Planification des acquisitions

L'accroissement de la production des documents, l'impossibilité pour une bibliothèque si importante soit-elle de rassembler l'essentiel de ce qui a paru dans tous les pays dans un secteur déterminé, quel qu'il soit, rendent plus nécessaires que jamais non seulement des catalogues collectifs, des services de prêt et des services de reproduction photographique, mais une coordination et, dans une certaine mesure, une planification des acquisitions. En France, s'il y a eu et s'il y a encore plusieurs projets, seules des dispositions limitées ont été prises à l'égard des acquisitions.

Dès avant la dernière guerre mondiale, l'Administrateur général de la Bibliothèque nationale avait pris l'initiative de réunir en commissions les bibliothécaires des grandes bibliothèques parisiennes pour planifier les achats de certains livres et de certains périodiques très spécialisés, qui sont généralement d'un prix relativement élevé. Récemment des réunions se sont tenues à la Direction des bibliothèques de France, notamment pour les périodiques soviétiques dans le domaine des sciences humaines et sociales et pour la documentation africaine. La création nouvelle d'un Service d'information bibliographique, plus spécialement à l'intention des bibliothèques universitaires, a permis d'autre part d'amorcer un fonds de prêt d'ouvrages étrangers au bénéfice des sections « Sciences ».

Il appartient à la Direction des bibliothèques de France, après avoir procédé aux études et aux consultations nécessaires, de déterminer dans les mois à venir une véritable politique d'acquisition à l'échelon national, de telle façon que l'on soit assuré, quelle que soit la méthode adoptée, de trouver en France, au moins en un exemplaire, tout ouvrage ou tout périodique dont la valeur est reconnue pour l'étude et la recherche. Mais il importe aussi que les bibliothécaires prennent de plus en plus conscience de cette nécessité de coordination dans l'intérêt des usagers de nos bibliothèques.

C'est pourquoi, estimant que le sujet était d'un intérêt actuel pour les lecteurs français du Bulletin des bibliothèques de France, mais aussi pour les lecteurs de l'étranger, nous avons demandé à quelques personnalités étrangères, particulièrement compétentes en la matière, de nous exposer elles-mêmes le plan d'acquisition adopté dans leur pays.

Dans ce fascicule nous avons bénéficié du concours éminent de Mme le Dr Gisela von Busse de la « Forschungsgemeinschaft ». Nul mieux qu'elle ne pouvait présenter l'organisation de la République d'Allemagne fédérale dont l'exemple est particulièrenaent digne d'attention pour nous Français. De son côté, M. Tönnes Kleberg, directeur de la Bibliothèque de l'Université royale d'Uppsala, qui a déjà consacré plusieurs études au plan « Scandia », plan qui a l'originalité d'être commun à plusieurs pays, a bien voulu nous offrir la possibilité de publier en français une mise à jour de la situation en Scandinavie. Qu'il soit ici remercié, ainsi que Mme von Busse, pour une collaboration précieuse dont s'honore le Bulletin des bibliothèques de France.

Dans un prochain fascicule nous pourrons présenter le plan Farmington grâce à Mr. Robert Vosper, bibliothécaire à la Bibliothèque de l'Université de Californie à Los Angeles, expert particulièrement qualifié des réalisations américaines en ce domaine. En ce qui concerne la Grande-Bretagne, pays où des initiatives ont été prises, on le sait, de longue date, Mr. S. P.-R. Filon, de la « National central library », et Mr. K. W. Humphreys, de la Bibliothèque de l'Université de Birmingham, ont bien voulu se partager l'étude de la question. La situation pourra être examinée ultérieurement dans d'autres pays et nous pensons ainsi qu'un programme actuel d'importance capitale sera traité dans ses éléments essentiels grâce à une collaboration internationale que notre Bulletin avait déjà inaugurée et que nous serons toujours prêts à renouveler car seule elle permet de prendre une connaissance directe et exacte des réalisations nationales.