Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale.

Société des amis de la Bibliothèque nationale.

La Société des amis de la Bibliothèque nationale et des grandes bibliothèques de France a organisé son excursion annuelle les samedi 27 et dimanche 28 juin sous la conduite de M. Jacques Guignard, secrétaire général. Une quarantaine de participants se sont rendus, après une rapide visite de Nogent-le-Rotrou et de la cathédrale du Mans, à Angers, où Mlle Varangot leur a présenté les principaux manuscrits, livres anciens et reliures que conserve la Bibliothèque municipale. Après avoir vu les musées et édifices de la ville, les participants ont gagné la vallée de la Loire et visité les églises romanes de Cunault, Trèves et Fontevrault.

La Société des amis de la Bibliothèque nationale offrira un volume à la Bibliothèque municipale d'Angers en souvenir de cette excursion.

Bibliothèques municipales.

Compiègne (Oise).

Jusqu'en 1959, la Bibliothèque municipale de Compiègne dont l'origine remonte aux confiscations révolutionnaires occupait trois salles du second étage de l'Hôtel de ville. Avec les années, les collections s'accrurent : elles comptent actuellement 120.000 volumes - chiffre appréciable pour une ville de 23.000 habitants - parmi lesquels on doit signaler des livres illustrés des XVIIIe et XIXe siècles, et certains fonds spéciaux (époque révolutionnaire, Jeanne d'Arc, numismatique, art, costumes militaires, etc...). Parallèlement, la bibliothèque de prêt s'enrichissait à un rythme assez rapide.

Bien qu'un dépôt annexe eût été constitué dans un autre bâtiment de la ville, la place faisait de plus en plus défaut, les livres surchargeaient dangereusement les planchers, tandis que l'aspect sombre et l'incommodité des locaux contribuaient à éloigner le public.

Dès 1950, des pourparlers s'engagèrent entre la ville et la Direction des bibliothèques de France représentée par MM. les inspecteurs généraux Brun et Masson en vue de la construction d'un nouveau bâtiment. Après bien des discussions, les plans dressés par M. J.-P. Paquet, architecte en chef des monuments historiques, en collaboration avec M. Matherat, bibliothécaire de la ville, furent enfin arrêtés. En 1954, les travaux commençaient, mais des difficultés surgirent en cours de route et ce fut seulement le 28 février 1959 que la nouvelle bibliothèque à la tête de laquelle avait été placée Mlle de La Motte-Colas, archiviste-paléographe, fut inaugurée par M. Julien Cain, directeur général des Bibliothèques de France, en présence de nombreuses personnalités.

Adossée à un cloître gothique, la bibliothèque occupe l'emplacement d'un corps de bâtiment de l'ancienne abbaye Saint-Corneille et repose sur une cave voûtée de l'ancien monastère. Fidèle à ses traditions, la ville a voulu perpétuer le souvenir de la puissante abbaye de Charles le Chauve en édifiant à cet endroit la bibliothèque municipale.

L'architecte, soucieux de garder à la place du Change son aspect ancien, a construit un bâtiment qui, par certaines de ses dispositions extérieures, rappelle celles de l'abbaye détruite. Sous un grand toit fortement incliné couvert de tuiles rouge foncé, de très étroites fenêtres, de 3,50 m de haut, s'alignent telles des meurtrières tout le long de la façade en pierre au-dessus des baies du rez-de-chaussée.

Salle de prêt. - Après avoir découvert cette façade relativement austère, le lecteur qui, pour la première fois, pénètre dans la bibliothèque découvre sitôt la porte franchie un aménagement moderne aux couleurs gaies et reposantes à la fois. Nous sommes dans la salle de prêt qui a 14 m de long sur 10 m de large, salle éclairée par de larges baies et dont trois arches supportent un plafond de couleur ivoire. Trois tables en chêne clair, des fauteuils et des chaises garnis de plastique invitent le lecteur à s'asseoir. Le long des murs, et jusqu'à mi-hauteur, courent des rayonnages de 2 m de haut également en bois de même essence. Trois rayonnages doubles, de 4 m de long sur 1,20 m de haut, sont disposés de façon à faciliter la surveillance à partir du bureau de prêt situé près de l'entrée. Ce bureau de chêne clair, haut de 1,12 m, figure un arc de cercle. Au fond de la pièce, deux portes en verre dépoli donnent accès l'une aux lavabos, l'autre à des bureaux ainsi qu'à un passage vers le cloître.

A gauche de l'entrée, un panneau en isorel perforé permet de présenter la liste des dernières acquisitions ainsi que des affiches. A proximité des tables, sur un chevalet, les derniers numéros des journaux locaux sont mis à la disposition des lecteurs, tandis que les revues d'actualité ou de vulgarisation offrent aux regards, dès l'entrée, leur couverture illustrée sur des tablettes inclinées à l'intérieur des rayonnages muraux. Sur la droite en entrant sont exposés dans une vitrine éclairée intérieurement quelques jolies reliures, des livres anciens et modernes.

Près de 6.000 volumes rangés selon la classification décimale Dewey sont à la disposition du public. Chaque abonné peut emprunter quatre livres pour une période de trois semaines. Un seul fichier se trouve dans cette salle, celui des titres de romans, tous les autres sont dans la seconde salle contiguë.

Derrière la banque, le long de la façade, une pièce vitrée de 4 m X 3 m est réservée aux trois employées de la bibliothèque.

Salle de travail. - A côté de la banque de prêt une porte vitrée à deux battants donne accès à la salle de travail. A proximité se trouvent le monte-charge et l'escalier des magasins. Cette seconde salle de 10 m X II m, située dans le prolongement de la première, présente la même disposition architecturale. Seules les couleurs changent. Les quatre grandes tables de chêne d'aspect robuste ont été dessinées par l'architecte. Elles supportent des lampes classiques et sont entourées de chaises recouvertes de plastique beige. Les rayonnages et les trois épis bas dont le dessus forme pupitre contiennent environ 2.000 usuels. Des revues sont là aussi disposées sur des tablettes inclinées. C'est dans cette salle que sont groupés les différents fichiers (fichier auteurs, fichier alphabétique de matières depuis 1955, ancien fichier méthodique avant 1955).

Dans le fond à gauche, une pièce vitrée de 2 m X 3 m munie de rideaux, sert de bureau à la bibliothécaire qui peut de sa place surveiller à la fois les employés et le mouvement des lecteurs. L'éclairage de l'ensemble est fourni par trois rangs de tubes fluorescents encastrés dans le plafond. Une chaudière à mazout assure le chauffage grâce à des tubes dissimulés dans le plafond des salles du public et à des radiateurs au premier étage.

Magasins. - Par le monte-charge ou l'escalier, on accède aux magasins. Un premier étage de 33 m de long X 10 m de large est équipé entièrement de rayonnages métalliques qui représentent une longueur de tablettes de 2 km. A l'une des extrémités, un grillage et une porte verrouillée isolent la Réserve. Les fenêtres longues et étroites garnies de petits carreaux verts en losange assurent une lumière suffisante le jour. Deux lampes par travées et des diffuseurs pour le passage central fournissent un bon éclairage artificiel. Un second étage, dans un proche avenir, sera équipé de la même manière; il sert pour l'instant de salle de manipulation et de débarras. Un troisième étage plus étroit pourra être aménagé sans parler des vastes sous-sols qui, en cas de besoin, pourraient être utilisés. Il y a donc d'intéressantes perspectives d'extension.

Il est difficile à l'heure actuelle de donner des statistiques sur la fréquentation de la bibliothèque depuis son ouverture, mais dès à présent les résultats sont encourageants et l'on doit penser que sa situation au centre de la ville et la publicité qui se fait par les lecteurs eux-mêmes ne manqueront pas d'amener à la Bibliothèque municipale de Compiègne un public de plus en plus nombreux.

Dijon (Côte-d'Or).

Exposition : Dijon capitale provinciale au XVIIIe siècle. - A l'occasion du 84e Congrès national des sociétés savantes, une exposition intitulée « Dijon capitale provinciale au XVIIIe siècle » a été organisée au Musée de Dijon, en collaboration avec les Archives départementales, la Bibliothèque et les Archives de la ville et s'est prolongée jusqu'au milieu du mois de juin. Résidence du gouverneur de Bourgogne, siège des cours souveraines et des États provinciaux, Dijon, qui abritait déjà un Collège florissant et de nombreuses communautés religieuses, réussit au XVIIIe siècle à se faire doter d'un évêché et d'une université : il convenait, par les documents historiques comme par les œuvres d'art, d'illustrer l'histoire de ces différentes institutions. Plans et projets d'architecture, livres ou brochures, médailles et jetons furent donc associés aux portraits peints ou gravés, aux bustes, aux tapisseries, etc... pour évoquer successivement le gouverneur et l'intendant, les États, le Parlement et la Chambre des Comptes, l'évêché, la ville, l'université et les collèges, ainsi que l'École de dessin et l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon.

Grenoble (Isère).

Exposition Grenoble hier et aujourd'hui. - Une exposition sur « Grenoble hier et aujourd'hui » 1 a été inaugurée samedi 29 juin dans la grande salle de la Bibliothèque municipale sous la présidence de M. le Dr Michallon, maire de la ville de Grenoble, et dans le cadre des manifestations organisées à l'occasion du 70e anniversaire du Syndicat d'initiatives. Elle était complétée par l'exposition « Grenoble centre international, universitaire, industriel et touristique » organisée en mai à Florence à l'occasion du cinquantenaire de l'Institut français par les « Amis de l'Université de Grenoble ». L'exposition « Grenoble hier et aujourd'hui » est constituée essentiellement avec des documents extraits des collections de la Bibliothèque de Grenoble, dont le riche fonds des amateurs photographes dauphinois et une partie des plans manuscrits acquis depuis 1939. Près de 200 plans, dessins, gravures, lithographies, les premiers datant du XVIe siècle, et photographies, les premières remontant à 1856, nous retracent le développement de la cité. C'est un plan chronologique en quatre périodes correspondant aux constructions des diverses enceintes qui a été adopté. Pour chacune de ces grandes divisions chronologiques les documents ont été classés intérieurement par catégories méthodiques : portes et ponts d'abord, ensuite églises et les divers quartiers compris dans l'espace entre l'ancienne enceinte et la nouvelle. Dans la notice placée sous chaque document, un effort a été fait pour situer la poste, le pont, l'église, le quartier et dater sa construction et sa destruction.

De cette exposition, il ressort nettement que Lesdiguières est le premier à agrandir, entre 1590 et 1619, l'enceinte à l'est et au sud de la ville, à fortifier Grenoble au nord sur les flancs du Rachais, à poser les fondations d'un second pont à l'ouest du pont du XIIIe siècle et à envisager le projet réalisé cinquante ans plus tard d'une enceinte nouvelle à l'ouest. Cette extension de la ville au sud et à l'ouest et la construction d'un second pont sont en relation avec l'endiguement du Drac. Cet endiguement ne sera vraiment achevé qu'à la fin du XVIIIe siècle. Mais la grande expansion de Grenoble vers l'ouest ne se fera que dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsqu'en 1882 le maire Édouard Rey, déplorant que « la ville étouffe dans un système de fortifications qui entrave son essor », fera désaffecter et abattre à l'ouest la dernière enceinte datant de 1836. Cinquante ans plus tard, Paul Mistral ne fera que poursuivre l'œuvre d'Édouard Rey en faisant raser les fortifications du sud et tracer à leur place les grands boulevards qui donnent à la cité son aspect de ville moderne.

Ainsi le développement de Grenoble, autant qu'il apparaît au visiteur de cette exposition, s'est fait tardivement lorsque tour à tour ont été écartés les obstacles. naturels constitués par les divagations de la rivière du Drac, puis les obstacles. humains résultant de la nécessité de la défense. Dans semblable développement, il est difficile de ne pas entrevoir, outre des raisons d'ordre économique, l'action de certains hommes tels Lesdiguières, Édouard Rey, Paul Mistral.

Marseille (Bouches-du-Rhône).

La Bibliothèque municipale de Marseille a fait l'acquisition au cours d'une récente vente à l'Hôtel Drouot d'un précieux livre d'heures exécuté à Marseille à la fin du XIVe ou au début du xve siècle et provenant de l'ancien prieuré de Sainte-Catherine.

M. Bouyala d'Arnaud, conservateur de la Bibliothèque municipale de Marseille, a reçu le Prix de littérature régionaliste décerné par la Société des gens de lettres pour son ouvrage Évocation du vieux Marseille (Paris, les Éditions de Minuit, 1959).

Mulhouse (Haut-Rhin).

Deux fascicules du Bulletin de la Bibliothèque municipale de Mulhouse (publication multigraphiée) ont été consacrés au fonds scientifique et technique de la bibliothèque :
- Bibliothèque d'étude. Ouvrages scientifiques et techniques (n° 12, sept. 1959, 28 p.).
- Bibliothèque de lecture publique. Choix d'ouvrages scientifiques et techniques (n° 10, juin 1959, 19 p.).

Bibliothèques municipales de la Seine.

Le Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris en date du 4 juillet 1959 publie le tableau statistique des prêts effectués par les bibliothèques communales de la Seine en 1958. Le chiffre des prêts s'élève à I.537.846, en augmentation de 36.270 sur l'année précédente. Des travaux de réfection et d'aménagement ont été réalisés à Stains, à Levallois-Perret, à Gennevilliers. Le Bulletin des bibliothèques de France a déjà rendu compte des plus importants d'entre eux. D'autres travaux sont en cours à Ivry-sur-Seine et à Nogent-sur-Marne, notamment, tandis que dans d'autres communes la création d'annexes est à l'étude.

Bibliothèques centrales de prêt.

Hérault.

Catalogue. - Sous l'habituelle couverture illustrée qui est devenue familière à ses lecteurs, la Bibliothèque centrale de prêt de l'Hérault présente le Catalogue de ses acquisitions pour l'année 1958. Ce Catalogue est précédé d'une brève introduction qui retrace les activités de la bibliothèque au cours de l'année écoulée et qui évoque ses projets pour 1959.

On notera avec intérêt que la Bibliothèque centrale de prêt prépare pour la rentrée 1959 une exposition itinérante à l'occasion du centenaire de Mireille. Elle sera mise à la disposition des bibliothèques et des foyers ruraux qui en feront la demande pour une durée de 2 à 4 jours. Les emprunteurs pourront également recevoir l'enregistrement de l'opéra-comique de Gounod, réalisé aux Baux-de-Provence, dont chaque scène est précédée par l'audition de vers du poème original.

  1. (retour)↑  Exposition qui a fait l'objet d'un catalogue imprimé : Vaillant (Pierre). - Bibliothèque municipale de Grenoble. Grenoble hier et aujourd'hui. Exposition... - Grenoble, Allier, 1959. - 20,5 cm, 46 p., 4 pl., dépl., front. en coul., couv. ill.