Le catalogue collectif des ouvrages étrangers (1952-1962)

Ginette Semonsous

Le Catalogue collectif des ouvrages étrangers (C. C. O. E.) a dix ans d'existence et possédait, au 31 décembre 1962, 602 402 fiches. Réception, tri, vérification, uniformisation, classement de ces fiches, fonctionnement du Service de renseignements. Tableaux statistiques montrant l'importance de plus en plus grande que prend le C. C. O. E. dans la coopération entre bibliothèques

Le Catalogue collectif des ouvrages étrangers (C. C. O. E.) est maintenant vieux de dix ans. C'est, en effet, en 1952 que la Direction des bibliothèques de France l'a institué. Tout en rappelant brièvement ce qu'est cette entreprise, son fonctionnement et ses buts, nous allons essayer de faire un bilan de cette décennie. Nous verrons alors qu'après une période de « démarrage », le Catalogue collectif des ouvrages étrangers est depuis quelques années en progression et qu'il est désormais en mesure de donner ses pleins résultats.

Bien que les initiales C. C. O. E. ne soient plus mystérieuses pour aucun bibliothécaire français, il nous semble utile cependant de résumer ici ce qu'est le Catalogue collectif. Le C. C. O. E. est un catalogue collectif qui recense uniquement les ouvrages étrangers (ne portant pas la mention imprimée du dépôt légal français) entrés dans les bibliothèques et les centres de documentation depuis le Ier janvier 1952. L'entreprise est donc limitée à la fois dans le temps et dans l'espace. Mais aucune autre limitation n'a été faite ni pour le genre des ouvrages (tout ouvrage étranger doit avoir sa fiche au C. C. O. E., même s'il s'agit d'un roman sans valeur ou d'un livre pour enfant), ni pour la langue dans laquelle ceux-ci sont écrits.

Toutes sortes de bibliothèques participent au C. C. O. E. - d'abord toutes les bibliothèques d'études relevant de la Direction des bibliothèques : Bibliothèques nationales, universitaires, municipales des grandes villes. Mais il bénéficie en outre du concours de beaucoup d'autres établissements : Instituts d'Université, grandes écoles, centres de documentation, etc... Au Ier décembre 1962, le nombre des adhérents est de 315. Rappelons pour mémoire que l'on trouvera la liste de ces établissements dans la brochure : Le Catalogue collectif des ouvrages étrangers 1... On y trouvera aussi l'explication du système des sigles dont les bibliothèques sont dotées au moment de leur adhésion 2. Les bibliothèques doivent porter ce sigle sur les fiches qu'elles transmettent au Catalogue collectif.

Il existe un catalogue collectif national et des catalogues collectifs régionaux. Les catalogues collectifs régionaux sont installés à la bibliothèque universitaire centrale de chaque académie. C'est à cette bibliothèque que les bibliothèques de province envoient deux exemplaires de chaque fiche d'ouvrage étranger acquis par elles. La bibliothèque universitaire en garde un pour son catalogue collectif régional et transmet l'autre au catalogue collectif national. Les bibliothèques du ressort académique de Paris envoient directement une seule fiche au Catalogue collectif national. Toutes les fiches d'ouvrages étrangers parviennent donc, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un centre régional, au Catalogue collectif national des ouvrages étrangers, lequel est situé à Paris, 65, rue Richelieu.

Ce service assure donc les tâches suivantes :
a) Réception des fiches;
b) Vérification et uniformisation des vedettes et classement des fiches;
c) Service de renseignements.

a) Réception des fiches.

D'après ce qui a été dit précédemment, on voit que le service reçoit un exemplaire de la fiche principale de toutes les acquisitions étrangères des établissements participants.

Au 31 décembre 196I, le C. C. O. E. avait reçu : 602 402 fiches (cf. le tableau statistique : Relevé des fiches reçues par le C. C. O. E. du Ier janvier 1952 au 31 décembre 196I). En regardant ce tableau statistique, nous pouvons faire une remarque intéressante : le total des fiches reçues par le C. C. O. E. durant ces dernières années est en nette progression 3.

Il est intéressant aussi de comparer les totaux des diverses académies de province. Toutes sont en nette progression. Mais si nous exceptons Caen et Strasbourg dont les bibliothèques ont bénéficié de dommages de guerre à des époques différentes et dont il est ainsi difficile de tenir compte, nous remarquons tout de suite que certaines régions acquièrent plus de livres étrangers que d'autres, par exemple Grenoble et Lyon.

Mais si instructive que soit la lecture de ce tableau statistique, une autre étude est encore plus intéressante. Il s'agit de comparer le nombre de fiches provenant des différents genres d'établissements.

Au 31 décembre 196I, voici comment se répartissaient les 602 402 fiches reçues :

Il est intéressant de remarquer que ces chiffres donnent les proportions suivantes :
Établissements de Paris : 62,72 % soit 63 %.
Établissements de Province : 37,28 % soit 37 %.

Ce qui ne saurait étonner quand on connaît la proportion démesurée qu'atteint la région parisienne par rapport au reste de la France. Il faut remarquer, en outre, que, parmi ces bibliothèques parisiennes qui donnent 63 % du total de fiches reçues, il y a la Bibliothèque nationale. Avec les 149 238 fiches étrangères qu'elle a envoyées au Catalogue collectif des ouvrages étrangers en dix ans, la Bibliothèque nationale tient une large place : 24,74 % du total, soit le quart.

Toutes les autres bibliothèques se partagent les 75,26 % restant. Parmi elles, les bibliothèques universitaires arrivent en bonne place : 43 % du total. Il est à remarquer ici aussi l'importance de Paris. L'ensemble des Bibliothèques universitaires de Paris forme 14,10 % de ce chiffre contre 28,90 % aux Bibliothèques universitaires de province, soit 1/3 du total de cette catégorie.

Enfin le nombre de fiches en provenance des autres genres de bibliothèques donnent les proportions suivantes :

Établissements divers de Paris et de province (B. N. de Paris non comprise) : 24,85 % soit 25 %.

Bibliothèques municipales : 4 %.

Instituts : 3 %.

Ces résultats donnent le tableau suivant :

Au sujet de ce dernier tableau, il nous semble utile de souligner le faible pourcentage de fiches envoyées par les bibliothèques d'Instituts. Malgré les efforts faits par les conservateurs de province chargés des catalogues collectifs régionaux, il y a assez peu d'Instituts de faculté ou d'université qui collaborent à notre entreprise. Par exemple, la totalité des riches bibliothèques d'Instituts de l'Université de Strasbourg nous échappe complètement; il en est de même d'ailleurs de beaucoup de bibliothèques de grandes écoles. Quant aux centres de documentation privés, ou semi-publics ou encore dépendants d'autres autorités administratives que la Direction des bibliothèques de France, ils n'ont jamais été sollicités systématiquement, mais leur adhésion volontaire serait souhaitable, surtout en ce qui concerne les centres scientifiques spécialisés de Paris aussi bien que de province.

Nous devons insister, d'autre part, sur l'importance que revêt la régularité d'envoi des fiches au C. C. O. E. Il est demandé aux bibliothèques participantes d'envoyer leurs fiches tous les mois. En effet, il est essentiel que le C. C. O. E. soit informé le plus rapidement possible lors de l'achat d'un livre étranger. Cela se comprend aisément quand on connaît l'importance de l'actualité de la documentation dans les sciences exactes et même dans les sciences humaines. Bien des établissements cependant, et non parmi les moindres, attendaient parfois plusieurs mois avant d'expédier leurs fiches. Une circulaire de rappel leur a été envoyée en février 1960. Les résultats de cette circulaire n'ayant pas été aussi satisfaisants que nous l'espérions, une autre circulaire a été expédiée cette fois à toutes les bibliothèques en février 1962. Depuis cette année, il y a une amélioration notable dans la régularité d'envoi des fiches, ce qui permet au C. C. O. E. de répondre à des demandes d'ouvrages plus récents.

Nous n'insisterons pas sur le travail intérieur de réception de fiches. Il suffit de savoir que chaque paquet de fiches reçu au C. C. O. E. est inscrit, d'une part sur un cahier par ordre chronologique, d'autre part sur des fiches de pointage par établissement. Un accusé de réception est toujours renvoyé à la bibliothèque émettrice.

b) Vérification et uniformisation des vedettes et classement des fiches.

Beaucoup plus importante nous semble être l'étude du travail de vérification et de normalisation des fiches. En effet, le Catalogue collectif des ouvrages étrangers garde toutes les fiches reçues. Les fiches représentant une même édition d'un même ouvrage dans différentes bibliothèques figurent au Catalogue dans l'ordre numérique des sigles. Il n'y a donc pas au C. C. O. E. de report de sigles sur une même fiche, ni de copie de fiches. Mais le travail à faire avant l'intercalation des fiches reste important. Malgré les règles de catalogage uniformisées par l'AFNOR, beaucoup de fiches parviennent au C. C. O. E. sous une vedette erronée. Il faut donc que toutes les fiches arrivant au C. C. O. E. soient vérifiées une à une. Un grand nombre peuvent être intercalées sans changement, mais pour certaines on doit modifier la vedette.

Pour ce travail, on s'est toujours efforcé au C. C. O. E. de respecter les usages adoptés par les bibliothèques françaises. Nous n'entrerons donc pas ici dans le détail des règles de catalogage suivies par le C. C. O. E. Nous nous contenterons d'indiquer que certaines catégories d'ouvrages font l'objet d'un soin plus particulier : ainsi il existe tout un système de renvois pour les fiches représentant des « mélanges », des « expositions », des « congrès ». Ces règles ont été établies après six ans d'expérience au Catalogue collectif en 1958 4. Leur application ayant posé quelques problèmes pour certaines catégories de fiches, elles ont été complétées et remaniées en 1962. Mais ces modifications ne concernent que l'établissement de la vedette ou les différentes sortes de renvois employés.

En effet, les règles générales de classement pour l'intercalation définitive des fiches dans les fichiers du C. C. O. E. sont toujours les mêmes depuis 1955. A cette époque, il a été décidé d'employer pour l'intercalation des auteurs au Catalogue collectif national, le système dit « Berghöffer » du nom de son inventeur. Selon ce système, plus pratique que scientifique, il n'est pas tenu compte du prénom de l'auteur. Les ouvrages des auteurs homonymes sont classés en une seule suite alphabétique du premier mot du titre. On établit des regroupements particuliers pour les auteurs importants. Ce système a énormément facilité et l'intercalation et les recherches.

On a ainsi trois fichiers au C. C. O. E. : le fichier « auteurs » dont nous venons de parler, le fichier « anonymes » des ouvrages classés au titre, et le fichier « collectivités-auteurs ». Ce dernier fichier a posé de nombreux problèmes. Il a paru impossible, pour un catalogue collectif, de considérer comme fiche principale, dans tous les cas, la fiche donnant le nom de la collectivité, comme cela se fait à la Bibliothèque nationale. Les fiches d'ouvrages qui ont bien pour auteur une collectivité, mais qui ont un titre particulier sont classées au titre. Restent dans le fichier de « collectivités-auteurs » seulement les fiches dont les titres ne peuvent se comprendre sans appel à leur collectivité-auteur. L'établissement des vedettes de collectivités se fait le plus possible selon les règles de la Norme AFNOR.

Le travail courant qui se fait sur les fiches reçues au C. C. O. E. est donc considérable. Mais il est d'autres séries de fiches qui posent des problèmes particuliers. Tout d'abord, il faut rappeler que le C. C. O. E. reçoit des fiches en toutes langues. Il est impossible d'intercaler telles quelles les fiches qui se présentent dans des alphabets différents de l'alphabet latin. D'autre part, même si elles se présentent en caractères latins, certaines langues sont fort difficiles pour les non-spécialistes. Nous recevons un certain nombre de fiches en langues slaves et orientales. En ce qui concerne les langues slaves, si la plupart des bibliothèques ne nous envoient que quelques fiches par an, il y a certaines grandes bibliothèques parisiennes qui nous en envoient un nombre assez important.

Par exemple, prenons les fiches reçues en 196I. Trois bibliothèques nous ont envoyé plus de 1 000 fiches russes; ce sont : la Bibliothèque nationale = 1 364 fiches; la Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine = 1 317 fiches; la Bibliothèque de l'École des langues orientales = 1 254 fiches. Ensuite vient la bibliothèque de la Sorbonne avec 368 fiches.

Le total des fiches russes donne :
5 793 fiches pour 196I. A cela il faut ajouter :
1 970 fiches polonaises
598 fiches bulgares
839 fiches tchèques
670 fiches serbo-croates
9 870 = total des fiches slaves pour une année.

Soit une proportion de 12 % du total des fiches reçues en 196I, dans laquelle les fiches russes forment 7 % du total. Quand on connaît l'importance grandissante de la documentation en russe dans les diverses disciplines historiques et scientifiques, on admettra que cet apport de fiches slaves au C. C. O. E. n'est pas négligeable. Une spécialiste de la Bibliothèque nationale vient à temps partiel pour traiter les fiches russes. Il serait souhaitable que d'autres spécialistes viennent dans les mêmes conditions pour traiter non seulement les fiches des autres langues slaves, mais encore les fiches des langues orientales.

En attendant de pouvoir être traitées par des spécialistes 5, ces fiches sont classées par langues dans un fichier d'attente. A l'intérieur de chaque langue, les fiches ont été classées alphabétiquement telles que les bibliothèques nous les ont envoyées. On peut ainsi faire des recherches dans ces fichiers, mais elles restent assez difficiles.

Une autre série de fiches pose des problèmes au C. C. O. E., ce sont les fiches de périodiques et diverses publications annuelles (par exemple, publications statistiques). Normalement, ces fiches ne devraient pas parvenir au C. C. O. E., mais la notion de périodique n'est pas véritablement définie et certaines bibliothèques considèrent comme périodiques ce que d'autres classent dans les ouvrages. Au C. C. O. E. il a été décidé de considérer comme périodique toute publication paraissant périodiquement, même si la fréquence de parution est d'au moins un an. Notre définition se rapprocherait de ce que les Anglo-Saxons appellent les « Serials ». Il nous était en effet impossible de classer dans nos fichiers des publications pour lesquelles nous recevions une fiche nouvelle chaque année (nous pensons aux publications statistiques ou aux publications du genre « Advances »).

Par contre le service de l'Inventaire permanent des périodiques étrangers en cours prend le mot périodique dans un sens plus étroit. Un grand nombre de publications ne se trouveraient donc recensés normalement ni par eux, ni par nous. Mais comme les fiches de ces publications parviennent en général au C. C. O. E., il a été décidé de créer un fichier spécial pour ces publications périodiques. S'y trouvent en plusieurs séries les publications suivantes : publications statistiques périodiques, rapports annuels de collectivités, annuaires, fiches de certaines collections dont la forme est voisine de celle du périodique.

c) Service de renseignements.

Le service de renseignements du Catalogue collectif des ouvrages étrangers est ouvert au public depuis 1954. Le Catalogue collectif répond aux demandes de renseignements qui lui sont adressées par écrit ou par téléphone. Il est possible aussi, et même recommandé aux chercheurs de venir consulter sur place le fichier aux heures d'ouverture. En effet, il est toujours plus facile de donner le renseignement au lecteur lui-même que de répondre au téléphone. Cependant, à ce sujet, nous voudrions faire deux remarques. Tout d'abord, on nous consulte très souvent pour des ouvrages anciens. Le Catalogue collectif ayant débuté seulement en 1952 et recensant seulement les ouvrages acquis par les bibliothèques depuis cette date, il est peu probable qu'un ouvrage paru avant 1950 se trouve dans nos fichiers. Il y a donc intérêt, pour ce genre d'ouvrage, à rechercher d'abord quelles bibliothèques seraient susceptibles de le posséder et de ne s'adresser au C. C. O. E. qu'en dernier recours. Par contre, pour tout ouvrage paru après 1952, il devrait toujours être fait appel d'abord au Catalogue collectif.

Une autre remarque que nous ferons, c'est que les lecteurs ont fort souvent des références imprécises. Beaucoup de chercheurs ne consultent pas les bibliographies qui sont à leur disposition dans les grandes bibliothèques, ou, lorsqu'ils le font, ils ne savent pas s'en servir. On nous demande très souvent des articles de périodiques aussi bien que des ouvrages, les lecteurs ne faisant pas la différence entre ces deux genres de documents. Certaines bibliothèques considèrent comme auteurs ce que d'autres considèrent comme compilateurs. Les titres ne sont pas exacts, par exemple certains centres de documentation trouveraient naturels que nous puissions retrouver la référence d'un ouvrage ayant paru dans une quelconque langue étrangère et dont ils nous donnent la traduction en français.

Le Service s'efforce toujours de faire toutes les recherches demandées. Mais le Service de renseignements fonctionne surtout pour l'orientation du prêt inter-universitaire. Il est en effet recommandé aux bibliothèques universitaires d'envoyer toutes leurs demandes de prêt concernant des ouvrages étrangers parus après 1952 directement au Catalogue collectif national. Celui-ci fait les recherches immédiatement, et donne les réponses.

Voici comment fonctionne le système de réponses aux demandes émanant de bibliothèques universitaires. Divers cas peuvent se présenter :
I° L'ouvrage demandé est signalé au Catalogue collectif par une (ou plusieurs) bibliothèque universitaire; la réponse est alors expédiée à cette bibliothèque (ou à une de ces bibliothèques) universitaire qui envoie alors l'ouvrage à la bibliothèque qui le demande.
2° L'ouvrage demandé est bien signalé au Catalogue collectif, mais par une bibliothèque ne faisant pas partie du circuit de prêt inter-universitaire (B. N. ou B. municipale ou B. privée, etc...). La réponse est renvoyée à la bibliothèque qui demande l'ouvrage afin que celle-ci s'adresse directement à la bibliothèque qui possède l'ouvrage.
3° L'ouvrage demandé est récent, mais ne figure pas dans les fichiers du C. C. O. E. Le C. C. O. E. renvoie la réponse négative à la bibliothèque, mais garde la référence de cet ouvrage afin de pouvoir avertir la bibliothèque si l'ouvrage lui est signalé ultérieurement.
4° L'ouvrage demandé est ancien, ou ne porte pas de date, et ne figure pas dans les fichiers du C. C. O. E. La demande est alors retransmise par celui-ci à une bibliothèque universitaire de Paris. Selon le genre de l'ouvrage, cette demande ira soit à la Sorbonne s'il s'agit d'un ouvrage littéraire ou scientifique, soit au Droit s'il s'agit d'un ouvrage juridique, etc...

Dans ce dernier cas, en effet, il apparaît inutile de garder la référence d'un ouvrage ancien. En ce qui concerne les demandes d'ouvrages récents dont le C. C. O. E. garde la référence, il est intéressant de signaler que les références des ouvrages demandés sont prises sur fiches. Ces fiches, munies d'onglet de couleur, sont intercalées dans les fichiers 6 du C. C. O. E. où elles restent trois ans, temps au bout duquel, si aucune bibliothèque n'a signalé l'ouvrage, elles sont archivées. Mais assez souvent l'ouvrage se trouve assez vite acheté par une bibliothèque, et la bibliothèque qui le demandait peut en être alors avisée immédiatement.

Chaque réponse faite par le Service de renseignements du C. C. O. E. est soigneusement notée. On a pu ainsi établir des statistiques fort instructives (cf. tableaux II et III). Nous pouvons voir sur ces tableaux que la proportion de réponses positives est fort honorable. Elle est toujours supérieure à 60 % (et atteint même 73 %) pour les demandes qui concernent des ouvrages récents. Elle est beaucoup plus faible pour les demandes d'ouvrages anciens. Cependant la proportion de réponses positives semble baisser depuis quelques années et nous nous en sommes inquiétés. Surtout en ce qui concerne les demandes écrites concernant des ouvrages récents où nous obtenons successivement de 1958 à 1962 : 73 %, 69 %, 70 %, 66 %, et 63 %.

Nous croyons voir deux explications à ce phénomène. Tout d'abord, on nous demande beaucoup plus d'ouvrages. Le nombre de demandes est passé de 473 en 1958 à 1 232 en 196I. Mais surtout on nous demande des ouvrages de plus en plus variés et l'augmentation des réponses négatives par rapport aux positives en est le résultat le plus spectaculaire. Nous ne faisons pas de statistiques par genre d'ouvrage demandé. Mais nous avons remarqué que l'on ne se contente plus de nous demander seulement, comme il y a quelques années, surtout des ouvrages classiques de critique littéraire ou d'histoire. De plus en plus nous recevons des demandes concernant des sujets très particuliers du domaine littéraire et historique, mais surtout il nous est demandé d'assez nombreux ouvrages de sciences sociales, de sciences fondamentales et appliquées ou de sciences médicales, domaines dans lesquels les bibliothèques françaises acquièrent assez peu d'ouvrages, il faut bien le reconnaître.

De ce manque d'ouverture aux formes modernes de la connaissance scientifique, ce n'est pas à nous de chercher les causes : manque de crédits ou politique d'acquisitions trop traditionnelle. Nous nous contentons de le signaler. En effet, il nous semble que, en dehors de son service de renseignements, le Catalogue collectif des ouvrages étrangers pourrait rendre de grands services pour constater les lacunes, signaler les doubles emplois non justifiés. Il nous semble qu'il devrait être à la base de toute étude sur la planification des acquisitions.

Ainsi, par une triple activité : renseigner le lecteur, orienter le prêt-interuniversitaire et coordonner les acquisitions, le Catalogue collectif des ouvrages étrangers pourrait être un des pivots de la coopération entre les bibliothèques.

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Réception des fiches (1/3)

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Réception des fiches (2/3)

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Réception des fiches (3/3)

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Tableau I

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Tableau II

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Tableau III

  1. (retour)↑  France. Bibliothèques (Direction). - Le Catalogue collectif des ouvrages étrangers reçus par les bibliothèques françaises. - Paris, Direction des bibliothèques de France, 1960. - 23,5 cm, 54 p. (Ministère de l'Éducation nationale. Direction des bibliothèques de France.)
  2. (retour)↑  Il est intéressant de noter que ce système des sigles est commun à l'Inventaire permanent des périodiques étrangers en cours, et au Catalogue collectif des ouvrages étrangers.
  3. (retour)↑  106264 fiches ont été reçues en 1962, soit une augmentation de 24 135 fiches sur 1961.
  4. (retour)↑  Nous précisons bien qu'il s'agit là de règles de catalogage rédigées pour le travail intérieur du C. C. O. E. et qui n'ont jamais fait l'objet d'aucune publication extérieure.
  5. (retour)↑  Et pour certaines, en attendant de plus qu'une norme de translittération ou transcription soit établie.
  6. (retour)↑  Pour plus de précision, nous signalons que ces fiches sont intercalées dans le fichier dit « provisoire » où sont classées les fiches en attente d'intercalation définitive (fiches récemment arrivées).