Les films scientifiques et techniques français

Sources documentaires

Martine Haguenauer

Concerne les films (de recherche, de vulgarisation scientifique, d'enseignement) portant sur les disciplines des sciences fondamentales et appliquées. Organismes et sources d'orientation, filmographies, catalogues de cinémathèques. Nécessité d'une coordination

Dans l'introduction de l'ouvrage qu'ils ont consacré en 1948 au cinéma scientifique français, le Dr P. Thévenard et G. Tassel constataient que la cinématographie scientifique avait été « de manière double en quelque sorte, à l'avant-garde de la cinématographie naissante : parce que des films scientifiques furent parmi les premiers à être tournés d'abord ; ensuite, parce que le film scientifique, de par sa nature même, postule l'emploi de techniques particulières visant à ce qu'on est convenu d'appeler des « effets spéciaux » en cinématographie normale, effets spéciaux qui sont le propre de l'avant-garde 1 ».

D'autre part, dans un article consacré à Jean Painlevé et publié en 1947, le critique cinématographe, André Bazin, notait : « Lorsque Muybridge ou Marey réalisaient les premiers films d'investigations scientifiques, ils n'inventaient pas seulement la technique du cinéma, ils créaient du même coup le plus pur de son esthétique. Car c'est là le miracle du film scientifique, son inépuisable paradoxe. C'est à l'extrême pointe de la recherche intéressée, utilitaire, dans la proscription la plus absolue des intentions esthétiques comme telles, que la beauté cinématographique se développe par surcroît comme une grâce surnaturelle. Quel cinéma « d'imagination » eût pu concevoir et réaliser la fabuleuse descente aux enfers de la bronchoscopie, où toutes les lois de la « dramatisation » de la couleur sont naturellement impliquées dans les sinistres reflets bleuâtres dégagés par un cancer visiblement mortel? Quels trucages optiques eussent été capables de faire naître le ballet féerique de ces animalcules d'eau douce s'ordonnant par miracle sous l'oculaire comme en un kaléidoscope? Quel chorégraphe de génie, quel peintre en délire, quel poète pouvait imaginer ces ordonnances, ces formes et ces images? La caméra seule possédait le sésame de cet univers où la suprême beauté s'identifie tout à la fois à la nature et au hasard : c'est-à-dire à tout ce qu'une certaine esthétique traditionnelle considère comme le contraire de l'art. Les surréalistes seuls en avaient pressenti l'existence, qui cherchaient dans l'automatisme presque impersonnel de leur imagination le secret d'une usine à images. Mais Tanguy, Salvador Dali ou Bunuel, n'ont jamais approché que de loin ce drame surréaliste où le regretté docteur de Martel, pour pratiquer une trépanation compliquée, dessine et creuse au préalable sur une nuque rasée et nue comme une coquille d'œuf, l'esquisse d'un visage. Qui n'a pas vu cela ignore jusqu'où peut aller le cinéma 2. »

Si nous avons rappelé ces deux passages, c'est pour souligner que le cinéma scientifique et technique n'intéresse pas seulement les hommes de science et les techniciens quels qu'ils soient parce que les films cinématographiques sont des documents au même titre qu'un article de périodique ou qu'un brevet, mais également tous ceux qui s'intéressent au cinéma sur le plan de l'art ou de la technique que leurs recherches soient orientées vers le passé ou vers l'avenir.

C'est pourquoi nous avons demandé à Mme Haguenauer qui, pour son mémoire de fin d'études de l'Institut national des techniques de la documentation a procédé à une enquête sur les sources documentaires du cinéma scientifique et technique français, de bien vouloir esquisser pour les lecteurs du Bulletin des bibliothèques de France un tableau de ces sources, les films étant appelés à avoir leur place non seulement dans des cinémathèques proprement dites mais également dans les bibliothèques et organismes de documentation. Il ne sera question ici que des films portant sur les disciplines des sciences fondamentales et appliquées laissant de c6té par conséquent des films comme les films ethnographiques.

Aujourd'hui, grâce au génie et à la ténacité des continuateurs de Marey : les Bull, Noguès, Claoue, Commandon, Painlevé, Cantagrel, Thévenard notamment, le cinéma s'est imposé dans les laboratoires, les ateliers, les usines comme dans les écoles.

C'est ainsi que la Cinémathèque de l'enseignement public évalue à plus de 8 millions le nombre d'enfants ayant assisté dans les établissements scolaires à la projection de films pédagogiques en 1960 (chiffre ne comprenant ni les élèves de la région parisienne ni ceux de l'enseignement privé). Durant la même année, un million de nouveaux francs furent consacrés par l'industrie française à la réalisation de 700 films d'information technique.

L'utilisation du cinéma par et pour la science et la technique revêt différentes formes. Pour une meilleure appréciation de celles-ci, il convient de classer les films en groupes distincts, encore que cette séparation ne puisse être que très arbitraire, et fonction essentiellement des utilisateurs.

Nous présentons néanmoins une classification simple et rationnelle, choisie par l'Institut de cinématographie scientifique (I. C. S.) 3 qui fait autorité en la matière et qui distingue :
I° les films de recherche;
2° les films de vulgarisation scientifique;
3° les films d'enseignement.

Les films de recherche.

Les possibilités offertes par le cinéma pour la recherche scientifique sont multiples et inégalables. Celui-ci permet en effet : l'apparition et la réapparition de phénomènes invisibles à l'œil nu, l'amplification de détails et de contrastes, l'analyse image par image du développement d'un phénomène fugace ou difficile à reproduire, la communication d'une observation dans toutes les circonstances souhaitables.

La couleur peut également être génératrice de découverte : c'est ainsi par exemple que les services d'étude de la S. N. C. F. vérifièrent l'adhérence du pantographe d'une locomotive aux caténaires électriques en filmant de nuit et en couleur les étincelles produites à très grande vitesse.

On comprend aisément que le cinéma soit un instrument de recherche extrêment précieux, et utilisé notamment en biologie, en mécanique, en électronique ou en électricité.

La multiplicité de leur utilisation font que les films de recherche ne peuvent être définis, comme ils l'ont été parfois d'une manière trop restrictive, de « films ayant donné lieu à une communication scientifique », mais plutôt, comme le préfère l'Institut de cinématographie scientifique, de « films ayant pour but la recherche ».

Les films de vulgarisation scientifique.

Ils peuvent revêtir différentes formes selon qu'ils s'adressent à un public plus ou moins spécialisé.

Ce sont soit des « documentaires » pouvant être considérés comme scientifiques (toujours selon l'I. C. S.) si « les images, leur montage, et les commentaires qui les accompagnent présentent des observations caractéristiques permettant la compréhension du sujet ».

Une autre forme de films de vulgarisation scientifique s'adresse à un public plus restreint, plus compétent, sans être pour autant spécialisé : ils s'apparentent aux films d'enseignement, sans revêtir nécessairement une forme didactique. Ainsi des films médicaux explicitant des méthodes thérapeutiques nouvelles, ou des films industriels faisant la démonstration de techniques récentes.

Les films d'enseignement.

Les chiffres cités plus haut montrent combien l'emploi du cinéma est répandu en France dans tous les stades de l'enseignement. Notons néanmoins que les spécialistes du cinéma pédagogique précisent que les films sont utilisés pour illustrer ou compléter un cours mais ne sont jamais destinés à se susbstituer à lui.

Comme nous l'avons déjà souligné, il est évident que cette classification est un cadre commode permettant la clarification de la question. Encore faut-il se garder de la considérer avec formalisme car dans le domaine extrêmement mouvant de la cinématographie scientifique, les interférences peuvent être fréquentes : ainsi tel film réalisé primitivement dans un but de recherche, pourra-t-il par la suite devenir un instrument didactique.

Il n'est de même pas toujours facile d'établir une distinction nette entre « films scientifiques » et « films techniques » et maints films pourraient avoir ce double qualificatif.

Ces réserves faites, précisons que la classification citée pour les premiers est valable pour les seconds, qu'il s'agisse de films d'investigation, aidant par exemple les ingénieurs à résoudre des difficultés mécaniques d'ordre cinématographique, de films d'organisation scientifique du travail, analysant des opérations ou des postes de travail, de films de formation professionnelle ou de sécurité, de films d'information des cadres, du public, etc.

Ces indications succinctes donnent une idée du développement du domaine cinématographique dont il est nécessaire qu'aient conscience les spécialistes de la documentation.

En effet, comme le soulignait en 1955 Jean Painlevé 4 : « Les références et les filmographies spécialisées deviendront nécessaires aux scientifiques sérieux comme la bibliographie est indispensable aux auteurs qui veulent publier sans encourir le reproche de leurs devanciers. »

Il convient donc de connaître les éléments dont nous disposons en France pour nous documenter sur les films scientifiques et techniques. Nous avons distingué les organismes et sources d'orientation, les filmographies, les catalogues des cinémathèques.

I. Les organismes et sources d'orientation

Il existe un certain nombre d'organismes et de publications ayant une vocation cinématographique générale, mais susceptibles néanmoins de fournir des renseignements sur des films scientifiques ou techniques. Il existe également des sources documentaires plus spécialisées dans telle ou telle catégorie de films.

Sources de documentation cinématographique générale. - La Cinémathèque française 5 qui se propose d'assurer « la conservation de tous les documents ayant trait à la cinématographie », dispose d'un service de recherche et de documentation auquel on peut s'adresser si l'on ne dispose d'aucun élément d'orientation. Ce service est en effet susceptible de fournir des indications sur tous les problèmes concernant le cinéma.

Il convient néanmoins de préciser que la Cinémathèque est en voie de réorganisation à la suite de son installation dans de nouveaux locaux et qu'elle ne peut par conséquent pas encore disposer de l'ensemble de sa documentation. Sa riche bibliothèque se trouve par exemple encore en caisses à l'heure actuelle. Les délais nécessaires pour obtenir des renseignements peuvent donc s'en ressentir.

La bibliothèque de l'Institut des hautes études cinématographiques (I. D. H. E. C.) 6 constitue pour sa part une excellente source d'orientation. Sa richesse, son classement méthodique et son catalogue mis à jour mensuellement offrent la possibilité d'une recherche rapide et fructueuse sur la cinématographie en général et toutes les questions connexes. En ce qui concerne la cinématographie scientifique et technique, elle possède les principaux catalogues ainsi que les ouvrages et les articles de périodiques essentiels.

On pourra d'autre part recueillir des informations de base en consultant certaines publications de références de cinématographie générale. Signalons notamment :

L'Annuaire du cinéma 7 qui énumère les principales cinémathèques parisiennes en précisant la nature de leur fonds, ainsi que les noms et adresses des principaux producteurs et réalisateurs de films de court métrage.

Une attention particulière doit être accordée à :

L'Annuaire de programmation en format réduit 8 qui fournit notamment la liste des films conservés par les cinémathèques possédant des films en 16 mm et qui donne en outre également les noms et adresses des producteurs et distributeurs.

Tous les spécialistes considèrent cette publication comme un outil de base pour toute recherche documentaire concernant les films scientifiques et techniques, la plupart de ceux-ci étant généralement tournés ou réduits en 16 mm.

Sources de documentation cinématographique spécialisée. - Ce sont évidemment les sources les plus aptes à fournir des réponses rapides et complètes. Encore convient-il de préciser qu'il en est peu parmi les organismes que nous allons citer dont la vocation soit strictement documentaire. La plupart ont des fonctions multiples allant de la réalisation de films à la location ou à la vente en passant par l'organisation de séances de projection. Leur service de documentation n'est donc souvent qu'accessoire à leur activité principale.

Pour les films de caractère culturel, il existe le Centre de documentation du Département de l'information de l'Unesco 9 que nous citons en raison de son rôle important bien qu'il ne constitue pas une source française. Ce service qui a pour mission « de rassembler, d'analyser et de diffuser des renseignements sur la presse, le cinéma, la radio et la télévision, notamment sur l'emploi à des fins éducatives, culturelles et scientifiques » dispose d'une importante collection de catalogues de films de caractère éducatif. Il est à même de renseigner les établissements d'enseignement, les organismes de radiodiffusion, les professionnels du cinéma sur les lieux où l'on peut se procurer des films, sur ceux qu'il est possible de voir et sur leur condition de circulation internationale.

Pour les films d'enseignement et toutes les questions concernant les techniques audio-visuelles, on peut recueillir des informations et consulter les publications essentielles à la bibliothèque du Centre audio-visuel de l'École normale supérieure de Saint-Cloud 10.

Pour les films scientifiques, deux organismes compétents sont à même d'être consultés : ce sont l'Institut de cinématographie scientifique et le Service du film de recherche scientifique 11. Le premier, fondé en 1930 et animé notamment par son directeur Jean Painlevé, est une association sans but lucratif, groupant les plus éminents spécialistes et ayant pour but de réaliser, de conserver, et de diffuser des films scientifiques. Son rayonnement et son dynamisme ont certainement joué un rôle déterminant dans la faveur que connaît aujourd'hui dans les milieux scientifiques et techniques l'utilisation de la caméra. Il n'en reste pas moins que, sans doute, faute de moyens et de personnel, l'équipement documentaire de cet organisme est frêle : une secrétaire active peut généralement, de mémoire, y fournir d'innombrables et précieux renseignements. Mais l'Institut ne peut offrir au chercheur aucun catalogue, aucun fichier méthodique recensant les multiples films qui lui furent signalés ou prêtés à l'occasion des séances de projection qu'il organise régulièrement.

Seuls les quelques films qu'il conserve sont recensés dans le Bulletin n° I, 196I.

L'Institut de cinématographie scientifique est par ailleurs la branche française de l'Association internationale du cinéma scientifique dont les congrès annuels permettent une confrontation des progrès réalisés dans ce domaine et un échange de points de vue entre les spécialistes des différents pays membres.

Les problèmes documentaires y sont entre autres fréquemment soulevés. Certains ont été résolus par l'établissement de listes de films consacrés à des disciplines déterminées. C'est ainsi que nous disposons maintenant de listes de films internationaux traitant de parasitologie, d'anatomie comparée, de médecine vétérinaire.

Le Service du film de recherche scientifique est, pour sa part, mieux équipé que l'I. C. S., mais il s'agit d'un organisme rattaché à l'Office national des universités et écoles françaises et créé récemment dans le but de centraliser, de produire, de diffuser des films de recherche, de coordonner les informations concernant la cinématographie scientifique, et de diffuser celles-ci auprès des chercheurs et enseignants universitaires. Il n'a pas rassemblé de documentation rétrospective, mais a constitué un fichier d'informations sur tous les films réalisés ou achetés par lui.

La diffusion des informations s'effectue essentiellement par la distribution de son répertoire et par un système de circulation des listes de films et d'articles de périodiques français et étrangers.

Pour les films agricoles, tout en étant indubitablement l'un des organismes les plus compétents d'Europe et l'un des meilleurs réalisateurs de films concernant l'agriculture 12, le Service cinématographique du Ministère de l'agriculture ne possède pas de documentation organisée hormis celle qui se rapporte à ses propres films. On peut néanmoins y recevoir, outre le meilleur accueil, conseils et informations techniques.

Pour les films techniques, il existe différents organismes : les uns dotés d'une véritable fonction documentaire, comme le service de film-information-diffusion de l'Agence européenne de productivité 13 qui collecte et diffuse les renseignements concernant les films techniques produits en Europe et aux États-Unis. D'autres, dont les fonctions documentaires sont complémentaires de leur activité essentielle. C'est le cas de l'Association française pour l'accroissement de la productivité 14 qui a pour mission de vendre et de louer films et appareils. Son fichier est néanmoins très riche en références de films notamment techniques et quelquefois scientifiques.

Sources de documentation non cinématographiques. - Il semble que tous les milieux chargés de missions documentaires ne soient pas encore alertés par l'importance prise par les documents cinématographiques. Cependant certains services de documentation spécialisés tiennent d'ores et déjà à la disposition des chercheurs des listes de films concernant leur spécialité. C'est le cas notamment des services de documentation du Centre d'étude des matières plastiques, de l'Institut français du pétrole et de l'Institut technique du bâtiment et des travaux publics.

II. Les filmographies

Nous pouvons dire qu'il n'existe pas actuellement de filmographie recensant l'ensemble de la production cinématographique scientifique et technique. L'obstacle essentiel à tout regroupement exhaustif étant qu'il n'existe en France aucun moyen de contrôle sur les films non commerciaux tournés en 16 mm puisqu'ils ne nécessitent aucun visa.

D'autre part, aucune filmographie n'est consacrée exclusivement aux films scientifiques et techniques : les unes, comme le catalogue d'Unifrance-film 15 recensent des films de caractère culturel, éducatif et documentaire; ils ne mentionnent donc qu'exceptionnellement les films « 'de recherche ». Les autres, comme l'Annuaire de programmation en format réduit (déjà cité) recensent uniquement des films de format 16 mm conservés en cinémathèques.

Ce sont néanmoins, à notre connaissance, les filmographies les plus riches en films scientifiques et techniques publiées jusqu'à présent dans notre pays.

Le catalogue d'Unifrance-film, destiné notamment à la diffusion de nos films de court métrage à l'étranger, est élaboré à partir des fiches constituées par le Centre national de la cinématographie française pour tous les films ayant fait l'objet d'un visa de censure.

Une classification des films dans le cadre de grandes rubriques subdivisées en sous-rubriques facilite la recherche qui serait encore améliorée si une édition cumulative regroupait les films recensés depuis 1956 et qui sont présentés en fascicules semestriels ou annuels. Les notices comprennent les renseignements techniques et une brève analyse traduite en deux ou trois langues étrangères.

L'Annuaire de programmation en format réduit recense pour sa part les cinémathèques parisiennes de prêt, de vente ou de location. Il n'existe pas dans cette publication de classement des films par disciplines, ceux-ci sont présentés dans les rubriques consacrées à chaque cinémathèque. La recherche est donc nécessairement fonction de la connaissance que peut avoir le lecteur de l'orientation des cinémathèques. On peut regretter que n'ait pas été poursuivie l'édition du supplément de cet annuaire qui présentait les films par sujets et en donnait une analyse sommaire tandis que n'est indiquée que la seule longueur dans l'édition normale.

Une filmographie générale sélective est constituée par la Liste des films constituant le patrimoine cinématographique de l'État 16 qui est éditée spécialement à l'usage des différents départements ministériels et recense tous les films culturels et éventuellement récréatifs dont l'État a acheté les droits commerciaux.

Les filmographies de films scientifiques ou techniques sont peu nombreuses et mentionnent généralement des films provenant de divers pays. Telles les listes de films établies à l'instigation de l'Association internationale du cinéma scientifique, la liste des films consacrés au charbon établie par la C. E. C. A., telle encore la liste des 127 films présentés au cours des séances de projection de l'I. C. S., ainsi que le catalogue de films industriels et économiques européens publié par l'Agence européenne de productivité 17.

Les seules filmographies nationales françaises sont à notre connaissance la Liste des films médicaux et chirurgicaux français 18, encore est-elle antérieure à 1957, et le Catalogue annuel du film d'information 19 dont il convient de préciser la tendance à présenter des films d'information de prestige, voire publicitaires, plutôt que des films d'information, véritablement techniques.

III. Catalogues de cinémathèques

Ce maigre bilan du recensement systématique des films scientifiques et techniques nous fait immédiatement comprendre que l'information la plus substantielle et la plus actuelle sur ces documents sera fournie par la consultation des catalogues des cinémathèques.

Parmi les principales cinémathèques possédant des films scientifiques et techniques, se trouvent les services cinématographiques de quelques ambassades étrangères (Canada, Grande-Bretagne, Union soviétique, l'ambassade des États-Unis ayant dernièrement confié son fonds au Service cinématographique du Ministère de l'agriculture français).

Il existe d'autre part quelques cinémathèques commerciales qui vendent ou louent des films (C. O. D. I. C. - Edita-Film - Films Art et Science, etc...).

Les cinémathèques les plus riches et les mieux équipées sont les cinémathèques pédagogiques (cinémathèque centrale de l'enseignement public, cinémathèques de la ville de Paris, de l'enseignement privé, etc...) dont les fonds comprennent des films se rapportant à toutes les disciplines, y compris évidemment la science et la technique et dont les catalogues 20 présentent les films selon un classement systématique et dont les notices sont généralement assez détaillées.

Parmi les cinémathèques non spécialisées, signalons encore celle de la Télévision française qui possède également des documents cinématographiques concernant science et technique. Bien qu'elle n'ait pas dressé d'inventaire de son fonds, films et séquences ont été répertoriés dans des fichiers selon un classement systématique et il est néanmoins possible de savoir quels films elle possède sur un sujet déterminé.

Ajoutons que la Cinémathèque française conserve également quelques films scientifiques et techniques, mais il s'agit généralement de documents ayant un caractère historique; la recherche n'en est pas très aisée car les films sont classés par ordre alphabétique de noms de réalisateurs ou de producteurs et il n'existe pas de catalogue.

Les principales cinémathèques de films techniques non spécialisés sont en premier lieu celle de l'Enseignement technique dont le catalogue 21 doit incessamment être refondu avec celui de la Cinémathèque centrale de l'enseignement public et, en second lieu, celle du Centre audio-visuel de l'Association française pour l'accroissement de la productivité dont le catalogue recense pour sa part près de 600 films d'information industrielle et de formation technique 22.

Les autres cinémathèques conservent des films consacrés à des domaines plus particuliers et l'on peut donc souvent considérer leurs répertoires comme des filmographies spécialisées. Il en est ainsi notamment pour l'agriculture, l'aéronautique, l'automobile, le charbon, les chemins de fer, le caoutchouc, les produits chimiques, l'électricité, l'énergie atomique, l'étude du travail, les pétroles, la sécurité, etc...

Ces répertoires sont généralement assez largement diffusés et communiqués à ous ceux qui en font la demande. Leur présentation comme leur format sont des plus variés, allant de la brochure luxueusement imprimée à la simple fiche multigraphiée. La rédaction des notices témoigne de la même indépendance. Leur utilité documentaire est néanmoins essentielle.

A ces différentes sources d'information, il convient d'ajouter celles qui sont fournies à l'occasion de manifestations cinématographiques exceptionnelles comme les festivals et les congrès de cinématographie scientifique et technique 23, dont le contenu des programmes et comptes rendus est d'une grande richesse documentaire.

Les périodiques peuvent également fournir des informations intéressantes ainsi que des listes de films. Le nombre des publications spécialisées en cinématographie scientifique et technique est extrêmement restreint : ce sont essentiellement pour la cinématographie scientifique, la revue de l'Association internationale du cinéma scientifique 24, et pour les films techniques une publication à caractère publicitaire 25.

Des listes de films français scientifiques, pédagogiques, médicaux, techniques sont enfin publiées régulièrement dans un bulletin du Ministère des affaires étrangères 26.

Une collecte très fructueuse de renseignements sur des films consacrés à une discipline particulière, sera d'autre part fournie par la consultation de périodiques spécialisés dans le domaine concerné.

Ces quelques remarques ont fait apparaître que si dans quelques secteurs comme celui du film pédagogique, par exemple, on peut trouver une documentation relativement satisfaisante, la cinématographie scientifique et technique ne dispose pas actuellement de l'organisation documentaire correspondant à ses mérites et à ses besoins.

Les raisons justifiant ce retard ne manquent pas, la première étant le développement extrêmement rapide de son emploi, la seconde et sans doute la principale, la difficulté à obtenir des renseignements sur les films de recherche. Les auteurs ne souhaitent quelquefois pas les mentionner et souvent n'y pensent même pas, ainsi de nombreux films sont-ils souvent voués au secret par nécessité de défense nationale, de concurrence, par négligence ou simple modestie des auteurs!

Les films industriels ne connaissent souvent pas un sort meilleur; comme le déplorait, M. Loraillere, directeur du Comité d'organisation des manifestations économiques et touristiques (C. O. M. E. T.) dans une intervention sur la diffusion du film industriel : « On peut dire que le film industriel est bien souvent un joyau de famille que l'on met dans un coffre-fort et que l'on fait admirer à l'occasion des grandes fêtes. Mais ce qui est plus grave encore c'est que l'on ne connaît pas en France où sont les coffres-forts et ce qu'il y a à l'intérieur. En effet, il n'y a pas de fichier, il n'existe pas de recensement. » Le fichier de recensement de films scientifiques et techniques dont le projet a souvent été envisagé et souvent abandonné sera sans doute le seul remède de cette dispersion des informations. Souhaitons donc que se concrétisent les conclusions du Sous-Comité du cinéma du Conseil de l'Europe qui préconisait lors de la Conférence sur la distribution non commerciale des films culturels 27 « la création de centres nationaux de coordination susceptibles de réunir des renseignements sur la nature et l'origine de tous les films produits sur leur territoire et, afin de permettre un échange efficace d'informations, la publication par chaque pays des renseignements sous forme de fiches ou de bulletins périodiques ».

Ceci ne pourra être réalisé en France que si, d'une part les réalisateurs et les utilisateurs prennent conscience des services que peut rendre une documentation précise et complète, et si, d'autre part, un moyen de contrôle quelconque est établi sur tout film cinématographique présentant un intérêt culturel, scientifique ou technique, même s'il est de format inférieur à 35 mm et n'est pas destiné à être exploité commercialement.

Pour que ce travail de rassemblement documentaire puisse s'accomplir dans les meilleures conditions, il faudra susciter un esprit de coopération qui permette de regrouper les éléments épars. Il sera souhaitable que les services de documentation considèrent les films comme des éléments intéressant la recherche ou l'information au même titre que des ouvrages ou des périodiques et non comme des documents fantaisistes ou récréatifs.

  1. (retour)↑  Le Cinéma scientifique français. - Paris, La Jeune Parque, 1948. - XIV-215 p., fig., pl.
  2. (retour)↑  A propos de Jean Painlevé (In : Écran français, 1947), Reproduit dans : André Bazin. - Qu'est-ce que le cinéma? I. Ontologie et langage. -Paris, Éditions du Cerf, 1958, pp. 37-39 (Collection 7e art).
  3. (retour)↑  Bulletin n° I, 196I. - Institut de cinématographie scientifique, 38, avenue des Ternes, Paris 17e.
  4. (retour)↑  Painlevé (Jean). - Cinéma et recherche. -Paris, Université de Paris, 1956. - 18,5 cm, 32 p. (Les Conférences du Palais de la découverte, Série A, n° 219).
  5. (retour)↑  82, rue de Courcelles, Paris 8e.
  6. (retour)↑  92, avenue des Champs-Élysées, Paris 8e.
  7. (retour)↑  Annuaire du Cinéma. - Éditions P. Bellefaye, 29, rue Marsoulan, Paris 12e, 1948 -> 22 cm, 1.600 p., annuel.
  8. (retour)↑  Annuaire de programmation en format réduit. Répertoire de tous les films 16 mm muets et sonores, loués, prêtés et vendus. - Association du 16 mm, 4, rue André Colledebœuf, Paris 16e, 1947 -> 21 cm, 320 p., annuel.
  9. (retour)↑  Place Fontenoy, Paris 7e.
  10. (retour)↑  Avenue du Palais, Saint-Cloud.
  11. (retour)↑  96, boulevard Raspail, Paris 6e.
  12. (retour)↑  S. C. M. A. - 78, rue de Varenne, Paris 7e.
  13. (retour)↑  A. E. P. - 3, rue André Pascal, Paris 16e,
  14. (retour)↑  A. F. A. P. - 21, rue Clément Marot, Paris 8e.
  15. (retour)↑  Catalogue général de films de court métrage éducatifs, documentaires, scientifiques et techniques. - Paris, Unifrance-film, 1953 -> 21 cm, 948 p., annuel (?)
  16. (retour)↑  Liste des films constituant le patrimoine cinématographique de l'État. - Paris, Centre national de la cinématographie française (s. d.). - 23 cm oblong, 65 p. (à feuillets mobiles).
  17. (retour)↑  Catalogue de feuilles volantes de films industriels et économiques européens. Établi et publié par la section audio-visuelle de l'Agence européenne de productivité, 2, rue André Pascal, Paris 16e, 1954 ->
  18. (retour)↑  Detrie (Dr Philippe). - Films médicaux et chirurgicaux français. - Paris, Masson, 1956. - 302 p. (La Presse médicale). Supplément : 1957, 100 p. Pour les films postérieurs, on peut en trouver la nomenclature dans « La Presse médicale », cf. La rubrique « Cinéma médical »
  19. (retour)↑  Catalogue annuel du film d'information, édité avec le concours de Cinéma T. V. Promotion, Paris, Centre d'étude et de diffusion du film d'information, Ire année, 1960. - 92 p. multigr.
  20. (retour)↑  Catalogue des films de la cinémathèque de l'Enseignement public. - Paris, Centre national de documentation pédagogique, 1956- 67 p.
    Catalogue des films distribués par la cinémathèque de la ville de Paris et du Département. - Paris, Direction de l'enseignement primaire, 1957 -> 158 p., annuel.
    Catalogue général de la cinémathèque de l'Enseignement privé. - Paris, Secrétariat d'études pour la liberté de l'enseignement, 1959.
  21. (retour)↑  Catalogue des films de format 16 mm appartenant à la cinémathèque centrale de l'enseignement technique. - Paris, Direction de l'enseignement technique, 1957, 29 p.
  22. (retour)↑  Catalogue général des films. - Paris, Association française pour l'accroissement de la Productivité, 1958 -> à feuillets mobiles.
  23. (retour)↑  Citons notamment : Pour les films scientifiques :
    les congrès annuels de l'Institut de cinématographie scientifique (où sont présentés films français et étrangers) ;
    les congrès annuels de l'Association internationale du cinéma scientifique.
    Pour les films médicaux :
    le Festival international permanent du film médical-chirurgical et scientifique organisé par l'Association nationale des médecins cinéastes et des cinéastes scientifiques de France. - 23, boulevard de Latour-Maubourg, Paris 7e.
    Pour les films techniques :
    Festival international du film industriel. - Siège du Comité d'organisation française : C. O. N. E. T. quai de Paris, Rouen.
    Pour les films techniques et scientifiques :
    Festival international de films techniques et scientifiques. Budapest. - Siège du Comité d'organisation : Szabadsag. Budapest V.
  24. (retour)↑  The Scientific film. - Le film scientifique. Journal of the International scientific Film Association incorporating science and film and scientific film review, 3 Belgrave square, London W I, 1960- 28,5 cm, 34 p., bimestriel.
  25. (retour)↑  Cinéma. T. V. Promotion. - Société nouvelle d'édition et de relations publiques, 47, rue Blanche, Paris 9e, 1959 -> 31 cm, 16 p., bi-mensuel.
  26. (retour)↑  Informations scientifiques. - Paris, Direction générale des affaires culturelles et techniques. 1956- 21 cm, trimestriel.
  27. (retour)↑  Londres, 20-22/2/61.