La presse pour les jeunes de 1815 à 1848
Essai d'analyse de contenu
A travers une presse pour jeunes déjà bien développée dans la première moitié du XIXe siècle, s'esquissent les systèmes éducatifs alors en usage. L'enfant ignoré en tant que tel, apparaît comme un « petit être social défenseur des structures existantes.
« Nous venons après tant d'autres chercher une place au soleil... Instruire et moraliser tout en amusant telle est la devise que nous avons choisie. Nous aimons la jeunesse, nous savons ce qui peut lui plaire et la charmer. C'est assez dire que nous éviterons tout pédantisme.
Jeunes gens de notre temps, on passe en un instant de la jeunesse à la virilité. Bientôt vous allez être hommes, c'est-à-dire que la patrie, l'État, la société, vont vous demander, comme à leurs autres enfants, votre part de dévouement et de travail.
Vous aussi, Mesdemoiselles, vous avez des devoirs à remplir envers la société, envers la famille, vous aussi vous avez votre dette à payer. Au milieu des soins et des chagrins de la vie, une fille est un ange de bonté qui console et fait briller un rayon d'espérance qui ranime » (n° 61) 2.
Voici un programme alléchant, plus propre à rassurer les parents sur la haute tenue morale de la publication qu'à attirer les enfants désireux de se distraire! Chaque nouveau journal qui se créait, et il y en eut un bon nombre entre 1815 et 1848, offrait un prospectus de ce genre qui, tout en se flattant, critiquait (concurrence oblige) les autres publications. « Vous allez enfin avoir un journal à vous et fait pour vous, un journal qui ne ressemblera pas à toutes ces publications mal conçues qui n'ont du journal que le titre et qui ne sont réellement que des recueils indigestes composés au hasard (n° 36) » ou « Pour gagner les parents, la plupart des journaux d'enfants ont promis de faire de leurs lecteurs autant de petits savants, de petits sages, de petits saints et l'abonnement a été pris. Pour captiver l'enfant, ces moralistes se sont transformés en conteurs plus ou moins grotesques, libres et immoraux, et l'abonnement a été continué » (n° 47).
En fait, ce genre d'attaque était peu justifié car tous les journaux se ressemblaient étrangement, sauf quelques variantes. Ils comportaient généralement deux parties : une partie instructive où on trouvait toutes les disciplines dites « utiles » (religion, morale, histoire, géographie, littérature, beaux-arts, industrie, hygiène, sciences naturelles, chimie) et une partie « récréative » avec les arts d'agrément (dessin, musique, travaux d'aiguille, art culinaire, éphémérides, rébus, charades et autres jeux), des poésies et fables, une rubrique théâtrale et une bibliographie. Certains journaux avaient une partie « annonces » consistant en des offres ou demandes d'emploi pour les institutrices. Leur aspect extérieur était plus varié mais on retrouvait des constantes de l'un à l'autre. Le format le plus fréquent était de 20 cm, avec le texte imprimé sur une colonne sur papier épais, le tout broché. Les illustrations, quand elles existaient, se présentaient sous des formes diverses : gravures dans le texte, culs de lampe, planches lithographiées hors-texte. Les procédés utilisés pour la gravure et l'impression étaient les procédés traditionnels : typographie pour le texte, burin, gravure sur bois et, à partir de 1820, lithographie pour les illustrations. Les couleurs étaient, le cas échéant, appliquées après l'impression, au pinceau. Un seul journal « le Magasin des enfants » (1847-1848, n° 72), imprimé chez Dondey-Dupré, était illustré entièrement en couleurs par un procédé original. Les graveurs les plus célèbres de l'époque, Devéria, Gavarni, Grandville, Daumier collaboraient aux publications enfantines. Enfin les pages de titre des différents journaux étaient souvent construites sur le même modèle. Une gravure représentait symboliquement le titre : ruche, abeilles, facteur à cheval ou autre... Une épigraphe très encourageante rappelait le but de la publication : « On applaudit toujours à la femme modeste qui simple dans ses goûts, bornée dans ses désirs, au culte des beaux-arts consacre ses loisirs » Marc (n° 13); « Embrasse l'instruction, ne la lâche pas, garde-la car c'est ta vie » Salomon (n° 37); Indocti discant et ament meminisse periti (n° 65); Plaisir-Morale-Utilité-Éducation (n° 38).
Une seule chose variait sensiblement d'un journal à l'autre : son prix : I,50 F par an pour 1' « Ami de la jeunesse et de la famille » exceptionnellement bon marché, 10 F pour le « Magasin des enfants », 25 F pour l' « Abeille française » et toute une gamme intermédiaire. Les trois journaux cités étaient mensuels, périodicité la plus fréquente. En fait les journaux coûtaient relativement cher et les tirages ne devaient pas atteindre un chiffre très élevé : en 1838 le « Journal des enfants » (n° 20) a tiré à 7 000 exemplaires et était l'un des plus lus. La vente au numéro n'existait pas; le prix du numéro ne figure jamais sur la page de titre ni sur la couverture. Il fallait donc s'abonner, au minimum pour trois mois. En ville on le faisait par l'intermédiaire d'un libraire qui diffusait prospectus et spécimen, recevait les abonnements et les renvoyait à la direction du journal après avoir prélevé son pourcentage. Dans les bourgades et les campagnes plus isolées (où résidait encore la majeure partie de la population) c'était le commis-voyageur, tel « l'Illustre Gandissart » qui plaçait le journal moyennant une commission. « Ah parlez-moi des Enfants! (n° 20). J'ai fait 2 ooo Enfants de Paris à Blois. Bonne petite affaire! Il n'y a pas tant de paroles à dire. Vous montrez la vignette à la mère en cachette de l'enfant pour que l'enfant veuille la voir; naturellement l'enfant la voit, il tire maman par sa robe jusqu'à ce qu'il ait son journal, parce que papa « na » son journal. La maman a une robe à 20 francs et ne veut pas que son marmot la lui déchire; le journal ne coûte que 6 F, il y a économie, l'abonnement déboule. » Honoré de BALZAC, (La Comédie humaine, Scènes de la vie de province, Les Parisiens en province, L'lllustre Gaudissart.) D'autre part, la législation sur la presse entre 1815 et 1848 imposait aux journaux, même non politiques, l'obligation de la censure préalable et du timbre, c'est-à-dire une taxe sur chaque numéro, ce qui limitait nécessairement le tirage. L'appel à la publicité était quasi inexistant dans la presse enfantine. Il fallait donc que le prix de vente couvre tous les frais : impression, timbre, diffusion, sans compter la marge bénéficiaire, d'où des tarifs d'abonnement relativement élevés. Si l'on considère que le salaire annuel moyen d'un ouvrier, à l'époque, variait entre 590 et 490 F soit 3 F à I,50 F de salaire journalier, celui des femmes entre I,50 F et 1 F et celui des enfants entre 0,80 F et 0,50 F, qu'il fallait compter au minimum 1 F par jour et par personne pour se nourrir, sans compter les autres frais, le journal le moins cher l'était encore trop. Les ouvriers agricoles et les petits paysans étaient à peu près dans la même situation. De ce fait, malgré les progrès de l'instruction, donc l'accroissement du public potentiel de ces journaux (en 1817 on comptait au total 866 ooo élèves dans les écoles primaires, 1 939 000 en 1832 et 4 530 000 en 1847), ils étaient peu diffusés hors des classes possédantes. Il faut également tenir compte du fait qu'à l'époque la personnalité originale de l'enfant n'intéressait guère, a fortiori le développement de ses facultés intellectuelles autres que fonctionnelles. Notons que l'abolition par l'éphémère Seconde République de la censure et du timbre provoqua une baisse sensible des tarifs : « Jusqu'à ce jour, les lois sur la presse ne permettaient pas de publier plus d'une fois par mois, même lorsqu'il était tout à fait étranger à la politique, un journal, sans qu'il y eut obligation d'en augmenter le prix en raison du timbre, de façon à priver la classe populaire d'un journal qui, sous une forme récréative et amusante, répandit dans toutes les classes l'amour du bien, du travail et du beau, qui instruisit tout en moralisant le lecteur. » (n° 2I). Ce même « Journal des enfants » put ainsi créer une édition populaire bi-hebdomadaire à 10 centimes le numéro.
« Bon génie des enfants », « Courrier des enfants », « Journal de la jeunesse », « Tribune de la jeunesse française ». Quelle jeunesse ? Quels enfants ? Ceux dont les parents jouissaient de revenus confortables, ceux qui avaient le temps de lire parce qu'ils n'avaient à travailler ni à la ferme, ni à l'atelier. Voilà une jeunesse singulièrement réduite; c'est le petit nombre des enfants riches, bourgeois ou aristocrates, enfants des classes dirigeantes. D'ailleurs certains journaux l'affirmaient hautement : « Tous les enfants des classes supérieures de la société voient des journaux à la maison... » annonce le prospectus du « Bon génie » (n° 8).
Cette jeunesse sera un jour l'élite de la nation. Il faut préparer les enfants le plus tôt possible à maintenir ce privilège, donc développer en eux les « qualités » nécessaires pour bien jouer leur rôle. « C'est une bonne chose que d'initier à un peu de positif et de réalité de jeunes esprits dont les idées ne se faussent souvent que par l'habitude généralement prise de les tenir à l'écart... » (n° 28). Les journaux pour la jeunesse offrent d'aider les parents ou les maîtres à mener à bien l'éducation des enfants. « Bien qu'il y ait plusieurs feuilles spécialement réservées au jeune âge, les chefs de famille demandent encore, pour le mettre entre les mains de leurs enfants un recueil périodique qui les intéresse et développe en eux les qualités intellectuelles par l'enseignement de l'histoire, de la littérature et des sciences, qui agrandisse leur âme par les sublimes vérités de la religion et forme leur cœur à la pratique des vertus qui font le citoyen et le chrétien modèle... » (n° 29). « Dans la part laissée à l'imagination, nous devons nous appliquer à ne pas éblouir les yeux de notre jeune public par l'éclat fantastique d'un monde idéal, mais à lui présenter sans cesse et sous toutes ses formes l'image du vrai » (n° 35).
La religion est le premier principe d'une bonne éducation. De Géronval affirme, dans le « Nouveau mentor de l'adolescence et de la jeunesse » (n° 6) que « l'éducation ne peut être faite convenablement sans le secours de la religion ». Tous les journaux pour la jeunesse de la période qui nous intéresse comportent des articles, des chroniques d'histoire religieuse ou des extraits de la Bible. Certains, qui proposent des sujets de devoirs à leurs lecteurs, offrent des thèmes religieux tel l' « Eraste » (n° 25) : « donner une preuve de l'existence de Dieu », tel « L'Abeille française » (n° 12) : « de la spiritualité de l'âme ». On exalte la toute-puissance divine à travers des réalisations de l'intelligence humaine. Aux jeunes filles on enseigne leurs devoirs de chrétiennes. La « gloire de Dieu » et la « divine Providence » sont souvent célébrées. On cite en exemple des enfants prodiges tel François Cordoue qui, à vingt ans, connaissait la Bible par cœur (n° 36) ou cette jeune Isaure qui abandonne son fiancé pour suivre son père en Terre Sainte et aider à la conversion des Infidèles.
Indissociable de la religion est la morale. Les biographies de célébrités d'une haute vertu comme le Duc de Bourgogne, les contes moraux sont destinés à combattre les « mauvais penchants » de l'enfance. Les récits abondent en couples opposés, vaniteux/modeste, avare/généreux, étourdi/réfléchi, paresseux/travailleur, méchant/bon, désobéissant/obéissant etc. : grâce à l'expérience d'une vie mouvementée et parfois tragique et à l'exemple, ces enfants aux mauvaises inclinations deviennent des modèles de vertu. Mais il ne suffit pas de raconter des histoires pour rendre la morale attrayante, il faut la montrer en action. Et des faits divers judicieusement choisis dans la presse d'actualité viennent compléter ces leçons : « récit du dévouement d'un médecin pendant l'épidémie de choléra de 1832 » (n° 30). Et pour bien montrer aux enfants que ce n'est pas uniquement dans les histoires que les défauts provoquent des catastrophes, on leur offre comme sujets de méditation des gazettes des tribunaux où comparaissent des enfants entraînés par leurs mauvais penchants. Certains journaux proposent des devoirs de morale à leurs jeunes lecteurs : « deux enfants désobéissant se noient, leur frère raconte le spectacle. »
Cette conduite vertueuse doit profiter d'abord à la famille de nos jeunes héros et le dévouement filial devient le thème de nombreux récits : une jeune fille renonce à son fiancé plutôt que de quitter sa mère malade mais la Providence, incarnée par une famille noble touchée par la situation de cette « intéressante famille », intervient et tout finit fort bien; après la ruine et la mort de ses parents, un frère part faire fortune aux États-Unis pour pouvoir élever sa sœur et la doter richement; un fils renonce à la fortune qu'il pouvait faire outre-atlantique pour revenir auprès de sa mère; une sœur se dépouille de toute sa fortune et rentre dans les ordres pour racheter la situation matérielle et l'âme de son frère ruiné à Paris par le jeu et la débauche.
Mais les lecteurs et lectrices ne sont pas toujours face à des situations aussi dramatiques. Pour eux l'ardeur au travail est le meilleur moyen d'exprimer leur amour pour leurs parents qui, parfois, se privent de tout pour leur donner une bonne éducation. Les enfants nobles ou fortunés ne sont pas dispensés d'étudier avec zèle. Un revers de fortune peut les amener dans des situations semblables à celles de leurs condisciples, ces modèles d'application qui sont d'autant plus appliqués que leur origine sociale est modeste. Le goût du travail ne doit pas se perdre une fois quittés les bancs de l'école. On nous offre des histoires qui opposent ce jeune homme sage, consciencieux et prévoyant qui « réussit » grâce à son travail à acquérir une bonne fortune, un rang envié dans la société au jeune prodigue qui dissipe son argent dans une vie fastueuse qui le mène au bord de la déchéance; alors le premier sauve le second qui découvre enfin les vertus du travail. Ailleurs un père ruiné par suite d'une spéculation financière ou commerciale malheureuse, de la duplicité d'un associé, d'un événement politique voit sa situation redressée grâce au labeur de son fils. On peut remarquer que ces beaux modèles exercent leur talent dans le commerce et les affaires, la magistrature ou l'exploitation des colonies et qu'ils ne deviennent jamais ramoneurs, ni porteurs d'eau, ni bergers et qu'ils sont très rarement réduits à la mendicité. Ces métiers sont l'apanage des enfants des classes pauvres, des petits immigrés piémontais ou savoyards qui viennent jouer de l'orgue de barbarie ou montrer leur marmotte dans les grandes villes parce que leurs parents ne peuvent plus les nourrir. L'exploitation des petits ramoneurs par leur « maître » n'est dénoncée que pour inciter les lecteurs à la charité. Quant à ce fils qui reste avec son père au fond d'une galerie de mine effondrée, on exalte son courage et sa fermeté d'âme, on déplore qu'il ne puisse jouir des plaisirs de son âge mais, en définitive, on ne peut rien changer... De même, les jeunes filles que l'adversité oblige à travailler ne vendent pas d'allumettes : elles brodent, elles cousent ou deviennent gouvernantes de vertueux enfants. Ainsi chacun reste à sa place et, à la fin de leurs aventures, ces enfants retrouvent la fortune et la position que l'adversité leur avait momentanément ôtées.
La hiérarchie sociale est préservée de tout bouleversement par ces leçons de conservatisme. Un extrait d'un récit du « Journal des demoiselles » (n° 26) intitulé « la Mendiante » est significatif à cet égard :
« Une pauvre mendiante à sa mère :
- Où allons-nous si tard ?
- Dans le quartier des riches mon enfant. Ici, tout dort ou souffre le froid et la faim... là-bas, tout veille et jouit des plaisirs de la vie...
- Pourquoi cela ?
- Parce que Dieu le veut... »
Les cas d'ascension sociale sont assez rares. Là, un commis chez un négociant devient propriétaire d'une mine de charbon et donc fort riche mais il reste bourgeois, ne recherche pas une fausse noblesse. Ailleurs une jeune fille à qui des mérites attirent la bienveillance d'un jeune fortuné, devient cettte épouse docile, modeste et vertueuse qu'il cherchait. Tout ceci reflète assez bien l'esprit de la Restauration et sa tentative d'effacer l'esprit de la Révolution et de l'Empire. Madame de Genlis déplore que « le peuple ait perdu sa bonhomie et son urbanité dans la tourmente révolutionnaire, pour devenir menaçant et séditieux »; elle ironise sur « ces écoliers qui abandonnent le latin pour instruire leur maître des droits de l'homme, sur les femmes que la pudeur ne fait plus rougir mais qui se mettent en fureur à propos des idées libérales » (n° I). D'un autre côté, on nous montre des paysans qui honorent leur seigneur (n° 4). On célèbre leur frugalité, leur heureux caractère qui n'est pas dégradé par le contact du monde, la gentillesse de leurs enfants qui n'hésitent pas à mettre leur vie en danger pour sauver celle du fils du propriétaire. Bien sûr, grâce aux principes de la Révolution, l'instruction a progressé et c'est un bien, mais c'est la seule modification digne d'être signalée aux enfants. Dans le « Journal des jeunes personnes » (n° 27), on trouve un panégyrique en bonne forme de la classe ouvrière (dont on reconnaît l'existence sans préciser que c'est un fait nouveau), « classe à laquelle il faut bien peu pour vivre » et qui exerce la vraie charité et non la charité hypocrite des riches. Et on peut lire (n° 46) : « Il y a dans la société des classes humblement soumises à des professions difficiles, répugnantes mais nécessaires, et qui n'ont même pas pour dédommagement un salaire compensateur. On doit donc au moins de la reconnaissance aux hommes qui ont accepté cette part repoussée par tant d'autres... Parmi les métiers dont il s'agit, nous citerons, non comme le plus antipathique au goût naturel, mais comme l'un des plus dangereux, celui de mineur... Et parmi les ouvriers mineurs, il se trouve des pauvres enfants qui partagent cette vie rude et sombre... Ces pauvres enfants ne connaissent pas les charmants profits de la jeunesse. » Sans doute est-il courageux de signaler ces faits! Et pour compléter cette « émouvante peinture » de la classe ouvrière, on peut ajouter un article intitulé « Les ouvriers poètes » (n° 55) : « Nous vivons une époque où les plus grandes et les plus fertiles ressources nous sont offertes pour acquérir de l'instruction; les simples ouvriers eux-mêmes ont des écoles répandues dans toute la France, multipliées dans chaque département pour les instruire. L'instruction adoucit les mœurs, elle offre des délassements à un travail pénible, elle console des adversités de la vie... » Et on nous cite, comme exemples de ces ouvriers que l'instruction a rendus poètes : Magu, ouvrier tisserand à Meaux; Reboul, boulanger à Nîmes; Th. Lebreton, tisserand à Rouen et Jasmin, coiffeur à Agen, qui écrit en patois languedocien et dont Émile Deschamps a traduit les poèmes...
Le problème de l'esclavage ne reste pas inconnu aux enfants. L' « Ami de la jeunesse et de la famille » (n° 9) le condamne violemment dans une rubrique spéciale intitulée « cruauté de la traite des Noirs » : il ne suffit pas d'être un « bon maître », puisque les Noirs sont nos frères, il faut les affranchir. Mais cette logique n'est pas suivie par tout le monde. Dans le « Magasin des enfants » (n° 39), un conte intitulé « les Petites créoles » évoque les préjugés esclavagistes des planteurs des Antilles : « les Noirs sont nos frères car comme nous l'œuvre de Dieu », dit la mère à ses enfants, ce qui n'empêche pas le père de les maltraiter, sans doute en vertu de l'adage « qui aime bien, châtie bien ». Comme avec les classes dites « inférieures » on préfère le paternalisme conservateur à n'importe quel progrès.
La charité « délicate » préconisée par Mme de Genlis peut apporter quelque soulagement aux plus défavorisés. Non seulement on fait l'aumône mais on assure l'éducation « d'un intéressant petit ramoneur », on fait des démarches auprès des autorités pour qu'un petit allumeur de réverbères conserve la place de son père mort accidentellement, on achète des allumettes à une fillette et on les oublie intentionnellement ; ces exemples pourraient être multipliés. Mais n'est-il pas à plaindre ce jeune homme que sa situation sociale empêche de donner à un pauvre autre chose que de l'argent alors que l'ouvrier peut partager avec l'indigent sa pitance et sa paillasse parce qu'il n'est pas dans une position sociale plus élevée ? (cf. « Journal des jeunes Personnes » de 1848 (n° 27)).
Quant à l'argent, on n'en parle pas explicitement mais le pauvre est méprisé voire repoussé, le noble ruiné perd la considération du monde. Si la noblesse rentière garde « le haut du pavé », les négociants, les industriels du charbon, du textile ou de la métallurgie sont considérés et les jeunes gens en mal de fortune ne dédaignent pas de telles professions même quand ils ont un nom à particule.
Seule la finance, souvent assimilée à l'usure, est repoussée; on la regarde comme le « commerce du malheur d'autrui » (cf. Le Vieux Conteur, n° 4). Les faillites qui permettent à nos vertueux modèles de montrer leurs talents sont assez souvent dues à une opération financière malheureuse. A travers ses journaux, l'enfant peut dont sentir que la valeur personnelle n'est reconnue que si elle s'appuie sur une fortune appréciable.
Au sommet de la hiérarchie, se trouve la famille royale. Alors que dans les récits qui se passent avant la Révolution, on voit le roi intervenir en souverain omnipotent qui rend justice à ses sujets, la royauté contemporaine a perdu cette aura absolutiste. Elle apparaît d'ailleurs rarement : à l'occasion de la distribution des prix des Concours généraux et de la présentation des lauréats au Roi, un jeune élève, par l'intermédiaire du Prince, obtient du Roi la réhabilitation de son père; en fait on ne célèbre le Roi que pour obtenir la sortie du journal ou parfois un abonnement pour le jeune Duc de Bordeaux, ce qui est une excellente publicité.
Cette vue un peu mesquine de la royauté n'est guère relevée par l'appel au civisme et au patriotisme. Hormis les conquêtes coloniales et les interventions en Grèce ou en Espagne, c'est une période qui contraste vigoureusement avec l'Empire par une politique étrangère fort pacifique : le présent ne peut guère absorber l'ardeur belliqueuse d'une jeunesse qui serait avide d'honneurs. Alors on détourne les jeunes garçons vers la gloire plus modeste de la réussite sociale. Néanmoins, la mort de Napoléon en 182I va permettre de distraire les enfants, tout au moins les garçons, avec les hauts faits des armées de l'Empereur. A partir de 1831 avec « La bonne Marguerite et Napoléon » extrait de Constant dans « l'Utile et l'Agréable » va commencer la légende impériale racontée aux enfants. Dans le « Journal des Enfants », dès 1832 ces futurs commerçants ou fonctionnaires peuvent rêver avec « Les Récréations de l'École Militaire », « le Petit Napoléon » de Desmarés ou « l'Écolier de Brienne » de Léon Guérin.
L'histoire qui dans les années précédant la guerre de 1914 sera le support d'un patriotisme quelque peu belliqueux, n'est, dans les années 1815/1848 que le support de la morale, voire de la religion. Dans leurs journaux, les enfants apprennent les grandes époques de l'histoire de France, les chroniques médiévales où Tristan, Isaure, Rollon ou Olivier rivalisaient de gloire, où le clergé œuvrait pour le bien commun. On leur peint l'Antiquité : l'Égypte encore mystérieuse avec ses hiéroglyphes secrets et ses prêtres tout-puissants; Néron, Alexandre, Persée et la mythologie gréco-romaine qui devient l'aube du christianisme. Tous les héros sont, bien entendu, la perfection incarnée; leur défaite même est encore une victoire (Roland à Roncevaux dans « Le Chroniqueur de la jeunesse des deux sexes; n° 23). On les promène de monuments en monuments qui s'animent des fastes de François Ier à Fontainebleau, des activités mystérieuses de Nicolas Flamel à l'ombre de saint Jacques de la Boucherie, des malheurs du Dauphin et de Marie-Antoinette au Temple, du départ de saint Louis à Aigues-Mortes. Ce n'est pas seulement des monuments français qu'on nous entretient, mais également des Pyramides d'Égypte en particulier au moment où l'obélisque de Louqsor est érigé à Paris; enfin, les jours et les mois sont féconds en anniversaires des faits célèbres de l'histoire de France et les éphémérides abondent; tout cela pour faire comprendre aux enfants que, si les Grands de l'histoire ont tous été vertueux, a fortiori ils doivent l'être également. Et les biographies d'illustres personnages sont là pour encourager ce jeune public à être ce que parents et autorités veulent qu'il soit, vraisemblablement parce que c'est la seule façon pour eux d'accéder un jour à la célébrité! Les sujets de devoirs viennent aider les enfants à ne pas oublier ce qu'ils ont lu : « que savez-vous de la lutte entre François Ier et Charles Quint ? »
Géographie et récits de voyage complètent les excursions historiques en France et ailleurs. On promène les enfants aux quatre coins du monde; on leur décrit les us et coutumes des habitants des pays visités mais on n'oublie pas de leur vanter le courage des hardis navigateurs et des colons qui ont soumis ces pays. On leur fait admirer le Rocher de Gibraltar dans le « Tour du monde pittoresque » de Soulié et Reybaud (n° 38). Ils voyagent avec Marco-Polo (n° 35), avec Dumont d'Urville au pôle sud et en Océanie (n° 56), en Guinée en 1785/1786 (n° 16), à Tombouctou (n° 17). Ils remontent le cours du Niger et l'explorent entre Yaouré et la côte de Benin (n° 18). Ils visitent les Pyramides, la Grande Muraille de Chine, Londres... Ils suivent les « Aventures de Gervais le voyageur, d'après un ouvrage traduit du normand sur le manuscrit original » (n° 24). Ce n'est pas tout de connaître le monde, il faut aussi décrire leur pays à ces jeunes Français qui n'ont pas tous l'occasion de voyager. On les embarque sur un bateau à vapeur de Paris à Rouen ce qui permet de « glisser » les ressources agricoles de l'Ile de France; on leur propose « la France par provinces et départements en vers techniques » (n° 24). L'Algérie étant devenue « province française » on leur décrit (n° 58) et on leur expose comment vivent les Algériens (n° 27).
A travers ces récits de voyages et, également les récits de regain de fortune, on peut dégager les grands courants d'émigration vers les pays neufs : les deux Amériques qui sont les pays les plus souvent cités, les Indes, l'Australie (où les colons sont en but aux sévices des forçats évadés). L'Afrique reste hors des courants d'émigration même après la conquête de l'Algérie. Et comme la religion est omniprésente, les récits de missionnaires ne sont pas négligés. Dans sa « chronique des missions », l'« Ami de la jeunesse et de la famille » (n° 9) nous instruit des progrès de la foi évangélique victorieuse de l'obscurantisme païen. Et le « Magasin des Enfants » (n° 72) conte les exploits de l'œuvre de la sainte Enfance. Les journaux se chargeant également d'instruire; les devoirs de géographie ne sont pas oubliés : « voyage de Paris à Saint-Cloud par eau (bateau à vapeur) et retour par terre » (n° II).
Les sciences et les techniques complètent l'éventail des connaissances utiles. Elles comprennent les découvertes anciennes ou récentes et leur histoire, l'actualité scientifique et technique, l'industrie et l'agriculture, les sciences physiques et naturelles. La grande préoccupation technique de l'époque, c'est évidemment la vapeur et ses applications : aussi bien la navigation (n° 10), que « la voiture à vapeur » avec la relation du parcours Manchester-Liverpool par la première locomotive (n° 22). On décrit à ces futurs usagers l'implantation de la première gare de chemin de fer à Paris pour la ligne Paris-Saint-Germain ou l'inauguration du chemin de fer de Paris à Tours (n° 20). Alors on leur fait étudier le « calorique ». En sciences physiques, un dialogue entre un père et son fils les initie aux propriétés des corps, à leur structure (n° 10). On leur propose des devoirs tels que : « Qu'est-ce que le mouvement, l'inertie ? Que savez-vous du soufre ? Quelles sont les utilisations du chlore? L'histoire des sciences est illustrée de biographies de savants: Franklin, Papin, Pascal, etc. La « Gazette des enfants et des jeunes personnes » (n° 38) s'intéresse à la théorie du feu et aux voyages dans les airs. L'« Abeille des demoiselles » (n° 18) donne un Tableau allégorique pour la nécessité des sciences et des techniques. Mais c'est surtout l'histoire naturelle qui domine avec des descriptions de plantes et d'animaux. Les auteurs de ces chroniques sont parfois inattendus comme Chateaubriand qui nous explique la signification des cris des animaux dans « l'Utile et l'Agréable » (n° 13). Des illustrations agrémentent ces « leçons de chose ».
Enfin les arts parfont l'éducation des lecteurs. Comme leurs parents sont plutôt des gens du monde, ils fréquentent les salons de peinture et parfois les artistes eux-mêmes. L'art leur est donc quelque chose de familier. La critique de l'art contemporain, Ingres, H. Vernet côtoie la biographie des illustres prédécesseurs, Rubens, Philippe de Champaigne. Le maniement du pinceau et des couleurs étant un passe-temps admis, on initie les lecteurs aux secrets du dessin, de la peinture ou de la gravure. La musique est également présente par des biographies de musiciens et des comptes rendus de concerts : des planches de musique hors-texte sont offertes aux jeunes musiciens. Le théâtre provoque des controverses même s'il ne s'agit que du Gymnase Enfantin ou du Petit Théâtre de M. Comte. Et quand un journal est moins censeur que son voisin, il rend compte de pièces qui sans être particulièrement adressées aux jeunes personnes et aux jeunes gens, leur sont conseillées (n° 26).
Comme on ne peut pas occuper un enfant toute la journée avec l'étude, le catéchisme et les semonces morales, on le récompense de son assiduité en offrant de le distraire. On lui raconte comment jouent les enfants du monde et comment jouaient ceux de l'Antiquité. Un seul journal s'est consacré uniquement aux loisirs des enfants : « La Récréation » (n° 3I); il propose des jeux et des activités manuelles : construction d'un cerf-volant, d'un jet-d'eau, d'une lanterne magique, des charades à jouer entre amis etc. Les autres donnent presque uniquement des travaux d'aiguille ou pièces de musique, des charades ou des rébus, ce qui n'est guère propice à la distraction en société. Ce sont plus des loisirs utiles que des amusements « gratuits ».
Et si l'enfant croit que les contes et historiettes vont l'entraîner dans une aventure extraordinaire, vers des pays imaginaires, il se trompe. Le « Journal des enfants » (n° 20) en donne quelques-uns : Louis Desnoyers raconte aux enfants Les Aventures amphibies de Robert Robert et de son fidèle compagnon Toussaint Lavenette où les chapitres abondent en situations cocasses : « Où l'on voit entre autres choses mirobolantes comme quoi, par cette cause qu'un imprudent s'était laissé choir à la mer en s'accrochant maladroitement au petit bout d'un des cordages de « la Rapide », le monde entier risqua d'être ébranlé jusqu'en ses fondements » et dans la même veine sont les Aventures de Jean-Paul Choppart du même auteur. L'enfant peut alors rire du ridicule compagnon de Robert Robert ou des animaux étranges et singulièrement bavards créés par Alexandre Dumas dans Jacques Ier et Jacques II. Quant à cette population de fées, de fantômes, d'ogres, d'animaux extraordinaires ou de maisons mystérieuses, tout ce monde étrange, effrayant ou grotesque ne figure que fort peu dans ces journaux. On préfère montrer des petits mannequins parfaits à tous points de vue, qui vivent comme des adultes en réduction, qui parlent bien et que l'imaginaire ne semble pas attirer. Ils sont déjà polis par la société et ont perdu toute spontanéité qui ne se manifeste que par des incartades répréhensibles. On est presque à la limite de la caricature tellement ces petits anges de vertu sont quelquefois ridicules dans leur déguisement d'adulte.
D'ailleurs, la littérature qui est proposée aux enfants est souvent l'oeuvre de grandes personnes qui ne sont pas spécialisées dans les récits pour enfants. De ce fait les récits de ces journaux se ressentent des courants de la littérature des adultes. Le roman historique repose sur une certaine conception de l'histoire qui devient, comme nous l'avons vu plus haut, le prétexte à moraliser la jeunesse en lui soumettant des exemples illustres. Le roman sentimental fleurit surtout dans les journaux qui s'adressent aux jeunes filles et est également le prétexte à des leçons de morale. Il est généralement rempli de bons conseils pour les jeunes filles à marier. Le roman noir est inexistant. La littérature contemporaine apparaît surtout dans les poésies que l'on choisit à l'intention du jeune public : les extraits de Lamartine, Victor Hugo, de Théophile Gautier sont assez nombreux. Et à partir de 1820 les auteurs en vogue pour les adultes sont tous cités comme collaborateurs des journaux essentiellement à des fins publicitaires; les extraits originaux des collaborateurs cités sont fort rares. On se contente d'insérer des œuvres déjà connues. On voit donc les grands noms du romantisme acceptés assez rapidement, de Soumet à Hugo. On note même dans « l'Image » (n° 71) les débuts de « Parnasse » avec un extrait de Delille (Les trois règnes de la nature). Ceci uniquement pour les poètes, les romanciers tels qu'Alphonse Karr, Frédéric Soulié, etc. donnent des récits complets écrits à l'intention des enfants.
Si les lecteurs peuvent suivre assez aisément l'évolution de la littérature contemporaine ou des arts plastiques, il leur est beaucoup plus difficile de se faire une idée de l'actualité plus proprement politique. La plupart des journaux se veulent « absolument étrangers à la politique, indépendants de toute influence de parti ». D'autres admettent « de faire mention, parmi les faits de la semaine, de tous ceux qui seront de nature à intéresser le cœur ou l'esprit de nos jeunes lecteurs. Ils ne resteront pas étrangers aux événements contemporains, ils y participeront par la pensée, dans la proportion qui convient à leur âge ». Ces faits dûment sélectionnés sont surtout les événements marquants qui surviennent dans la famille royale. On célèbre la naissance du Duc de Bordeaux, l'anniversaire de Louis XVIII, on écrit un Dithyrambe à son Altesse Royale le Prince d'Angoulême sur la pacification de l'Espagne (n° 7); à l'occasion du sacre de Charles X, on fait lire aux enfants un extrait du « Chant du Sacre » de Lamartine (n° 5). La politique extérieure n'est qu'effleurée, et chose assez curieuse, la conquête de l'Algérie n'est guère commentée, à peine signalée. Par contre les catastrophes comme le déraillement du chemin de fer de Versailles où périt Dumont d'Urville en 1842 ou l'attentat de Fontainebleau sont largement développés. Les événements de 1848 sont ignorés de la plupart de nos journaux et ceux qui en parlent sont, fait assez curieux, destinés aux jeunes filles : « 22 février-Ier mars : des siècles séparent ces deux dates... Sous un gouvernement qui proclame le règne de l'intelligence et du travail, les femmes ont aussi leur part à réclamer » (n° 37) ou « Un grand acte de justice vient de s'accomplir : le peuple a brisé ses chaînes, il est libre!... Vous devez regretter votre éloignement de notre héroïque capitale. C'est ici que vous auriez admiré la valeur, la puissance du peuple pendant le combat, sa générosité, son désintéressement après la victoire. De quelle probité les vainqueurs n'ont-ils pas donné des preuves! et cependant ils avaient faim, leurs visages étaient hâves; leurs familles souffraient, attendaient et ils allaient rentrer chez eux, riches seulement d'une victoire... » (n° 70). Mais ces prises de position sont exceptionnelles et on préfère offrir aux enfants et adolescents des faits divers tels que des découvertes d'enfants sauvages que l'on envoie au Jardin des plantes, des accidents qui permettent à des enfants de s'illustrer.
En définitive, dans ces journaux pour enfants, le principal intéressé est rarement en scène seul; des mentors bienveillants sont là pour le conseiller, l'encourager, veiller sur lui, ce qui revient à manipuler le héros tout en ayant l'air de lui laisser toute liberté d'agir sauf bien sûr des exceptions. Il semble que les adultes aient hâte de voir les enfants devenir raisonnables comme eux le sont, l'état enfantin étant encore, malgré Rousseau et Locke, considéré presque comme une tare dont il faut défaire l'individu le plus vite possible pour son plus grand bien. Et ceci transparaît bien dans les systèmes d'éducation en vigueur pour les garçons et les filles, systèmes que l'on peut analyser à travers les prospectus et les contenus des journaux. La plupart des journaux s'adressent aux deux sexes. Il s'en trouve néanmoins quelques-uns qui sont faits plus particulièrement à l'intention des jeunes filles ou des jeunes garçons.
L'enseignement public féminin n'existe qu'au niveau du primaire, les écoles communales admettant les classes mixtes faute d'argent. Une fois terminé ce cycle (quand on le leur fait suivre), les jeunes filles devaient compléter leur instruction et leur éducation dans des établissements privés ou des couvents. En fait « la jeune fille de bonne famille » ne fréquentait pas l'école primaire. Elle était éduquée par sa mère qui lui payait ou non les leçons d'un précepteur ou de professeurs spécialisés notamment pour le chant, la musique, la danse ou le dessin. Aussi les journaux pour demoiselles donnent-ils des programmes d'instruction et d'éducation. Celui du « Journal des demoiselles » (n° 26) est assez représentatif du genre :
Instruction : histoire, géographie, histoire naturelle, physique, chimie, botanique, droit, hygiène.
Littérature française : comptes rendus des ouvrages nouveaux qui peuvent être lus par les demoiselles.
Littérature étrangère : notice sur la vie et les ouvrages des auteurs célèbres.
Éducation : « devoirs de chrétienne, de fille, de sœur, d'épouse et de mère enseignés sous forme de contes, nouvelles, mélanges, poésies ou leçons de morale adaptées à toutes les situations de la vie. »
Revue des théâtres : analyses des pièces nouvelles que les demoiselles peuvent aller voir.
Arts : dessin, peinture, musique, broderie, tricot, tapisserie, modèles de robes, bonnets, ouvrages divers.
Économie domestique : art culinaire, soins et direction d'une maison...
Éphémérides.
Mosaïques.
Musique.
La plupart des journaux pour jeunes filles ne s'intéressent à elles qu'en tant que futures mères et épouses.
Pourtant certains polémiquent autour du problème de l'éducation en fonction du rôle social que la femme doit jouer et dans les années 1840 des revendications « féministes » apparaissent. Il n'est pas encore question d'émancipation de la femme ni d'égalité des sexes mais de l'importance de la fonction sociale de la femme qui a la charge de l'éducation des enfants, charge à laquelle il faut préparer la fillette. Le plus typique est le « Journal des mères et des jeunes filles » (n° 57) dont l'épigraphe, signée Fénelon, donne le ton et la position : « L'éducation des femmes est plus importante que celle des hommes puisque cclle des hommes est toujours leur ouvrage ». Et le prospectus annonce : « Persuader aux femmes que Dieu, en leur confiant la vie physique et la vie morale de l'humanité leur a départi les meilleures et les plus utiles fonctions de l'existence terrestre, les rendre dignes de faire selon l'intention du créateur cette éducation de l'âme de l'enfant d'où dépendent les destinées du genre humain, telle est la pensée fondamentale de notre œuvre... » Ceci peut paraître bien conservateur mais il était le seul journal à avoir des rubriques suivies sur le droit des femmes « par Paul Huot avocat » et sur l'hygiène des femmes et des enfants. Comme nous l'avons vu précédemment seule la presse pour les jeunes filles avait signalé les événements de 1848 et certains avec beaucoup de lyrisme comme le « Moniteur des demoiselles » (n° 70) : « Les journées de février ont ébranlé l'Europe. Les trônes chancellent. Il semble que la France républicaine ait jeté ce cri : « aux armes Pologne! lève-toi Italie! Allemagne secoue tes chaînes! Irlande ne gémis plus! combats! Tous l'ont entendu; tous se sont levés. Aux quatre coins du monde la liberté s'éveille... A présent si vous voyiez nos belles dolentes aux joues naguère pâles et amaigries, vous ne les reconnaitriez pas. Elles lisent la politique, elles discutent les questions les plus ardues du moment avec un feu qui colore leurs joues charmantes et qui honore leur patriotisme ».
Mais quel qu'il soit, aucun de ces journaux n'oublie de parler de la mode, l'élégance étant la qualité première exigée des jeunes filles. Tous ont une rubrique spéciale consacrée aux toilettes et à la beauté avec des gravures de mode en couleurs. Ces gravures offrent toutes le même type de « mannequin » même si les dessins sont des personnes différentes et ils ressemblent fort aux gravures figurant dans les journaux adressés aux femmes.
Quant à la forme des rubriques, ce sont surtout des récits brefs, des dialogues entre parents et enfants, des exposés didactiques, et ceci pour tous les sujets. Le roman est pratiquement inexistant dans la presse destinée aux jeunes personnes où il a d'ailleurs très mauvaise réputation : « S'il vous est permis d'être moins savantes que vos frères, il vous est enjoint d'être plus scrupuleuses sur le choix de vos lectures; aussi est-ce avec raison que vos mères prudentes écartent de vos yeux certains feuilletons des journaux quotidiens qui n'ont point été écrits à votre intention. Le roman, cette pierre fausse de la littérature du jour, pourrait égarer votre jugement en vous représentant le monde et la société sous un point de vue erroné » (n° 67). Les chroniques de mode et les « leçons » de broderie figurent le plus souvent sous forme de correspondance.
Quant aux fils de familles aisées (qui constituent l'essentiel du public de nos journaux), ils suivent le cycle « primaire-secondaire-supérieur ». Leur éducation est donc assurée hors de la famille par l'enseignement public ou privé, sauf pour ceux qui ont un précepteur chargé de préparer l'enfant à entrer au lycée. Les journaux qui s'adressent uniquement aux garçons se préoccupent de leur éducation, de les préparer à leur vie sociale future. Avec eux on pénètre dans les collèges; on assiste aux rivalités entre élèves, aux distributions des prix des concours généraux, etc. Le lecteur apprend ce qu'est « le trafic des élèves à grands moyens» : ce sont des enfants pauvres et intelligents, qui ont appris les rudiments auprès du curé de la paroisse; le curé les signale à un grand collège dont il connaît plus ou moins le directeur : ils entrent au collège, sont entièrement pris à charge à condition de devenir des élèves remarquables; remportant des prix aux concours généraux, font ainsi une excellente publicité au collège et à ses méthodes pédagogiques, lequel s'empresse de ne plus s'en occuper une fois qu'ils ont quitté l'établissement, après leur cycle d'études (n° 20). Certaines publications se sont spécialisées dans les comptes rendus des palmarès de fin d'année et dans les nouvelles des grands lycées et collèges : on y trouve les noms des meilleures élèves de chaque grand établissement, les sujets et les textes des compositions des lauréats, des articles sur les problèmes de l'enseignement, etc. (cf. n° 08, 32, 44, 45, 64).
En fait pour les garçons il s'agit plus de leur donner des leçons de morale à l'usage de situations plus ou moins difficiles auxquelles ils pourraient avoir à faire face que de les instruire véritablement : travail, application, modération et autres vertus sont mises en scène pour l'édification de ces jeunes gens. On peut noter qu'un journal s'est préoccupé plus particulièrement de « formation sociale»: « nous nous proposons d'initier les jeunes gens à la vie sociale, et de les aider à résoudre le plus important de tous les problèmes, celui de faire fortune ou d'accroître ses revenus » (n° 54). Et il propose un programme où se mêlent le droit, la comptabilité, la « tenue des livres », « les actes sous seing privé » etc. Hormis le jeu pour les très jeunes, il n'est guère question de futilités pour les garçons : la mode, les divertissements sont exclus de leurs journaux. Et si l'on apprend aux jeunes filles à faire de bonnes épouses, on encourage les garçons à être des élèves appliqués, des étudiants brillants et sages, l'honneur et la fierté de leur famille, et fort peu à être « bon mari » ou « bon père de famille ».
Mais, à côté de cette presse purement enfantine, où les héros et les héroïnes, enfants ou adolescents, sont d'invraisemblables petites perfections de cire, on trouve très vivante, voire violente, une presse estudiantine, fort peu nombreuse à vrai dire (nos 42, 43, 73, 75, 76). Elle s'adresse aux élèves des grandes écoles et des facultés mais également à ceux des grandes classes des lycées. Les premières publications que nous avons retrouvées (nos42-43), ont été créées à des fins très corporatistes : défendre la gent étudiante, ses privilèges, dénoncer les abus d'examens : « intérêts moraux, matériels, spéciaux à l'instruction publique, communs à tous les habitants du quartier des Écoles, toutes ces questions sont de notre ressort » (n° 42). Silencieux pendant une dizaine d'années, les journaux étudiants reprennent dans les années 1847-1848. Très politisés cette fois, ils se rapprochent des partis d'opposition, en particulier de l'opposition socialiste, critiquent violemment la Monarchie de Juillet, prennent fait et cause pour la IIe République et élargissent leur audience à la jeunesse entière. « A une époque où tous les partis descendent dans l'arène de la discussion, où toutes les opinions se produisent au grand jour de la publicité, nous avons cru qu'il était non seulement du droit mais encore du devoir de la jeunesse d'émettre elle aussi ses sentiments et ses opinions... N'est-ce pas à nous dont le cœur encore vierge des désillusions de la vie, dont les efforts n'ont pas été brisés par les obstacles, à nous qui, n'ayant encore rempli aucun devoir envers notre patrie, n'avons acquis aucun droit au repos, qu'il appartient de combattre pour les nobles idées de progrès au poste glorieux de l' « Avant-garde , parce que là il y a plus de fatigue à subir et de périls à braver ?... » (n° 75).
Sorti à peine du monde rose et feutré du « Magasin des enfants » ou de l' « Étoile de la jeunesse », l'adolescent était fort peu préparé à l'exaltation des publications estudiantines. S'il s'y laissait aller pendant ses études, il devait reprendre très rapidement son moule conservateur et l'imposer à son tour à ses enfants si l'on en juge par la fadeur et la chasse à l'imagination qui vont caractériser encore longtemps les publications pour la jeunesse.
Annexe
Liste chronologique des journaux pour la jeunesse de 1815 à 1848 3.
01 - LE DIMANCHE ou récréation de la jeunesse. Paris. 1815. Hebdomadaire. 15 F par an.
devient
01 - LE DIMANCHE ou récréation de la jeunesse des deux sexes. Paris. 1815. Hebdomadaire. 15 F par an.
devient
01 - LE DIMANCHE, petit journal récréatif à l'usage de la jeunesse des deux sexes. Paris. 1815. Hebdomadaire. 15 F par an.
devient
1 - LES DIMANCHES, petit journal récréatif à l'usage de la jeunesse des deux sexes. Paris. 1815-1816. Mensuel. 20 F par an. Dirigé par Mme de Genlis.
Z 20 890/92
devient
LES DIMANCHES, journal de la jeunesse. Paris. 1816. Mensuel. Rédigé par Mme de Genlis. Même côte
devient
2 - JOURNAL DE LA JEUNESSE, rédigé par Mme de Genlis. Paris. 1816-1817. Mensuel. Illustré. 20 F par an. Z 20 888/90
devient
3 - ANNALES DE LA JEUNESSE, rédigé par M. et Mme Azais, J. N. Bouilly, de Rougemont et Lefebvre. Paris. 1817. Mensuel. 36 F par an. Z 29 706
devient
4 - LE VIEUX CONTEUR, petit journal récréatif à l'usage de la jeunesse des deux sexes. Paris. 1818. Mensuel. 20 F par an. R 53 522/23
5 - LE DIMANCHE, petit journal récréatif à l'usage de la jeunesse des deux sexes. Paris. 1823-1826. Hebdomadaire. Illustré. 20 F par an. Z 20 894/903
6 - LE NOUVEAU MENTOR DE L'ADOLESCENCE ET DE LA JEUNESSE. Ouvrage périodique à l'usage des collèges, pensionnats, écoles primaires de la France et de l'étranger. Paris. Mars-septembre 1823. Hebdomadaire. Illustré. 25 F par an. Dirigé par Cartier-Vinchon. R 21 930/31
remplacé par
7 - LE PETIT COURRIER DE LA JEUNESSE, journal d'éducation. Paris. Décembre 1823. Hebdomadaire. Illustré. R 23 064
08 - ANNALES DES ÉTUDIANTS ET DE LA JEUNESSE FRANÇAISE, ouvrage périodique où se trouvent cités les écoliers qui ont remporté les prix académiques ou particuliers. Paris. 1824. Mensuel. 20 F par an.
8 - LE BON GÉNIE, journal des enfants. Paris. 1824-1829. Hebdomadaire. Illustré. 22 F par an. Dirigé par L. P. de Jussieu. R 6 103
9 - L'AMI DE LA JEUNESSE ET DE LA FAMILLE. Paris. 1825-1913. Mensuel. Illustré
Vente à la Librairie Protestante. I,50 F par an. R 23 87I/98 → 1854
R 6 547 → 1913
10 - JOURNAL DE LA JEUNESSE DE L'UN ET L'AUTRE SEXE. Paris. 1825-1826. Bi-hebdomadaire puis hebdomadaire. 25 F par an. Dirigé par Mme la Comtesse d'Hautpoul. R 23 776/77
(Repris en 1826 par l'Abeille des demoiselles, n° II.)
011 - DER KLEINE JUGEND FREUND I. Le petit ami de la jeunesse I. Strasbourg. 1826.
11 - L'ABEILLE DES DEMOISELLES, journal d'éducation. Paris. 1826--1828. Hebdomadaire. 25 F par an. Illustré. Dirigé par M. Constant Letellier.
Z 29 70I/04
12 - L'ABEILLE FRANÇAISE ou ARCHIVES DE LA JEUNESSE, journal d'éducation publié par une société de personnes attachées à l'Instruction publique. Lyon. 1828-1835. Mensuel. R 23 517/30
13 - L'UTILE ET L'AGRÉABLE, ouvrage périodique publié en faveur des jeunes personnes. Paris. 1828-1833. Bimensuel. Rédigé par D. Lévi-Alvarès. 10 F par an. R 23 160/67
devient
14 - LA MÈRE INSTITUTRICE et L'INSTITUTRICE MÈRE, journal d'éducation et d'instruction. Paris. 1834-1845. Mensuel. 10 F par an. Rédigé par D. Lévi-Alvarès
R 23 106/16
devient
15 - PLAISIR ET TRAVAIL, nouveau journal de la jeunesse, faisant suite à « La Mère institutrice »... Paris. 1845-1865. Mensuel. 10 F par an. Rédigé par D. Lévi-Alvarès. R 23 117/136
16 - JOURNAL DE L'ENFANCE, choix de lectures morales instructives et intéressantes pour la jeunesse des deux sexes. Paris. 1829. Hebdomadaire. R 39 597
017 - BULLETIN MENSUEL des compositions faites par les élèves de Mme Blanchot. Paris. 1830. Mensuel.
17 - BIBLIOTHÈQUE DE L'ENFANCE ET DE LA JEUNESSE, journal mensuel d'éducation rédigé d'après un plan laissé, par Berquin. Paris. 1831-1832. Mensuel. 5 F par trimestre. Rédigé par M. Châlons d'Argé. Z 42 916
R 23 771/72
18 - L'ABEILLE DES DEMOISELLES
change de titre pour
L'ALBUM DES DEMOISELLES. Paris. 1832. Décadaire. 24 F par an. Dirigé par Félix Dufour et Prosper Léotard. Illustré. Z 23 242
19 - ANNALES DE L'ÉDUCATION, journal destiné aux pères de famille, aux institutions et aux jeunes gens des deux sexes. St Étienne. 1832. Mensuel. 15 F par an. R 26 604
20 - JOURNAL DES ENFANTS, rédigé par toutes les sommités littéraires et enrichi de dessins composés et gravés par les meilleurs artistes. Paris. 1832-1896. Mensuel. Illustré. 6 F par an. Fondé par Lautour-Mézeray et Émile de Géradin. Z 4 264 /65
21 - JOURNAL DES ENFANTS, édition populaire. Paris. Juin-juillet 1848. Bi-hebdomadaire. 10 c le numéro. Z 1 083
22 - LE NOUVELLISTE DE LA JEUNESSE. Paris. 1832. Décadaire. 15 F par an. Publié par Pierre Blanchard. R 23 899/90I
023 - JOURNAL DES ADOLESCENTS. Paris. 1833. Mensuel. 6 F par an.
23 - LE CHRONIQUEUR DE LA JEUNESSE DES DEUX SEXES. Paris. 1833-1836. Mensuel. Illustré. 12 F par an. Dirigé par J. Daniélo. Z 20 904/06
24 - LE CONTEUR DE L'ADOLESCENCE, journal du second âge, dédié aux pères et mères de famille. Paris. 1833. Mensuel. Illustré. 6 F par an. Dirigé par J.-L. Vincent. R 23 778
25 - L'ERASTE ou L'AMI DE LA JEUNESSE, journal religieux, historique et scientifique publié sous les auspices du clergé de France. Paris. 1833. Mensuel. Illustré. 5 F par an. Publié par l'Abbé Bousquet. Z 29 705
Réédité en 1834. R 39 602
026 - MUSÉE DES ENFANTS. Paris. Impr. Aubert. 1833. illustré.
26 - JOURNAL DES DEMOISELLES. Paris. 1833-1932. Mensuel. Illustré. 6 F par an. Dirigé par Mme Fouqueau de Pussy. R 23 710/32 ter
27 - JOURNAL DES JEUNES PERSONNES. Paris. 1833-1867. Mensuel. Illustré. 6 F par an. Dirigé, à partir de 1847, par Mme Ulliac-Trémadeure.
R 23 686/708 → 1855
R 23 709; 1833/34 (réed.)
R 6 548/60 : 1855/56-1867/68 4° Z 968 : 1892-1894
Mus Vm 78 135 : 1852/65
28 - MAGASIN DES ENFANTS, journal des jeunes gens et des jeunes filles. Paris. 1833. Hebdomadaire. 20 F par an. Z 23 053
29 - LE MENTOR, journal du jeune âge dédié aux enfants des deux sexes. Paris. 1833-1835. Mensuel. Illustrations. Dirigé par Félix Desprez. 5 F par an.
R 23 774/75
30 - LE PETIT MESSAGER, journal des demoiselles, album des modes. Paris. 1833-1834. Mensuel. Illustré. 6 F par an. 8° Lc 14 29
31 - LA RÉCRÉATION, journal des écoliers. Paris. 1833-1837. Mensuel. Illustré. 8 F par an. R 48 103/07
32 - ANNALES DU LYCÉE DE LA JEUNESSE. Paris. 1834. Hebdomadaire. 36 F par an.
Z 40 438
33 - L'AMI DES ENFANTS, journal des familles. Paris. Mai-juin 1834. Mensuel. 6 F par an. R 6 835
Absorbé par le Journal des enfants (n° 20).
34 - THE CHILD'S JOURNAL, journal des enfants. Le Havre. 1834-1836. Mensuel. Rédigé entièrement en anglais. 10 F par an. R 54 596/97
35 - LA REVUE DES ENFANTS, journal d'éducation paraissant tous les dimanches. Paris. 1835-1837. Hebdomadaire. Illustré. Dirigé par Henriot. 12 F par an.
Z 4 266/67 bis
Absorbé par le Journal des enfants (n° 20).
036 - JOURNAL DE LA JEUNESSE. Paris. 1835. Mensuel. 10 F par an.
36 - LE COURRIER DES ENFANTS, sous le patronage des pères et des mères. Paris. Août-novembre 1835. Bimensuel. Illustré. Dirigé par Éléanore de Vaulabelle.
R 7 225
037 - PETIT COURRIER DES ENFANTS. Bruxelles. 1836. In-4°. Illustré.
37 - LA RUCHE, journal d'étude. Paris. 1836-1839. Reprise en 1848. Mensuel. Illustré. 12 F par an. S'adresse uniquement aux jeunes filles. Dirigé par Mmes L. Belloc et Adélaïde Montgolfier. R 49 676/79
038 - LA TRIBUNE DE LA JEUNESSE FRANÇAISE. Paris. Hebdomadaire. 1837. 24 F par an.
38 - LA GAZETTE DES ENFANTS ET DES JEUNES PERSONNES, ouvrage complet d'éducation. Paris. 1837-1839. Hebdomadaire. Illustré. Fondé par Léon Guérin.
Z 4 225/27
39 - LE MAGASIN DES ENFANTS, journal d'éducation d'après une nouvelle méthode d'enseignement. Paris. 1837-1838. Mensuel. Illustré. 10 F par an. R 42 507
040 - LE CABINET DES FÉES, seconde bibliothèque de l'enfance. Paris. 1838. Mensuel. 2,25 F par an.
040 b - LE PETIT POUCET, première bibliothèque de l'enfance. Paris. 1838. Bimensuel. 2,75 F par an.
40 - LE BON GÉNIE, petit mentor de l'enfance, dédié à S.A.R. Monseigneur le duc de Montpensier, présentant pour chaque jour de l'année une lecture morale, religieuse, historique, familière, instructive, amusante, tout à fait à la portée de l'enfance, et publié sous le patronage de la Reine. Paris. 1838-1839. Mensuel. Publié par MM. Bescherelle et Ch. Durazzo. R 29 466/67
41 - L'ANGE GARDIEN, petit journal des enfants présentant un cours complet d'éducation et d'instruction élémentaire. Paris. 1838-1839. Mensuel. 2,50 F par an. Publié par Éd. Braconnier. R 26 578
42 - L'ÉTUDIANT, journal des écoles. Paris. Janvier-octobre 1838. Hebdomadaire. 24 F par an. Z 4 330 devient
43 - LES ÉCOLES. Paris. 1838-184I. Hebdomadaire. Illustré. 18 F par an. Gérant : Latour. Z 828/29
044 - LA JEUNE MINERVE, journal d'éducation récréative. Paris. 1839. Bimensuel. 5 F par an.
44 - L'ÉMULE, gazette des collèges, des institutions et des pensions. Paris. 1839. Hebdomadaire. Dirigé par M. Cappé, docteur en droit. R 871
045 - L'ÉMULATION, journal d'instruction primaire. Verdun. 1839.
45 - L'ÉMULATION, journal de la jeunesse. Rouen. 1839. Bihebdomadaire.
Z 1 779
46 - LE DIMANCHE DES ENFANTS, journal des récréations. Paris. 1840-185I. Hebdomadaire. Illustré. 10 F par semestre. R 33 737/55
47 - LA JEUNESSE MORALE ET RELIGIEUSE. Paris. 1841. Mensuel. Illustré. 6 F par an Dirigé par Napoléon Rousset. R 39 387/88
48 - JOURNAL DU JEUNE AGE. Paris. 1841. Rédacteur en chef : Carle Ledhuy.
Z 7 974
49 - REVUE DE LA JEUNESSE, bibliothèque des jeunes gens et des jeunes personnes. Paris. 1840. Bimensuel. Illustré. 10 F par an. Dirigé par M. Auguste Humbert.
Z 21 912
50 - REVUE DES JEUNES DEMOISELLES. Londres. Août-septembre 1841. Bimensuel. 1 £ par an. Rédigé par L. de Montanclos. Z 58 896
05I - GAZETTE DU JEUDI ET DU DIMANCHE, ayant pour titre le « Saint Louis de Gonzague, recueil moral et récréatif à l'usage de l'adolescence. Avignon. 1842.
51 - L'AGE D'OR, journal de l'enfance. Paris. Janvier-septembre 1842. Illustré. 6 F par an. Mensuel. Rédigé par Joseph de Chaix. R 6 809
52 - LE BON GÉNIE DES ENFANTS. LE BON GÉNIE DE LA JEUNESSE. Paris. 1842-1843. Mensuels. Illustrés. Dirigé par M. Baterau. Rédigé par M. d'Épagny. Uniquement pour garçons. R 35 163/64
53 - GAZETTE DE LA JEUNESSE. Paris. 1842-1845. Hebdomadaire. Illustré. 20 F par an. Dirigé par Alexandre Bouché.
Z 8 869/72 Z 8 873 (édition différée)
LE MESSAGER DES DEMOISELLES.
Absorbé en août 1842 par la Gazette de la jeunesse (n° 53).
54 - JOURNAL DES JEUNES GENS, consacré à l'utile et l'agréable. Stenay. 1842. Mensuel. 8 F par an. Dirigé par P. Lajoux. Z 21 90I
55 - LES PLUS BEAUX JOURS DE LA VIE ou NOUVEAU JOURNAL DE LA JEUNESSE, instructif, moral et religieux. Paris. 1843-1844. Mensuel. Illustré. 8 F par an.
Z 4 338/39
56 - JOURNAL DE LA JEUNESSE, recueil littéraire et scientifique. Paris. 1844-1845 Bimensuel. Illustré. 12 F par an. Gérant : M. Sirou. Directeur : Léon Desdouits. Z 51 165/66
57 - JOURNAL DES MÈRES ET DES JEUNES FILLES, recueil religieux et littéraire. Paris. 1844-1846. Mensuel. 16 F par an. Dirigé par Mme Simon-Viennot.
Z 5I 255/57
58 - MAGASIN DES DEMOISELLES, morale, histoire ancienne et moderne, sciences. Paris. 1844-1881. Mensuel. Illustré. 10 F par an. Dirigé par Joséphine Desrez. Rédigé par Caroline Genevray. Z 4 215/16 Mus. Vm7 8 146
59 - LE MONDE DES ENFANTS, revue encyclopédique de la jeunesse. Paris. 1844-1845. Décadaire. Illustré. 30 F par an. Dirigé par Alexandre de Saillet.
Z 9 498/99
060 - LA MINIATURE, moniteur de la jeunesse, journal instructif et amusant. Paris. 1845. Fondé par Mme Ulliac-Trémadeure.
60 - LA MODE DES DEMOISELLES. Paris. 1845-1846. Mensuel. Illustré. 5 F par an. Supplément au Journal des enfants (n° 20). 4° LC14 90
61 - L'ILLUSTRATION DE LA JEUNESSE, journal des familles.
Changement de titre sur arrêt de la Cour royale.
REVUE ILLUSTRÉE DE LA JEUNESSE, journal des familles. Paris. Février-décembre 1845. Bimensuel. Illustré. 12 F par an. Rédacteur en chef : Gustave des Essarts. Z 9 096
62 - LA SEMAINE, encyclopédie de la presse périodique. Paris. 1845-1848. Hebdomadaire. Illustré. 24 F par an. Gérant : Thimothé Dehay. Constitué de plusieurs journaux dont un pour les enfants : « Le cœur. Journal des enfants ».
Fol Lc2 1615
63 - L'ALBUM UNIVERSEL, domaine des jeunes gens, des demoiselles et des dames du grand monde... Paris. 1846. Mensuel. Illustré. 4 F par an. Une publication seulement sur les 4 qui constituent le journal concerne les jeunes personnes : « Guide des demoiselles ».
devient Y2 569
63 b - L'AGE D'OR. Paris. 1846-1847. Mensuel. Gérant : P. Martin. Comporte également le « Guide des demoiselles ». Z 7 40I
64 - GAZETTE DES ÉTUDES, journal illustré des collèges et institutions. Paris. 1846. Mensuel. 12 F par an. Illustré. Z 8 875
65 - JOURNAL DES FAMILLES, gazette de la jeunesse. Paris. 1846-1847. Mensuel. Illustré. 6 F par an. Z 2 023/24
66 - JOURNAL DES JEUNES FILLES. Paris. 1846-1850. Mensuel. Illustré. 6 F par an. Éditeur : Léon Guérin. R 23 733/37
67 - REVUE DES DEMOISELLES, journal spécial des jeunes filles. Paris. 1846. Mensuel. Illustré. 13,50 F par an. Z 23 258
068 - JOURNAL DE LA JEUNESSE, revue et gazette pittoresque des enfants. Paris. 1847. Mensuel. Illustré. 12 F par an.
68 - L'ÉCOLIER, journal des enfants. Paris. 1847. Mensuel. Illustré. 6 F par an. Dirigé par Mme Fouqueau de Pussy, directrice du Journal des demoiselles.
R 34 793 Z 53 717
69 - L'ÉTOILE DE LA JEUNESSE, journal d'éducation illustré. Paris. 1847. Mensuel. Illustré. 6 F par an. Dirigé par Bonvalot, professeur au Collège Charlemagne.
R 7 437/38
70 - MAGASIN DES DAMES. MONITEUR DES DEMOISELLES. Paris. 1847-1850. Mensuel. Illustré. 12 F par an. Directrice : Mme Lucie Eynnard. Z 9 395/96
71 - L'IMAGE, revue mensuelle illustrée d'éducation, d'instruction et de récréation. Paris. 1847-1849. Mensuel. Illustré. Éditeurs : Dubochet, Lechevalier et C°. R 7 679/81
72 - MAGASIN DES ENFANTS, journal des jeunes garçons. Paris. 1847-1848. Mensuel. Entièrement illustré en couleurs. 8 F par an. Z 9 397/98
73 - JOURNAL DES ÉCOLES. Paris. Mensuel. Mai-octobre 1847. Gérant-responsable : Blondeau. Fol LC2 1 653
074 - LE COURRIER DES ENFANTS. Paris. 1848. Mensuel.
74 - L'AMI DES JEUNES FILLES, journal des loisirs utiles. Paris. 1848-1855. Mensuel. Illustré. 7 F par an. Dirigé par Mme Drohojowska. Z 7 660/67
75 - L'AVANT-GARDE. Paris. 1848-1850. Mensuel. 10 F par an. Rédacteur en chef : H. Bosselet. 8° LC2 1 672/76
76 - LA LANTERNE, organe de la jeunesse républicaine et démocratique. Paris. 1847-1848. Hebdomadaire. Dirigé par J. Devimes. Fol LC2 1 645
77 - REVUE DE L'ÉDUCATION NOUVELLE. Journal des mères et des enfants. Paris. 1848-1854. R 6105/06