nous avons rencontré d'énormes difficultés pour l'interprétation des résultats qui étaient très dispersés. Pour aplanir ces difficultés, nous avons fait appel à des calculs statistiques.

Néanmoins, de nouvelles investigations sont menées, en particulier dans le domaine de la datation des documents.

Les encres 22.

Depuis le début de cette année, nous abordons l'étude des encres. Ce travail a deux buts : conservation (neutralisation des encres acides, révélation des encres pâlies) et datation (identification exacte du constituant). Qu'il s'agisse de conservation ou d'identification, notre souci est de trouver des techniques d'analyses de ces encres.

Avant d'aborder les analyses scientifiques, nous élaborons une documentation bibliographique dans deux directions :
- historique de l'encre d'après les textes anciens : établissement d'un fichier avec un nombre très important de recettes d'encres anciennes que nous reconstituerons au laboratoire ;
- examens physiques et chimiques adaptables à l'identification des substances contenues dans les encres.

Le parchemin et le cuir.

Nous orientons nos recherches vers :
- l'identification de la nature des différents parchemins et cuirs anciens et modernes par des méthodes histologiques;
- l'identification de la nature exacte du tannage des différents cuirs anciens et modernes.

La documentation générale.

Un fichier systématique a été constitué depuis une quinzaine d'années sur tous les problèmes relevant de la conservation et de la restauration. Il a été tout dernièrement étendu à l'étude de la datation des documents. Ce fichier général est divisé en quatre parties : Agents, Constituants, Procédés, Produits.

Les tirés à part, les traductions, les résumés d'articles ou de traités étrangers, recueillis depuis la création du Centre, sont classés parallèlement au fichier. Cette documentation est ainsi accessible à tous les membres de notre personnel et à d'autres chercheurs de l'extérieur intéressés par ces travaux.

3° Travaux futurs.

Durant les années à venir, nous comptons évidemment poursuivre les études que nous venons de décrire dans cet article. Néanmoins, nous pensons développer prochainement notre nouveau département de physique dont les locaux et le matériel sont mentionnés au début de cet article. En effet, jusqu'à présent, nous nous sommes limités aux examens chimiques et particulièrement à la chromatographie en couche mince pour l'identification des constituants. Vu la complexité de ces examens et la petite dimension des échantillons, il nous paraît indispensable de confirmer nos résultats par d'autres analyses telles que la chromatographie en phase gazeuse, la spectroscopie infrarouge. Nous voudrions également, à l'aide de ces deux techniques, identifier, d'une part, la nature des produits tannants utilisés pour le traitement des cuirs, d'autre part, les substances organiques contenues dans les encres.

Grâce à l'enceinte climatique dont nous venons de parler, nous allons pouvoir entreprendre une étude générale sur le comportement de tous les matériaux constituant les documents graphiques soumis aux différentes variations climatiques rencontrées dans le monde. Parmi les nombreux problèmes soulevés par cette question, un des plus importants est le comportement des livres entreposés d'une façon permanente dans des magasins climatisés et prêtés aux lecteurs pendant plusieurs jours dans des salles de lecture surchauffées ou au contraire très humides. On fera varier les différents facteurs climatiques : température, hygrométrie, ensoleillement, pollution ainsi que les temps d'exposition des échantillons et leur nature.

Collaboration avec des organismes officiels

Le Centre travaille en étroite collaboration avec des organismes nationaux et internationaux.

Sur le plan national, il est en liaison constante avec l'Association française de normalisation et contribue à l'établissement des normes relatives aux papiers, cuirs et matériaux synthétiques. Il travaille également avec l'Association technique de l'industrie papetière pour tous les problèmes concernant la cellulose.

Sur le plan international, il collabore avec quatre organismes :
- l' « International Institute for Conservation of Historic and Artistic Works » (I.I.C.). L'auteur de cet article fait partie du bureau de direction;
- le Conseil international des Musées (I.C.O.M.) : coordination de deux groupes de travail : « Livres et documents » et « Enluminures de manuscrits ». Le Centre est représenté depuis six ans au sein du bureau de direction du Comité de conservation;
- le Centre international d'étude pour la conservation et la restauration des biens culturels (Centre de Rome) qui aide le Centre pour la rémunération d'une aide de laboratoire;
- l'U.N.E.S.C.O. : expertises dans différents pays.

Grâce à ces organismes, le Centre travaille en étroite collaboration avec les États-Unis d'Amérique, le Canada, les Indes, la Belgique, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Pologne, le Portugal, l'U.R.S.S., etc.

Enseignement

Nous assurons un enseignement de deux sortes :
- Cours et conférences à l'usage des étudiants (École nationale des chartes, École nationale supérieure de bibliothécaires, Institut d'art et d'archéologie, Institut royal du patrimoine artistique de Bruxelles), des conservateurs de bibliothèques et de musées et des restaurateurs, à l'occasion de réunions professionnelles;
- Formation de nombreux stagiaires français et étrangers.

Parallèlement aux recherches précitées, le Centre peut intervenir notamment à la demande des Inspecteurs généraux des Bibliothèques ou des Archives, chaque fois qu'un conservateur remarque des documents en voie de détérioration.

Enfin, un des rôles très importants du Centre est d'informer les conservateurs lorsqu'ils ont à faire un choix entre les produits commerciaux qui leur sont proposés par l'industrie. Il doit étudier l'innocuité, sur les documents, d'un certain nombre de produits industriels pouvant être utilisés en restauration; il entreprend s'il est nécessaire des recherches pour mettre au point des formules donnant toute garantie.

  1. (retour)↑  Leurs plus importantes recherches furent la mise au point d'un papier permanent fabriqué actuellement industriellement ainsi qu'une technique de renforcement des papiers anciens par la lamination.
  2. (retour)↑  LBPESME (P.). - La Protection des bibliothèques et des musées contre les insectes et les moisissures. - Paris, Presses documentaires, Maison de la Chimie, mai 1943.
  3. (retour)↑  KLBINDIENST (Thérèse). - Note d'information sur la protection des collections contre les insectes et les champignons et moisissures. - Paris, Bibliothèque matinale, 1953. -27 × 21,5 cm, 19 p., multigr. (Direction des bibliothèques de France.)
  4. (retour)↑  KLBINDIENST (Thérèse). - Les Études sur la conservation et la restauration des documents graphiques (In : Bull. Inform. Pathol. Doc., N° I, 1961, pp. 19-29.)
  5. (retour)↑  FLIEDER (Françoise). - Le Centre de recherches sur la conservation des documents graphiques (In : Bull. Bibl. France, IIe année, N° 5, mai 1966, pp. 183-188.)
  6. (retour)↑  Voir : Bull. Bibl. France, 8e année, Nos 9-10, sept.-oct. 1963, p. 391.
  7. (retour)↑  Altération biologique des parchemins par Pierre Tardieux, M. H. Moussin, F. Flieder, J. Pochon. Note présentée à l'Académie des Sciences le 8 mars 1971.
  8. (retour)↑  Étude des propriétés fongicides de l'oxyde d'éthylène (In : Bull. Inform. Pathol. Doc., N° I, 196I, pp. 61 à 67).
  9. (retour)↑  Lutte contre les moisissures des matériaux constitutifs des documents graphiques, conférence I.I.C., 1961, multigr.
  10. (retour)↑  Cire spéciale pour reliure (In : Bull. Bibl. France, 2e année, N° I, 1957, pp. 48-51).
  11. (retour)↑  La Conservation des reliures (In : Bull. Inform. Pathol. Doc., N° I, 1961, pp. 57-60).
  12. (retour)↑  Action de six composés fongicides et insecticides sur la résistance physico-chimique des, papiers. - ICOM, sept. 1963, 14 p., tabl., graph., multigr.
  13. (retour)↑  Action des différents produits fongicides et insecticides utilisés en conservation pour la résistance physico-chimique des papiers. - ICOM, sept. 1965, 2I p., tabl., multigr.
  14. (retour)↑  FLIEDER (Françoise). - La Conservation des documents graphiques. Recherches expérimentales. Préf. par Roger Heim, ... - Paris, Eyrolles, 1969. - 25 cm, 288 p., fig.
  15. (retour)↑  Valeur comparée de trois méthodes de vieillissement artificiel des papiers. Rapport ICOM, 196I, multigr.
  16. (retour)↑  Influence des variations hygrométriques sur la résistance physico-chimique du papier au cours du vieillissement artificiel au xénon. - ICOM, sept. 1965, 14 p., tabl., graph., multigr.
  17. (retour)↑  Étude des blanchiments chimiques des taches des papiers anciens (In : Bull. ATIP, N° 4, 1960, pp. 173-184.)
  18. (retour)↑  Étude des blanchiments des papiers anciens. - ICOM, 196I, multigr.
  19. (retour)↑  Techniques d'études de la composition physico-chimique des enluminures de manuscrits. -ICOM, sept. 1965, 21 p., tabl., multigr.
  20. (retour)↑  Mise au point des techniques d'analyse des liants contenus dans la couche picturale des enluminures de manuscrits. - ICOM, sept. 1967, multigr.
  21. (retour)↑  Mise au point des techniques d'identification des pigments et des liants inclus dans la couche picturale des enluminures de manuscrits (In : Studies in Conservation, volume 13, N° 2, mai 1968, pp. 49-86).
  22. (retour)↑  Action de l'aldéhyde formique et de l'oxyde d'éthylène sur la résistance physico-chimique des peaux de veau utilisées en reliures, ICOM, sept. 1969, 14 p., tabl., - multigr.
  23. (retour)↑  Historique et étude de la composition des encres noires manuscrites (sous presse).