La nouvelle section lettres de la Bibliothèque universitaire de Nancy

Gérard Thirion

La section lettres de la Bibliothèque universitaire de Nancy est née de l'éclatement de la Bibliothèque centrale lors de la création du Campus universitaire de lettres. De multiples problèmes d'organisation furent soulevés par la scission du fonds central et la mise en application des Instructions concernant les nouvelles sections et les sections transférées des bibliothèques des universités... 20 juin I962. L'achèvement de la mise en route selon les nouvelles normes est entrevue pour la fin de la présente année. Les lecteurs, dont le nombre ne cesse de croître, ont accueilli favorablement ces transformations

Historique

La Faculté des lettres et sciences humaines de Nancy disposait, place Carnot, de locaux devenus insuffisants. L'Université a pu acheter, en 1960, une belle propriété de cinq hectares, située au centre de la ville, à moins de 1 500 mètres du quartier universitaire traditionnel et à proximité immédiate de la Cité universitaire de Montbois.

Le projet mené rapidement par le doyen M. Jean Schneider et par les architectes, MM. Jacques et Michel André de Nancy, devait aboutir à la création d'un véritable campus comprenant Faculté, Bibliothèque, Bâtiment des ordinateurs, Centre de recherche pour un Trésor de la langue française (C.N.R.S.), Salle des sports et, sur un terrain voisin, Cité universitaire de jeunes filles (600 chambres). Tous ces projets étaient entièrement réalisés entre 1963 et 1966.

Le problème de la Bibliothèque était très particulier : reconstruite de 1932 à 1936 par le conservateur d'alors, M. Albert Kolb, agrandie tout récemment (1960-196I) par son successeur, M. René Nouat, elle semblait devoir suffire aux besoins prévisibles en 1960 : ses 24 km de rayonnages n'étaient pas remplis à 60 %, ses 320 places assises étaient rarement toutes occupées, bureaux et services techniques étaient à l'aise et le dynamisme de ses dirigeants ne s'était pas ralenti depuis les années 1920, faisant chaque fois face avec hardiesse aux problèmes nouveaux. D'autre part, séparer la Section lettres de la Bibliothèque centrale pouvait sembler une utopie sur le plan du fonctionnement et il est de fait que cela devait poser des problèmes difficiles. Mais les arguments invoqués pour justifier l'éclatement et qui finalement l'ont emporté, devaient se révéler singulièrement exacts : un accroissement inconnu jusqu'alors du nombre des étudiants et des professeurs; un éloignement, modeste certes, mais non négligeable, de la nouvelle Faculté à l'ancienne Bibliothèque; le désir, enfin, des enseignants d'avoir une bibliothèque à leur disposition immédiate. Tout ceci dans l'ambiance d'alors : journées d'études des bibliothèques universitaires (janvier 196I), élaboration des nouvelles Instructions d'organisation et de classement (juin 1962).

Création

Le principe de la création de la nouvelle Bibliothèque était arrêté en mai 196I, le projet général adopté et le crédit ouvert en juillet 1962, le dossier approuvé en janvier 1963, les premiers travaux commençaient en janvier 1964 et le bâtiment était hors d'eau pour la fin de l'année.

Cependant une étude plus minutieuse du programme, appuyée sur une prospective sérieuse, remettait en cause dès 1963 le projet, jugé trop modeste, et faisait passer le bâtiment de 3 500 à 5 200 m2 développés, mais sans augmentation du crédit initial. Cette notion d'économie dominera d'ailleurs toute la construction à laquelle on peut reprocher une certaine austérité et une grande simplicité, mais où le fonctionnel et l'efficace n'ont jamais été sacrifiés. Le compte définitif sera arrêté à 3 453 000 F pour la construction (650 F le m2) et à 4 278 000 F pour tout l'équipement mobilier et matériel. Le nouveau bibliothécaire était nommé le Ier mars 1962; avec une expérience d'une année de bibliothèque municipale, il ne disposait pour tout bagage que des comptes rendus des journées d'études de janvier 1961 1 et des réunions de travail des 26 et 27 mars 1963 2 ainsi que de l'avant-projet des Instructions de juin 1962 3. C'est à l'autorité du conservateur et à l'aide efficace de son adjointe, Mlle Marie Marchal, et de tous leurs collaborateurs, qu'il devra d'avoir mené à bien cette tâche.

Préparation (1962-1965)

Une première étape consistera à définir les tâches en fonction des moyens dont disposait la Bibliothèque centrale et à mettre au point les méthodes de travail, les transformations à apporter, de façon à atteindre l'efficacité maximum. Il ne s'agissait rien moins que d'extraire du fonds général (environ 500 000 volumes) tout ce qui concernait l'enseignement de la Faculté des lettres, tout en maintenant à la Bibliothèque centrale les ouvrages à caractère général et ceux à la frontière des sciences juridiques, économiques, voire biologiques ou géologiques. Le parti de maintenir intacts les catalogues de la Bibliothèque centrale et de leur conférer un caractère de catalogues collectifs devait entraîner des difficultés considérables de reproduction et de tri, mais nous ne l'avons jamais regretté; en outre, le fonctionnement normal de la bibliothèque ne fut jamais arrêté.

Ouvrages et périodiques furent triés un à un : les ouvrages entrés avant le Ier janvier 1956 gardant leur ancienne cote, devaient constituer la base du magasin de la nouvelle section; les ouvrages entrés postérieurement et les nouvelles acquisitions, tous recatalogués selon les Instructions de juin 1962 3, avec indexation C.D.U., formeront la première dotation des secteurs spécialisés; le travail sur les périodiques ne sera effectué qu'à la nouvelle Bibliothèque, au cours de l'année 1966-1967. Seules les thèses françaises, déjà classées par facultés pourront être prises en bloc, cependant qu'on ouvrait dès 1962 un nouveau classement pour les thèses étrangères.

La reproduction des fiches commença d'abord par dactylographie grâce au concours du secrétariat de la Faculté des lettres : 45 000 fiches auteurs furent copiées en trois ans. Pour les nouvelles acquisitions et les refontes, l'achat d'une imprimante offset « Rotaprint », mise en service au cours de l'année 1963, a permis de produire 80 ooo fiches par an depuis le début de 1964. Enfin, pour réaliser la copie de tout le fichier de la Bibliothèque centrale, 350 000 fiches furent reproduites par xérographie entre octobre 1964 et mars 1965; on put même, par ce procédé, copier environ 10 ooo fiches anciennes, de format en hauteur, et les intercaler dans des fichiers de format normalisé. La Bibliothèque centrale pouvait garder intacts ses catalogues (les cotes des ouvrages partis sont affectés du sigle rouge L par tampon de caoutchouc), et peut continuer à intégrer les fiches nouvelles de la Section lettres.

Préparé ainsi, le déménagement devait s'effectuer en sept journées de travail (Ier-10 juin 1965) mobilisant tout le personnel de la Bibliothèque avec les déménageurs, et cela sans aucune interruption du prêt de la Bibliothèque centrale et ouverture de la nouvelle section dès le premier jour du déménagement : aucun livre ne fut indisponible plus d'une demi-journée.

Mise en place (1965-1967)

Si les livres furent placés immédiatement, il n'en fut pas de même des catalogues : seules les fiches des 15 000 volumes, acquis ou refondus depuis deux ans, étaient en service. Il fallut, durant toute une année, à quatre sous-bibliothécaires qualifiées (I titulaire et 3 stagiaires), aidées d'étudiants et de candidats sous-bibliothécaires, procéder au récolement ouvrage-registre-fiches des 130 à 140 000 volumes, trier 450 000 fiches (plus de 2 millions de manipulations), en classer environ 200 ooo, et tout cela en faisant fonctionner le prêt, en assurant les nouvelles acquisitions, en guidant et renseignant professeurs et étudiants à travers une institution totalement nouvelle. Il y eut des faux-pas et des erreurs, mais en une année, une équipe de six à sept jeunes, de 20 à 25 ans, sans expérience et une équipe de cinq magasiniers qui n'en avaient guère plus (un seul était titulaire) ont pu permettre à la nouvelle Bibliothèque de prendre forme et de servir : au cours de cette première année, le trafic devait presque atteindre celui de la Bibliothèque centrale avant le départ. La seconde année, moins austère, fut surtout consacrée à la mise au point du nouveau fonctionnement, au tri et à la refonte des usuels, au reclassement des périodiques, à la réfection des fiches mal faites, à la constitution des catalogues spécialisés et à la mise en route du classement C.D.U. sur les rayons, cependant que le nombre d'entrées de lecteurs et celui des livres prêtés augmentaient de 50 % par rapport à l'année précédente. Enfin, nous pouvions peu à peu prendre en charge les services les plus délicats que la Bibliothèque centrale avait gardés pour nous soulager la première année (comptabilité des suites, prêt inter-bibliothèques, indexation des mots-matières, enregistrement des thèses...)

Bibliothèque centrale et section lettres

Le problème de l'avenir de la Bibliothèque centrale avait été posé dès 196I : « la Bibliothèque de la Place Carnot n'allait-elle pas rester sans livres ni lecteurs » ? La suite des événements devait apporter un singulier démenti à des vues un peu trop pessimistes. Tout d'abord, alors que la quittèrent les étudiants en lettres (pas tous car ils sont encore nombreux à y revenir), les étudiants en droit et en sciences qui n'y étaient guère venus y faisaient leur entrée. Il y eut toujours autant de places occupées dans les salles et autant de volumes prêtés; on ne put même pas remarquer une cassure dans l'accroissement du trafic. Une orientation plus accentuée vers les livres juridiques et économiques dut simplement guider davantage les acquisitions cependant que, dès la fin de 1965, il fallait songer à la préparation d'une nouvelle bibliothèque pour la section sciences 4.

Par ailleurs tous les services techniques et généraux y sont restés groupés : direction, administration, commandes et entrées, catalogues collectifs et services bibliographiques, périodiques à caractère général, atelier de photographie et service de microfilms, reprographie, imprimerie des fiches. Enfin, sa position, plus au centre de la ville, a permis l'ouverture d'une salle tous les soirs de 19 h à 22 h et le maintien de l'ouverture le samedi après-midi (parfaitement inutiles aux sections médecine et lettres dont les lecteurs suivent strictement les horaires de la faculté).

Dispositions des locaux en fonctionnement

Les architectes se sont inspirés du schéma conçu par M. Arretche pour les sections de la Bibliothèque universitaire de Rennes. L'idée directrice était l'accès du plus grand nombre possible de livres au maximum de lecteurs, cela par une interpénétration profonde entre les trois pôles de la bibliothèque : les livres, les lecteurs, les bibliothécaires.

Dès le hall d'entrée une orientation est prévue dans trois directions :
- les salles de lecture au rez-de-chaussée;
- la salle des secteurs spécialisés au Ier étage;
- le magasin à livres au sous-sol.

La bibliothèque du premier niveau

Les deux salles de travail du rez-de-chaussée (50 et 55 m de long, 8 m de large, 410 et 380 m2), un peu froides, un peu longues, offrent environ 480 places.

Sur les rayonnages sont librement accessibles quelques milliers d'ouvrages, les plus couramment utilisés. Entre les deux salles, se trouvent deux niveaux de magasins d'environ 250 m2 et 1 km de rayonnages chacun. Le premier, au niveau des salles, à quelques mètres de la banque de prêt, contient les ouvrages les plus demandés en lecture sur place. Le magasin du sous-sol (64 m de long, 940 m2, 6 km de rayonnages), contient les ouvrages vieillis ou très spécialisés, les brochures, les grands formats, les têtes de collections de périodiques. Dans le hall, face à la banque de prêt, ont été placés les deux catalogues alphabétiques, auteurs (y compris périodiques et collections) et matières, et cela pour tous les ouvrages de la Bibliothèque. Le hall d'entrée est décoré d'une grande mosaïque de 14 X 2,50 m due au talent de l'artiste nancéien René Giguet, symbolisant la culture littéraire et dont la réalisation technique fait penser aux grandes mosaïques de Ravenne. Un petit coin « détente » (fauteuils, chauffeuses, tables basses) est le seul endroit où il est permis de bavarder et de fumer. Le vestiaire, non obligatoire parce que non gardé, dégage les salles des manteaux et des parapluies. La banque de prêt, d'une architecture sobre et accueillante, assure renseignements, inscriptions, prêts à l'extérieur et prêts sur place dans les salles du rez-de-chaussée. Une liaison directe (téléphone, tube pneumatique, monte-livres, escalier) est assurée avec le magasin du sous-sol (où se trouve un magasinier en permanence) et avec la salle des secteurs spécialisés; elle permet de prêter un livre dans les cinq minutes suivant la demande. Un fichier donnant instantanément l'état de disponibilité des ouvrages permet d'éviter les attentes et démarches inutiles (on ne remplit la fiche de demande qu'après la réponse). Ce fichier donne chaque jour plus de 3 ooo renseignements et on doit y intercaler ou en retirer environ 500 fiches par jour : nous voyons arriver avec inquiétude le moment où il sera saturé et il est grand temps d'envisager une relève par un procédé électronique à étudier. La banque de prêt elle-même, conçue avec trois postes seulement, est trop petite et nous avons été bien proches de la saturation lors de la rentrée de 1967. Un bureau de bibliothécaire, donnant sur le hall, à quelques mètres des catalogues et de la banque de prêt, permet de compléter le service des renseignements. En face, la partie la plus étroite de la salle de gauche a pu être transformée occasionnellement en salle d'exposition par simple déplacement de tables et de chaises.

La bibliothèque du second niveau

La salle des secteurs spécialisés (1230 m2, 50 tables à 4 places, 2 km de rayonnages) s'ouvre d'abord sur le secteur bibliographies-catalogues-encyclopédies. Les catalogues ont été nettement orientés dans un sens bibliographique : catalogue auteurs comprenant au moins tous les ouvrages du niveau, catalogue des périodiques, des collections, catalogue C.D.U. (son index est en cours d'élaboration), catalogue collectif de tous les ouvrages des instituts de la Faculté des lettres, des fiches de thèses dactylographiées et des ouvrages de la Bibliothèque centrale ayant un intérêt pour les lettres; enfin, catalogues topographiques des ouvrages classés en C.D.U. dans chacun des secteurs. Un catalogue alphabétique matières, identique à celui du rez-de-chaussée, a été abandonné : le double emploi n'était pas justifié car les lecteurs de ce niveau s'en servaient peu. Des listes mensuelles des nouvelles acquisitions, distribuées aux professeurs et dans tous les instituts et mises à la disposition de tous les lecteurs, viennent combler le retard entre la disponibilité des nouveaux ouvrages (8 jours après leur entrée) et l'intercalation des fiches (plus de deux mois).

Les divers secteurs spécialisés correspondent chacun à un enseignement donné à la Faculté des lettres selon la répartition préconisée par les Instructions de juin 1962. Dans chaque secteur se trouve :
- Les manuels, ouvrages de référence, textes, études importantes, classés en C.D.U. peu développée : il y a 1 500 ouvrages pour le secteur histoire.
- Les grandes collections.
- Les acquisitions récentes (2 années).
- Les périodiques (environ 400) ; nous avons renoncé à la C.D.U. et suivi le classement des nouvelles cotes inventaires, déjà bien développées systématiquement (14 subdivisions pour les lettres) : le dernier numéro est sur un présentoir, les fascicules non reliés dans les coffres des boxes, les dix dernières années en rayonnages et la tête de collection dans le magasin du sous-sol.

Dans chaque secteur se trouve un box assez spacieux (3 m X 2 m) dont la base est constituée par un coffre à rayonnages et le sommet vitré. Quatre de ces boxes sont occupés par la bibliothécaire chargée de l'étage, la sous-bibliothécaire chargée des périodiques et deux autres sous-bibliothécaires. Les quatre autres boxes équipés avec lecteurs et microfilms servent surtout aux professeurs et chercheurs avancés. Un magasinier assure la liaison avec la banque de prêt et le sous-sol. Commune à toute la salle et accessible à tous les lecteurs de ce niveau, la galerie supérieure (300 m2, 1 km de rayonnages) contient toutes les thèses et les collections trop importantes qui encombraient les secteurs spécialisés. Un système de renvois permet cette dispersion.

La salle des travaux pratiques, au même niveau (75 m2) complète l'ensemble des services publics : salle de cours pour une trentaine d'étudiants (surtout utilisée par les agrégatifs ou pour les cours de bibliographie), salle de formation pour les cours professionnels, salle de réunion du personnel ou salle de travail collectif, elle s'est révélée à l'usage trop fréquemment occupée et le premier point d'une éventuelle extension serait d'en prévoir une seconde.

Réflexions au bout de deux ans de fonctionnement

Les lecteurs du second niveau, d'abord professeurs et étudiants de diplôme, ont vu leur nombre s'accroître considérablement dès octobre 1967, conséquence directe de la réforme des études supérieures de Lettres : les étudiants de maîtrise constituent actuellement plus de la moitié des 300 à 400 assidus de cette salle. En période d'occupation normale (du lundi au vendredi soir), il y a environ 30 à 50 places occupées en permanence. Ils peuvent utiliser n'importe quel ouvrage des 45 à 50 ooo volumes à leur disposition, mais seules les sous-bibliothécaires peuvent les replacer. Les disparitions sont rares : outre quelques emprunts clandestins, elles ne portent guère que sur une dizaine de volumes par an, nombre à peine plus élevé que celui des pertes de la Bibliothèque centrale avant le départ.

Le classement C.D.U. sur les rayons a surpris mais ne semble pas avoir dérouté longtemps des lecteurs habitués au classement transitoire par « magasins spécialisés » qu'ils avaient beaucoup apprécié. L'aspect petite bibliothèque assez intime, avec livres à portée de la main, dans une salle claire et spacieuse, a reçu un accueil très favorable.

Numériquement le succès a été certain : il entre 1 500 étudiants chaque jour, on prête ou on réintègre 460 à 500 ouvrages (uniquement prêt par fiches de demande), 250 à 300 places au rez-de-chaussée, 30 à 50 à l'étage, sont occupées en permanence. Le personnel employé, très modeste durant la préparation, s'est accru rapidement dès 1963 : actuellement 2I personnes y sont employées (3 bibliothécaires, 7 sous-bibliothécaires, 6 magasiniers, 2 dactylos, 3 personnes de service).

Si la fin de la mise en route du fonctionnement selon les nouvelles instructions peut être entrevue pour juillet 1968, le fonds d'usuels et d'ouvrages pour les salles du rez-de-chaussée est à augmenter très sensiblement; le tri des ouvrages de l'ancien fonds (avant 1956) et des thèses étrangères (avant 1960), soit 20 000 volumes environ restés à la Bibliothèque centrale, va relancer un nouveau programme de longue haleine, cependant que le fonctionnement quotidien nous accapare de plus en plus : les statistiques de la deuxième année (1966-1967) accusent un accroissement de 50 % sur l'année précédente et celles de l'automne 1967 un nouvel accroissement de 15% par rapport à l'automne 1966.

Cette bibliothèque conçue il y a cinq ans selon des normes qualifiées alors de généreuses s'approche de la saturation : le service du prêt doit être totalement réorganisé pour la rentrée 1968, les bureaux ne permettent guère d'accroître les effectifs du personnel, nous manquerons de places dans les salles dans cinq ans, dans les magasins dans dix ans. Enfin, si les liaisons verticales s'avèrent satisfaisantes, les liaisons horizontales dans un bâtiment tout en longueur (67 m) commencent à poser de sérieux problèmes d'adaptation devant l'accroissement du service.

Pour être juste, il faut ajouter qu'on prévoyait, en 1962, 4 000 étudiants en lettres vers 1970 et qu'ils étaient déjà 5 300 en novembre 1967.

Réussite complète ou demi-réussite ? Il est encore trop tôt pour apprécier le bien-fondé des dispositions prises il y a cinq ans et non encore intégralement appliquées. Malgré un souci d'objectivité maximum, il est difficile d'être juge après avoir été partie. Un point indiscutable est l'accroissement du taux de fréquentation des bibliothèques par les étudiants de Nancy : cet accroissement a suivi celui du nombre de places assises mises à leur disposition car on a rempli la nouvelle bibliothèque sans faire perdre un seul lecteur à l'ancienne. Cela seul justifierait les décisions de 196I-1962.

Remarques sur le fonctionnement et notes techniques

Chauffage :

Air pulsé, humidifié (réglage par hygrostat), ventilé par une sous-station. Dispositif satisfaisant (aucun bruit ni poussière) ayant dû recevoir des améliorations pour le sous-sol où la ventilation reste assez médiocre. (Dépense annuelle, 40 000 F environ).

Éclairage :

Par tubes fluorescents encastrés dans le plafond (à 4,70 m du sol). Entretien très faible, beaucoup moins que les lampes à incandescence des bureaux. Transformateur à l'intérieur de la Bibliothèque. Puissance installée : 150 KVA. (Dépense annuelle, 15 000 F environ).

Vitres :

790 m2 de surface vitrée en glaces de 5 mm : épaisseur suffisante pour l'isolation phonique. Nettoyage assuré par une entreprise trois fois par an. (Dépense annuelle d'entretien 2 400 F environ.) Les glaces des portes vitrées du sas d'entrée sont en revanche une cause de souci : des étudiants distraits et pressés les heurtent violemment et nous avons déjà eu trois bris de glaces.

Acoustique :

Isolation phonique assurée par les vitres, des sols en caoutchouc et des plafonds en laine de roche. Résultats excellents à 10 m d'une grand-route nationale et grande voie urbaine.

Sols :

Caoutchouc d'entretien très facile : 15 h de femmes de ménage par jour assurent le nettoyage des sols, des meubles et des vitres basses. (Dépense annuelle de personnel de service, 19 000 F environ.)

Mobilier technique :
* Rayonnages métalliques mobiles de type classique, avec tablettes tirantes et abattantes, réalisés par la maison Someta de Sarre-Union.
* Rayonnages d'aspect bois dans les salles de travail, entièrement en stratifié, réalisés par la maison Borgeaud de Montrouge. La souplesse d'emploi, la résistance à toute usure, la facilité d'entretien et le prix de revient inférieur au bois en compensent largement l'aspect un peu austère.
* Boxes du premier étage réalisés dans le même matériau. Tables en stratifié et piètement métallique réalisées par des artisans locaux à des conditions très économiques.

Liaisons :
* Téléphone : 14 postes intérieurs avec automatique intégral sur le réseau intérieur de la Faculté des lettres; 3 liaisons directes sur le réseau intérieur de la Bibliothèque centrale. (Dépense annuelle d'entretien, 1 ooo F environ.)
* Un monte-charge et 2 monte-livres. (Dépense annuelle d'entretien 3 600 F environ.)
* Liaison pneumatique très simple pour l'envoi des fiches à tous les niveaux.
* Il manque : un interphone, des liaisons horizontales.

Illustration
Plan

  1. (retour)↑  Journées d'études des bibliothèques scientifiques. 19-20 janvier 1961 (In : B. Bibl. France, 6e année, mai 1961, pp. 215-230).
  2. (retour)↑  Réunions de travail des 26 et 27 mars 1963 sur la construction et l'équipement des bibliothèques universitaires (In : B. Bibl. France, 8e année, 1963, pp. 222-223) et documents annexes multigraphiés.
  3. (retour)↑  Instructions concernant les nouvelles sections et les sections transférées des bibliothèques des universités... 20 juin 1962 (In : B. Bibl. France, 7e année, août 1962, pp. 401-410).
  4. (retour)↑  En cours de construction sur le campus universitaire de la nouvelle Faculté des sciences à Vandœuvre.