La statistique bibliographique

Robert Estivals

Dans cet important article, l'auteur expose les problèmes et résultats essentiels de cette discipline récente que représente la statistique bibliographique, encore appelée bibliométrie bibliographique. L'investigation systématique de tous les domaines dans une perspective sociologique, historique, géographique et économique permet seule d'envisager les questions de prévision dans l'industrie du livre. Pour assurer le plein développement de cette nouvelle science il serait nécessaire de créer un Centre de la statistique bibliographique faisant partie d'un Institut général de recherche sociologique du livre

I. - Origine

L'histoire, la sociologie, la prévision économiques quantitatives du livre constituent un secteur nouveau de la recherche en sciences humaines.

A. L'économie du livre.

Cet ensemble d'études forme une division de l'économie quantitative, dont la situation s'établit, dans la grille des études économiques en fonction du critère de la nature de la production : on peut se faire une première idée, incomplète, empirique et limitée au cadre français, en examinant la position de la statistique des industries du livre dans l'Annuaire statistique de la France.

La comparaison historique de l'essor des recherches dans les diverses branches de l'économie montre que la statistique du livre a eu un développement tardif et restreint.

La place occupée par ce genre d'études dans les instituts de statistique est minime et souvent épisodique. Pour ne citer que l'exemple de l'Institut international de statistique, c'est seulement et pour quelques années, vers 1926-1930 que Lucien March devait intervenir en ce domaine. Le rôle relativement restreint de l'industrie du livre par rapport aux grands secteurs de la production industrielle est probablement l'une des causes de ce retard et de cette importance réduite. Mais il n'est pas la seule. La nature de la production, ici le livre, a joué certainement un rôle non moins grand. Les économistes ont presque toujours mis en doute jusqu'à une époque récente la possibilité d'appréhender objectivement et quantitativement les phénomènes psychologiques. Les discussions entre Simiand et M. Zoltowski sur la possibilité de tels travaux, que rapporte notre premier maître dans son étude sur La Fonction sociale du temps et de l'espace 2 sont des manifestations de ces craintes des économistes.

Or le livre est différent des autres biens. Sans doute la psychologie des hommes intervient-elle dans la fabrication de tous les produits. Mais elle n'est, le plus souvent, qu'indirectement communicable. Le livre, au contraire, est un produit particulier. Il est composé, selon la théorie de Saussure de deux éléments : d'une part un signifiant matériel et linguistique, d'autre part un signifié intellectuel. C'est donc un produit qui enferme de l'intelligence directement communicable par le truchement du langage et de l'écriture. Il est sans doute conservé parfois pour son signifiant. C'est le cas des bibliophiles. Mais dans la majorité des cas c'est pour son contenu intellectuel qu'il est recherché et acheté. Sa fonction sociale n'est plus physique mais culturelle. Ce particularisme intellectuel du livre par rapport aux autres biens se manifeste notamment dans l'hésitation que tous les bibliologues ont encore aujourd'hui à parler de « production et de consommation intellectuelles », c'est-à-dire à élargir, une formule économique, du domaine des biens physiques à celui de ce bien intellectuel qu'est le livre.

On comprend mieux dès lors que cette industrie du livre relativement réduite, ortant sur des phénomènes qui pour être économiques sont également psychologiques, n'ait fait l'objet de recherches quantitatives qu'assez tardivement, tandis que les autres secteurs de l'histoire et de la sociologie économiques avaient pris leur essor bien plus tôt.

De là aussi ce fait que, domaine nouveau, l'étude quantitative du livre se soit constituée dans le prolongement et sous l'influence de l'histoire et de la sociologie économiques et sociales. Deux exemples, concernant deux générations le prouvent clairement. Les travaux entrepris par M. Zoltowski le furent dans le cadre de l'école de sociologie économique de Simiand et les nôtres ont été rattachés dès leur début à l'école d'histoire économique et sociale de notre maître, M. le professeur Labrousse.

Née plus tardivement, l'école de quantification intellectuelle s'est trouvée naturellement plus en retard. Il n'est pour s'en rendre compte que de comparer les travaux qui ont été réalisés en économie, en linguistique et en bibliologie. La statistique du livre en est encore restée à la phase du développement de la statistique correspondant à ce qu'il est convenu d'appeler la méthode empirique : élaboration des données brutes, description de l'évolution des séries, application des méthodes de mathématiques élémentaires fondées sur l'arithmétique.

Or depuis déjà une quarantaine d'années, l'économie est passée de l'utilisation de ces méthodes, qui furent celles de Simiand et de l'Université de Harvard notamment, à l'élaboration de la méthode schématique des modèles, dans le cadre de l'économétrie, utilisant des mathématiques de plus en plus complexes, dont tous les auteurs se plaisent à reconnaître l'utilité. La même évolution s'est retrouvée avec un décalage, en matière de statistique linguistique. C'est dire que la statistique du livre, parente oubliée aussi bien de la statistique économique que de la statistique linguistique, ne saurait à son tour prendre son plein essor sans se soumettre à l'expérience des méthodes qui ont prévalu dans des domaines dont elle dépend fréquemment.

On comprendra dès lors qu'une des orientations immédiates de la statistique du livre doive être de renouer avec les statisticiens et les mathématiciens de façon à faire sortir ce domaine au plus tôt du cadre littéraire dans lequel il s'est jusqu'ici développé.

B. La connaissance bibliologique.

Mais l'étude quantitative du livre ne concerne pas seulement l'économie. Comme nous l'avons vu, le livre n'est pas qu'objet matériel signifiant, il est aussi intelligence fixée par l'écriture et l'imprimerie. A l'étude de l'économie matérielle du livre s'ajoute donc celle de l'intelligence bibliologique. Celle-ci fut d'ailleurs introduite par l'analyse économique elle-même. De fait, les recherches historiques, sociologiques, et les travaux de prévision ne peuvent s'en tenir aux indices exclusivement économiques. L'achat d'un livre n'est pas seulement affaire de papier, de caractères d'imprimerie, de machines à imprimer, d'encres, et de brochage. Sans doute suppose-t-il cela. Mais c'est pour son titre, son sujet, son contenu qu'il est en définitive acheté dans le plus grand nombre des cas. De là dans les études de la conjoncture qu'on peut trouver depuis un siècle et plus dans les journaux professionnels, le souci de connaître l'évolution des goûts du public, des lecteurs. Ainsi l'étude économique du livre est-elle aussi étude des fluctuations de la pensée collective imprimée produite et consommée. Il n'est, pour se rendre compte de cet état de fait que de lire, par exemple, au fil des années, les analyses de Rôthlisberger et de ses successeurs dans Le Droit d'auteur ou dans la chronique de la Bibliographie de la France.

Si l'histoire intellectuelle quantitative fut dès l'origine et le plus souvent économique, il n'en reste pas moins que d'autres préoccupations, non moins pratiques mais plus administratives, ont été la cause, dans le milieu des bibliologues et des bibliographes, de recherches concernant la pensée collective imprimée. Ce fut le cas notamment d'Otlet et d'Iwinski. Dans le but de connaître l'importance matérielle du Répertoire universel qu'il avait entrepris, Otlet d'abord puis Iwinski, cherchèrent à établir l'importance et l'évolution de la production mondiale des livres depuis l'origine de l'imprimerie.

Le souci de connaître, d'une manière désintéressée, l'évolution de la pensée collective imprimée et lue est un phénomène récent. Là aussi l'économie est introductive. Déjà à l'occasion de recherches conjoncturelles et prévisionnistes on découvre une ouverture inductive des auteurs vers une curiosité désintéressée. Le fait que les guerres de 1914-1918 et de 1939-1945 aient entraîné par exemple une évolution de la lecture et partant de la production des genres frivoles aux genres sérieux est un indice recherché par l'éditeur. Mais, en même temps le débat s'élève au-dessus de l'intérêt économique pour découvrir une sociologie de la connaissance. C'est à cette occasion que l'on découvre l'intérêt et la limite de l'influence économique.

Le cas fut d'ailleurs très sensible chez Röthlisberger. On trouve chez lui une ouverture d'esprit grâce à la nécessité de clarification économique. Mais il n'a pas eu les moyens nécessaires à une étude plus profonde. La recherche appliquée montre son utilité et ses lacunes. Elle transmet le flambeau à la recherche fondamentale. Alors commence l'ère des recherches historiques et sociologiques statistiques bibliographiques dont Daniel Mornet fut en France l'initiateur au niveau de la consommation intellectuelle et M. Zoltowski le précurseur sur le plan de la production intellectuelle. Dès lors, devait se constituer un domaine nouveau qui relève de plusieurs disciplines.

II. - Les cadres scientifiques

La statistique bibliographique du fait même qu'elle concerne le livre dépend de disciplines formelles et fondamentales.

A. Les cadres formels.

I. La bibliologie.

Elle relève, en premier lieu, de la bibliologie, la science du livre, telle qu'elle fut conçue par Otlet. Précurseur, assez volontairement oublié entre les deux guerres et dont il convient de rappeler les mérites, ce grand homme du livre avait lui-même abordé systématiquement les problèmes posés par la quantification intellectuelle. Il leur avait consacré une section de son ouvrage sur le livre. Il avait fait mieux encore. Sa pensée synthétique et clarifiante leur avait trouvé une définition. A une époque où l'économétrie était à peine née, Otlet appliquait la notion de métrie au livre et définissait son étude quantitative sous le terme que nous reprenons à notre compte, de bibliométrie auquel il adjoignait celui de mathébibliologie.

A un moment où l'économétrie a pris l'importance que l'on sait, l'exemple qu'elle donne à la science quantitative du livre elle-même en voie de systématisation ne peut qu'inciter à reprendre le terme proposé par Otlet.

2. La bibliographie.

Mais le livre, abordé quantitativement ne peut l'être que de trois manières, qui vont constituer autant de subdivisions de la bibliométrie, et qui dépendent de la composition de l'ouvrage lui-même. C'est d'abord nous l'avons vu un matériau support renvoyant à une étude purement économique; c'est ensuite un ensemble de signes qui relèvent de la statistique linguistique; c'est, enfin, une série de classifications des ouvrages qui dépendent de la bibliographie. Ainsi la statistique bibliographique ne constitue qu'une partie de la bibliométrie, la bibliométrie bibliographique, et dépend ainsi sous un second point de vue de la bibliographie. Celle-ci va changer d'emploi et trouver une nouvelle promotion. Née de la nécessité de regrouper les ouvrages, de les classer en catégories correspondant aux classifications du savoir humain afin de faciliter le travail de recherche du lecteur, la bibliographie jusqu'alors technique d'information, va devenir science du savoir humain écrit et imprimé. Chemin faisant, elle va perdre sa perspective historique et devenir sociologisante. Dans sa première fonction, elle s'établit au niveau de chaque livre particulier. On produit, on regroupe, on classe, on cherche tel livre de tel auteur imprimé par tel éditeur, en telle année, en tel endroit.

La promotion scientifique de la bibliographie, comme c'est la nécessité pour toute science, va exiger la généralisation : les recherches de dynamique ou de statique intellectuelle imprimée porteront sur des ensembles. L'individualité, objet de l'attention du bibliographe, va faire place à la collectivité des ouvrages produits concernant telle catégorie, telle classification. L'ouvrage perd son individualité pour devenir une unité. La statistique intervient. Dès lors, les points de vue étant différents en partie, certaines divergences ne manqueront pas de se manifester. Ainsi pour donner quelques exemples, l'intérêt porté aux diverses bibliographies change. Pour le statisticien préoccupé de l'évolution historique, la bibliographie courante est essentielle et la bibliographie rétrospective est d'un intérêt plus réduit ce qui n'est pas le cas pour l'information bibliographique.

Les soucis en ce qui concerne la grille des classifications ne sont pas les mêmes. Le bibliographe, selon sa table des valeurs et sa recherche d'amélioration est conduit à modifier sa grille périodiquement quand le statisticien, par besoin d'homogénéité des séries rétrospectives souhaite trouver des séries dont les cadres sont continus à travers le temps. Il n'est pas même, peut-être, jusqu'à la définition de la bibliographie qui ne puisse faire l'objet d'une intervention du statisticien à partir des sources que ses recherches ont pu mettre à jour. Ainsi peut-on voir déjà, à partir de ces quelques exemples, que la bibliographie, abordée dans l'optique quantitative, offre des perspectives qui risquent de la renouveler ou de l'orienter quelque peu différemment. C'est ainsi que naît donc la bibliométrie bibliographique.

3. La linguistique.

L'étude quantitative de la pensée collective imprimée ne peut relever de la seule statistique bibliographique, puisqu'elle fait aussi l'objet de la statistique linguistique. La précision des délimitations s'impose donc et c'est encore à la composition du livre qu'il faut avoir recours. C'est l'étude intrinsèque du composé linguistique écrit et imprimé qui fait l'objet de la statistique linguistique. Au contraire la statistique bibliographique considère le livre extrinsèquement, non plus dans son texte, mais dans son sujet plus encore que dans son titre, par rapport à des classifications préexistantes. Cependant il faut bien reconnaître que les catégories bibliographiques sont autant de concepts définis par des mots. La statistique bibliographique si elle n'est pas statistique linguistique du texte du livre comme c'est le but essentiel des recherches de statistique linguistique bibliologique actuelle, est cependant aussi statistique linguistique des concepts bibliographiques. De là ce fait que la statistique bibliographique relève d'une étude de sémantique historique et sociologique, non plus de l'intérieur des textes mais des indices bibliographiques.

4. L'économie.

D'autre part certains des critères bibliographiques comme le nom de l'éditeur, de l'imprimeur, le nombre d'exemplaires, le nombre de pages, de volumes, sont autant d'indices qui sont en tout ou en partie des indices économiques. Dès lors la statistique bibliographique relève aussi de l'économie sans pour autant se superposer à la statistique économique du livre puisque de nombreux indices qui relèvent de celle-ci ne sont pas compris dans la statistique bibliographique tels le poids de papier, le nombre des machines, le nombre de caractères produits par les fonderies, etc.

B. Les cadres fondamentaux.

La statistique bibliographique ayant délimité ses cadres formels doit s'interroger sur ses rapports avec les sciences qui concernent l'objet de sa recherche.

I. La psychologie collective bibliologique.

L'étude de la pensée collective imprimée, produite et consommée, relève d'abord de la psychologie collective. Les ouvrages regroupés dans les diverses catégories bibliographiques sont considérés comme représentant le savoir collectif dans l'une des branches de la connaissance. L'étude des variations du nombre des livres produits dans chacune d'elles concerne les fluctuations de l'intérêt collectif pour chaque matière. C'était là la position initiale de M. Zoltowski. Encore convient-il d'ajouter qu'il s'agit de connaissance écrite et imprimée c'est-à-dire de connaissance bibliologique au sens où l'entendait Otlet. La précision vaut ici par rapport aux diverses formes du langage, et elle ne saurait être sous-estimée.

2. La sociologie de la connaissance bibliologique.

Mais cette psychologie collective bibliologique est toujours l'expression, dans la production comme dans la lecture, de catégories sociales ou socio-professionnelles bien précises. Quand on étudie les fluctuations de la pensée imprimée globale ou sérielle et propre à certaines catégories bibliographiques au travers des bibliographies nationales on examine les variations de la production des auteurs ayant publié en France ou des auteurs de langue allemande quelque soit le pays d'impression. Il en est encore de même si l'étude porte sur les éditeurs. De même quand on étudie la lecture, on considère toute ou partie de la production sous tel angle ou tel autre angle par rapport à une catégorie sociale donnée : les militaires, les habitants d'une région ou d'une localité, d'une profession, de tel sexe, de tel âge.

C'est ce qu'avait très bien vu, dans l'optique révolutionnaire, Roubakine lorsqu'il avait fondé sa psychologie bibliologique. C'est aussi la perspective des recherches sociologiques sur la psychosociologie de la lecture telles qu'elles ont pu être menées par M. Escarpit et le Centre de Bordeaux, par MM. Dumazedier et Hassenforder, par les chercheurs qui ont travaillé en France pour le Cercle de la librairie.

Dès lors la statistique bibliographique relève de la sociologie de la connaissance puisque, comme c'est la fonction de cette science, le savoir est considéré comme l'expression, dans sa production ou sa consommation, de catégories sociales déterminées. Encore là aussi faut-il ajouter qu'il s'agit de la sociologie de la connaissance bibliologique. C'est-à-dire en définitive que la bibliométrie bibliographique devient automatiquement partie intégrante, par la méthodologie, de la sociologie de la littérature ou peut-être plus exactement, comme le proposait Otlet, de la sociologie bibliologique.

3. L'histoire de la psychologie collective imprimée.

D'autre part, cette recherche, du fait même qu'elle s'établit dans le temps concerne l'histoire de la psychologie collective telle qu'elles ont été conçues successivement par L. Febvre et MM. les Professeurs Dupront et Mandrou.

4. La dynamique intellectuelle et économique.

Mais cette recherche à travers le temps et l'histoire rejoint, dans le cadre du livre, les travaux sur la dynamique historique : étude des fluctuations, dégagement des cycles, analyse du mouvement de longue durée, des mouvements inter et intradécennaux, des fluctuations saisonnières. Au delà même de la recherche des fluctuations ce genre d'études débouche sur l'analyse de la croissance. Enfin la statistique bibliographique dans la mesure où elle dépasse le cadre économique et concerne l'évolution de la pensée collective retrouve les problèmes de la périodologie de l'histoire littéraire et notamment les divisions cycliques des périodes, des siècles, et celle de l'explication démographique des fluctuations interdécennales par la théorie des générations. A la dynamique historique s'ajoute encore, grâce à l'indice du lieu d'édition, la possibilité d'étudier la sociologie géographique de la pensée collective imprimée et, en lui ajoutant le temps, d'établir une première stratification spatiale de la connaissance collective bibliologique.

III. - La problématique de la bibliométrie bibliographique

Toutes ces délimitations successives vont nous permettre de dégager la problématique de la statistique bibliographique et par là même, de nous élever au-dessus de la spécialisation nécessaire mais limitée d'esprit, et retrouver la grande interrogation philosophique de notre temps : le problème du rapport entre l'infrastructure économique et la superstructure intellectuelle. Ainsi la statistique bibliographique va offrir à cette importante question un champ d'expérience où les hypothèses contraires pourront s'affronter hors des dogmatismes. Mieux même, la bibliométrie bibliographique fera sortir le débat de l'épuisante et inopérante analyse qualitative, puisqu'à tout fait particulier, l'adversaire peut répondre par un autre fait non moins particulier et non moins contraire. La méthode qualitative, du fait même qu'elle est littéraire, sert l'analyse philosophique plus qu'elle n'examine expérimentalement ses propositions. Ainsi, grâce à la méthode statistique l'expérience sera quantifiée et collective. La fluctuation, la corrélation, l'interdépendance fonctionnelle, l'antécédent, existe ou n'existe pas. Ainsi la méthode quantitative, d'inspiration scientiste va s'associer synthétiquement à l'interrogation philosophique de notre temps en lui apportant la sécurité cette fois sinon entière, au moins relative de la quantification.

C'est en effet que par ses divers indices la bibliométrie bibliographique peut concerner l'économie du livre (papier, page, volume, tirage), la psychologie collective imprimée (production générale, classification matières) et même la psychologie et la sociologie de l'innovation par les bibliographies d'auteurs ou de mouvements célèbres. Ainsi l'étude peut être menée distinctement au niveau de chacun de ces problèmes ou d'une manière comparée.

IV. - L'épistémiologie statistique bibliographique

A son tour, la recherche quantifiée, utilisée par le besoin de certitude scientifique va renouveler l'épistémologie des sciences humaines en découvrant la sienne. Elle écarte la méthode qualitative comme méthode essentielle. Elle vise ainsi à éliminer le scepticisme qui, en se servant de la méthode qualitative des événements contraires inspire si fréquemment l'histoire historisante. La statistique est concluante, parce qu'elle est clarifiante, c'est-à-dire généralisatrice. Elle l'est déjà au niveau des méthodes empiriques de quantification actuelle. Elle le sera bien davantage encore lorsqu'elle aura employé la méthode des modèles. Ainsi à l'image nuancée offerte par l'histoire historisante, fait place une représentation géométrique qui n'est autre qu'une schématisation sociologique de la réalité. Et ce n'est pas un hasard si l'économétrie confond le plus souvent les termes de modèles et de schémas 3. C'est dire que la bibliométrie bibliographique, originaire d'une position limitée et retardataire, se trouve, au terme de son effort d'induction et de passage de la recherche appliquée à la recherche fondamentale, conduite à renouveler entièrement le débat philosophique et épistémologique contemporain.

V. - La prévision économique du livre

Là se termine cet effort inductif de constitution d'un nouveau domaine qui a exigé le passage de la recherche appliquée à la recherche fondamentale... Vu dans cette perspective historique on comprend mieux le rapport entre les deux tendances de la recherche. L'intention d'utilité économique était manifeste dès le départ. Mais l'insuffisant désintéressement et les manques de moyens qui en sont la conséquence ont empêché la recherche appliquée d'aboutir à des études profondes et de grande ampleur. Toutefois le besoin de les entreprendre s'est fait lentement sentir jusqu'au moment où la recherche fondamentale comme sollicitée à contrecoeur s'en est emparée en rompant avec les amarres intéressées de la recherche appliquée.

Mais il est bien évident, dans cette perspective, qu'au travers des différences et des divergences il y a continuité. La recherche appliquée n'ayant pu réussir attend de la recherche fondamentale la solution de ses problèmes théoriques et pratiques afin de pouvoir ultérieurement s'en servir.

Et l'évolution de la recherche fondamentale la ramène à son tour progressivement des hauteurs théoriques aux recherches concrètes. C'est bien ce qui s'est produit en matière de bibliométrie bibliographique. Dans ces conditions l'effort poursuivi par l'université, depuis plus d'une vingtaine d'années, en vue de constituer une recherche fondamentale sur le livre apparaît comme le moyen de former un appareil scientifique nécessaire à la recherche appliquée. Aussi bien, quand la bibliométrie bibliographique achève d'investir ses problèmes elle ne peut envisager, au-delà de ses découvertes, que leurs répercussions possibles sur la prévision dans l'industrie du livre. Et tandis qu'elle revient à l'application, elle retrouve le chemin inverse, déductif celui-ci, qui conduit de la recherche fondamentale à la recherche appliquée.

Ainsi, comme une ultime conséquence, le retour à l'utilitaire est en même temps retour de l'intelligence collective à l'économique. Au terme de l'analyse théorique, le cycle de la bibliométrie bibliographique se referme sur lui-même.

VI. - Les recherches

Dès lors pour sortir du sytème, il faut passer aux recherches concrètes.

I. L'histoire de la statistique bibliographique.

Comment entreprendre de nouvelles recherches sans savoir ce qui a déjà été réalisé en ce domaine ? Ainsi la première interrogation rencontrée concerne-t-elle l'histoire de la statistique bibliographique. Plusieurs historiques ont été jusqu'ici publiés.

Il convient de citer notamment ceux de Mlle L. N. Malclès et de Muszkowski. La statistique du livre a fait l'objet de travaux qui ne remontent pas au-delà du XIXe siècle.

Ils constituent deux grandes sections : l'élaboration de la statistique; les travaux historiques et sociologiques statistiques. La première se scinde à son tour en deux parties : l'élaboration de la statistique bibliographique internationale que l'on peut suivre à travers les travaux de Rôthlisberger, d'Otlet, d'Iwinski avant la première guerre mondiale, les commissions de la FIAB, de l'IICI 4 et de l'Institut international de statistique entre les deux guerres, de l'Unesco depuis. A la statistique internationale s'ajoute l'élaboration des statistiques nationales. En ce qui concerne la production française on connaît le rôle du dépôt légal, de la Bibliothèque nationale, du Cercle de la librairie et de la Bibliographie de la France.

Les travaux historiques, nous l'avons vu déjà, ont été abordés par Daniel Mornet et M. V. Zoltowski. Les recherches sociologiques principalement par M. Escarpit et son Centre de Bordeaux, MM. Dumazedier et Hassenforder, et les travaux du Cercle de la librairie en France.

2. Les sources.

A nouveau domaine, première nécessité : la recherche et la critique des sources de la production intellectuelle s'imposaient. C'est là retrouver le problème de l'élaboration de la statistique bibliographique. Ici plusieurs considérations préliminaires doivent être faites. La statistique peut être internationale, nationale, régionale, locale. La première et les deux dernières sont principalement envisageables en fonction de la bibliographie nationale. Les efforts et les échecs partiels de l'IICI et de l'Unesco au niveau international montrent bien que c'est sur la bibliographie nationale qu'il faut s'appuyer tant qu'il n'existe pas d'organisation politique supranationale susceptible de faire exécuter ses ordres par toutes les nations.

A son tour la bibliographie nationale ne pouvait être exploitée telle quelle. C'est là retrouver le principe, autrefois imposé par Simiand, de la critique des sources officielles. Le statisticien devait donc commencer par réunir, comparer, critiquer, apprécier les sources officielles et privées de la bibliographie nationale. C'est dans cette double perspective que nous avons commencé par l'étude des sources de la production française des livres.

a) Les sources de la production intellectuelle de la France.

Cette recherche a d'abord ses limites chronologiques fondées sur les limites de son sujet, le livre imprimé : celui-ci ne saurait nous faire remonter au-delà de la fin du xve siècle dans le principe; en réalité, guère au-delà du début du XVIIe siècle en ce qui concerne les sources existantes, sûres et suivies de la production française. C'est dire que l'étude peut être poursuivie sur à peu près trois siècles et demi. Il s'agit donc bien d'histoire moderne et contemporaine de la pensée collective imprimée française. Mais à travers toute cette durée, les techniques de production d'une part, l'organisation administrative de l'imprimerie d'autre part vont constituer deux grandes périodes : l'Ancien Régime jusqu'à 1789-1790, organisé sur le principe des privilèges et des permissions ainsi que sur la censure préventive, correspond à des techniques élémentaires et artisanales de production; les XIXe et xxe siècles libéraux, laissant en principe la production imprimée libre, exception faite de certaines périodes et de certaines catégories d'ouvrages, correspondent à l'essor industriel capitaliste.

Les sources ne sont pas les mêmes. Dans la période dite de l'Ancien Régime, les sources officielles composées par le pouvoir sont manuscrites et nombreuses et permettent beaucoup d'études, quand les sources privées notamment les bibliographies imprimées de la vente, publiées par les libraires, sont peu nombreuses et souvent de durée réduite.

Le phénomène se renverse aux XIXe et xxe siècles. Le libéralisme réduit l'intervention étatique et par suite les sources officielles, quand l'essor intellectuel et industriel débouche sur une multiplication des bibliographies imprimées d'origine privée. Ces différences profondes entre ces deux périodes exigeaient donc une étude particulière de chacune d'elles. La première est aujourd'hui achevée en ce qui concerne la production générale. En revanche l'étude sérielle des matières reste à faire. La seconde période, par contre, commence à être approfondie. Mais rien n'a encore été publié sur les sources des XIXe et xxe siècles.

b) Les sources de la production de l'Ancien Régime.

L'examen des sources bibliographiques de la production française de l'Ancien Régime fait intervenir le critère de la nature officielle ou privée des bibliographies.

Les premières, les plus nombreuses se scindent en deux grandes parties, apparemment différentes mais, en réalité, pendant la plus grande durée, parfaitement imbriquées dans le système de la censure préventive : le dépôt légal, la Direction de la librairie. Le dépôt légal est considéré de nos jours comme un organisme autonome, une régie, dont la fonction est de permettre un enrichissement des collections nationales. C'est aussi dans cette intention qu'il fut créé, en 1537, par l'Édit de Villers-Cotteret de François Ier. Toutefois entre ces deux extrémités historiques et pendant toute la durée de la monarchie absolue à partir des années 1617-1638, le dépôt légal va servir à la fois, et habilement, à défendre les privilèges concédés aux libraires et en même temps à permettre à l'autorité royale de vérifier après impression et avant publication que le texte imprimé correspond bien au texte manuscrit qui a reçu la permission. Dans tous les cas les registres du dépôt légal permettent de saisir la production, au moins dans le principe, immédiatement après l'impression. Par ailleurs, à travers le temps, les destinataires du dépôt ont varié en nombre : à la bibliothèque royale s'ajoute le cabinet du roi au Louvre, puis la communauté des marchands libraires de Paris, puis le Chancelier garde des sceaux et le censeur. Les trois premières institutions devaient conserver des registres des entrées, voire des transferts ou des répartitions entre les départements de la bibliothèque du Roi qui permettent de comparer l'enregistrement et par suite d'établir une première appréciation de l'efficacité du dépôt légal chez les différents destinataires dont on possède les archives. Le dépôt légal devait donner lieu, bien avant le décret d'Amsterdam de 18II instituant le Journal de la librairie, devenu Bibliographie de la France, à un premier essai de bibliographie nationale officielle, à la fin de l'Ancien Régime. Le règlement de 1785 obligeait en effet les syndics et adjoints de la Librairie, à communiquer chaque semaine la liste des ouvrages déposés, au Journal de Paris, qui devait les publier, ce qu'il fit pendant plusieurs mois.

Cette institution du dépôt légal, indépendante à l'origine et aujourd'hui, ne fut en réalité pendant toute la durée de la monarchie absolue que l'une des pièces de la censure préventive. Dès lors une seconde administration devait voir le jour et se développer : l'administration de la librairie. Les auteurs ne purent publier leurs ouvrages, dès le début du XVIIe siècle, après le règlement de 1617, qu'après avoir reçu une autorisation du pouvoir royal. Celle-ci fut d'abord un privilège. Mais, dans les années qui suivirent la mort de Louis XIV, devait naître une autre catégorie d'autorisations : les permissions tacites. Dans le premier cas l'ouvrage peut être reconnu par le pouvoir; il reçoit un privilège. Dans le second cas la philosophie politique ou religieuse n'étant pas orthodoxe, le pouvoir laisse l'ouvrage sortir tacitement et règle seulement l'impression par une permission. D'autres permissions furent données pour des ouvrages encore plus répréhensibles comme les permissions clandestines. Mais elles ne laissèrent aucune trace d'enregistrement.

Dans tous les cas la procédure qui composait un circuit administratif restait la même. L'ouvrage était présenté à l'administration. On l'enregistrait puis on le donnait à un censeur compétent qui le lisait et composait une critique dont le résultat positif ou négatif était inscrit sur les registres de demandes. Après quoi l'ouvrage était jugé par le chancelier ou le garde des sceaux initialement et plus tard, quand l'administration eut pris de l'essor, par le directeur de la librairie. Les études de Malesherbes sur l'organisation de la librairie dont il fut l'un des directeurs sont précieuses pour comprendre comment fonctionnait cette administration. La décision étant prise et enregistrée, l'ouvrage était envoyé avec des feuilles spéciales, dites feuilles du Sceau, au chancelier qui apposait le sceau sur le parchemin du privilège. D'autres feuilles étaient envoyées ensuite à la Chambre syndicale des libraires qui devait en tenir registre, afin de pouvoir informer les libraires, éditeurs, imprimeurs sur les livres qui avaient reçu la permission, et éviter à ceux-ci de produire des contrefaçons pour lesquelles ils auraient été poursuivis.

Encore ne s'agissait-il que de la censure avant l'impression. Le dépôt légal intervenait immédiatement après, pour parachever le système policier de la censure préventive.

Mais l'administration de la librairie intervenait encore après l'impression, grâce à l'inspecteur d'Hémery notamment, en relation avec les syndics et adjoints, pour examiner à Paris tous les livres imprimés qui pouvaient provenir des provinces ou de l'étranger après être passés au moment de leur entrée dans le royaume aux diverses chambres de la frontière.

S'ils étaient conformes aux manuscrits initiaux on les laissait passer. S'il s'agissait de livres nouveaux on les renvoyait aux censeurs et on les incorporait alors au circuit des permissions tacites, dans la rubrique « ouvrages entrés par la chambre ». A la fin du circuit les ouvrages étaient ou rendus et autorisés ou interdits et mis au pilon. C'est dire qu'aux différents niveaux de la censure et aux différentes phases de chaque circuit devaient être réalisés des registres dont un grand nombre nous sont parvenus et se trouvent conservés aujourd'hui à la Bibliothèque nationale, au Département des manuscrits, dans la collection Anisson-Duperron ou dans celle de la Chambre syndicale et royale de la librairie de Paris.

Mais cette richesse bibliographique officielle et manuscrite n'est pas seule. Viennent s'ajouter à elle les premières tentatives souvent espacées de bibliographies imprimées. Certaines furent produites dans un esprit désintéressé. C'est le cas des Bibliographia Gallica Universalis et Bibliographia Parisina du Père Jacob. Mais la plupart concernent les annonces de mise en vente par les libraires. Quoi qu'il en soit elles ne sont pas inutiles puisqu'elles nous offrent, dans le cadre bibliographique, la perspective postérieure de la vente. C'est dire que la richesse bibliographique de l'Ancien Régime permet de suivre la chronologie de la vie du livre, depuis le manuscrit achevé de composer jusqu'à la vente par le libraire. Telles sont, d'une manière succincte, les sources de la production imprimée française de l'Ancien Régime.

VII. - Les résultats

I. La valeur des sources.

La recherche et la classification des sources permettent de mieux comprendre la situation de chaque série. Elles nous offrent déjà un premier jugement d'ordre qualitatif sur chacune d'elles. Mais elles doivent être complétées par l'étude statistique comparée. Celle-ci a permis de dégager un certain nombre de résultats. D'abord, l'existence de très nombreuses séries, de durées plus ou moins longues, confirme le principe statistique de l'échantillon. On n'atteint jamais la production des livres en elle-même, on ne la saisit que sous un angle particulier qui ne se superpose pas entièrement à elle et suppose un certain décalage. Le nombre et l'optique différents des séries permettent par la comparaison de découvrir et d'éliminer le caractère particulier de chacune d'elles. Le second résultat, dans la suite du premier, intéresse la valeur de chaque série, soit dans la qualité, soit dans la fluctuation. Ainsi avons-nous pu établir la valeur comparée des registres du dépôt légal, qui, quantitativement, est plus exact et dont la régularité des fluctuations est plus assurée à la bibliothèque du Roi et au cabinet du Roi qu'à la Chambre syndicale. C'est dire que l'étude comparée, outre qu'elle rend compte de l'état des sources, ici de l'efficacité du dépôt, oriente la recherche statistique à venir, vers les meilleures sources. Mais cette étude comparée a permis d'aller plus loin encore, en comparant les séries du dépôt légal avec les autres séries des permissions ou des bibliographies de la vente, et d'aboutir à une évaluation du pourcentage des ouvrages non déposés en fonction des diverses sources.

Au-delà du dépôt légal il a été possible de montrer que les bibliographies du Père Jacob étaient certainement parmi les meilleures de l'Ancien Régime et que les bibliographies de la vente étaient grossies artificiellement par la répétition périodique des ouvrages non pas nouvellement publiés, mais continuellement en vente chez le libraire qui avait pris l'initiative de publier la bibliographie. Sur le plan des fluctuations il a été assez souvent possible d'apprécier la durée du décalage existant entre les diverses sources correspondant aux diverses phases de la production. Il s'écoule des temps variables mais la moyenne est de l'ordre de deux à trois ans entre le moment où l'ouvrage manuscrit est présenté à la censure et le moment où il est annoncé comme étant en vente. Cette étude critique des sources est donc, du point de vue statistique, la pierre angulaire de tout travail postérieur d'exploitation historique et sociologique. Elle permet de s'appuyer avec plus de sécurité sur certaines séries que sur d'autres, de se méfier de certaines amplitudes ou de certaines irrégularités dues à des causes techniques de fonctionnement.

2. La pensée collective imprimée générale.

Mais ce long travail préparatoire n'avait été tenté que dans le but d'étudier en premier lieu l'évolution de la production générale des livres en France, considérée comme l'expression de la pensée collective imprimée nationale. C'est ici que l'on comprend mieux l'importance du grand nombre des séries dont nous avons pu disposer. Quand une fluctuation se vérifie à travers cinq ou dix séries élaborées par des personnes et des institutions qui souvent s'ignoraient et n'avaient à l'époque aucune intention statistique, on peut être vraiment assuré que la fluctuation découverte est une réalité de la vie sociale du livre. C'est bien ce qui s'est produit.

Mais le résultat acquis est d'importance. Tout d'abord les fluctuations qui ont pu être dégagées au niveau de la production générale, confirment, pour l'industrie du livre, les découvertes faites plus tôt dans les autres secteurs de l'économie nationale ou internationale. Ce fait, déjà important en soi, l'est davantage encore dans la perspective du livre. C'est dire que la problématique de la bibliométrie bibliographique, le rapport infrastructure économique et superstructure intellectuelle trouve une première réponse puisque le livre est à la fois bien et intelligence. Le fait que les fluctuations de la production du livre et des autres secteurs de l'économie montrent une évolution parallèle assure une première fois que l'intelligence collective imprimée produite et consommée varie dans le même sens. Mais cette assurance se trouve encore confirmée par l'étude des fluctuations des permissions demandées qui prennent le livre avant l'impression, sans facteur économique intrinsèquement nécessaire, et le livre après la publication. Les mêmes fluctuations se retrouvent.

C'est d'abord le mouvement séculaire de longue durée. On sait que ces fluctuations étudiées par Simiand dans le cadre français paraissent durer environ 130 ans. Les grands tournants étant 1640, 1770, 1900. Il est assez difficile, avec les séries que nous possédons d'être certain de la première de ces dates. Mais les années 1770 et 1900 sont avec certitude des tournants dans l'industrie du livre, comme elles l'ont été pour les autres formes de l'économie. Mais ces mouvements de longue durée sont aussi caractérisés par la hausse et la baisse ou hausse ralentie de la production. Simiand les appelait A. et B. C'est bien aussi ce qui se produit pour les livres. De 1640 à 1770 la production est en hausse très légère voire en stagnation. Il n'en est plus de même à partir de 1760-1770 où la production passe de 5 à 600 livres annuels à plus de 14 000 (données d'ailleurs discutées de la Bibliographie de la France). C'est dire la hausse intense qui traverse le XIXe siècle. En revanche depuis 1900 on assiste au phénomène inverse : la stagnation, la baisse accidentelle énorme des guerres, la hausse légère!; dans tous les cas on est manifestement dans la longue durée sur un mouvement B.

Le mouvement séculaire se décompose à son tour en fluctuations interdécennales A et B de hausse et de baisse. Ce phénomène avait été étudié aussi pour la France par Simiand. M. Zoltowski dans son étude sur la Fonction sociale du temps et de l'espace avait lui-même insisté par le parallélisme de l'évolution de la production imprimée avec les autres secteurs de l'économie. Ainsi trouve-t-on une hausse (A) de 1770 à 1815-17 suivie d'une baisse (B) de 1817 à 1850 suivie à nouveau d'une hausse (A) de 1850 à 1875-77 et d'une baisse (B) de 1877 à 1900. En remontant dans le XVIIIe siècle il semble que l'on puisse là aussi discerner plusieurs tournants. Ainsi trouve-t-on de la fin du XVIIIe siècle aux années 1730-40 une phase (A) de hausse suivie de 1730-40 à 1760-70 d'une baisse (B) qui se produisent sur le mouvement de stagnation ou de hausse relative (B) de longue durée.

A leur tour, fait nouveau, ces fluctuations interdécennales s'inscrivent sur des cycles de 20 à 22 ans. Ceux-ci sont composés d'une hausse (A) de 10 ou II ans et suivis d'une baisse (B) de même durée. Les tournants en sont les années 1636, 1656, 1676, 1696-98, 1720, 1740, 1760, 1780. Le dernier cycle 1780-1800 est encore sensible. Mais il est comme soulevé par la hausse séculaire qui commence et dans lequel il disparaît. Ce fait est doublement intéressant. D'abord il pose la question de savoir si ces cycles ne sont pas particuliers à l'économie principalement agricole de l'Ancien-Régime puisqu'ils disparaissent avec l'économie industrielle.

Ensuite il faut insister sur la singularité de ce cycle de 22 ans qui est surtout connu dans le cadre des industries anglo-saxone et américaine modernes et particulièrement dans l'industrie du bâtiment. L'existence de ces cycles de 22 ans reste donc à expliquer.

Si les cycles intradécennaux ont été encore peu étudiés dans l'industrie du livre de l'Ancien Régime, par contre une première étude des fluctuations saisonnières a permis d'obtenir un certain nombre de résultats 5. Il semble exister, dans les dernières années de l'Ancien Régime trois fluctuations de hausse saisonnière : l'une de printemps en mars-avril; l'autre au début de l'été en mai-juin; la dernière enfin, d'automne en octobre-novembre. Par ailleurs il a été possible de vérifier dans les fluctuations saisonnières de l'industrie du livre ce qui avait été découvert dans d'autres secteurs industriels ou commerciaux. L'influence du cycle paraît avancer ou reculer la hausse saisonnière selon que le mouvement est à la hausse ou à la baisse.

Ainsi les hausses de printemps et d'été sont avancées dans la hausse cyclique (mars et mai) et reculées dans la baisse cyclique (avril début mai et juin début juillet). Toutefois ce phénomène n'est pas toujours vérifié. Il aurait de toute façon besoin d'être soumis à d'autres confirmations.

3. La psychologie collective imprimée différenciée.

Les résultats acquis ne concernent pas la seule production générale dont l'intérêt réside surtout dans la confirmation des découvertes de l'école française d'histoire et de sociologie économique et sociale.

Au-delà s'ouvre, peut-être, l'essentiel des découvertes sur le mécanisme du mental collectif imprimé. C'est qu'il s'agit alors pour reprendre la pensée de M. Zoltowski, des fluctuations des diverses catégories de l'entendement et plus encore, des différents thèmes d'activité mentale collective.

Ce travail est à peine entamé. Pour les XIXe et xxe siècles M. Zoltowski avait mis en lumière les rapports de corrélation existant entre les productions des livres d'histoire et de géographie considérées comme exprimant les notions de temps et d'espace. Plusieurs années après la publication de ce premier travail, M. Zoltowski avait étudié les rapports pouvant exister entre la synthèse et l'analyse au travers des publications artistiques concernant le théâtre d'une part, les estampes et la musique d'autre part 6.

Partant d'une méthode plus empirique et plus inductive et nous servant directement de ce que les sources mises à jour offraient, nous avons poursuivi ce travail d'analyse pour l'Ancien Régime et notamment pour le XVIIIe siècle. Nos conclusions générales rejoignent celles de M. Zoltowski. Il est assuré que les hommes qui écrivent et qui s'occupent de la production des livres sont affectés par des courants de pensée ayant un caractère cyclique. Nous en donnerons quelques exemples qui concernent la pensée politique.

a) Les fluctuations de la pensée politique de la censure.

Les censeurs, nous l'avons dit, étaient à l'origine de l'autorisation d'imprimer. La politique qui les inspirait n'a pas toujours été la même. Les études comparées des séries des privilèges, des permissions tacites, de l'inspection des livres imprimés arrivés à la douane de Paris nous assurent de l'existence de fluctuations à caractères cycliques. Celles-ci pour être telles prouvent qu'il existe un dualisme vis-à-vis duquel le pouvoir doit choisir. Les deux pôles extrêmes en sont le libéralisme et l'absolutisme. Tantôt la politique du pouvoir est inspirée par la clémence, l'esprit de la liberté relative avec des buts qui parfois diffèrent : surveillance des idées, intérêt économique d'une librairie qu'il faut faire vivre et qu'on ne peut laisser dépérir au profit de la librairie étrangère malveillante. C'est le cas de 1715 à 1729 et de 1750 à 1789 (exception faite des années 1770-80). Tantôt au contraire le durcissement s'accentue, la rigueur, la rigidité s'imposent et la censure est renforcée. C'est aussi le cas jusqu'à 1715 et la mort de Louis XIV, puis de 1729 à 1750 et de 1770 à 1780.

b) Les fluctuations de la pensée politique traditionaliste et de la pensée progressiste libérale au XVIIIe siècle.

Encore n'est-ce là appréhender le phénomène collectif que de l'extérieur, par la mutilation apportée par le gouvernement à l'expression imprimée nationale. Beaucoup plus intéressante est encore l'étude de la pensée politique collective que nous offrent les séries des privilèges donnés pour des ouvrages conformes à la pensée politique et religieuse du pouvoir et des permissions tacites qui concernent des ouvrages qui, pour n'être pas franchement déclarés comme étant opposés au régime, ne sont cependant pas assez orthodoxes pour être reconnus officiellement par le pouvoir. Si l'on considère le mouvement de longue durée dans les deux cas, la pensée conformiste et traditionaliste des privilèges est stationnaire avec une courbe presque horizontale tandis que la hausse est accélérée et continue à travers les années 1726-1789 pour la pensée progressiste et libérale qui s'infiltre parmi les permissions tacites. Cette hausse permet ainsi de comprendre la genèse collective de la notion de progrès considérée comme une ligne droite ascendante continue dans laquelle le passé est inférieur et le futur supérieur. Mais le rapport des deux séries est encore instructif au niveau de l'explication du phénomène révolutionnaire. Le nombre des permissions tacites égalise et dépasse celui des privilèges à deux dates : 1774 et 1789, c'est-à-dire aux deux moments où le réformisme de la société monarchique tente de s'imposer, le premier dans le cadre du régime avec Turgot, le second d'une manière révolutionnaire avec la Révolution. Ainsi la révolution apparaît comme possible, dans le cadre intellectuel français de l'Ancien Régime, au moment où, en volume, la production intellectuelle progressiste dépasse la production traditionaliste. Il y a là un éclairage nouveau sur le phénomène révolutionnaire qui vaudra la peine d'être vérifié dans d'autres sociétés et d'autres temps.

c) Les fluctuations de la pensée politique traditionaliste et de la pensée progressiste, face à la notion d'avant-garde, aux XIXe et xxe siècles.

Une autre recherche menée au niveau des publications périodiques publiées en France aux] XIXe et xxe siècles et ayant pour titre L'Avant-Garde 7, va nous permettre, en relation avec la constitution d'une sociologie de l'innovation littéraire sur laquelle nous reviendrons plus loin, de poursuivre, pour les XIXe et xxe siècles, l'analyse des fluctuations de la pensée traditionaliste et progressiste aux XIXe et xxe siècles. Là encore la découverte de nouvelles fluctuations nous attendait. Le mouvement de la pensée progressiste que nous avions pu suivre, sur un certain plan pour le XVIIIe siècle, se poursuit, face à la notion d'avant-garde, à travers tout le XIXe siècle pour diminuer au xxe siècle.

Le terme est utilisé, dans la pensée progressiste, par les partis les plus avancés, qui reprennent le flambeau au fur et à mesure que les autres vieillissent. Ainsi l'avant-garde est républicaine en 1794, 1830, 1848. Elle est radicale en 1880, radicale socialiste en 1885, socialiste entre 1890 et 1910, communiste à partir de 1925, communiste révolutionnaire en 1968.

De plus cette notion se manifeste dans la presse périodique au moment des crises économiques et sociales : 1794, 1830, 1848, 1868-71, la Troisième République jusqu'en 1914, 1934, 1945. Elle apparaît dès lors comme l'expression intellectuelle de la crise économique et sociale. Ce n'est que tardivement vers la fin du XIXe siècle que la pensée traditionaliste réagit en faisant de L'Avant-Garde une publication royaliste, bonapartiste, raciste ou chrétienne.

4. La géographie de la pensée imprimée.

Mais la recherche statistique peut dépasser le cadre temporel et atteindre la répartition spatiale par l'indice du lieu de publication. Mieux même on peut introduire le temps dans l'espace et étudier la stratification de la pensée collective imprimée. Là encore une nouvelle forme spatiale de la schématisation va se dégager de l'expérience. Les mêmes publications périodiques intitulées L'Avant-Garde nous en offrent un exemple. Il existe ainsi des départements qui ne possèdent pas « d'avant-garde ». Ils constituent en France un X d'indifférence. Les publications traditionalistes sont très souvent publiées dans les départements limitrophes des extrémités de cet X comme si l'on assistait ainsi à une réaction de la conscience neutre qui, sommée de choisir, préfère se déclarer pour le passé.

Enfin les publications progressistes sont publiées dans les autres départements établis entre les branches de l'X. Mais elles n'offrent pas une continuité de la pensée progressiste jusqu'à nos jours. Ainsi assiste-t-on à une guerre d'usure jusqu'au moment où le X s'est replié sur lui-même pour ne plus constituer qu'un axe communiste allant du Nord au Lot en passant par Paris.

5. La sociologie de l'innovation.

Toutes les recherches précédentes nous ont permis de rappeler certaines découvertes concernant les fluctuations de la pensée collective imprimée. Mais nous avions vu qu'un autre problème, concernant toujours l'intelligence du livre devait aborder l'innovation littéraire en soi et dans des rapports avec la psychologie collective imprimée. C'est à ce premier sondage que devait procéder notre ami M. J.-C. Gaudy en étudiant d'une manière comparée les productions d'ouvrages publiés en France entre 1917 et 1959 en poésie, par le Mouvement surréaliste, par Breton, Eluard et Aragon 8.

Là encore les résultats ne se firent pas attendre. Les fluctuations de hausse et de baisse qui affectent la production poétique, celle du surréalisme et celle de Breton sont les mêmes. Ce premier résultat qui a naturellement besoin de plus amples approfondissements semble donc confirmer l'hypothèse selon laquelle les mouvements esthétiques innovateurs et leur chef de file ne sont que l'expression et comme la prise de conscience des tendances de la collectivité.

En revanche, quoique reproduisant en partie ces fluctuations, les productions d'Eluard et d'Aragon ont un rythme personnel propre.

6. Les fluctuations économiques et intellectuelles du livre.

La problématique de la bibliométrie bibliographique, nous l'avons vu, vise à examiner expérimentalement le rapport infrastructure économique et superstructure intellectuelle dans le cadre de la production des livres. Le rapport innovation-pensée collective ayant été abordé par M. J.-C. Gaudy, nous sommes donc renvoyés à l'examen du rapport économie-pensée collective du livre. Nous avons déjà acquis plus haut un premier résultat par l'étude des diverses séries de la production générale. Encore ne s'agissait-il que de simple concomittance entre la production saisie avant et après l'impression. Il convenait, toujours dans ce genre d'étude d'aller plus avant et d'étudier les rapports entre la production imprimée et la consommation intellectuelle. Une première approche pouvait être tentée à partir des tirages qui ne représentent pas la véritable consommation mais seulement une présomption de possibilité de vente donc de lecture de la part de l'éditeur. Là aussi le résultat fut important mais réduit à une courte recherche menée sur les dernières années de l'Ancien Régime et à un sondage court pour le XIXe siècle. Dans les deux cas les fluctuations de hausse et de baisse se retrouvent identiques pour les titres et pour les exemplaires. Mais une différence cependant devait être constatée qui concerne l'amplitude.

Celle-ci est plus que proportionnelle dans la hausse comme dans la baisse. Tout se passe donc, comme si l'éditeur acceptait, dans la hausse, de produire plus d'exemplaires en proportion que de titres nouveaux. Et inversement dans la baisse il préférerait plutôt réduire le nombre d'exemplaires que le nombre de livres neufs. Ceci s'explique aisément dans le cadre d'une politique de la vente. L'éditeur, dans la hausse, voit s'élargir son public et il préfère alimenter une collectivité de lecteurs plus large en multipliant le nombre des exemplaires plutôt que d'offrir à un même public, un grand nombre de titres nouveaux. Inversement dans la baisse, il préfère intéresser son public diminuant, par des livres neufs plutôt que de multiplier des exemplaires pour un public se réduisant.

La recherche doit cependant dépasser le cadre de la concomittance et aborder celui de la causalité avec l'analyse de l'antécédence manifestation temporelle du rapport cause-effet.

La même courte étude sur la production des livres dans les dernières années de l'Ancien Régime devait nous offrir, sur ce point, un premier résultat. Nous savions déjà, que les diverses séries dont nous disposons, privilèges, et permissions tacites demandées, dépôt légal, catalogue hebdomadaire, représentent des phases différentes de la vie du livre depuis le manuscrit jusqu'à la vente, supposant, par nature, un décalage temporel de deux à trois ans.

L'analyse du seuil de variation des fluctuations est donc ici essentiel compte tenu de ce décalage normal. Si c'est l'esprit des auteurs qui détermine la production imprimée, la hausse ou la baisse doit être sensible d'abord dans les séries concernant les manuscrits et se transmettre ensuite à chaque autre série du dépôt légal et du catalogue hebdomadaire compte tenu du décalage naturel de la production du livre.

Inversement, si c'est l'économie qui dirige la création littéraire, en ce cas la fluctuation de hausse ou de baisse devrait commencer avant (ou en même temps pour tenir compte du décalage de la production) dans le catalogue hebdomadaire que dans les demandes de privilèges. L'expérience faite fournit une première réponse. La hausse commence d'abord dans la bibliographie de la vente et se transmet avec une avance d'un an aux demandes de permissions. Ainsi il semblerait que ce soit l'augmentation de la vente qui conduise l'éditeur à demander un effort de production à ses auteurs ce qui là aussi paraît tout à fait normal. Il reste que l'expérience devrait être renouvelée et qu'il faudrait ensuite s'interroger sur les fluctuations de l'intérêt pour la lecture de la part du public et remonter ainsi dans la recherche de causalité.

Conclusions

Tels sont quelques uns des principaux problèmes et des principaux résultats de cette recherche de bibliométrie bibliographique. Cette discipline récente achève aujourd'hui de constituer son domaine propre. Il lui reste d'abord, dans le cadre français, à terminer l'élaboration, la critique des sources de la production intellectuelle des XIXe et xxe siècles.

En attendant, il faut que des recherches nouvelles et nombreuses puissent .être entreprises et menées à bonne fin sur les différents plans de sa problématique : investigation systématique des diverses disciplines, principales et secondaires et des thèmes les plus importants dans la perspective sociologique, historique, géographique. Seule cette recherche permettra d'aborder d'une manière sérieuse les problèmes de la prévision dans l'industrie du livre. Ces travaux devront être abordés également dans la perspective de la recherche de causalité entre l'infrastructure économique et la superstructure intellectuelle collective ou innovatrice. Ils devront suivre les fluctuations dans le cadre des rapports production-consommation, créateur-lecteur.

Or il est bien évident que pour élargir les résultats le travail du chercheur solitaire se trouve aujourd'hui dépassé. Nécessaire dans une première phase où .il convenait de s'assurer que la discipline nouvelle pouvait être féconde, elle ne l'est désormais plus dès lors que les résultats sont probants. A la période de prospection doit succéder une période d'exploitation. Celle-ci suppose un plan de développement. Il convient d'abord d'élargir l'audience de cette méthode. C'est ce qu'ont très généreusement voulu M. Dennery, directeur des bibliothèques .et de la lecture publique et Mlle Salvan, directrice de l'École nationale supérieure de bibliothécaires, en acceptant d'inclure dans les programmes de l'E.N.S.B. des conférences sur ce sujet. Qu'ils veuillent bien accepter ici le témoignage de notre reconnaissance.

Il faudra ensuite entreprendre des travaux en regroupant les esprits intéressés par ces problèmes. Les contacts que nous avons eu à la suite de nos conférences nous ont toujours prouvé que les études de bibliométrie bibliographique trouvaient un écho dans la pensée des personnes qui se sont spécialisées dans les problèmes .du livre.

Enfin toutes ces recherches, tout ce mouvement d'intérêt ne saurait se développer si une organisation générale n'est pas mise sur pied. Voici plusieurs années que nous soutenons la nécessité de créer un Centre de la statistique bibliographique. Il est bien évident que celui-ci du fait même qu'il ne concerne que l'application de la méthode quantitative au livre, ne saurait constituer qu'une section d'un Institut général de recherche sociologique du livre dont on peut voir se constituer les bases dans les grandes villes universitaires et dans les principales. organisations professionnelles.

L'heure du regroupement commence à sonner et c'est bien ce qu'a discerné clairement M. le Professeur Escarpit dans un assez récent article du Monde.

  1. (retour)↑  Texte intégral des conférences prononcées les 12 et 19 janvier 1968 à l'E.N.S.B.
  2. (retour)↑  Texte intégral des conférences prononcées les 12 et 19 janvier 1968 à l'E.N.S.B.
  3. (retour)↑  Zoltowski (V.) - La Fonction sociale du temps et de l'espace; Contribution à la théorie expérimentale de la connaissance. - Paris, Rivière et Cie, 1947. - in-4°, 25 p.
  4. (retour)↑  Cf. Revue Schéma et Schématisation.
  5. (retour)↑  Institut international de coopération intellectuelle.
  6. (retour)↑  ESTIVALS (R.). - La Production des livres dans les dernières années de l'Ancien Régime. Communication au 90e Congrès des sociétés savantes. Actes 1965. T. II, pp. II-54.
  7. (retour)↑  ZOLTOWSKI (V.). - Les Cycles de la création intellectuelle et artistique. (In : Année sociologique. 1952).
  8. (retour)↑  R. ESTIVALS, J.-C. GAUDY, G. VERGEZ, avec la collaboration de G. CHAZELAS, L'Avant-Garde, étude historique et sociologique des publications périodiques ayant pour titre l'Avant-Garde. - Paris, Bibliothèque Nationale, 1968.
  9. (retour)↑  J.-C. GAUDY. - Contribution à la sociologie de l'innovation : l'évolution comparée des productions d'ouvrages poétiques, surréalistes, de Breton, d'Éluard et d'Aragon de 1917 à 1959. (In : Schéma, p. 31.)