Lutte contre les moisissures

L'expérience de la bibliothèque de l'Arsenal

Sabine Coron

Martine Lefèvre

A deux reprises, en 1967 et en 1989, à la suite de pannes survenues dans le système de climatisation, la bibliothèque de l'Arsenal a dû faire face à une contamination par des micro-organismes de son précieux fonds ancien. Ce fonds est conservé depuis 1961 dans des magasins climatisés modernes, équipés de rayonnages métalliques de type compact. Les mesures ponctuelles prises en 1967 pour sauver le fonds s'étant révélées inopérantes, on décida en 1989 de traiter le problème dans son ensemble : désinfection et nettoyage des livres, des rayonnages et des magasins, amélioration des conditions de conservation (filtration chimique de l'air climatisé, étanchéité des fenêtres), entretien et désinfection trimestrielle des sols des magasins, prélèvements d'air réguliers.

In 1967 and 1989, because of breakdowns that took place in the air-conditioning system, the bibliothèque de l'Arsenal had been obliged to cope against the contamination by microorganisms of its rare books department. Since 1961, this stock has been kept in modern air-conditioned storage areas, equipped with metallic shelvings of the compact type. As the punctual steps taken in 1967 haven't been efficient, in 1989 it was decided to treat the matter as a whole : desinfection and cleaning of the books, shelvings and storage areas, improvement of the conservation conditions (chemical filtration of the air-conditioned, watercofness of the windows), quarterly maintenance and desinfection of the flooks of the storage areas, regular air takings.

Die Bibliothèque de l'Arsenal mußte zweimal 1967 und 1989 die Ansteckung ihres wertvollen Altbestands durch Mikroorganismen bekämpfen wegen Pannen in der Klimaanlage. Dieser Bestand wird seit 1961 in modemen, mit Klimaanlagen ausgestatteten Bücherlagern auf kompackten Stahlbüchergestellen aufbewahrt. Da die partiellen, 1967 zur Rettung des Bestands getroffenen Maßnahmen sich als erfolglos erwiesen hatten, entschloB man sich 1989 dazu, das Problem insgesamt zu behandeln : Desinfektion und Reinigung der Bücher, der Gestelle und der Lager, Verbesserung der Bewahrungsbedingungen durch chemisches Luftfiltern, Abdichtung der Fenster, Erhaltung und vierteljährige Desinfektion der Lagerboden, regelmäßige Luftproben.

Dans son Advis pour dresser une bibliothèque, premier traité de bibliothéconomie publié en 1627, Gabriel Naudé met en garde contre l'un des pires ennemis du livre, l'humidité 1. Entre autres recommandations, il conseille de conserver les livres dans les étages du milieu, d'éviter les ouvertures à l'ouest et au sud : « Les vents qui soufflent du costé de l'Occident sont fâcheux et nuisibles, et les Méridionaux plus dangereux que tous les autres, parce qu'estans chauds et humides ils disposent toutes choses à pourriture, nourrissent les vers, engendrent la vermine, fomentent et entretiennent les maladies... ». Si le lieu est humide et mal situé, « il faudra avoir recours ou à la natte, ou aux tapisseries pour garnir les murailles, ou au poisle ou bien à la cheminée, dans laquelle on ne bruslera que du bois qui fume peu pour l'eschauffer et desseicher pendant l'Hyver et les jours des autres saisons qui seront plus humides ».

Ces recommandations semblent avoir été suivies par le fondateur de la bibliothèque de l'Arsenal, Antoine-René de Voyer d'Argenson, marquis de Paulmy, qui obtint de Louis XV, en 1756, la concession d'un logement dans l'hôtel des Grands Maîtres de l'Artillerie (actuelle bibliothèque) où il put donner libre cours à sa passion bibliophilique 2. Dans une lettre datée du 16 décembre 1767, alors que Paulmy était ambassadeur à Venise, son secrétaire-bibliothécaire Pierre-Antoine Soyer lui indique les pièces où il a fait du feu successivement pour en chasser l'humidité 3.

Deux siècles plus tard, convaincus d'avoir enfin trouvé les conditions idéales de conservation, les bibliothécaires du XXe siècle retiennent la solution des magasins climatisés censés mettre les livres à l'abri de tous leurs ennemis. Hélas, en cas de panne de climatisation lors d'un été chaud et humide, tout comme les vents méridionaux, l'air quelque peu pollué soufflé dans les magasins peut provoquer les terribles maux énoncés par Naudé. « Contamination générale des livres par les moisissures », tel fut le diagnostic porté en janvier 1989 par les biologistes du laboratoire du service de la Conservation et de la restauration de la Bibliothèque nationale sur le fonds ancien de la bibliothèque de l'Arsenal, l'entraînant ainsi dans une aventure éprouvante de désinfection, nettoyage et assainissement des livres et des locaux qui devait durer près de deux ans.

Le fonds ancien de l'Arsenal

On appelle « fonds ancien » de la bibliothèque de l'Arsenal l'ensemble des livres imprimés entrés avant 1884, date à laquelle on abandonna le classement méthodique sur les rayons. Il est constitué à l'origine de la collection du marquis de Paulmy, enrichie d'autres bibliothèques aristocratiques comme celle de son oncle le comte d'Argenson et une partie de celle du duc de la Vallière pour ne citer que les plus importantes. Vendue au comte d'Artois, frère de Louis XVI, la bibliothèque fut saisie comme bien d'émigré en 1792. Les confiscations révolutionnaires effectuées dans les couvents et collèges parisiens lui apportèrent de nombreux ouvrages provenant de Saint-Victor, du couvent des Minimes, des Célestins et de la Sorbonne. La collection devait encore s'enrichir au XIXe siècle de livres provenant des bibliothèques des châteaux de Saint-Cloud, Meudon et Compiègne. Le fonds ancien de l'Arsenal est ainsi resté conservé dans son cadre d'origine.

La composition du fonds reflète les goûts d'un aristocrate du siècle des Lumières : les sections Belles-lettres, Histoire, Sciences et Arts y sont de loin beaucoup plus importantes que la Théologie et la Jurisprudence. La passion du marquis de Paulmy pour la littérature française l'a conduit à acheter la production romanesque ou théâtrale des années 1770-1787 de manière presque exhaustive. Ce bibliophile érudit partagea également le goût de son époque pour les auteurs du Moyen-âge, les incunables et les pièces gothiques. Sur les feuillets de garde de ses ouvrages, de longues notes manuscrites biographiques ou bibliographiques offrent ainsi un témoignage de premier ordre sur l'auteur de telle pièce anonyme ou le succès de tel opéra... Avec les livres provenant de la fastueuse bibliothèque la Vallière, la collection s'est enrichie de nombreux exemplaires uniques, en particulier dans le domaine de la poésie française. Faute de place dans les magasins de la Réserve, ces ouvrages précieux figurent en grand nombre sur les rayons des magasins dits du fonds ancien.

Le fonds ancien proprement dit comporte environ 155 122 unités bibliographiques, regroupées avec d'importantes collections de périodiques du XIX' siècle. Cet ensemble de 240 000 volumes environ s'étend sur une longueur avoisinant les 8 000 mètres linéaires. Il est entreposé dans des magasins climatisés aménagés de 1958 à 1960. Répartis sur deux niveaux rigoureusement identiques, bien isolés des autres parties du bâtiment par des portes coupe-feu, ces magasins sont équipés de rayonnages métalliques compact.

Une lutte opiniâtre

Le choix de ce type de magasins était l'aboutissement logique d'une lutte opiniâtre de dix ans, de 1949 à 1959, contre un ennemi du livre tout aussi dévastateur que l'humidité, la vrillette. Cet insecte avait d'abord envahi le rez-de-chaussée des magasins donnant sur la rue de Sully, construits à même le sol, donc très humides ; de là, il ne tarda pas à se répandre dans les magasins voisins donnant sur le boulevard Morland, pourtant beaucoup plus sains, puisqu'ils sont situés au-dessus de belles caves voûtées du XVIIIe siècle construites par Germain Boffrand.

Divers traitements avaient été tentés : badigeonnage des parquets au Sanoplex, tamponnement au xylophène, ou même sublimations annuelles d'Hexachlorecyclohexane isomère gamma de 1954 à 1958, au moment de la période de ponte (avril-juin). Toutes les méthodes utilisées se révélèrent partiellement inefficaces. Aussi prit-on la décision de remplacer les rayonnages de bois par des rayonnages métalliques.

Pour remédier au manque de place qui se faisait sentir depuis plusieurs décennies, on choisit la solution des rayonnages « compact » qui permettaient de regrouper tout le fonds ancien. Enfin on acheva de moderniser ces magasins par la climatisation nécessaire pour la conservation des livres au sous-sol. Cet aménagement dura deux ans, de 1958 à 1960.

Avant d'y stocker les livres, on leur fit subir un traitement de « désinfection-désinsectisation » à l'oxyde d'éthylène, espérant ainsi les avoir définitivement assainis.

C'est en décembre 1988, en voulant présenter à de jeunes stagiaires le fonds sur lequel ils allaient travailler, que le personnel de l'atelier de restauration de l'Arsenal découvrit des moisissures roses sur les plats d'un volume restauré l'année précédente. Les volumes voisins n'étaient pas épargnés. Certains, reliés en pleine peau, avaient la partie inférieure des gardes ou des feuillets rongée.

La zone contaminée par les champignons roses était nettement localisable. Cependant on fit également analyser plusieurs ouvrages qui avaient souffert antérieurement d'inondations et qui portaient encore des tâches noires pulvérulentes qu'on attribua au manque d'entretien des livres. Sur tous les livres prélevés en différents endroits des magasins pour analyse, le laboratoire de la Bibliothèque nationale décela la présence de micro-organismes bien vivants (cf. Résultat de l'analyse microbiologique).

La climatisation était tombée en panne l'été précédent, rendant très mauvaises les conditions climatiques : environ 25° en température et plus de 60 % d'humidité relative. Les rayonnages étaient devenus poisseux. On avait alors attribué ce phénomène autant à la poussière qui les recouvrait qu'à la mauvaise qualité de leur revêtement peint.

En recherchant dans les archives de la bibliothèque des informations sur les sinistres qui avaient pu antérieurement causer la dégradation de certains livres, on découvrit qu'en mai 1967, environ 15 000 ouvrages du sous-sol avaient déjà été contaminés par des moisissures, et que ce sinistre était également lié à une rupture de climatisation. Des orages violents en avaient gravement perturbé le fonctionnement, faisant monter le taux d'humidité relative à 75 %.

L'été suivant, sur les conseils du Centre de recherche sur la conservation des documents graphiques (CRCDG), on avait fait installer une chambre mobile, dans une petite cour de la bibliothèque, pour procéder à la désinfection des livres du sous-sol qui semblaient seuls atteints. Ceux du rez-de-chaussée étaient restés en place pour la désinfection « d'ambiance » effectuée dans les deux niveaux du magasin à l'aide de pulvérisations de Ceaquartyl BE 4. Les livres du sous-sol avaient été rangés sans qu'on ait eu le temps ni les moyens de les faire nettoyer. Le seul aménagement fait dans les magasins avant la remise en marche de la climatisation avait consisté à modifier l'orientation des bouches d'arrivée d'air au sous-sol : au lieu d'envoyer l'air en direction des livres, il fut soufflé vers les couloirs de circulation.

Ces mesures ponctuelles n'avaient malheureusement servi à rien puisque, vingt ans plus tard, on se retrouvait dans la même situation, avec l'anxiété de faire encore subir aux livres une nouvelle désinfection sans pour autant les immuniser.

Vaste programme

On pensa un moment se contenter de désinfecter uniquement les volumes atteints par les moisissures en faisant une inspection systématique de chacun d'eux. Mais le temps nécessité par ce travail et l'incertitude de déceler de manière exhaustive toute trace de contamination nous amenèrent à préférer la solution d'une nouvelle désinfection de tout le fonds, assortie cette fois d'un nettoyage individuel des livres.

Par ailleurs, un examen approfondi des magasins et une analyse de l'air ambiant montrèrent que les fenêtres n'étaient pas étanches et que l'air ventilé était contaminé. L'installation de climatisation ne comportait en effet que des filtres anti-poussière, alors que la prise d'air située à l'extérieur, sur la rue Sully, se trouvait juste à hauteur des gaz d'échappement des transports automobiles.

Ainsi, compte tenu du caractère extrêmement précieux de ce fonds, prit-on la décision, avec la Direction technique de la Bibliothèque nationale, de :
- déménager tous les livres pour une nouvelle désinfection ;
- procéder au nettoyage et à la désinfection de tous les rayonnages ;
- assainir les magasins par des travaux d'étanchéité des fenêtres et d'amélioration de la filtration de l'air climatisé ;
- désinfecter les magasins vidés de leurs livres, et enfin ne remettre les livres en place qu'après dépoussiérage, nettoyage et cirage de chacun d'entre eux... Vaste programme, dont la préparation matérielle et financière dura près d'un an.

Après avoir fait l'estimation quantitative en mètres linéaires du fonds, il fallut étudier les possibilités d'acheminement des livres vers les trois centres de désinfection mis à notre disposition par la Bibliothèque nationale : Vivienne, Sablé et Provins.

Le coût de cette première étape nous obligea à passer par la procédure d'appel d'offres conforme au Code des marchés publics, comportant, entre autres, un cahier des clauses techniques dont la rédaction nécessitait de prévoir l'opération dans ses moindres détails (cf. Procédures d'appel d'offres du déménagement).

Les délais à respecter pour la mise en œuvre de cette longue procédure administrative permirent d'apporter tout le soin nécessaire à la préparation du déménagement, au calendrier prévisionnel des travaux, ainsi qu'au matériel à prévoir. Ils laissèrent également le temps de forger la pièce maîtresse indispensable au bon déroulement des diverses étapes, le relevé du classement physique des ouvrages en magasins, qui s'effectua sur des grilles représentant l'ossature des travées par format (fol., 4° et 8°). Les travées furent numérotées par niveau (sous-sol ou rez-de-chaussée), de 1 à 122. Chacune d'elles comprenant quatre à cinq modules, on attribua à ces modules, de gauche à droite, les lettres A, B, C, D ou E. Puis, sur chacune des lignes correspondant aux tablettes en place, on inscrivit les cotes extrêmes des livres (cf. Choix du conditionnement).

Ce travail préliminaire très fastidieux permit le va-et-vient des 11 125 cartons dans n'importe quel ordre. Au départ, il servit au codage des cartons. Chacun d'eux reçut une étiquette de couleur par destination indiquant le numéro de la travée, la lettre du module de la travée, suivie du numéro du carton attribué dans l'ordre croissant des cotes, de bas en haut et de gauche à droite. Les étiquettes préparées à l'avance permettaient aux déménageurs de travailler chacun dans un bloc différent de rayonnages compacts sans se gêner. Pendant le déménagement, tout en surveillant la mise en cartons des ouvrages, un conservateur responsable annotait le relevé de chacune des travées en y indiquant le nombre de cartons par module. On put ainsi, pour chaque transport, comptabiliser le nombre de cartons par travée, par déménageur ou par voyage, et déterminer avec plus de précision le nombre de personnes et de voyages nécessaires. Ce fut enfin l'outil de travail indispensable pour la phase ultime de remise en place des ouvrages (cf. tableau 1).

Travaux divers

Le déménagement dura environ cinq mois et se déroula sans incident. A peine fut-il terminé qu'on entreprit les travaux sur l'installation de climatisation et sur les fenêtres (respectivement mai-juin, puis juin-juillet 1990).

En ce qui concerne la climatisation, caissons et gaines de soufflage furent nettoyés. On remplaça les anciens filtres par des filtres de 95 % d'efficacité gravimétrique et de 99 % d'efficacité opacimétrique auxquels on adjoignit des filtres en charbon actif. L'ancien laveur-humidificateur de l'installation fut remplacé par un vaporisateur pour éviter l'eau stagnante génératrice de micro-organismes. La salle de climatisation fut entièrement nettoyée et repeinte.

Quant aux seize fenêtres, elles furent dotées d'un double vitrage, repeintes extérieurement et intérieurement, ainsi que les ébrasements, et, pour améliorer leur étanchéité, on coula un épais joint de type « lygut » entre les dormants et les vantaux. Leur lavage annuel se fait maintenant de l'extérieur.

Vinrent ensuite les longs et pénibles travaux de nettoyage et de désinfection des rayonnages, qui durèrent plus de trois mois. Tablettes et taquets furent déposés, lavés avec un désinfectant de contact, rincés à l'eau courante et séchés avant d'être reposés (cf. Protocole de désinfection).

Enfin, dans ces magasins entièrement vides et parfaitement propres, on procéda à ce qu'on pensait être la dernière opération prévue avant la remise en place des livres : la désinfection des magasins par voie aérienne. Il fallut maintenir quelques jours une température de 23° avec un taux d'humidité relative de 70 % (cf. Protocole de désinfection).

En rentrant dans les magasins deux jours plus tard, on s'aperçut avec consternation que certains rayonnages étaient à nouveau poisseux. Avant que les conditions climatiques ne redeviennent normales, on repéra d'un point noir toutes les tablettes atteintes : environ 3 000 !

Notre appel de détresse à la Direction technique fut aussitôt entendu : Henri Valot, chargé de recherches au CNRS, détaché au Laboratoire de recherche des musées de France, vint en personne à la bibliothèque pour analyser le phénomène et nous aider à trouver une solution 5. Le résultat de cette expertise permit de prendre les mesures nécessaires pour faire repeindre les tablettes le plus rapidement possible avec une garantie de qualité de la peinture (cf. Remise en peinture des tablettes). Cette fâcheuse mésaventure nous contraignit à fermer la bibliothèque pendant le mois de janvier 1991.

Quant aux livres, après avoir été désinfectés à l'oxyde d'éthylène (cf. Protocole de désinfection), ils furent dépoussiérés, nettoyés au savon Brecknell, cirés à la cire 213 6, puis lustrés. Deux vastes chantiers de nettoyage avaient été ouverts : dans les salons de l'Arsenal, pour les sections les plus consultées (Belles-Lettres et Histoire), à Sablé pour les autres (Sciences et Arts, Théologie, Jurisprudence).

Commencée en septembre 1990, cette opération (cf. tableau 2) ne put s'achever qu'en décembre de l'année suivante. Cette étape complémentaire et indispensable de la désinfection ne fut possible que grâce au précieux concours du personnel des ateliers de restauration de la Bibliothèque nationale et du personnel de Sablé qui travaillèrent en étroite collaboration avec le personnel de l'Arsenal...

Ces magasins font maintenant l'objet d'un soin tout particulier. Pour éviter l'accumulation de poussière derrière les livres, fort nocive dans de mauvaises conditions climatiques, on a choisi de les ranger au fond des tablettes, au détriment de l'esthétique et malgré la difficulté de lisibilité des cotes aux niveaux supérieur et inférieur. Les sols sont nettoyés et désinfectés une fois par trimestre par pulvérisation d'un produit bactéricide et fongicide, à l'aide d'un appareil mobile très maniable (cf. Mesures préventives).

Outre la vérification hebdomadaire des relevés de température et d'hygrométrie, le laboratoire de la Bibliothèque nationale vient régulièrement faire des prélèvements d'air pour mesurer son taux d'aérobiocontamination.

Enfin les filtres de l'installation de climatisation sont changés une fois par an.

Le sauvetage des précieuses collections de livres qui ont donné naissance à la bibliothèque de l'Arsenal a été l'occasion de constituer plusieurs fichiers de travail 7 :
- un fichier des livres à surveiller, à isoler des voisins (livres ayant souffert d'inondations), à protéger (reliures estampées à froid) ou à restaurer ;
- un fichier de future réserve : le départ annoncé du département des Arts du spectacle pour la future Bibliothèque nationale des arts de la rue de Richelieu devant libérer quelques magasins, il devient possible d'envisager une extension de la Réserve des livres imprimés tenant compte des critères relatifs à l'histoire de l'exemplaire, à la reliure, à la provenance, à l'illustration, etc. ;
- un fichier sommaire des provenances : les ex-libris gravés et les fers armoriés ont été relevés et identifiés dans la mesure du possible. Ce travail a permis d'appréhender l'importance quantitative de certaines bibliothèques de particuliers (Richelieu, comte d'Argenson, baron d'Heiss...) ou d'institutions (bibliothèque de la Sorbonne, bibliothèque du couvent des Minimes). Mais ce relevé systématique a également fait apparaître quelques provenances qui, pour être isolées, n'en sont pas moins importantes ou riches de sens, ainsi les ouvrages offerts par Antoine Vérard à l'abbaye de Clairvaux, les fragments de la collection d'Urfé ou les livres de la bibliothèque de la Bastille constituée à l'usage des prisonniers... Ce fichier, actuellement classé par cote, devrait être mis à la disposition des lecteurs dès qu'il aura pu être classé par provenance.

Enfin l'examen systématique des livres fit découvrir des exemplaires merveilleusement protégés, qu'on eut l'occasion de présenter le 27 septembre 1991 dans les salons de la bibliothèque, lors de l'exposition Livres, reliures et leurs écrins organisée pour le XVIIe congrès de l'Association internationale de bibliophilie. Morale de cette rude épreuve : mieux vaut se donner les moyens de prévenir que d'avoir à trouver les moyens de guérir. La note est sûrement moins lourde à payer. Pour nous, elle se monta à un peu plus de deux millions de francs, sans compter la main d'œuvre.

Aux avis toujours actuels de Gabriel Naudé, on pourrait ajouter : méfions-nous des aléas de la climatisation et de la qualité de l'air insufflé dans les magasins climatisés. Elle ne dispense en aucun cas d'une surveillance constante, d'un entretien régulier des sols, des rayonnages et des collections.

Décembre 1992

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Résultat de l'analyse microbiologique

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Procédure d'appel d'offres du déménagement

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Tableau 1 - Données techniques relatives à l'opération de déménagement des livres

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Choix du conditionnement

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Protocole de désinfection

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Remise en peinture des tablettes

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Tableau 2 - Récapitulatif des opérations relatives à l'entretien et au reclassement des livres

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Liste récapitulative des entreprises sollicitées

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Mesures préventives

  1. (retour)↑  Ch. VI : « La disposition du lieu où on les doit garder ». Cinq exemplaires de cet ouvrage sont conservés dans le fonds ancien (éd. de 1625, 1644 et 1876).
  2. (retour)↑  Paulmy résida à l'Arsenal, de 1756 à sa mort, en 1787. Il y obtint progressivement le départ de plusieurs locataires pour pouvoir abriter ses livres. En 1765, il n'occupait pas moins de 24 pièces !
  3. (retour)↑  Arsenal, ms 6408 ; cité par H. MARTIN, Histoire de la bibliothèque de l'Arsenal, p. 54.
  4. (retour)↑  Bromure de lauryl-diméthycarbétoxyméthyl d'ammonium utilisé en solution alcoolique.
  5. (retour)↑  Nous tenons à lui exprimer notre infinie reconnaissance pour sa compréhension immédiate de la gravité du problème suivie d'une aide rapide et très efficace.
  6. (retour)↑  Cette cire mise au point par le CRCDG est fabriquée sous licence par le Centre de conservation de Sablé.
  7. (retour)↑  Nous remercions Mme VEYRIN-FORRER, ancien conservateur en chef de la Réserve des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, de son précieux concours à la constitution des divers fichiers.