Les grandes bibliothèques de l'avenir
actes du colloque international des Vaux-de-Cernay, 25-26 juin 1991
Bibliothèque de France
ISBN 2-11-002742-8 : 190 F
Dix sept mois après le colloque consacré par la Bibliothèque nationale à l'avenir des grandes bibliothèques, la Bibliothèque de France en consacrait un, durant le mois de juin 1991, aux Grandes bibliothèques de l'avenir. Ce colloque réunissait de nombreux spécialistes venus de divers horizons, responsables de grandes bibliothèques construites ou à construire, experts, architectes. Il répondait en partie au premier colloque, où beaucoup d'inquiétudes, certaines légitimes, d'autres menées par un esprit de polémique, s'étaient manifestées au sujet de la future Bibliothèque de France. Ici, dans le cadre apaisant de l'ancienne abbaye des Vaux-de-Cemay, la tonalité était plus résolument confiante. Mis à part l'intervention de M. Fumaroli, critiques et sceptiques n'étaient pas venus ou se sont tus.
La mutation des grandes bibliothèques
Dès lors, le projet de la Bibliothèque de France n'est plus qu'un grand projet parmi d'autres (le plus grand tout de même !) : il n'y a pas qu'à Paris que les bibliothèques changent. Loin d'être une espèce en voie de disparition, ou de fossilisation, elles connaissent partout une grande mutation que les moyens modernes, l'audiovisuel, l'informatique, les nouvelles technologies transformeront, c'est évident, en âge d'or.
Les interventions, reproduites intégralement, et des extraits des débats sont regroupés en quatre « tribunes » :
La première, « Fonder une bibliothèque » et la seconde « Insertion et mission des nouvelle bibliothèques » rappellent la genèse de quelques grands projets en cours de réalisation, à Paris, Londres, Alexandrie, Moscou, San Francisco, Montréal. Quelles que soient les raisons qui les ont motivés, tous sont sous-tendus par la volonté d'une ouverture à un public plus large, et le souci de conjuguer différemment communication et conservation.
L'innovation
Les interventions sur l'innovation sont les plus intéressantes : D. Varloot s'imagine en lecteur de la Bibliothèque de France et décrit de façon vivante et concrète, et avec optimisme, toutes les possibilités que les nouvelles technologies offriront aux chercheurs. Klaus Dieter Lehmann plaide en faveur d'une uniformisation des normes utilisées par les services bibliographiques, tandis qu'A. Giffard expose quelques applications du futur système informatique de la Bibliothèque de France.
Mais la bibliothèque immatérielle n'est pas pour aujourd'hui. Il faut encore des bâtiments. La quatrième tribune dont le thème est le dialogue de l'ingénieur et de l'architecte permet à plusieurs architectes d'exposer leurs conceptions. Pour eux, il n'existe pas de bibliothèque idéale. Le contexte, l'environnement sont peut-être des valeurs « plus importantes que le contenu » comme le souligne N. Foster, architecte de la médiathèque de Nîmes.
Les interventions des participants attestent de l'impact international du projet de la Bibliothèque de France. La publication des actes de ce colloque comme du précédent organisé par la Bibliothèque nationale témoigne de l'intérêt porté simultanément sur de nombreux points du globe au renouvellement et à la modernisation des bibliothèques, en particulier des bibliothèques nationales. La confrontation avec des expériences menées ailleurs est toujours enrichissante. La lecture de cet ouvrage nous permet de constater que les solutions hexagonales ne sont pas, pas plus que par la passé, la panacée. Elle nous montre également que, si tous les Etats soucieux de mener une politique en ce domaine sont confrontés aux mêmes problèmes et aux mêmes inquiétudes, cette volonté de renouvellement donne bien souvent naissance à des innovations prometteuses qui ne peuvent, tout compte fait, que susciter l'enthousiasme.