Comment préparer les lecteurs à mieux utiliser les bibliothèques. La formation des utilisateurs

Alban Daumas

Face à une utilisation imparfaite des collections documentaires diverses enquêtes révèlent que, dans de nombreux pays, étudiants et chercheurs connaissent très mal les bibliothèques et centres de documentation dont ils disposent. Pour pallier cette méconnaissance des initiatives se sont fait jour : institution de cours obligatoires et généraux dans certains pays, cours facultatifs et plus spécialisés dans d'autres, notamment en France et en Grande-Bretagne. Cet effort d'information du public rend nécessaire au niveau des écoles de bibliothécaires et des instituts ou centres de formation de documentalistes, l'instauration d'une formation au rôle d'enseignant et de formation des usagers.

La nécessité d'une formation de l'usager des bibliothèques et des centres de documentation est, depuis plusieurs années, une question à l'ordre du jour. C'est ainsi que la Fédération internationale de documentation (F.I.D.) s'est occupée à maintes reprises de ce problème lors de congrès internationaux, d'assemblées ou de séminaires, comme à Washington en 1965, à Tokyo en 1967 (1) ou à Buenos-Aires en 1970 (2). Cette même année se tenait en Angleterre le 4e congrès triennal de l'International Association of Technological University Libraries (I.A.T.U.L.) et ce congrès avait précisément pour thème « Educating the Library User ». En 1970 encore dans le Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques numéro de septembre-octobre, M. Pirog (3), directeur de l'Institut Central de documentation de Varsovie, montrait combien est utile la formation des utilisateurs des bibliothèques. Puis en 1971, avait lieu à Rome, organisée conjointement par l'Institut national italien de l'information et la F.I.D., une très importante conférence internationale encore centrée sur le même sujet (4). Cependant qu'en 1972 la Direction des bibliothèques et de la lecture publique menait une enquête auprès de toutes les bibliothèques universitaires françaises sur les initiatives prises par elles pour former leurs lecteurs et que le sujet d'un séminaire organisé par l'association « LIBER », séminaire qui avait lieu à Bordeaux au mois d'octobre de la même année, était « le Chercheur dans la Bibliothèque de recherche » (5). Le questionnaire sociologique diffusé par l'Institut de Littérature et de Techniques Artistiques de Masse (I.L.T.A.M.) à cette occasion a donné des résultats assez surprenants : les universitaires qui ont accepté de répondre avouent qu'ils ne savent pas toujours constituer une bibliographie ni rédiger correctement une fiche de catalogue. Une fois sur deux ils ne savent pas non plus comment utiliser les différentes classifications. Malgré cela ils s'estiment très bien ou bien informés des ressources des bibliothèques de la ville où ils travaillent !

Quoiqu'il en soit, les bibliothécaires savent bien que leurs bibliothèques sont souvent insuffisantes et ils croient justifiées les plaintes concernant la quantité limitée des documents qu'elles contiennent. Pourtant ils pensent maintes fois que si ce qui existe était bien exploité cela suffirait presque et ils mesurent l'efficacité de leur travail à l'utilisation qui en est faite. Il faut donc se poser cette question : pourquoi actuellement le chercheur, l'étudiant sont-ils mal informés, ou autrement dit : comment expliquer l'utilisation imparfaite des collections documentaires existantes ?

A ce bon usage s'opposent, semble-t-il, des obstacles d'ordre général et des obstacles d'ordre particulier propres à notre système d'enseignement (6). Les obstacles d'ordre général viennent de la nature même du lecteur, de son manque d'attention qui fait qu'il n'est pas apte à choisir et à s'arrêter sur son choix. C'est que le monde moderne en multipliant les sollicitations, en accélérant et en developpant outre mesure des informations qui sont périmées aussitôt que connues, ne facilite pas le pouvoir de concentration. L'excès d'informations gêne l'information. Il y a pourtant, pour que l'information se fasse, besoin d'une information générale qui seule permet de connaître le sens de l'évolution, puis nécessité d'une information spécialisée pour que les idées mûrissent (7). Nos systèmes d'enseignement font qu'il existe aussi des obstacles d'ordre particulier au bon usage de l'information. C'est que jusqu'à présent on a cherché à « instruire » des enfants et des adolescents et que l'on ne les a pas préparés à être informés.

Aussi pour l'étudiant entrant à l'université, la documentation est presque toujours une notion toute nouvelle. De prime abord il pense que son professeur, son directeur de recherches, sait tout ce que l'on doit savoir dans le domaine de sa spécialité et que, en somme, la bibliothèque est là pour conserver des documents qui sont entièrement connus par ses maîtres. Bien entendu la formation du professeur en tant qu'utilisateur des bibliothèques a été la même et il s'imagine souvent que l'intelligence suffit pour savoir utiliser la documentation, repérer les informations. Et ainsi on pourrait presque dire que « l'on se trouve devant un aveugle guidant un autre aveugle » (8).

Cette méconnaissance du bon usage des bibliothèques et de la nécessité d'une bonne information est vraiment étonnante. Même en Grande-Bretagne, pays où nous pensons que les bibliothèques sont bien organisées et beaucoup plus fréquentées que chez nous, une enquête menée auprès de 23 universités différentes a montré que 37 % seulement des étudiants savent ce qu'est un service d' « abstracts », 14 % seulement ont appris à les utiliser, 25 % ne savent pas qu'il existe un catalogue matières dans leur bibliothèque et 40 % ignorent qu'il existe un service de prêt inter-bibliothèques (9). Dans le même pays, l' « Advisory Council on Scientific Policy » a étudié les besoins en information des physiciens et des chimistes. On a remarqué alors que 28 % des personnes interrogées ont été gênées dans leurs travaux par l'ignorance dans laquelle elles se trouvaient d'articles déjà publiés sur le sujet qui les intéressait (10). En vérité, les crédits perdus pour financer des recherches faisant double emploi sont considérablement plus élevés que le budget total (personnel et livres) de toutes les bibliothèques universitaires de Grande-Bretagne réunies (11). Remarquons encore qu'aux États-Unis il est communément admis que pour 1 dollar consacré aux recherches, 45 cents sont perdus faute d'une bonne information.

Aussi convient-il de bien se persuader que dans une organisation rationnelle de la documentation, la tâche de la diffusion mérite autant d'attention que la tâche du traitement de l'information. Le fait documentaire ne s'arrête pas lorsqu'on a édité une bibliographie ou constitué un fichier manuel ou automatisé. Il faut encore faire parvenir l'information à tous ceux à qui elle pourrait être utile et donc se préoccuper de la formation de l'utilisateur. Une éducation documentaire s'impose. Le scientifique, l'enseignant, le chercheur, le technicien, doivent comprendre qu'ils ont besoin, qu'ils ont intérêt à s'informer (12). « De toute évidence la condition la plus importante de l'exploitation des collections documentaires est le désir d'information de l'utilisateur. Il y a plusieurs façons de faire naître ce désir de s'informer : par la publicité concernant l'information et les activités des bibliothèques et services de documentation, et par la formation des utilisateurs. L'information doit faire partie de la méthode de travail de l'homme de science, de l'expérience du technicien, de l'économiste et de l'administrateur modernes. » (13) C'est pourquoi les méthodes du travail documentaire comme les méthodes de l'emploi de l'information doivent s'enseigner, que ce soit dans les programmes d'enseignement général ou par des cours ou conférences facultatifs ou obligatoires (14).

Des efforts sont faits un peu partout pour la formation des utilisateurs de la documentation et des usagers des bibliothèques. l'ouvrage publié par la F.I.D. sous le titre A Guide to the world's training facilities in documentation and information work permet de citer quelques exemples. Il faut noter que ce guide a eu deux éditions, l'une en 1965, l'autre en 1969. La comparaison des deux volumes montre que les pays et institutions qui s'occupent de la formation des lecteurs et chercheurs sont de plus en plus nombreux (18 pays en 1969), que cette formation est le plus souvent donnée au niveau de l'enseignement supérieur et plus rarement au niveau de l'enseignement secondaire (15) (16).

La plupart du temps donc, il s'agit de cours facultatifs qui sont organisés par les universités ou par des organismes d'enseignement et de recherche. Ces cours se situent d'ordinaire à deux niveaux : celui des étudiants, celui des chercheurs. En Afrique du Sud, l'Université et le « South African Council for scientific and industrial research » ont institué des cours de documentation à l'intention des étudiants, des techniciens et des chercheurs. Au Danemark, le Centre de documentation technique organise des cours et des « journées » de documentation technique dans différents établissements et institutions, ainsi que des conférences à l'intention des représentants de l'industrie et d'institutions de recherches (17). En Roumanie, l'Institut central de documentation technique organise des stages d'initiation à l'emploi de la documentation. Les chercheurs suivent pendant cinq jours des cours portant sur la nécessité de la documentation technique et scientifique dans la recherche appliquée, sur les méthodes individuelles d'information et de documentation, sur la C.D.U., sur la classification des brevets, sur l'emploi des résumés analytiques et des comptes rendus, enfin sur les méthodes de dépistage dans la recherche appliquée. La Suisse, l'Italie, la République Fédérale d'Allemagne et Berlin-Ouest présentent un éventail de cours élargis, dans le cadre des universités ou des instituts de technologie, cours qui s'adressent principalement aux étudiants mais aussi aux autres utilisateurs de la documentation et de l'information; cependant qu'en Tchécoslovaquie c'est dès l'enseignement secondaire que l'on s'occupe de ce problème. Aux États-Unis bien entendu les cours ou conférences pour la formation des usagers de l'information sont très nombreux et variés. Ils sont facultatifs, mais souvent très imbriqués dans les différents enseignements. En U.R.S.S. on pense qu'une bonne connaissance de la documentation est nécessaire à chaque instant de la recherche et qu'il est indispensable avant tout de bien appréhender la somme des connaissances qui ont été accumulées par les générations qui nous ont précédés (18). De plus dans ce pays, tout travail scientifique est considéré en quelque sorte comme un dialogue entre le chercheur et le système d'information mis à sa disposition (19). L'Université d'État de Moscou a été la première à créer en 1963-1964 une chaire d'information scientifique. Les étudiants de physique, chimie, géologie, sciences naturelles, peuvent dès lors suivre des cours divisés en trois parties : les sources de l'information scientifique, les techniques et systèmes de l'information, l'utilisation de l'information (20). Actuellement la formation des usagers de la documentation, est aussi assurée dans de nombreux autres établissements de l'enseignement supérieur tels l'Institut de la Culture de Léningrad, l'Institut des Archives historiques de Moscou, les Instituts polytechniques de Kuibyšev, Tallin, Riga, etc. En Yougoslavie, le Centre pour l'étude de la bibliothéconomie, de la documentation et des sciences de l'information a mis sur pied des stages et cours pour deux catégories d'étudiants. A l'Université de Zagreb il existe d'une part des cours consacrés à certaines questions de bibliothéconomie et de documentation, orientés sur les sciences naturelles et les mathématiques, d'autre part des stages d'études spéciaux consacrés aux problèmes, principes, méthodes et techniques du travail scientifique, stages organisés deux fois par semaine pendant deux sessions scolaires, pour les diplômés des diverses facultés.

Certains pays ont rendu obligatoires les cours d'initiation à la documentation. Ceux-ci figurent donc dans les programmes d'études et le nombre d'heures qui leur sont consacrées diffère en fonction du niveau des étudiants auxquels ils sont destinés.

Ainsi en Hongrie, les autorités universitaires et scientifiques du pays ont pensé que maintes raisons faisaient que le chercheur, le spécialiste technique devaient avant tout être bien informés. On peut énumérer les raisons mises en avant pour cela (21): l'abondance des documents primaires, le fait que la recherche est désormais collective et non plus individuelle, la dispersion de la littérature professionnelle, les conséquences de la coopération et donc de la spécialisation des bibliothèques, la transformation des sources d'information (le livre et la revue sont complétés aujourd'hui par les rapports techniques, les bandes magnétiques, les microfilms). Les cours pour la formation des usagers ont lieu dans les bibliothèques centrales des universités. Car c'est à cet endroit, a-t-on pensé, que les étudiants peuvent avoir la connaissance réelle la plus commode des ouvrages de références, ce qui rend la recherche plus aisée et permet de se familiariser avec la littérature spécialisée. Il est de plus demandé aux étudiants de faire des recherches de documents sur des sujets concrets. Ces cours et travaux pratiques ont lieu pendant 8 à 10 heures; remarquons que nos collègues hongrois pensent que cet horaire n'est pas suffisant.

En République Démocratique Allemande (R.D.A.) les bibliothèques universitaires sont entièrement intégrées au système d'éducation. Les bibliothécaires en même temps que les éditeurs, les libraires, les archivistes participent à la résolution de nombreux problèmes, depuis la publication des manuels jusqu'à l'introduction de la méthodologie dans toutes les étapes du système éducatif (22). Dans ce pays on a calculé que le nombre des publications présentées par plusieurs auteurs a augmenté énormément en quelques décennies; au début du xxe siècle, 82 % des publications scientifiques n'avaient qu'un seul auteur; aujourd'hui, 33 % seulement, alors que les publications présentées par deux auteurs sont passées de 16 à 43 %, par trois auteurs de 0,5 à 9 %. Ce passage du travail individuel au travail collectif nécessite de nouvelles méthodes d'information et d'éducation préalables des usagers des bibliothèques et des centres de documentation. En R.D.A. les bibliothécaires, pour cette information des lecteurs, utilisent des moyens verbaux (visites introductives commentées), des moyens imprimés (notices, guides et plans de la bibliothèque, brochures sur les livres de références et l'emploi des catalogues), des moyens audiovisuels (expositions, conférences avec films). Voici par exemple ce qui est fait à la Bergakademie de Freiburg où il faut remarquer d'emblée que la bibliothèque centrale de cette université technique coordonne les bibliothèques des laboratoires, départements et sections et forme avec elles une entité unique. En dehors des tâches habituelles comme celle de fournir aux étudiants toute la littérature nécessaire à leurs études, de présenter les livres de base et manuels dans les salles de lecture, la bibliothèque a un travail éducatif étroitement imbriqué dans le système d'enseignement de l'Université. C'est elle qui a pour objectif de fournir aux étudiants des bases solides en méthodologie et technique du travail scientifique. Cette formation des étudiants comprend quatre phases : d'abord une initiation à la méthodologie générale et technique du travail scientifique, initiation enseignée par le personnel de la bibliothèque. Les cours obligatoires durent 12 à 15 heures. Donnés dans la salle de lecture de la bibliothèque, ils portent sur les méthodes de classement et les classifications, sur l'organisation du travail, les systèmes de reprographie, les différents moyens d'obtenir une information, sur la façon de voir et de comprendre la bibliothèque, sur les bibliographies et leur usage, sur l'évaluation du contenu d'un livre. Vient ensuite une deuxième phase qui est celle de l'initiation à la méthodologie des sujets plus spécialisés. C'est là la tâche des bibliothécaires des bibliothèques de sections ou laboratoires et du bibliothécaire chef du service des informations. On donne alors des cours (10 à 15 heures) qui sont obligatoires. Dès ce moment les étudiants doivent connaître les sources imprimées, les bibliographies propres à leurs spécialisations; ils doivent accomplir eux-mêmes des recherches pratiques sur des sujets délimités. La troisième phase d'un niveau encore plus élevé, insiste sur les méthodes et techniques du travail scientifique. Ce sont encore les membres du personnel scientifique de la bibliothèque, en collaboration avec les enseignants, qui présentent les leçons obligatoires pour tous les étudiants du cycle de recherche. De surcroît, chaque étudiant apprendra alors à préparer un mémoire. Les cours pour cette troisième phase durent 8 à 12 heures. Enfin en dernier lieu, des colloques centrés sur l'information, la documentation, sont organisés par les membres du personnel scientifique des bibliothèques en coordination avec la Direction de l'enseignement supérieur. En Pologne, les programmes de très nombreuses universités, académies, écoles centrales, comprennent des cours obligatoires. Les étudiants de première année suivent 2 à 8 heures de cours de bibliothéconomie avec conférences et travaux pratiques; cet enseignement est assuré par les bibliothèques universitaires. Plus tard, en 3e ou 4e année d'études, 8 à 10 heures sont consacrées à la documentation scientifique. Les programmes portent sur les sujets suivants : rôle et application de l'information scientifique, organisation de la documentation ; sources; la Classification décimale universelle; méthodes de traitement de l'information et de la documentation; dépistage de l'information; application des méthodes de la documentation aux travaux de recherche et description de ces méthodes (23).

De cet examen rapide de la formation des usagers de l'information dans le monde (non compris la France et le Royaume-Uni que nous allons voir), nous pouvons conclure que certains pays ont bien vu la nécessité de former les étudiants, dès leur entrée à l'Université, à la documentation scientifique, et ont rendu ces cours obligatoires. A cause de ce caractère obligatoire, les cours sont nécessairement plus généraux mais ils sont suivis par un grand nombre de participants. Au contraire, dans les pays où les cours sont facultatifs, ceux-ci s'adressent à un plus petit nombre de personnes mais ils sont plus spécialisés, plus poussés, plus diversifiés.

En France, la Direction des bibliothèques et de la lecture publique a, en 1972, fait une enquête auprès de toutes les bibliothèques universitaires sur les initiatives prises par elles pour former leurs lecteurs. Des réponses obtenues il ressort qu'une présentation de la bibliothèque et une initiation bibliographique sont réalisées d'une façon plus ou moins complète selon les établissements. Mais elles ne peuvent être partout assurées par manque de personnel et de locaux. Les visites commentées sont organisées en faveur de groupes d'utilisateurs formés spontanément, étudiants débutants par exemple à Lyon, ou moniteurs qui à leur tour initient les étudiants (Grenoble). Ces visites s'accompagnent souvent de la remise d'un guide du lecteur (Besançon, Montpellier) d'une explication sur le maniement des catalogues, sur la classification utilisée pour le classement des ouvrages et sur le prêt (Centre universitaire du Haut-Rhin, Clermont-Ferrand, Nice) avec, lorsqu'il s'agit d'étudiants plus avancés, une visite détaillée des salles de bibliographie (Nice, Lyon). A Clermont-Ferrand, section droit, ces visites se font en présence d'un assistant responsable de l'U.E.R. Quant à l'initiation bibliographique elle est d'une façon générale donnée en faveur des étudiants avancés (2e et 3e cycles) pour les attirer vers les recherches bibliographiques et les méthodes de travail propres à leur discipline : par exemple, pour les étudiants de la maîtrise de littérature espagnole ou les étudiants de 2e année de l'Institut de psychologie de Montpellier, les étudiants candidats à l'agrégation et au CAPES à la section sciences de la Bibliothèque de l'université de Poitiers. Partout, sauf exception à Lyon pour la biologie et la physiologie humaines, cette initiation bibliographique n'entre pas dans les programmes d'enseignement et l'assiduité plus ou moins grande des étudiants résulte des contacts personnels entre conservateurs et enseignants. Considérée et organisée plutôt comme des séances de travaux dirigés, elle comprend presque toujours la visite détaillée de la salle de bibliographie et (ou) du secteur spécialisé, des exposés sur la bibliographie du domaine considéré, la présentation des instruments et répertoires bibliographiques, des principaux périodiques et assez souvent des exercices pratiques. L'apprentissage bibliographique le mieux organisé est, sans aucun doute, celui de la section de médecine et de pharmacie de la Bibliothèque de l'université de Clermont-Ferrand qui prend la forme d'une véritable formation des utilisateurs. Cette formation est assurée à différents niveaux. Au niveau du PCEM (premier cycle des études médicales) est remise à tout nouvel étudiant, outre un petit guide de la bibliothèque inclus dans le document « Les études médicales à Clermont-Ferrand », une brochure « Savoir travailler, savoir utiliser la bibliothèque ». Au niveau du DCEM (deuxième cycle des études médicales) sont organisées des séances d'initiation à la bibliographie destinées à des petits groupes de stagiaires d'un service hospitalier envoyés à la bibliothèque par leurs professeurs, avec travaux pratiques sur l'utilisation des catalogues, des bibliographies, des traités et autres ressources documentaires, en étudiant un cas clinique précis. Au niveau de la 5e année de médecine et de pharmacie, on arrive à une formation bibliographique plus poussée centrée sur une présentation schématique de la documentation médicale ou pharmaceutique. Enfin au niveau des laboratoires, instituts et cliniques, est fait un court exposé sur les possibilités qu'offre la bibliothèque en matière de documentation. Il est intéressant de connaître aussi ce qui est fait dans les sections droit et sciences économiques et sciences exactes et techniques de la Bibliothèque interuniversitaire de Bordeaux, car on y utilise des montages audiovisuels pour aider les lecteurs à mieux utiliser la documentation mise à leur disposition. Ainsi, depuis plusieurs années, une technique d'accueil particulière a été mise en place à la section droit et sciences économiques. Au début de chaque année scolaire et plus précisément lorsque débutent les séances de travaux pratiques, la première ou la deuxième séance se passe, pour chaque groupe, à la bibliothèque. Ceci est fait en commun accord avec les professeurs responsables des enseignements : chaque année, une circulaire du doyen chargé des unités juridiques et économiques, rappelle aux chargés des travaux pratiques cette séance et les invite à se mettre en rapport avec le bibliothécaire chargé de la section. La séance, en ce qui regarde la bibliothèque, a lieu dans une salle spéciale, conçue dans le plan de construction de la bibliothèque universitaire comme salle de travaux pratiques. Il n'y a pas de visite, cela s'est avéré inefficace car il est difficile de capter l'attention d'un groupe de trente à cinquante personnes et de fournir à tous des explications détaillées. La séance, d'une demi-heure à trois quarts d'heure, comprend en gros trois parties : dans la première, le bibliothécaire présente la bibliothèque dans son ensemble (nombre d'ouvrages, dispositions intérieures, niveaux, etc.). Il essaye ensuite d'expliquer ce qu'est une fiche, à quoi elle sert, ce qu'il est utile d'y relever, ceci à l'aide d'une fiche à grande échelle fixée au mur. Puis les catalogues (et surtout le catalogue matières) en montrant comment utiliser comme repères les index matières des manuels, répertoires, dictionnaires, etc. Le bibliothécaire montre pour finir les principaux ouvrages que les étudiants auront à utiliser en expliquant leurs différentes présentations : manuels, grands traités, recueils de textes, notes bibliographiques, jurisprudence. Quant à la section sciences exactes et techniques, elle utilise les mêmes procédés audiovisuels. La séance d'initiation dure environ 40 minutes et comporte la projection d'une centaine de diapositives avec un texte où sont décrits les salles, les catalogues, les classements, les services. Le questionnaire diffusé en 1972 par la Direction des bibliothèques s'intéressait aussi aux enseignements relatifs au livre et à la documentation donnés dans les universités. Les réponses furent peu nombreuses et on peut penser que le tableau établi alors est incomplet. De plus ces enseignements, dus la plupart du temps à l'initiative d'un enseignant et d'un bibliothécaire, sont parfois éphémères. On peut citer ce qui est fait par exemple à Montpellier où des travaux pratiques de 2 heures tous les quinze jours sont effectués à la bibliothèque universitaire dans le cadre d'un enseignement de 3e cycle sur le Livre du XVIIe siècle. En outre une formation bibliothéconomique sommaire est donnée aux élèves de 2e année de l'Institut de psychopédagogie médico-sociale (U.E.R. de l'Université Paul Valéry); de même à l'Institut européen de pharmacie industrielle, un enseignement des techniques documentaires est organisé avec une initiation à la bibliographie des sciences pharmaceutiques. Ailleurs, à Strasbourg, un cours d'initiation bibliographique est donné aux étudiants de 2e année de l'Institut de psychologie; dans le cadre du domaine universitaire de Bron-Lyon a été inauguré en 197I un enseignement de documentation donné dans une unité de valeur à deux niveaux qui poursuit un triple but : entraîner à la recherche bibliographique, initier aux méthodes de la documentation, approcher les problèmes de la documentation et de l'information; à Nice dans le cadre de l'unité de valeur Documentation et Expression, un cours de 12 heures envisageant tous les problèmes de la documentation a été donné et en liaison avec le Festival international du Livre, des cours ont été organisés par l'unité de valeur Littérature et Édition; à Bordeaux, l'unité pluridisciplinaire des techniques d'expression et de communication dispense un enseignement de 2e cycle, dans le programme duquel entrent la communication par le livre et l'image, la documentation bibliographique, la bibliologie ; dans le département des sciences humaines de l'U.E.R. pluridisciplinaire et expérimentale de Luminy (universités d'Aix-Marseille) est à l'étude un projet d'enseignement de la documentation, avec enseignement de la catalographie et de la bibliographie par la section de Luminy de la bibliothèque interuniversitaire. De même a été déposé par l'Université Paul Valéry le projet d'une maîtrise des sciences et techniques d'administration publique et de documentation.

En ce qui concerne les instituts universitaires de technologie, dans la mesure où ils comportent un département Carrières de l'Information avec l'option Documentation, la bibliothèque la plupart du temps est associée à l'enseignement.

Grâce à de nombreux articles et à des communications, à des congrès professionnels, nous sommes bien renseignés sur ce qui existe en Grande-Bretagne pour la formation du lecteur dans les bibliothèques et centres de documentation (24) (25). Dans ce pays, dès 1948 la « Royal Society Conference on Scientific Information » avait souligné l'importance du fait que le scientifique, après avoir terminé sa formation et être devenu chercheur, n'était pas encore familiarisé avec la « littérature » de son sujet; en d'autres termes, il n'avait jamais appris à utiliser une bibliothèque de la façon la plus efficace. La « Library Association » réagissait rapidement à ces graves constatations (26); elle proposait une série de solutions qui constituent la base de la plus grande partie du travail qui est fait couramment en Grande-Bretagne non seulement pour les scientifiques mais aussi pour les littéraires. Il a fallu cependant près de 15 ans à toutes les bibliothèques universitaires anglaises, à l'exception d'une ou deux, pour commencer à appliquer les recommandations de l'équipe de travail de la « Library Association ». Ces recommandations comprenaient trois parties : elles insistaient d'abord sur la nécessité d'une introduction à la bibliothèque au début de la scolarité universitaire par une conférence avec un guide imprimé pour renforcer et détailler les explications données, suivie d'une visite guidée de la bibliothèque sous la conduite d'un membre du personnel scientifique. Puis elles demandaient que plus tard, lorsque l'étudiant commence ses études spécialisées, soit organisée une introduction à la bibliographie de base sur les instruments de références généraux aussi bien que sur ceux ayant trait spécialement au sujet principal des études de l'étudiant. Enfin elles suggéraient que lorsque l'étudiant se spécialise réellement et devient un chercheur, il fallait penser à un cours plus approfondi de bibliographie spécialisée fondé sur la propre expérience du lecteur. Ce cours pourrait être fait partiellement par le personnel de la bibliothèque et partiellement par des professeurs de l'enseignement supérieur. Ce schéma de formation devait constituer un tout. Par des enquêtes plus ou moins larges qui se sont succédé en quelques années, nous pouvons voir comment ces recommandations ont été suivies, comment elles ont été adaptées, quels sont les résultats obtenus, les critiques faites, les améliorations suggérées.

Vers 1955, deux ou trois bibliothèques seulement étaient allées au delà d'une conférence introductive en première année car si la formation des lecteurs était dès lors reconnue comme une charge des bibliothèques universitaires, les moyens financiers manquaient encore (27). Pourtant, dès 1958, 35 bibliothèques universitaires assuraient un début d'enseignement bibliothéconomique et déjà, à Liverpool, on donnait un exposé introductif d'une heure accompagné de la projection de diapositives (28). Dans un domaine plus limité, on pouvait constater en 196I que dans 37 universités et II collèges de technologie, on donnait un enseignement pour l'utilisation de la documentation en chimie (29).

Il faut savoir que des progrès rapides ont été permis depuis, grâce aux cours organisés à la « National Lending Library » en faveur d'abord des chercheurs dès 1962, puis pour le personnel des bibliothèques à partir de 1964 (25) (30). On avait constaté qu'en Grande-Bretagne comme ailleurs, les universitaires et les chercheurs ont tendance à croire qu'on peut utiliser la littérature scientifique en quelque sorte par intuition. En conséquence, beaucoup sont ignorants de l'existence et de la nécessité des instruments bibliographiques comme de la façon de mener une recherche détaillée des documents. On pensa d'abord que pour aider les chercheurs à utiliser la littérature scientifique avec le maximum d'efficacité il suffirait d'organiser à leur intention quelques cours dans le but de donner une introduction à la littérature scientifique, des conseils utiles et pratiques et une occasion de faire une recherche de documents en utilisant les ressources considérables de la « National Lending Library ». La grande majorité des personnes qui ont suivi ces cours croyait déjà connaître à leur arrivée toutes les références concernant le sujet de leurs recherches. Mais bien vite elles s'aperçurent du contraire et furent bientôt convaincues que certains instruments bibliographiques avaient de la valeur pour elles, même si par leur titre ils semblaient concerner d'autres spécialités. En outre, plusieurs étudiants comprirent qu'ils étaient en train de doubler un travail déjà fait ailleurs. Rapidement, les cours de la « National Lending Library » eurent un très grand succès et en janvier 1964 il y avait 160 demandes pour 20 places disponibles. Il était donc nécessaire de penser à l'organisation de cours semblables dans chaque université. Cependant un problème se posait : former les formateurs et la « National Lending Library » organisa des stages pour familiariser les bibliothécaires des bibliothèques universitaires avec la structure et l'utilisation de la littérature scientifique. Mais comment devait-on s'y prendre pour présenter la littérature des sciences physiques, biologiques ou chimiques d'une façon intelligible et intéressante à des non scientifiques comme le sont la plupart des bibliothécaires ? Tout d'abord, on pensa que des exposés pouvaient être faits sur la littérature de sujets spécialisés (littérature de physique, de chimie, ...). Il devint bientôt évident que de tels exposés tendraient à dégénérer et à n'être rien d'autre que des listes de périodiques et d'instruments bibliographiques et on s'aperçut que dans chaque cas il y avait trop d'exemples de littérature importante dans deux disciplines scientifiques ou plus. Il fut alors décidé que les exposés seraient faits sur la structure de la littérature scientifique comme un tout et que les instruments bibliographiques spécialisés seraient introduits seulement comme exemples. Par la suite, on considéra que l'habitude de la littérature et des guides bibliographiques pouvait être acquise uniquement en utilisant effectivement la littérature pour faire des recherches de documentation sur un des sujets spécialisés. En conséquence, des listes de questions furent dressées, questions auxquelles les bibliothécaires eurent à répondre en faisant une recherche de documentation. Ces questions étaient fondées sur les demandes reçues alors par la « National Lending Library » ou sur les sujets de recherches des étudiants des cours précédents. Pour chaque question, un membre du personnel de la « National Lending Library » agissait d'abord en chercheur devant répondre à des questions sur le sujet lui-même et devant décider de la pertinence de l'information obtenue, et ensuite comme guide pour conseiller, si nécessaire, les meilleurs moyens de faire la recherche et pour traiter des questions sur la littérature utilisée. Parmi d'autres choses, un point très important et fondamental ressortit de ces cours, à savoir qu'un licencié en lettres, donc sans pratiquement aucune formation scientifique devient, avec un minimum de conseils, compétent pour aider des scientifiques à résoudre des problèmes très techniques. Après avoir participé à ces stages, un certains nombre de bibliothécaires sont retournés dans leurs universités et ont organisé des cours eux-mêmes, cours souvent différents à la fois par la longueur et le contenu, depuis les séminaires d'une demi-journée sur la littérature de sujets spécialisés jusqu'aux cours de trois jours couvrant l'ensemble de la littérature scientifique. En outre, des « agents » (officers) d'information ont été nommés par l'Office d'information scientifique dans les bibliothèques de six universités britanniques pour étudier comment peuvent être vraiment exploitées les ressources documentaires de ces établissements et pour créer, si nécessaire, de nouveaux services.

D'une façon concrète et pratique voici un exemple détaillé de ce qui est fait dans une université de Grande-Bretagne pour la formation des usagers de la bibliothèque universitaire, chercheurs et étudiants. Il faut noter tout d'abord que c'est dans cette université que cette formation a pris pour la première fois, un caractère obligatoire (11). Depuis quelques années déjà (1964) dès leur inscription les étudiants débutants entendent une conférence d'introduction de 40 minutes environ sur la bibliothèque et son utilisation et reçoivent un guide imprimé indiquant les détails nécessaires sur les classifications et des exemples de catalogage. Suivent des visites de la bibliothèque universitaire par groupes de 25 étudiants. Les étudiants diplômés en sciences sont invités, en plus, à suivre une série de conférences sur leurs problèmes, ceux notamment posés par l'explosion de l'information et sur les solutions que peut donner un bon emploi de la bibliothèque, des exemples concrets d'utilisation des instruments de travail servant à montrer comment rédiger les références bibliographiques pour les travaux de recherche et les thèses. Pour chaque étudiant il est fait une démonstration de recherche, puis c'est lui-même qui, sous le contrôle d'un bibliothécaire, fait le travail bibliographique nécessaire à un sujet ayant trait à ses propres études (le temps total passé à cette formation est de 6 heures réparties sur deux semaines). Mieux encore au moment où les étudiants choisissent leur sujet de recherche, ils suivent tous deux séminaires d'une heure chacun portant sur les méthodes bibliothéconomiques. Le premier de ces séminaires est consacré à l'explication de la pensée intellectuelle qui préside au catalogage et à la classification et à la façon d'utiliser les ouvrages de références en général; le second est plus spécialisé et montre ce que l'étudiant doit connaître s'il veut devenir compétent dans la discipline qu'il étudie.

De leur expérience, nos collègues anglais ont tiré un certain nombre de leçons et des idées sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Par exemple, certains remarquent que pour former les usagers des bibliothèques la première difficulté est de trouver le moment idéal. Car si cette éducation est faite avant que les usagers n'en sentent le besoin, ils ne l'apprécient pas. Mais si elle est faite trop tard, les chercheurs peuvent avoir acquis des méthodes défectueuses (31). En outre, le but de la formation ne doit pas être de rendre le chercheur, l'usager complètement indépendant du service d'information de la bibliothèque, pas plus que ce service ne doit soulager le chercheur de toute activité de recherche. Par ailleurs, bien vite dans quelques bibliothèques universitaires, on en est venu à l'utilisation des moyens audiovisuels. C'est que presque partout le personnel qualifié est peu nombreux et que, ce faisant, on économise du temps et on dérange beaucoup moins les usagers des salles de travail que ne le font inévitablement les visites (32). Mais il faut déterminer combien d'information peut être habituellement absorbée par un auditoire de jeunes étudiants, présents à l'université depuis 3 à 4 semaines seulement (puisqu'il s'agit de remplacer les visites introductives de la bibliothèque qui sont habituellement proposées aux lecteurs qui débutent dans leur études supérieures). Il semble que 20 minutes soit une durée optimum, c'est pendant ce temps seulement que l'attention est réelle car le danger de l'utilisation des auxiliaires audiovisuels est toujours d'accumuler une très grande quantité d'information, plus que ne peut en absorber un auditoire ordinaire.

Au total en Grande-Bretagne, le résultat des divers cours ou conférences donnés pour former les utilisateurs des bibliothèques universitaires a été d'abord de détruire l'impression d'inconnu que peuvent avoir les étudiants en contact avec la littérature de leur sujet et même, si possible, de créer pour eux une sorte d'impression de familiarité avec « la documentation ».

Ainsi, dans bien des pays et à différents niveaux, on cherche à former les usagers des bibliothèques, les utilisateurs de la documentation. Du tour d'horizon rapide qui vient d'être fait et des expériences connues, on peut tirer quelques conclusions.

Dans tous les cas, une plus grande attention devrait être donnée dans les programmes des écoles de bibliothécaires, comme dans les instituts ou centres d'où sortent les documentalistes, au rôle d'enseignant, de formateur des usagers que doivent avoir (et auront de plus en plus) les professionnels de l'information (33). Il faut évidemment pour cela posséder au départ quelques qualités : un niveau élevé de connaissances et d'intérêt, de la patience et de la ténacité, une personnalité marquante en même temps qu'une capacité certaine à présenter la documentation d'une façon claire et logique (34). Mais en plus dans les programmes des écoles ou instituts dont il est parlé plus haut, il faudra insister sur la méthodologie de la recherche (35). En outre, il est nécessaire de bien connaître les usagers, leur psychologie et les processus de transformation des perceptions en une structure organisée de notions (36) et plus concrètement leur niveau d'instruction, leur mentalité, leurs besoins présents et ceux probables pour un futur proche, ceci en se fondant sur leurs fonctions, leurs centres d'intérêt, les recherches qu'ils entreprennent. En fin de compte on devra en arriver à les classer en catégories et même en groupes particuliers (37).

Pour que la formation de l'utilisateur des bibliothèques et de l'usager de la documentation soit possible, d'autres conditions doivent être remplies. On peut les énumérer rapidement :

I° Il est indispensable que les fonds, les collections de la bibliothèque ou du centre de documentation soient suffisants et que ces ressources soient bien exploitables (catalogues, classement, signalisation). Les locaux doivent se prêter aussi à cette tâche particulière, ceci pour les travaux pratiques surtout.

2° Il est très utile de disposer de manuels d'orientation bibliographique, de méthodologie documentaire. En France où longtemps on a disposé de peu de choses, viennent de paraître de très bons ouvrages (38) (39).

3° Il serait pour le moins souhaitable d'avoir l'appui des enseignants de l'université et des pouvoirs publics. Car l'éducation des usagers doit commencer très tôt (40). On sait que les habitudes intellectuelles se prennent dès le plus jeune âge. Aussi ce devrait être dès l'école primaire, ou dès l'enseignement secondaire, qu'il faudrait guider les lecteurs, apprendre aux élèves comment on doit utiliser les ressources d'une bibliothèque. La prochaine création dans les lycées et collèges en France, de 4.000 postes de chargés du service de documentation et d'information, donne quelque espoir de ce côté.

Quoiqu'il en soit en ce qui concerne la formation des utilisateurs des bibliothèques, des usagers de la documentation, les programmes d'études varieront selon qu'il s'agira de cours organisés dans les universités ou dans des services ou instituts spécialisés. Souvent on se contentera seulement d'exposés se rattachant à un autre cours ou à des conférences scientifiques et techniques mais des travaux pratiques accompagneront toujours l'enseignement théorique. Le programme de formation devrait porter essentiellement sur les points suivants : nécessité de l'information dans le contexte actuel de révolution scientifique et technique qui se fait sentir dans le monde et dans le pays intéressé; caractéristiques générales, importance et types des sources d'information; organisation du système de documentation et du réseau des bibliothèques dans le pays et à l'étranger; instruments de dépistage de l'information (catalogues, fichiers, bibliographies, périodiques, bulletins d'information, listes de vedettes-matières, etc.); systèmes de classification; application des techniques modernes de traitement et de dépistage de l'information; types divers de travaux de documentation (analyse et études documentaires); tendances principales de l'évolution des activités de documentation et d'information (41).

N.B. - Au terme de cet article, l'auteur s'excuse de n'avoir fait qu'effleurer le sujet. Les articles où il est parlé du problème de la formation des utilisateurs des bibliothèques et usagers de la documentation se comptent par centaines. Les livres qui lui ont paru les accessibles sont ceux de MM. Mews et Foskett (42) (43).