Bibliothek : Forschung und Praxis, années 2000 (n° 2 et 3) et 2001 (n° 1 et 2)

par Dominique Lahary
München : K. G. Saur. -ISSN 0341-4183 -Abt annuel (3 numéros) : 173,83 euros, le n° : 71,58 euros - Texte des articles en ligne et preprint : http://www.bibliothek-saur.de

Sont analysées dans la présente note quatre livraisons de Bibliothek : Forschung und Praxis (les nos 2 et 3-2000 et 1 et 2-2001). Dans les 31 articles de fond publiés au cours de cette période, deux grands thèmes dominent : la mutation des réseaux documentaires et les problèmes de management et d’évaluation. Tout comme dans la présentation générale de la revue faite dans le BBF l’an dernier 1, on peut regretter la grande médiocrité des résumés français, leur formulation maladroite, mais aussi les confusions dues aux faux amis : il faut connaître l’allemand et l’anglais, y compris bibliothéconomiques, pour pouvoir les décrypter.

La mutation des réseaux documentaires

L’expression allemande Bibliotheksverbund (mot à mot « raccordement de bibliothèques ») renvoie pour l’essentiel à une réalité forte outre-Rhin : la plupart des bibliothèques d’étude et de recherche, mais aussi certaines bibliothèques publiques, ont constitué des systèmes communs de gestion des données bibliographiques qui s’étendent sur un ou plusieurs Länder 2. Il s’agit à la fois de réservoirs bibliographiques et de catalogues collectifs.

Le système néerlandais PICA équipe aujourd’hui la majorité de ces réseaux. Le n° 1-2001 consacre à cette question un fort dossier de neuf articles qu’Elmar Mittler introduit par un bilan d’étape nuancé. À côté des systèmes centralisés apparaît à Berlin et en Brandebourg 3 un contre-modèle reposant sur l’ouverture, l’hétérogénéité et la décentralisation, s’appuyant sur la norme Z39.50, et présenté comme conforme à la philosophie d’Internet. De son côté, le réseau de Rhénanie du Nord-Westphalie a réalisé une bibliothèque virtuelle qui fait autorité 4. Le développement des réseaux administrés par PICA a été retardé... par le surcroît de charge dû à l’adoption de ce système par l’ABES (Agence bibliographique de l’enseignement supérieur) française. Trois collaborateurs néerlandais de PICA tracent les perspectives ouvertes par leur système, dont PICarta, interface de recherche simultanée sur des données bibliographiques classiques et des données électroniques, et la description de ces dernières par conversion de métadonnées en notices MARC. Jay Jordan, président d’OCLC, organisme qui a pris une participation majoritaire dans PICA, présente également le signalement de ressources électroniques comme une tâche majeure des réseaux documentaires de l’avenir. Le seul véritable catalogue collectif national allemand est celui des périodiques 5, qui a également migré sous PICA et pourrait s’orienter vers l’accès à des articles en ligne.

Le management et l’évaluation

Le management et l’évaluation occupent une bonne place dans trois des quatre livraisons analysées. Le recours à des ressources externes est envisagé pour le financement d’activités (n° 2-2001) ou le conseil juridique (n° 3-2000). Le management des ressources humaines fait l’objet de deux intéressantes contributions (n° 2-2000). Paul Gert s’appuie sur le cas des bibliothèques d’étude et de recherche pour analyser les responsabilités de l’encadrement dans la motivation du personnel, tandis qu’Ulla Wimmer plaide pour un travail collectif en équipe dans le cadre d’une organisation matricielle propre à favoriser la motivation et l’efficacité. Wolfgang Ratzek (n° 2-2001) aborde, dans une synthèse hélas trop courte, la difficile question de la violence et de l’incivilité en bibliothèque, en concluant à la nécessité d’une formation du personnel adaptée.

Quant à l’évaluation, elle est principalement abordée du point de vue des utilisateurs : Sebastian Mundt et Erpho Bell démontrent l’efficacité d’une enquête téléphonique pour évaluer des services électroniques (n° 3-2000), tandis qu’Uta Müller plaide, sous l’appellation de management des critiques, pour une utilisation systématique d’enquêtes d’insatisfaction. Anke Berghaus-Sprengel (n° 2-2001) traite de la comparaison statistique entre bibliothèques en en montrant les vertus et les limites. Quant à Klaus-Peter Böttger, il développe à propos de Müllheim-an-der-Ruhr un exemple de gestion de bibliothèque publique dans le cadre d’un Eigenbetrieb (équivalent approximatif d’un établissement public français), formule qui connaît un certain développement en Allemagne, soit pour une bibliothèque, comme à Brême, soit pour un ensemble de services culturels, comme à Müllheim.

Pour le reste, on retiendra que Bibliothek : Forschung und Praxis traite régulièrement d’informatique documentaire (le n° 3-2000 aborde l’indexation automatique en bibliothèque publique et propose une courte synthèse sur la conception et le fonctionnement d’une bibliothèque virtuelle), mais présente aussi des études et synthèses sur les bibliothèques dans des pays étrangers, tout particulièrement la France. On trouvera une restitution et une interprétation de données statistiques pluriannuelles sur les bibliothèques universitaires françaises dans le n° 2-2000 et sur les bibliothèques publiques françaises dans le n° 2-2001, cette même livraison proposant également une présentation de la bibliothèque intercommunale de Sélestat.

On n’oubliera pas, parmi les autres chroniques et rubriques, les nombreuses recensions d’ouvrages (52 en quatre numéros), pour la plupart de langue allemande, souvent de langue anglaise, exceptionnellement de langue française.