Réunion du groupe de travail de l'ICOM pour l'étude de la conservation des matériaux constitutifs des documents graphiques

Bibliothèque nationale, 19-21 mai 1960

Thérèse Kleindienst

Créé par le Comité de l'ICOM pour les laboratoires de musée dans ses réunions d'Amsterdam (1957) et Copenhague (1959), ce groupe s'est réuni pour la première fois à Paris le mois dernier.

Ouverts par M. Julien Cain, en présence de M. Georges-Henri Rivière, directeur de l'ICOM, les travaux ont été généralement présidés par M. Harold Plenderleith, directeur du Centre international pour la conservation des biens culturels installé à Rome depuis l'année dernière. Y ont pris part M. Porcher, conservateur en chef du Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, rapporteur général désigné pour la conservation des peintures de manuscrits, M. Ludovico Santucci, chimiste à l'Istituto di patologia del libro, rapporteur général désigné pour la conservation du papier, M. A. E. Werner, directeur du laboratoire du « British Museum », Mme Flieder, attachée de recherches au Centre national de la recherche scientifique, Mlle Kleindienst, conservateur à la Bibliothèque nationale. Les représentants de plusieurs établissements de recherches ou de conservation parisiens ont apporté leur concours à certaines séances de travail, notamment M. Petit, chef du Laboratoire de chimie macromoléculaire du Centre national de la recherche scientifique, M. Fusey, chef du service de tropicalisation au Laboratoire de cryptogamie du Muséum national d'histoire naturelle, M. Durye, conservateur aux Archives nationales, Mme Delbourgo, assistante au Laboratoire d'études des peintures du Musée du Louvre. A la dernière réunion d'information générale avaient été invités les conservateurs en chef ou conservateurs des principales bibliothèques parisiennes ainsi que des représentants des divers laboratoires, publics ou privés, susceptibles de s'intéresser à la conservation des documents d'archives et de bibliothèques. Au sujet du papier, le groupe a entendu un exposé de M. Santucci sur les méthodes et l'appareillage à employer pour l'étude des multiples détériorations que peut subir le papier; il a reçu un compte rendu de Mme Flieder relatif aux recherches actuellement effectuées par elle sur les diverses méthodes de blanchiment des papiers atteints par les moisissures. Il a visité à la Bibliothèque nationale, sous la conduite de MM. Prinet, conservateur en chef, et Raux, conservateur, l'atelier de réparation des journaux du département des Périodiques, au Laboratoire de cryptogamie du Muséum national d'histoire naturelle la section pour la conservation des documents d'archives et de bibliothèques, le service de tropicalisation et la micothèque, à la bibliothèque de l'Arsenal, sous la conduite de MM. Boussard, conservateur en chef, et Seguin, conservateur, la station mobile de désinfection opérant actuellement sur les collections en cours de transfert dans les nouveaux magasins.

Au sujet de la conservation des peintures, après un exposé de M. Porcher, le groupe a visité l'atelier de restauration de la Bibliothèque nationale, sous la conduite de son chef M. Desbrosses, et reçu de M. Guichard, restaurateur, des précisions sur le procédé d'« auto-transfert » essayé depuis aujourd'hui un an sur une miniature byzantine fortement écaillée. Il a entendu deux communications de M. Werner, l'une sur l'emploi du nylon soluble, l'autre sur celui du polyéthylène-glycol (« carbowax ») pour l'assouplissement des parchemins.

A l'issue de la réunion, un programme de travail a été établi qui répartit les matières, aussi nombreuses que complexes, à étudier entre les trois laboratoires de Londres, Paris et Rome. Des rapports doivent être fournis sur l'état de ces travaux pour la réunion du Comité de l'ICOM pour les laboratoires de musée qui doit avoir lieu à Barcelone en octobre 196I.

A la réunion de clôture, l'intervention de M. Roger Heim, directeur du Muséum national d'histoire naturelle, élargissant les perspectives, a demandé que l'on se préoccupe ultérieurement des conditions de conservation qui vont être celles des documents placés dans les établissements qui se créent dans les nouveaux états tropicaux : de nouveaux facteurs de détérioration vont entrer en jeu qu'un laboratoire prochainement fondé par le Muséum en Oubangui pourra contribuer à étudier.

En attendant que certains résultats des recherches prévues puissent être diffusés et aboutissent à des enseignements pratiques pour la restauration des documents, il semble bien que la plus grande prudence doive présider aux entreprises de restauration. Dans un certain nombre de cas, il est actuellement préférable de ne rien tenter, soit parce que le problème est et risque de demeurer insoluble, soit parce que nous ne disposons pas encore des connaissances et des moyens d'investigations nécessaires pour le résoudre.

Lorsque des documents se trouvent dans cette situation, les conservateurs sont fondés à en refuser la communication sur place et le déplacement. Mais un effort pourrait être fait pour reproduire - par simple photographie ou sous forme de fac-similé - les documents importants dont l'état de conservation interdirait la communication.

S'il est nécessaire que des restaurations soient entreprises, dans les cas que l'on peut considérer comme désespérés, elles ne doivent l'être que par des ateliers organisés et dans des conditions garantissant la connaissance des matériaux constitutifs du document à restaurer comme celle des matériaux de restauration : ceci implique l'usage de produits purs, de composition chimique bien définie, à l'exclusion de toute « recette » fût-elle couverte par le secret commercial.