La bibliothèque localement universelle

André-Pierre Syren

L’encyclopédisme des collections fait l’objet d’interrogations multiples en bibliothèque. Le développement des sciences et la multiplication des textes sont-ils contraires à une conception humaniste de la culture, ou supérieurs à la capacité de la bibliothéconomie à absorber et restituer des informations ? L’analyse montre que, pour les fonds restreints, fonds locaux ou collections particulières, le catalogage traditionnel s’avère également insuffisant. Une politique des collections raisonnée, en fonction des fonds ou des publics, permettrait d’adapter localement les choix techniques aux priorités documentaires de la bibliothèque.

Encyclopaedic purpose is subjected to various criticisms in public libraries. Are the spread of knowledge and the multiplication of text conditions opposed to an humanist conception of culture, or simply higher than input/output abilities of library science ? For limited documentary funds, as local or specialized ones, analysis shows that usual cataloguing is also inadequate. A descriptive collecting policy, according to existing documentary units or publics, could allow the adjustment of technical choices to library priorities.

Zahlreiche Fragen richten sich im Bibliothekwesen gegen die Vielseitigkeit der Büchersammlungen. Wûrden etwa die Entwicklung der Wissenschaften und die Vermehrung der Schriften einer humanistischen Auffassung der Kultur entgegen-stehen ? Oder eher der Fähigkeit der Bibliothekwissenschaft, Informationen aufzunehmen und wiederzugeben ? Festgestellt ist, daß das traditionelle Verzeichnis sich für bescheidene Bestände oder thematische Sammlungen, als unbefriedigend erweist. Eine durchdachte Anschaffungspolitik, die dem Bestand oder dem Publikum entspräche, würde erlauben, daß sich die technischen Entscheidungen auf die Ziele der Bibliothek einstellen.

« Il n'est plus possible, aujourd'hui, de commencer une collection dans un esprit encyclopédique : les œuvres de qualité coûtent trop cher ». Ce n'est heureusement pas le directeur du livre, mais celui des musées de France, Françoise Cachin, qui s'exprimait ainsi dans Le Point du 28 janvier dernier, à l'occasion d'un mini-dossier sur l'état culturel de la France. Pour ce qui concerne les livres, la parole était donnée aux libraires, le ministère de la Culture et de la Francophonie ne paraissant qu'en pourvoyeur de statistiques sur la lecture, tirées de l'enquête sur les pratiques culturelles des Français, et censées compléter un encadré sur le chiffre d'affaires et un autre déplorant la baisse des tirages. A l'opposé des ravissements modernistes servis pour toute ouverture de médiathèque, l'article, au demeurant banal, insistait dans son sous-titre sur l'accueil « comme dans les bonnes vieilles librairies d'autrefois » que préserveraient Le Furet du Nord, Kléber, Decître et Mollat.

En écho, la littérature (Borges bien sûr, Eco, Schuiten...) promeut volontiers l'idée dérangeante de la bibliothèque « monomaniaque [qui] court indéfiniment après sa propre totalité » 1. Loin d'infliger à cette caricature un sévère démenti, les bibliothécaires constatent que leur « champ d'action est, plus que jamais, indéfini » 2, ou qu'il « apparaît bien périlleux de tenter d'épuiser la réalité de la bibliothèque » 3. Réalité d'autant plus fuyante qu'elle circule entre deux infinis, celui de l'offre multimédia du village global et celui de la demande légitimée par le marketing ou la sociologie, tandis que s'estompent les frontières du champ culturel et que se multiplient les missions confiées aux bibliothèques...

Dans ce contexte, l'encyclopédisme, qui fut notre vertu, deviendrait-il notre péché ? Au contraire, au nom du réalisme, ne risque-t-on pas de lâcher un concept, qu'on peut certes rajeunir, pour une utopie plus grande encore, qui serait celle des réseaux ? N'y a-t-il pas péril à délaisser l'objectif pour l'ombre de l'outil ?

Tout – ensemble

Quels que soient les noms forgés par les hommes du livre pour leur science, on constate qu'ils ont eu l'ambition d'englober le plus largement possible la réalité de la chose imprimée, puis de la communication. C'est ainsi qu'à la science des répertoires, la bibliographie, Robert Estivals a fait succéder la bibliologie, et, dernièrement, Régis Debray la médiologie. Une telle volonté de connaître largement ressort-elle de l'encyclopédisme ou de la polymathie ?

Rempart contre la multiplicité des savoirs dont on sait bien qu'on ne peut plus les maîtriser tous, l'encyclopédisme est défini par Furetière ou Littré comme le recueil et surtout l'enchaînement des connaissances. En regard de cette définition où l'universalité se caractérise par sa propension à tout relier, se pose une tradition légèrement différente (dont le Petit Larousse se fait l'écho moderne) qui met en avant le processus accumulatif. Il n'est pas douteux que la tradition professionnelle des bibliothécaires a largement penché vers cette seconde interprétation ; les bibliothèques, patrimoniales ou non, se caractérisent toujours par leur fonction de conservation, par opposition au monde changeant de la librairie.

Bien sûr, on sait que l'accumulation documentaire génère de fort considérables problèmes ; on n'en croit généralement pas moins que le salut réside dans la masse. Techniquement, des solutions ont toujours été dégagées qui permettaient de croire l'horizon accessible. Diderot considérait son Encyclopédie comme pouvant servir d'unique vestige de la civilisation ; Otlet, Dewey et leurs successeurs ont perfectionné des systèmes de classification des connaissances dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils trahissent une théorie du savoir désuète, quoique commode. Louise-Noèlle Malclès espérait dans l'introduction de son Manuel de bibliographie l'avènement du répertoire suprême, organisant l'accès à l'ensemble des livres ; l'informatique est venue au secours de son idéal. Depuis lors, les projets se succèdent, ou se superposent, qui visent à obtenir, en France et ailleurs, les fichiers les plus considérables par compilation des plus solides catalogues existants, que cette masse soit envisagée à des fins internes de récupération catalographique, ou externes de consultation publique.

Art ou science ?

Il ne s'agit pas ici de déterminer si le but poursuivi a été ou sera atteint, ni même d'estimer son accessibilité. Force est simplement de constater que le souci de fusionner des éléments disparates conduit non seulement à harmoniser la forme des données (de l'ISBD aux formats Marc), mais encore à en uniformiser le contenu. En cela, les bibliothèques participent avec entrain à la mondialisation des échanges et, probablement, mais il faudrait le démontrer, au phénomène de lissage planétaire de l'information. Il est en effet difficile de croire, après que tant d'avancées ont été réalisées récemment dans l'histoire des bibliothèques, qu'une certaine aptitude à l'autarcie (fût-elle encyclopédique) nous dispenserait aujourd'hui de nous poser les questions générales ouvertes par les sciences de l'information et de la communication. Au contraire, on doit s'interroger sur la réduction de la bibliothéconomie à des aspects de plus en plus techniques, souvent quantitatifs et gestionnaires, aux effets parfois funestes. L'affirmation de Michel Melot selon laquelle le métier de bibliothécaire serait un art plutôt qu'une science 4 offre l'opportunité d'une approche différente, guère éloignée des épistémologues pour qui l'idée que la science peut et doit être « organisée selon des règles fixes et universelles est à la fois utopique et pernicieuse » 5.

En matière de bibliothèques, le caractère pernicieux réside dans le fait qu'une cohérence accrue des données ne favorise pas seulement leur échange, mais privilégie progressivement la gestion économique de ces échanges. Petit à petit, faute de débat sur le fond, les questions qui agitent l'interprofession (en bouclant de l'auteur au lecteur) se focalisent essentiellement sur la rentabilité économique de la création et de la diffusion. De ce point de vue – et sans contester la légitimité d'approches financières –, on ne peut que s'inquiéter de voir comment les questions de lecture « civile » ou « studieuse » sont victimes de conjectures comptables, comme si chaque nouvel investissement consenti en matière de service public ne pouvait que susciter un désir de retour sur investissement de la part des éditeurs et des auteurs. Les autoroutes de l'information fournissent à cet égard un exemple caricatural, le débit des données et la maîtrise des réseaux de distribution étant toujours abordés préalablement à toute approche intellectuelle. On peut noter que les médias ne définissent généralement pas un réseau tel qu'Internet par sa vocation encyclopédique, mais en termes d'espace de liberté : liberté de choix, mais aussi, très vite, liberté de payer. La mise en réseau n'est pas, essentiellement, encyclopédique : faute de structure d'ensemble et de minimum de fiabilité des données obtenues.

D(é)s-illusions

Sur ces plans « scientifiquement » professionnels, force est de constater que l'unification des catalogues et l'accumulation des notices n'ont pas eu que des conséquences bénéfiques sur le plan structurel. « L'illusion du catalogue parfait et exhaustif est en train de disparaître », se réjouissait naguère Alain Gleyze 6. Même désillusion à propos des collections documentaires elles-mêmes : quelques voix s'élèvent pour déplorer la conservation systématique de l'écrit. Chez les bibliothécaires les plus concernés par les missions patrimoniales pointe le souci de l'élimination du trop-plein d'écrit, alors que les sciences des textes nous annoncent leur prolifération. Sans ridicule, un auteur peut écrire : « Quel soulagement avait dû être la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie ! La vie pouvait recommencer » 7. La totalité apparaît de moins en moins synonyme de perfection : au vaste capharnaüm encyclopédique, on oppose alors la bibliothèque privée, constituée de livres choisis, au risque de « fétichiser » 8 les exemplaires jugés significatifs.

Si la grande taille d'un catalogue permet en effet l'économie de recherches répétitives dans des répertoires morcelés, donc l'identification plus rapide de documents à partir de critères connus à l'avance, notamment nominatifs : auteurs ou titres, cette même taille contrarie la recherche par matière. La fusion des catalogues dont chacun fournit des accès par sujets inadéquats a plutôt conduit à une détérioration de la recherche, car l'augmentation du nombre de notices n'a pas été compensée par l'amélioration des possibilités de choix, faute de pouvoir sélectionner ce qui est significatif : « Il est assez paradoxal de constater que l'essor de l'informatique... a plutôt causé une dégradation de la recherche par sujet » 9.

Certes, les normes devraient permettre de lutter contre les pratiques empiriques, mais la normalisation des langages n'entraîne pas l'uniformisation des points de vue, pour les catalogues collectifs, comme à l'intérieur des catalogues locaux. La subjectivité du bibliothécaire étant officiellement gommée par la doctrine bibliothéconomique, les incohérences observées dans l'indexation s'expliquent-elles par l'imperfection de l'outil, ou par la personnalité tenace de l'opérateur ? Faute de visée documentaire, l'argument technologique seul ne motive pas grand monde, constatent Martine Blanc-Montmayeur et Anne-Marie Bertrand 10. La mise en commun de catalogues ne préjuge malheureusement pas toujours de leur complémentarité, ni foncière, ni bibliographique. Déjà, Jean Gattégno rêvait en 1988 de bibliothèques, « où l'on ne considérerait plus que le catalogage est le fin du fin de la formation » 11.

Face à un outil informatique complexe, parce que sophistiqué ou incohérent – ce qui finit par revenir au même pour l'usager peu expérimenté –, le mieux est encore de consulter un expert du domaine. Eugène Morel écrivait que « le bibliothécaire a parfois plus vite fait de chercher lui-même que de montrer comment chercher » 12 ; de nos jours, le bibliothécaire ne se pense plus seul capable de trouver, mais il se reconnaît au moins l'aptitude à choisir la bonne source... Ah, l'usager, le lecteur ! Fuyant et si présent à la fois, si divers dans ses aptitudes mais si exigeant d'habitude ... Nonobstant son incapacité à maîtriser les finesses des langages documentaires, il lui faut de surcroît, avec l'informatique, apprendre à se situer dans un corpus documentaire non balisé. L'ordinateur lui offre une puissance de travail inégalée en même temps qu'il ôte les indices de repérage coutumiers : « L'utilisateur du multimédia ne possède, a priori, aucune indication concrète du volume et de l'organisation du corpus d'information qui est mis à sa disposition. La consultation d'un catalogue papier permet d'embrasser un grand nombre d'informations écrites et visuelles. Dans le multimédia, ces informations sont enchaînées, successives. On y gagnera par contre des possibilités de tri accrues. L'un compensera-t-il l'autre ? 13.

Deux écoles

Sur cette épineuse et très actuelle question, deux écoles s'affrontent : l'une espère dans l'hypertexte une réponse technique aux problèmes soulevés par la normalisation descriptive, l'autre insiste sur l'absence de valeur intrinsèque de l'information, la même pouvant, suivant les différents usagers, être « utile » ou « fatale ». François Jakobiak insiste sur la nécessité de disposer d'une information critique 14. La position d'Alain Gleyze n'est pas très éloignée : le tri (technique) n'est pas comparable à la sélection (intellectuelle), en dépit de l'apparition d'outils sans cesse plus performants, tels les gophers d'Internet. L'offre d'une bibliothèque peut-elle être sélective, officiellement critique ? N'est-ce pas contraire à une certaine tradition encyclopédique fondée sur l'absence d'a priori ?

Certaines recherches en sciences de l'information annihilent tout regard institutionnel critique, en supposant que seul l'usager peut apprécier la valeur de la documentation qu'il retient. Des expériences sont menées qui laissent au lecteur la possibilité d'affecter lui-même des critères de pertinence, ou d'indexer à loisir les documents 15. Cet extrême morcellement, s'il formalise de façon très technique les classements que chacun met spécifiquement en œuvre dans le traitement de ses propres dossiers, ne manque pas de corroborer l'assertion d'Anne-Marie Motais de Narbonne : « Si l'informatique [...] seule permet une véritable accessibilité des données, elle laisse cependant sans solution les questions fondamentales de cohérence intellectuelle et formelle et, plus encore, en amplifiant tous les effets, elle en souligne toutes les faiblesses » 16. De toutes façons, ce n'est pas dans la libre indexation par le lecteur qu'on trouvera une définition du service public de documentation, au moins en ce qui concerne les OPAC.

Il n'est pas impossible de songer à former les lecteurs, tout au moins à les guider, d'aucuns s'y emploient. Diverses approches sont complémentaires. C'est ainsi qu'à Dijon, le journal de la Bibliothèque, Hors ligne, comprend une rubrique « Bibliothèque pratique », tandis que l'établissement a lancé récemment, et parallèlement, une campagne de formation des responsables de bibliothèques-centres documentaires. La Bibliothèque nationale de France développe un espace didactique, le département du développement culturel du Centre Georges Pompidou s'intéresse, entre autres, à la formation du public...

L'objectif synthétique de l'encyclopédisme raisonné achoppe en définitive toujours sur le problème du nombre. Il est difficile de vouloir tout absorber et de pouvoir tout restituer.

Microcosme local

Par opposition à l'encyclopédisme envahissant, le concept de fonds local se développe selon une approche qualitative restreinte ; il devrait permettre d'étudier à une échelle commodément réduite le processus de constitution documentaire.

Malheureusement, la notion de fonds local, ou régional, est flottante ; en 1978, François Hauchecorne estimait que de nombreux bibliothécaires « seraient sans doute bien en peine de délimiter exactement ce fonds » 17. De fait, la littérature professionnelle est singulièrement limitée sur le sujet. Faute de jurisprudence, François Hauchecorne esquisse une définition : « cadre géographique à l'intérieur duquel le bibliothécaire se sent tenu à l'exhaustivité » ; Eugène Morel affirmait déjà qu'il « appartient à chaque bibliothécaire de définir pour son propre fonds la meilleure façon de le mettre en valeur et de l'accroître ». Curieusement, la référence se transforme d'un coup : de l'objectif normalisé au subjectif le plus individuel.

De même, l'aptitude technique à manier des outils documentaires, singulièrement avancée comme caractéristique professionnelle pour les fonds généraux, n'est plus revendiquée lorsque l'on aborde le fonds local. Claire Fons déclare que « le principal est d'engranger... en espérant que l'intendance suivra un jour » 18. François Hauchecorne « voit bien l'intérêt qu'il y a de recueillir les documents mineurs, mais voit mal ou pas du tout comment il serait possible d'en assurer le traitement détaillé » et finit par préférer « une information sommaire à pas d'information du tout ». Cette information réputée sommaire s'obtient par la multiplication des entrées : « Pour le fonds local, le catalogage habituel n'est pas suffisant ». La plupart des auteurs finissent par conclure sur un appel à la « collaboration étroite », à la coopération, tant pour la définition d'une politique d'acquisitions concertée que pour la réalisation d'outils communs.

Formaliser les pratiques d'acquisition et de traitement en matière de fonds locaux, c'est s'accorder sur un cas d'espèce avec Bertrand Calenge quant à la nécessaire définition des politiques suivies 19, et renoncer à l'empirisme d'un circuit du livre dont dépend toute l'activité de la bibliothèque, comme le souligne Anne-Marie Bertrand 20. Ainsi la Base bibliographique bourguignonne (prochainement mise en service) procède-t-elle, à une échelle quantitative modeste, d'une couverture documentaire régionale développée par ABIDOC (Association de coopération entre bibliothèques et centres de documentation) depuis 1988 et d'une organisation bibliographique (catalogage, indexation, plan de classement) due à la bibliothèque municipale de Dijon et à la Société des Annales de Bourgogne, premier éditeur de la Bibliographie bourguignonne, en 1939.

Une notion ambiguë

En fait, le fonds local est lui-même ambigu : à la fois mémoire cumulative tendant à l'exhaustivité d'une vie locale et porte-parole du « génie du lieu »... Il n'est guère difficile de définir la partie documentaire d'un fonds local, il est par contre très malaisé d'en concevoir collectivement la section littéraire. Les critères mis en avant peuvent être radicalement dissemblables, ils servent souvent à annexer des notoriétés dont le talent n'a pas besoin d'un tel piédestal et pourrait au contraire s'en offusquer. Pour les grandes âmes, le fonds local ne peut être qu'un reliquaire, un trésor jalousement préservé, comme un patrimoine monumental. Comme ce dernier, le fonds local se signale donc par une forme originale et par le lieu où cette forme existe. Sur ce point, les collections spécialisées et les fonds particuliers, que le hasard de l'histoire a parfois déposés tout constitués ici ou là, sont partiellement assimilables aux fonds locaux : il s'agit comme eux de fonds localisés. Leur cartographie est indispensable, mais leur géographie n'est pas toujours significative.

En réalité, la bibliothèque « est gestionnaire d'un patrimoine culturel local spécialisé constituant une partie du savoir universel » 21. Le fonds est tout à la fois reflet, réduction plus ou moins organisée du tout encyclopédique, et partie de l'image principale en ce qu'il contribue – en tentant de le colorer spécifiquement – à la complétude du puzzle du savoir.

Définir un fonds par sa double fonction, simultanée, d'entonnoir et de porte-voix amène à déterminer comment l'établissement se situe parmi les flux d'échanges multiples qui peuvent le concerner. Traditionnellement, un fonds se caractérise par son enracinement dans le temps ou dans un terroir. Ainsi est-il d'usage, lorsque l'on parle d'une bibliothèque importante, d'en évaluer la valeur par la jauge de l'intégralité des collections : une enquête sur les acquisitions, menée récemment dans les bibliothèques de Bourgogne, a montré que les fonds anciens étaient systématiquement comptés dans les données de cadrage, même pour ne parler ensuite que des collections contemporaines...

Des logiques différentes

La césure entre niveaux de fonds n'est pas régulière. Jusqu'à une époque récente, les statistiques nationales s'intéressaient à des chiffres examinés isolément : nombre de livres, d'usagers, de prêts, d'animations, etc. Or, toutes ces logiques ne sont pas forcément convergentes ; il est trivial de dire qu'un fonds patrimonial ne s'évalue pas au nombre de ses usagers, absurde de comparer une bibliographie pour adolescents à une carte de conservation partagée, vain de mettre en concurrence les actions envers les « publics spécifiques » et les opérations de rétroconversion. Les objectifs poursuivis sont dissemblables, la plupart des exemples cités ici ne sont pas essentiels à la bibliothèque en soi, mais deviennent importants en fonction d'une conception d'ensemble, en fonction d'une logique de programmation budgétaire quand tout n'est pas simultanément réalisable. De même que toute création suppose une diffusion adaptée, toute entreprise documentaire devrait être considérée à la fois selon sa pertinence intrinsèque, son public existant ou virtuel, ses modes de diffusion, ses méthodes d'évaluation propres. A mi-chemin entre le trou noir, vorace de publications progressivement fondues en une masse indistincte, et la supernova qui envoie en toutes directions des fragments potentiellement riches de sens, il doit être possible de définir en tant que système les fonds d'une bibliothèque, en se fondant notamment sur le fait qu'une offre courante satisfait généralement un public de proximité, tandis qu'une collecte documentaire spécialisée irradie au moins aussi loin que proviennent les documents.

Le fait local

La bibliothèque est contrainte par son milieu et l'influence à la fois. A une époque où l'écologie gagne, dans le discours au moins, toutes les faveurs (ne parle-t-on pas d'une écologie de la connaissance ?), il est sans doute opportun de s'interroger sur la complexité relative des échanges qui est le fondement de toute analyse biologique. Ainsi, dans la bibliothèque, les différentes contingences extérieures doivent-elles être diversement pondérées. Un fonds patrimonial existe d'abord en fonction de ses documents, ses lecteurs viennent souvent de loin consulter des ouvrages, parfois austères, et préfèrent se déplacer sur le témoignage d'indications bibliographiques (plus ou moins détaillées selon les écoles). A l'opposé, la bibliothèque peut aller (dans la rue, dans des collectivités ouvertes ou surveillées...) au devant de populations très voisines mais parfois analphabètes, ou illettrées ; il vaut mieux dans ce cas disposer d'ouvrages attrayants que de catalogues très soignés. Entre ces extrêmes, une constante : le fait local, documentaire ou sociologique. Attentive à ses différentes missions, comme un individu peut être diversement disponible parmi la variété des milieux qu'il fréquente, la bibliothèque, pour s'inspirer d'une phrase célèbre, est une personne ; les facettes de sa personnalité, ce sont ses collections.

Par antithèse, un terme revient régulièrement quand on interroge des bibliothécaires sur leurs fonds : celui de lacune, comme si ce qui manque importait plus que ce qui est présent. Cette insatisfaction se retrouve d'une façon inattendue dans les Données que publie la Direction du livre et de la lecture. Les chiffres de 1992 montrent que 465 bibliothèques municipales ont reçu 30 694 documents, contre 322 (69 %) qui en ont prêté 12 120 (39 %). Évidemment, ces chiffres ne peuvent rien signifier de plus que la place importante des bibliothèques universitaires dans le réseau du prêt entre bibliothèques. L'important déséquilibre des transactions pose toutefois question : ou bien les bibliothèques municipales, malgré l'existence de fortes sections d'étude, ne disposent pas de collections de niveau universitaire et sont indûment fréquentées par certains de leurs usagers ; ou bien elles disposent de collections trop éclatées ou insuffisamment connues, ce qui rend plus simple le recours aux bibliothèques universitaires et à leur réseau de Cadist. Peut-on imaginer des Cadist de lecture publique ? La décentralisation s'oppose en cette matière à toute définition jacobine et l'on sait la difficulté qu'a eue la Bibliothèque nationale de France à faire figurer des bibliothèques municipales au nombre des pôles associés retenus à ce jour. Pour autant, l'idée n'est pas vaine – Philippe Bélaval rapportait récemment son étonnement devant les multiples propositions reçues par la BNF, émanant de structures parfois fort réduites mais valorisant toutes un fonds spécialisé se jugeant digne de relayer l'établissement parisien 22.

Revenons aux fonds locaux. Les auteurs qui se sont penchés sur ce sujet concluent tous sur la nécessité de s'unir pour harmoniser, d'harmoniser pour organiser le travail en commun. Toute coopération gagne à partir des co-opérateurs plutôt qu'à se régler localement sur des objectifs nationaux. On sait quels développements ont connu les agences régionales de coopération, souvent fort éloignés des préoccupations informatiques qui avaient pour une bonne part présidé à leur création. En plusieurs régions, la coopération est, a été, une chance pour les plus petits établissements, notamment en matière de fonds patrimoniaux. Si la « bibliothèque n'est pas seulement un ensemble de documents offerts mais une proposition culturelle active » 23, c'est surtout lorsqu'elle peut jouer sur une gamme de registres clairement définis, en partenariat avec des ensembles d'établissements choisis pour leur spécificité, leur complémentarité. A propos des fonds courants comme des fonds locaux ou spécialisés, l'offre de lecture gagnerait à afficher une publicité comparative, dans tous les sens du terme.

Pour une politique des collections

Aucune bibliothèque n'est autosuffisante, aucune n'est idéale. A l'heure où la technique permet d'embrasser des activités traditionnellement antagonistes : conservation et diffusion, on pourrait croire caduque la question des fonds documentaires. Puisque l'informatique permet de combiner l'ensemble des informations « comme un grand hypertexte mouvant », est-il encore opportun de s'attacher à la notion spatiale de collection ? Les réseaux abolissent les distances, l'électron se propose de supprimer la réalité matérielle des documents... Deux approches sont possibles, l'une valorise la matérialité des supports, sans exclure leur complémentarité ; l'autre privilégie l'enchaînement, la liaison des informations.

Concernant les médias, il suffit presque de constater l'évolution récente des livres pour la jeunesse et l'extraordinaire soin apporté à leur maquette, parfois même de façon trop envahissante, pour deviner que toute bibliophilie – au sens large – n'est pas morte. Preuve plus tangible de cette résistance esthétique à l'écran : nombre de bibliothèques acquièrent des livres d'artistes contemporains et les exposent, certaines tentent d'en prêter. Concurremment, les offres destinées au grand public jouent sur la modicité de prix ou la qualité supposée de l'édition. Une des conséquences du désherbage est l'étonnement des usagers, souvent surpris par la fraîcheur d'un fonds, soudainement obligés de changer d'a priori sur la vétusté du service documentaire public... Il n'en demeure pas moins que la référence familière du lecteur – pourquoi pas ? – reste la librairie, au pire celle de la FNAC, au mieux celle de Montaigne. Il y aurait sans doute des informations intéressantes à recueillir dans les plus récentes bibliothèques à ce sujet : la volonté d'afficher le modernisme d'une médiathèque ne surprend-il aucun usager ? N'y aurait-il pas quelquefois intérêt à laisser certaines collections patrimoniales ou spécifiques « dans leur jus » plutôt que d'imposer un design uniforme à des ensembles par nature fort divers ?

Si le caractère esthétique est ici secondaire, on peut néanmoins noter que l'architecture subit progressivement les assauts des programmes de bibliothécaires pour qui « les logiques de pertinence et de cohérence d'une collection doivent l'emporter sur les logiques d'organisation par type de document » 24. Alors que les bibliothèques ont longtemps crû par simple juxtaposition de nouveaux services : livres pour enfants, disques, vidéos..., on observe de plus en plus volontiers la réalisation de services multimédia qui ne se réduisent pas aux disques optiques. La pratique montre en effet que, si une politique de l'offre bien menée peut encourager la demande, elle ne garantit pas la découverte ; il ne suffit pas de détenir un document pour le communiquer à son public potentiel : « l'existence même d'un titre dans le fonds de la bibliothèque ne dit rien sur son accessibilité réelle », écrit Anne-Marie Bertrand 25 ; plus radicalement, Istvan Kiraly affirmait récemment dans ces colonnes que les fonds secrets de la Roumanie de Ceaucescu étaient plus efficaces que la censure 26. De même que l'éditeur vise un public en déterminant la forme d'un ouvrage, la bibliothèque traduit par la mise en place de ses collections une volonté à proprement parler éditoriale.

La manière dont nous stockons la connaissance est essentielle à la constitution comme à l'accessibilité de la science. Eugène Morel préconisait déjà une description plus soignée pour les livres ayant un intérêt spécial. De nos jours les techniques ont progressé et les bibliothécaires, comme les libraires, font de l'étalage, savent doser leur éclairage et régler la hauteur des tablettes en fonction de l'accessibilité physique des documents. Ils savent aussi mettre en valeur les documents qu'ils ont choisi de valoriser ; mais la valorisation est distincte d'un établissement à l'autre, suivant ici la subjectivité et les goûts individuels, s'attachant là au développement d'une politique volontariste, quelquefois déterminée par la collectivité.

La nécessité de cartes documentaires

Force est d'observer que, si beaucoup d'efforts ont été accomplis dans la capacité à distinguer quelques ouvrages d'un fonds, peu encore ont été réalisés dans le domaine de la cartographie documentaire des établissements. On a beau savoir, depuis Libra, que les taux de recouvrement des collections ne sont pas aussi élevés qu'on pouvait l'imaginer, on s'évertue à définir la collaboration dans le domaine bibliographique par l'accumulation des données plutôt que par leur distinction. Il est reconnu à tout lecteur la faculté de créer un texte nouveau par sa seule lecture interprétative, il n'est pas courant de concéder à la bibliothèque la création de sens par l'appariement de ses collections. Or, si cette création de sens documentaire existe, ne serait-ce que dans le domaine des fonds locaux, on l'a vu, elle est difficilement réfutable pour les fonds encyclopédiques mêmes. Le choix d'un document et son insertion dans une collection sont le sens que crée socialement le bibliothécaire, on ne peut que suivre Bertrand Calenge dans son exploration de ces processus fondamentaux. Nous évoquions précédemment la nécessité d'une attitude critique face à l'information. La mise en valeur d'une politique de collections permet d'insister sur l'activité spécifique du bibliothécaire, sur son rôle civique, sans chercher à dissiper d'un coup les incertitudes, mais en complétant l'effet « antibrouillard » de l'évaluation 27 par le balisage du chemin à suivre.

Considérant l'actualité interprofessionnelle, la notion de collection permet d'établir une ligne de défense face aux calculs financiers qu'auteurs et éditeurs opposent aux bibliothèques, la lecture publique ou éducative apparaissant alors comme le résultat d'un investissement de la collectivité et non comme le pillage des ayants droit. Mais il s'agit là d'un autre débat.

Sur le plan étroitement bibliothécaire, le concept de collection permet de proposer un modèle de réseau davantage fondé sur un maillage spontané que sur une structuration pyramidale, ou sur l'institution d'une structure tout court, dont Jean Gattégno déplorait le « travers » récurrent dans l'hexagone 28. On voit bien, aux plans économique et intellectuel, l'intérêt qu'il peut y avoir à bâtir un catalogue courant par utilisation de notices dérivées d'un réservoir central, à traiter donc le fonds encyclopédique de la manière la plus normalisée qui soit ; cet intérêt existe-t-il pour les fonds spécialisés ? Si le fonds spécialisé (local, thématique...) se caractérise par l'appariement même des documents qui le composent, la description particulière de cette méthode de choix s'avère légitime. Toute entreprise d'indexation s'attachant aux relations entre les termes, il n'est pas absurde – pour une entreprise spécifique – d'organiser les termes en fonction des articulations de la collection. Il ne s'agit pas de lancer ici un archaïque appel au traitement local des données, mais de définir collectivement des procédures d'enrichissement local de celles-ci. Par exemple, l'approche de la documentation bourguignonne est facilitée par l'emploi d'un cadre de classement bibliographique régional spécifique, dont on comprend bien qu'il sera différent de celui nécessaire à la Savoie ou au Pays basque.

L'enrichissement bibliographique local permet la mise en valeur des diverses « facettes » d'un document, sans surcharger tout un catalogue par l'ensemble des possibles intérêts qu'offre, dans une perspective interdisciplinaire, un même texte à une diversité de chercheurs 29. Adopter une politique de collections, c'est afficher, et donc limiter, une subjectivité locale au service d'une collectivité élargie. Afficher la particularité d'un fonds, notamment spécialisé, c'est rendre service à la fois au bibliothécaire qui n'est plus appelé à trancher les cas douteux en référence à son seul jugement, et au chercheur – professionnel ou non – qui pourra préférer sur des sujets donnés l'étroitesse d'un point de vue localisé à la vaste perspective d'un ensemble encyclopédique polymorphe.

En conclusion, la bibliothèque localement universelle pourrait être celle qui mesure les interactions avec son environnement, proche ou lointain, en fonction de ses objectifs documentaires, bibliographiques, pédagogiques, etc. Les grandes orientations doivent être établies lors d'un débat qui ne peut pas être que professionnel, voire interne à l'institution. Pour évoquer à la fois l'imbrication de la bibliothèque dans son (ses) milieu(x) et la nécessité d'un discours sur la bibliothèque elle-même, nous avons naguère suggéré le terme de bibliothécologie, moins restrictif que celui de bibliothéconomie. Si l'économie a tendance à globaliser l'information, la bibliothèque peut relativiser l'universalité de l'information par une manière particulière de la traiter, selon les thèses de Michel de Certeau. Enracinée dans son environnement et ouverte sur le globe, la bibliothèque semble en effet prouver, par son existence même, que « la culture est prolifération d'inventions en des espaces contraints » 30.

Février 1995

  1. (retour)↑  Alain NADAUD, « Le jardin privé », dans La bibliothèque : miroir de l'âme, mémoire du monde, Paris, Autrement, 1991 (Mutations ; 121), p. 207.
  2. (retour)↑  Anne-Marie BERTRAND, Interlignes, n° 30, 1992.
  3. (retour)↑  Bibliothèques et évaluation, sous la dir. d'Anne KUPIEC, Paris, Ed. du Cercle de la librairie, 1994, p. 8 (Collection Bibliothèques).
  4. (retour)↑  Congrès de l'Association des bibliothécaires français, 1994, Vichy.
  5. (retour)↑  Notamment Feyerabend, voir à ce propos Jean-Pierre LONGCHAMP, « L'épistémologie en question », Études, janv. 1995, p. 65.
  6. (retour)↑  Alain GLEYZE, Analyse du livre Les obstacles à l'efficacité de la recherche par sujet..., dans Bulletin des bibliothèques de France, Paris, t. 37, n° 6, 1992, p. 109.
  7. (retour)↑  Yves PEYRÉ, « La bibliothèque incertaine », dans La bibliothèque : miroir de l'âme, mémoire du monde, op. cit., p. 16.
  8. (retour)↑  Cf. notamment Jean VIARDOT, « Livres de cuisine et collectionneurs français » dans les actes du congrès, Livres et recettes de cuisine..., Dijon, 28-29 octobre 1994 (à paraître).
  9. (retour)↑  Alain GLEYZE, ibid.
  10. (retour)↑  Martine BLANC-MONTMAYEUR, « L'échec de la coopération en Rhône-Alpes vient peut-être des priorités dans le tout technologique, qui, en définitive, ne motive pas grand'monde », Interlignes, n° 30, 1992. Voir aussi Anne-Marie BERTRAND sur « les revendications techniciennes, voire technicistes », Les bibliothèques municipales. Acteurs et enjeux (Collection Bibliothèques), Paris, Ed. du Cercle de la librairie, 1994, p. 8.
  11. (retour)↑  Le débat, n° 48, 1988, p. 100.
  12. (retour)↑  Jean-Pierre SEGUIN (éd.), Eugène Morel et la lecture publique, Paris, BPI, 1993, 224 p.
  13. (retour)↑  Dominique COTTE, « Questions sur le multimédia », Documentaliste-Sciences de l'information, vol. 29, n° 4-5, 1992, p. 175.
  14. (retour)↑  François JAKOBIAK, « L'information n'a pas de valeur intrinsèque et l'information utile varie considérablement avec la personnalité de l'usager », Maîtriser l'information critique, Paris, Éditions d'organisation, 1988.
  15. (retour)↑  Cf. notamment Eric GIRAUD et Henri DOU, « Siadic : un système expérimental… », dans Documentaliste-Sciences de l'information, vol. 31, n° 2, 1994, p. 71.
  16. (retour)↑  Anne-Marie MOTAIS DE NARBONNE, « Pancatalogue », dans Bulletin des bibliothèques de France, t. 39, n° 1, 1994, p. 38.
  17. (retour)↑  François HAUCHECORNE, « Le fonds local et régional », communication présentée à Orléans en 1978, publiée dans le Bulletin des bibliothèques de France, t. 27, n° 1, 1982, p. 25-30.
  18. (retour)↑  Claire FONS, « Le fonds régional de la BM de Rouen, réalité et perspectives », dans Bulletin d'informations de l'Association des bibliothécaires français, n° 119, 1983.
  19. (retour)↑  Bertrand CALENGE, Les politiques d'acquisition, Paris, Ed. du Cercle de la librairie, 1994, 408 p. (Collection Bibliothèques).
  20. (retour)↑  Anne-Marie BERTRAND, « Bibliothèque municipale : la carte et le territoire », Bibliothèques et évaluation, op. cit., p. 47.
  21. (retour)↑  Albert RONSIN, « La bibliothèque, mémoire de la vie locale d'hier et d'aujourd'hui », Médiathèques publiques, n° 69, 1984, p. 28.
  22. (retour)↑  Intervention lors d'une journée d'étude de l'Association des conservateurs de bibliothèques sur les réseaux, le 3 février 1995.
  23. (retour)↑  Martine POULAIN, « Quelle(s) bibliothèque(s) de France ? », Esprit, n° 3-4, 1991, p. 96.
  24. (retour)↑  Thierry GIAPPICONI, courrier au Bulletin des bibliothèques de France, t. 38, n° 4, 1993, p. 71.
  25. (retour)↑  Anne-Marie BERTRAND, « Bibliothèque municipale : la carte et le territoire », Bibliothèques et évaluation, op. cit., p. 49.
  26. (retour)↑  Istvan KIRALY, « Fonds secrets ou fonds interdits ? : une esquisse d'histoire des fonds secrets des bibliothèques de Roumanie », Bulletin des bibliothèques de France, t. 39, n° 6, 1994, p. 77-80.
  27. (retour)↑  Alain CARACO, « Les bibliothèques départementales », Bibliothèques et évaluation, op. cit., p. 140.
  28. (retour)↑  Op. cit., p. 98.
  29. (retour)↑  On peut s'interroger à ce propos sur l'indestructibilité du lien entre catalogage et indexation matière tel qu'il est couramment préconisé. A description physique identique ne correspond pas toujours usage similaire, pour les livres comme pour le reste.
  30. (retour)↑  Michel de CERTEAU, La culture au pluriel, Paris, C. Bourgois, 1980, avant-propos à la seconde édition et p. 227.