Développements récents dans les bibliothèques universitaires en Grande Bretagne

K. W. Humphreys

Les transformations des structures des universités et l'augmentation des effectifs d'enseignants et d'étudiants entraînent la modification de la vocation de la bibliothèque universitaire par un élargissement de ses services. Les bibliothèques universitaires britanniques tentent de répondre, surtout par la création de services communs et par l'automatisation, aux nouveaux besoins tant de l'enseignement que de la recherche pure ou technologique.

Je dois commencer par quelques détails 1 sur les bibliothèques universitaires en Grande-Bretagne, qui serviront de toile de fond au but principal de cet exposé. Il y a quarante cinq universités en Grande-Bretagne. Les plus anciennes sont Oxford et Cambridge en Angleterre et St. Andrews, Aberdeen, Glasgow et Edimbourg en Écosse, fondées avant la fin du Moyen âge. Oxford et Cambridge reçoivent un exemplaire de tout ce qui est publié en Grande-Bretagne, suivant les termes du dépôt légal. Londres et l'Université du pays de Galles sont des fédérations de collèges, chacun d'entre eux ayant sa propre bibliothèque. Dans le cas de Londres, quelques collèges, comme par exemple, l'« University College » et le « London school of economics » sont très importants. Un certain nombre d'universités comme Manchester, Birmingham, Leeds et Liverpool furent créées au tournant de ce siècle et sont considérées « de province » ou « Red-Brick » : beaucoup dans cette catégorie, comme Hull ou Southampton, n'obtinrent leurs statuts d'universités qu'en 1956. Récemment, neuf nouvelles universités furent créées et dix institutions technologiques reçurent un statut universitaire. L'importance des fonds de livres dans les bibliothèques de ces universités varie, bien sûr, considérablement (de trois millions de volumes à Oxford à vingt-cinq mille dans une nouvelle université technologique). Les plus anciennes universités « de province » possèdent une collection d'environ sept cent cinquante mille volumes, et un personnel global de quatre-vingt à cent personnes parmi lesquelles vingt-cinq à trente sont diplômées et du niveau du personnel enseignant.

Chaque université est autonome et entièrement responsable de son personnel ainsi que des crédits alloués à la bibliothèque. La subvention annuelle moyenne accordée aux bibliothèques en Grande-Bertagne est de quatre pour cent du revenu annuel total de l'université 2. Bien que les universités soient autonomes, ce sont néanmoins des institutions publiques qui reçoivent la plus grande partie de leur revenu de source gouvernementale par l'intermédiaire d'un corps indépendant, le Comité de subvention universitaire. Ce comité reconsidère les besoins des universités tous les cinq ans selon les demandes qu'elles lui présentent. Il sollicite le gouvernement (Ministère de l'éducation et des sciences) pour les fonds nécessaires à la continuation et au développement de l'œuvre universitaire; celui-ci donne alors ce qu'il peut, ou ce qu'il désire accorder. Le Comité de subvention universitaire distribue ensuite à chaque université une partie de la somme disponible qui est répartie entre les facultés, la bibliothèque, etc. ; les subventions destinées aux constructions nouvelles sont traitées séparément et ne sont pas comprises dans l'allocation annuelle faite à l'université.

Au cours de ces dernières années, les universités ont été l'objet d'un certain nombre de pressions, qui se sont répercutées d'une manière significative sur l'organisation et l'administration des bibliothèques universitaires. Bien que je ne puisse énumérer tous les problèmes qui se sont posés, ni tenter d'expliquer les solutions que nous leur avons données dans les bibliothèques britanniques, j'essaierai ici d'exposer les points qui sont, à mon avis, les plus importants. Je dois tout d'abord souligner le fait que les méthodes utilisées dans les bibliothèques universitaires britanniques sont souvent très différentes de celles employées en France, et je ne cherche ici qu'à vous exposer la situation actuelle. Bien que, comme vous pouvez le supposer, je considère ces conditions comme étant les plus favorables à notre situation, je ne voudrais pas suggérer qu'elles sont appropriées aux conditions françaises. En même temps, compte tenu de la faiblesse humaine, je dois confesser que je serais déçu, si vous ne trouviez rien qui serve d'émulation dans ce que je vais décrire.

Comme dans beaucoup d'autres pays, le chiffre des étudiants en Grande-Bretagne a énormément augmenté depuis le milieu de la dernière décade. En conséquence, le gouvernement a dirigé son action dans trois directions différentes : la création de nouvelles universités, soit à partir de zéro, soit à partir d'institutions technologiques déjà existantes, l'expansion rapide des vieilles universités et la promotion de collèges de technologie, commerce et éducation, leur donnant le droit de décerner les diplômes universitaires. Nous allons nous occuper ici, naturellement, des deux premiers exemples, bien que le dernier soit appelé à avoir des répercussions sur les bibliothèques universitaires; en tout cas par rapport aux demandes de prêt entre bibliothèques.

Sans aucun doute du fait de l'augmentation de la population estudiantine, il faut prendre en considération l'intérêt croissant des étudiants pour la participation aux affaires de l'université. A côté des conséquences politiques de cet intérêt, un problème humain se pose - le besoin de se sentir aidé moralement et matériellement. En ce qui concerne la bibliothèque cela nécessite un sérieux effort dans les différents services de bibliothèques. L'augmentation parallèle du personnel enseignant a également des effets importants sur le développement de la conduite des bibliothèques.

Deux éléments, pour ainsi dire complémentaires, sont reliés à l'acquisition et au traitement des fonds des bibliothèques. Nous sommes tous au courant de ce qui a été nommé « l'explosion de l'information » 3. La croissance énorme de la quantité de matériel traditionnel - livres et périodiques - a encore été accrue par la production de documents non imprimés ou à demi imprimés, d'œuvres publiées sous microforme et même de bandes magnétiques ou autres formes d'équipement audio-visuel.

Les grandes bibliothèques d'érudition doivent rassembler non seulement une plus grande quantité de matériel concernant les sujets d'étude courants dans les pays développés, mais elles doivent aussi s'intéresser à de nouveaux sujets et dans tous les pays. Avec la création de nouvelles universités capables d'expérimenter, et avec l'expansion des plus anciennes, il s'est produit une tendance à élargir les domaines d'étude, et à embrasser des pays au préalable peu étudiés. La plupart des universités s'intéressent en ce moment à l'Amérique latine, à l'Afrique, au Proche Orient, à l'Extrême Orient, ou à l'URSS et aux pays de l'Europe de l'Est, et par conséquent, leurs bibliothèques doivent se procurer le matériel « pertinent ».

L'impossibilité de rassembler de grandes collections de matériel d'érudition (particulièrement scientifique et technologique) dans chaque centre de recherche du pays, a amené les hommes de sciences et de lettres à demander l'aide des bibliothèques universitaires. L'industrie, les ministères, le personnel des hôpitaux et bien d'autres poussent les universités à rendre leurs services plus facilement disponibles.

On a observé ces dernières années, des projets techniques surprenants, qui ont eu (ou qui auront d'ici peu) des effets d'une grande portée sur l'organisation des bibliothèques. L'installation du télex dans les bibliothèques, la possibilité de produire des copies rapidement et à bon marché, la miniaturisation, et par dessus tout, l'emploi des ordinateurs, ont été pris en considération pour la planification de nos bibliothèques.

Enfin, tout comme les petites institutions qui nous demandent assistance parce qu'elles ne peuvent pas se permettre de constituer de vastes collections, nous devons aussi nous entraider et nous préparer pour une plus grande coopération dans l'acquisition, la mise en commun de nos ressources en ce qui concerne les recherches technologiques et l'utilisation de collections centralisées, de banques de renseignements, bandes magnétiques etc; chaque bibliothèque doit s'intéresser aux développements locaux, régionaux, nationaux et même internationaux.

J'ai maintenant l'intention de vous décrire globalement la façon dont les bibliothèques universitaires en Grande-Bretagne ont essayé de faire face à ces difficultés et de résoudre ces problèmes.

La création de nouvelles universités, et la croissance soudaine des plus anciennes, ont posé des problèmes ou aggravé ceux qui existaient déjà. De nouvelles constructions étaient nécessaires, l'approvisionnement en livres, pour les étudiants et ceux qui suivaient les cours postscolaires, était insuffisant à leurs besoins et les services qu'ils demandaient ne pouvaient être fournis sans un accroissement du personnel de la bibliothèque. Je pense que depuis 1958 il s'est construit plus de bibliothèques dans les universités qu'il ne s'en était jamais construit auparavant, ce qui fait qu'une attention considérable a été apportée aux méthodes les plus efficaces et donc les plus économiques pour les plans de construction des bâtiments. A mon avis, les particularités les plus remarquables de la plupart de ces nouvelles bibliothèques sont les suivantes :
I° la « flexibilité », en sorte que les superficies peuvent être utilisées dans n'importe quel but - rayonnages de livres, salles de lecture, bureaux, etc. ;
2° la possibilité d'extension sans bouleversement de l'organisation du local;
3° l'absence de barrière entre les lecteurs et les livres;
4° la variété dans les superficies destinées à la lecture - cabines, fauteuils, petites et grandes tables;
5° une organisation rationnelle des différentes activités de la bibliothèque en sorte que le travail se distribue de lui-même, d'une section à l'autre.

Enfin, le fait que dans chaque nouvelle bibliothèque, les livres sont répartis par discipline. Je reviendrai sur plusieurs de ces caractéristiques car elles dépendent aussi de systèmes déterminés par des critères autres que ceux de construction.

Un vaste nombre d'étudiants demande de nombreux exemplaires des manuels les plus courants, en même temps que, et peut-être même de façon plus urgente, des exemplaires des œuvres recommandées comme lectures complémentaires et que l'on ne peut raisonnablement demander aux étudiants de se procurer eux-mêmes. Cela est spécialement important actuellement en Grande-Bretagne, où quatre-vingt-cinq pour cent des étudiants reçoivent une bourse d'étude destinée aux frais universitaires et à leur entretien. Ceux qui reçoivent la bourse la plus élevée sont tenus de dépenser trente-cinq livres de la somme totale en ouvrages, papeterie, et dans certains cas, en instruments scientifiques et équipement. Comme l'initiative est laissée à l'étudiant de décider de la façon d'utiliser sa bourse, cela ne vous surprendra pas d'apprendre que d'après les statistiques, un étudiant dépense en moyenne entre douze et quinze livres par an 4. Les bibliothécaires sont très soucieux du fait que seulement la moitié des trois millions de livres destinés à l'achat des ouvrages ne soit utilisée à cet effet, du fait du fardeau supplémentaire imposé aux bibliothèques. Cependant, même si chaque étudiant achetait ses £35 d'ouvrages, il ne pourrait pas, surtout dans le domaine des lettres et des sciences sociales, se procurer tout ce qui lui est nécessaire. Nous devons donc leur fournir un service de reproduction et beaucoup d'entre nous maintenant sont obligés de prévoir une collection séparée de doubles (comme la collection qui s'appelle « Réserve » dans les bibliothèques américaines) qui ne peut être sortie de la bibliothèque et qui dans de nombreux cas ne peut être utilisée que pour trois ou quatre heures à la fois. La proportion habituelle approximative du nombre d'exemplaires par étudiant est de un pour sept.

Nous avons discuté la possibilité d'établir une bibliothèque d'étudiants distincte de la bibliothèque de recherche d'après l'exemple américain. A l'exception d'Oxford et de Glasgow, où les étudiants sont répartis séparément depuis longtemps, il faut dire, en général, que nos universités ne sont pas assez grandes pour permettre de séparer les lecteurs, les livres et le personnel en deux - particulièrement du fait de l'usage, dans les universités britanniques, de faire lire aux étudiants non seulement une grande quantité de livres mais aussi des périodiques, ce qui fait que leurs besoins sont beaucoup plus étendus que ceux des étudiants américains.

Bien avant les explosions de révolte estudiantine de ces deux dernières années, des pressions ont été exercées par le corps étudiant afin d'améliorer les services qui les touchent. Les bibliothécaires accédèrent en général à leur requête, par exemple ils allongèrent l'horaire d'ouverture, ce qui fait que la plupart des bibliothèques universitaires britanniques sont ouvertes de douze à quatorze heures par jour, du lundi au vendredi, et souvent les samedis et dimanches. Ils ont également réexaminé tous les aspects du travail de bibliothécaires, avec pour résultat le rapport sur les bibliothèques établi par le Comité des subventions de l'université 5. Ce rapport synthétise les changements d'attitude dans les bibliothèques académiques jusqu'en 1967 et est encore d'actualité, je pense, pour les bibliothèques universitaires de tous les pays. Afin de satisfaire les demandes faites par le personnel enseignant et les besoins croissants des étudiants, beaucoup d'améliorations importantes ont été apportées; acquisition, catalogage, classification et méthode de travail furent accélérés au point que maintenant, des livres sont souvent disponibles dans les rayons, deux ou trois semaines après leur publication. Les arriérés du catalogage furent également éliminés. Dans les nouveaux bâtiments et même dans les plus anciens il est maintenant habituel de mettre toute la collection (à l'exception du matériel spécial et rare) à la disposition de tous les lecteurs. Dans ma propre université, par exemple, sur sept cent cinquante mille volumes, sept cent mille sont mis à la disposition des étudiants et du personnel enseignant pour consultation immédiate.

Un certain nombre d'entre nous ont tenté d'accélérer les prêts entre bibliothèques par l'installation du télex, et nous avons été aidés par la création de la Bibliothèque nationale de prêt pour les sciences et la technologie. Beaucoup de bibliothèques ont été capables de fournir des services de renseignements, de références et même de traduction. En vue de connaître les besoins du lecteur, plusieurs bibliothécaires organisèrent des enquêtes sur la façon dont en réalité les professeurs et les étudiants utilisent la bibliothèque, sur les demandes qui ne sont pas satisfaites par les services de bibliothèques, et sur les méthodes qu'il faudrait adopter afin d'améliorer les facilités offertes. Par exemple, dans une des enquêtes faites à l'université de Birmingham, il apparut évident que, malgré les instructions données aux étudiants, sur la façon d'utiliser la bibliothèque - catalogues, classification, etc. - leur connaissance des services était insuffisante pour une utilisation économique et efficace 6. Notre souci a donc été d'organiser des visites commentées, de distribuer plus de guides du lecteur aux étudiants, aussi bien que d'organiser des exposés sur les sujets destinés aux étudiants en recherche.

L'augmentation des publications dans les pays développés a soulevé grand nombre de problèmes pour les bibliothécaires, mais les publications provenant des pays en voie de développement sont encore plus difficiles à se procurer et à découvrir, ces pays étant bibliographiquement mal organisés. Les Américains ont pu se permettre d'envoyer du personnel à travers le monde pour se procurer du matériel documentaire, mais la plupart d'entre nous sont incapables de le faire. Nous devons donc compter sur un personnel qui a acquis des connaissances spéciales sur le marché des livres et sur les libraires du monde entier. En conséquence, le vieux système de transférer les responsabilités de la sélection des livres aux membres du personnel enseignant est forcément devenu désuet du fait que la bibliothèque doit souvent agir sans délai afin d'obtenir le matériel documentaire. En outre, les professeurs n'ont plus le temps de se consacrer à cette tâche. Il devient de plus en plus coutumier pour les bibliothèques d'employer des spécialistes dans beaucoup de domaines, possédant les qualifications nécessaires et ayant une connaissance particulière de la littérature publiée. Ces spécialistes peuvent être appelés à se dévouer à la formation d'une collection, ou leur fonction principale peut être de se charger du service d'orientation des lecteurs et de passer la plupart de leur temps dans les salles de lecture 7.

Si le bibliothécaire met l'accent sur les services destinés aux lecteurs, il peut organiser sa collection suivant les sujets. Dans ce cas il aura un certain nombre de lieux de lecture destinés à la biologie, la médecine, le droit, les sciences sociales, etc., où des spécialistes du sujet seront responsables de la sélection des livres et du catalogage et grâce à l'expérience desquels les lecteurs s'enrichiront.

Du fait que les universités obtiennent leurs revenus des fonds publics avec en plus des subventions spéciales provenant de l'industrie pour la recherche, il n'est pas surprenant que les bibliothécaires aient considéré que, après avoir satisfait du mieux qu'ils pouvaient les besoins de leurs lecteurs, ils se trouvaient dans l'obligation d'aider le reste de la communauté. Ils se sont trouvés appelés, particulièrement dans ces dernières années, à mettre leurs fonds et l'expérience de leur personnel au service d'institutions non-scolaires. Quelques bibliothèques fournissent un service de renseignement pour l'industrie ou prennent part à un plan régional au service de firmes industrielles. D'autres pensent que leur bibliothèque médicale devrait être le centre d'un réseau de bibliothèques médicales à l'usage des médecins praticiens et des hôpitaux dans une région étendue. De plus beaucoup d'entre elles sont utilisées par les étudiants des écoles normales ou autres écoles de la région, par les hommes de loi, les chercheurs pour l'industrie ou les établissements gouvernementaux et par d'autres experts.

Le récent progrès en technologie a eu un effet considérable sur les bibliothèques universitaires. Toutes les bibliothèques ont acquis au moins une machine Xero et beaucoup en ont plusieurs. Un grand nombre d'entre elles ont également d'importants laboratoires photographiques auxquels peuvent être associées des installations lithographiques. Des recherches ont été faites dans plusieurs bibliothèques sur l'usage de différents types de miniaturisation pour la reproduction de livres et de périodiques, comme base de service d'information. On a déjà cité l'usage du télex pour relier les bibliothèques, principalement pour les prêts interbibliothèques.

Le progrès technologique le plus frappant cependant, et qui nous concerne de près, est l'ordinateur et son adaptation au service de la bibliothèque. Je laisse pour le moment les problèmes d'application nationaux et internationaux des ordinateurs au service de l'information, mais je vais donner un bref exposé sur les présentes recherches, « d'économie domestique », dans les universités britanniques.

Peut-être devrais-je commencer par dire que peu de tâches ont été entreprises par les bibliothèques individuelles avec leurs propres ressources financières. Seulement une ou deux bibliothèques, comme celle de l'Université de Birmingham ont prélevé sur leur personnel leur équipe d'automatisation avec analystes et programmeurs. La plus grande partie des recherches a été possible grâce aux fonds offerts par le Bureau pour l'information scientifique et technique, qui fait partie du Ministère de l'éducation et des sciences. Cet organisme a donné un certain nombre de subventions destinées aux expériences dans les différents champs de mécanisation. A l'université de Southampton et à Belfast, des recherches ont été entreprises sur des systèmes de prêt. Deux méthodes ont été adoptées et sont satisfaisantes dans certaines circonstances, bien que peut-être restreintes. La « City University » à Londres a préparé un plan pour le contrôle de sa comptabilité, plan qui pourrait influencer d'autres bibliothèques bien que la comptabilité de la « City University » soit peu importante et qu'elle soit simple par rapport à celle de certaines universités plus anciennes.

Newcastle a été le centre d'un développement considérable de l'utilisation de l'ordinateur pour la bibliothèque. Commençant avec un système limité à la section des acquisitions-expériences intéressantes mais qui présentent des désavantages -ils sont passés à la production d'un programme important destiné à cataloguer des livres anciens. A présent, ils ont entrepris une expérience de conversion du catalogue en bandes magnétiques.

Certaines bibliothèques ont publié leurs listes propres ou des listes collectives de périodiques, dressées à l'aide de l'ordinateur. Des expériences sur l'enregistrement des publications périodiques ont mis en lumière comme on aurait pu le supposer les difficultés posées par l'incertitude de l'arrivée de numéros séparés à des dates déterminées.

Les possibilités suggérées par la mécanisation en vue d'une plus grande coopération ont été accueillies avec un optimisme qui, par moment, n'était pas toujours fondé sur la réalité. Elles ont cependant confirmé la nécessité d'organiser la coordination et la rationalisation des services de bibliothèque au-delà de l'université. Beaucoup de bibliothèques universitaires ont été membres, pour un certain nombre d'années, des bureaux régionaux des bibliothèques, lesquels sont au nombre de onze en Grande-Bretagne. Ces bureaux organisent des prêts à l'intérieur d'une région et ont étendu leur intérêt à d'autres aspects de l'œuvre bibliothéconomique, en particulier, à la coopération dans l'acquisition des livres et des périodiques britanniques, à la normalisation de la photocopie et à l'entretien d'un catalogue collectif. De plus, dans des régions très peuplées, les bibliothèques universitaires coopèrent avec les bibliothèques locales et éducatives. Sur le plan national, toutes, à l'exception d'Oxford et de Cambridge, participent à des prêts entre bibliothèques et à un certain nombre de systèmes destinés à améliorer le nombre global de livres à prêter. Ceux-ci comprennent les livres britanniques courants ainsi que les publications nationales de toutes les époques. Par l'intermédiaire de la « Standing conference of national and university libraries » dont tous les bibliothécaires universitaires sont membres, des arrangements sont prévus pour l'acquisition de livres en provenance de l'URSS, des pays de l'Europe de l'Est, de l'Amérique latine, de l'Amérique et de l'Orient. Il existe aussi un plan en pleine activité pour assurer l'acquisition de livres de toutes les régions d'Afrique.

Beaucoup de bibliothèques utilisent, sur un plan expérimental, le système Medlars institué par la Bibliothèque médicale nationale des États-Unis. Les bandes magnétiques sont traitées à Newcastle qui a reçu à cet effet, pour une période de deux ans, une subvention du Bureau pour l'information scientifique et technique, qui paie également des agents de liaison dans les universités des différentes régions du pays. Il est prévu que dans l'avenir nous serons responsables du matériel à fournir en ce qui concerne les périodiques britanniques, et l'équilibre du système fournissant l'information en liaison avec la station Medlars en Suède, pour tous les pays d'Europe. Des bandes magnétiques contenant des informations sur des résumés de Chimie (Chemical abstracts) sont mises à l'essai à l'université de Nottingham, au profit d'autres universités.

Le développement le plus important et le plus intéressant dans le domaine international, et aussi en ce qui nous concerne, est l'application du plan Marc (c'est-à-dire une copie de catalogue qui peut être lue par la machine, et qui a été publiée par la Bibliothèque du Congrès à partir d'informations fournies par le plus grand nombre de pays possible et qui est à la dispostion des bibliothèques hors des États-Unis). La British National Bibliography est déjà en train de produire des bandes pour les livres britanniques, comme contribution à Marc. Les bibliothèques universitaires d'Oxford et de Cambridge travaillent de pair avec le « British Museum » pour comparer les bandes magnétiques de la British National bibliography et les acquisitions par dépôt légal de ces trois bibliothèques. Les universités d'Aston et de Birmingham avec la bibliothèque publique de Birmingham étudient les possibilités d'utilisation de Marc. Il est prévu qu'un certain nombre d'autres bibliothèques participent à un système à grande échelle, destiné à couvrir tout le pays d'un réseau de bibliothèques centrales, si les premières réussissent.

Le temps me fait défaut, je ne peux évidemment pas embrasser les aspects de la présente situation dans les bibliothèques universitaires en Grande-Bretagne, et je ne peux donner que quelque suggestions au sujet de l'avenir.

D'ici quelques années, grâce aux facilités largement étendues à l'enseignement supérieur, le niveau intellectuel de la population s'élèvera et de ce fait, la demande en matériel documentaire scientifique, technique et d'érudition augmentera énormément. A moins que les bibliothèques nationales et publiques ne soient capables de satisfaire cette demande - et je ne pense pas que ce soit très probable - les bibliothèques universitaires seront appelées à offrir leurs livres et leurs services aux usagers hors de l'université, dans une proportion actuellement imprévisible. Cela se fera par l'intermédiaire d'organisations régionales, nationales et même internationales, bien qu'il soit à espérer que ces organisations enrichiront les bibliothèques prises individuellement.

Nous poursuivrons des recherches sur les problèmes bibliothéconomiques, ce qui impliquera des enquêtes sur la façon dont les bibliothèques fonctionnent, sur les besoins des usagers, et sur les services à se procurer. L'université de Cambridge a formé une équipe de recherche pour examiner l'étendue de la tâche des bibliothèques académiques et les bibliothèques prises individuellement devront se livrer à une auto-critique constante afin de reconstituer leurs systèmes en accord avec le changement dans les demandes des lecteurs.

Nous devons nous résoudre à renoncer en partie à l'individualisme dont nous étions si fiers. Les systèmes privés de classification, même ceux du type de Bliss, qui ne sont pas utilisés couramment, doivent être délaissés au profit du système de Dewey ou de celui de la Bibliothèque du Congrès. Le catalogage devra se faire selon le Anglo-American Joint Code et les titres devront être identifiés par le « Standard book number », qu'il s'agisse de livres ou de documents destinés aux ordinateurs. Si les systèmes nationaux ou internationaux utilisant les ordinateurs sont adoptés, chaque bibliothèque devra accepter la normalisation de ses archives. Le même effet se fera sentir même dans les bâtiments, du fait qu'ils sont en partie livrés sous forme normalisée. Peut-être que seuls les bibliothécaires seront fournis en exemplaires non normalisés!

A cause du mouvement tendant à la normalisation et s'éloignant de toute variété, il sera essentiel d'accorder une attention particulière au lecteur. Nous devrons faire de notre mieux pour le traiter en individu, et non lui servir des informations présélectionnées, stérilisées et emballées, ce qui intéresserait beaucoup de lecteurs en marge, mais n'en satisferait totalement aucun. Nous devrons nous assurer que le lecteur est non seulement à l'aise, à une température chaude ou fraîche, confortablement assis, parfaitement éclairé, dans la tranquillité, mais qu'il puisse aussi obtenir ce qu'il cherche - et même ce qu'il ne pensait pas trouver - avec un minimum d'effort et dans un temps minimum.

  1. (retour)↑  Texte d'une conférence prononcée à Paris au « British council », le 10 mars 1969.
  2. (retour)↑  University Grants Committee. Returns from Universities and university colleges, 1966-67. - London, 1968. Tableau 14.
  3. (retour)↑  D. J. Urquhart. - The rising tide of paper. (In Advancement of science, September 1964, pp. 279-285).
  4. (retour)↑  Cf. University Grants Committee. Report of the Committee on Libraries. London, 1967, pp. 39 ff.
  5. (retour)↑  University Grants Committee. Report of the Committee on Libraries. London, 1967.
  6. (retour)↑  University Grants Committee. Report of the Committee on Libraries. London, 1967, pp. 213 ff.
  7. (retour)↑  Kenneth Humphreys. - The subject specialist in National and University libraries (In Libri, 17 (1967), 29-41).