La nouvelle section de médecine et de pharmacie de la bibliothèque universitaire de Clermont-Ferrand

Jacques Archimbaud

Une description de la nouvelle section de médecine de la Bibliothèque universitaire de Clermont-Ferrand, intégrée dans les nouveaux bâtiments de la faculté de médecine et de pharmacie, ainsi qu'un bilan du fonctionnement d'un an témoignent d'un immense effort en faveur du lecteur, tant au point de vue des conditions de travail que des moyens mis en oeuvre pour les rendre plus fonctionnels, plus rentables, plus rationnels. Ces nouveaux aménagements mettent la bibliothèque universitaire de Clermont-Ferrand à la hauteur de sa vocation, au plus grand service du lecteur

Le 13 octobre 1967 était inaugurée, en même temps que la nouvelle Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Clermont-Ferrand, la section spécialisée de la Bibliothèque universitaire, intégrée à cette Faculté. La présence de M. Pompidou, Premier ministre, de M. Peyrefitte, ministre de l'Éducation nationale, de M. Dennery, Directeur des bibliothèques et de la lecture publique et de très nombreuses personnalités, témoignait de l'intérêt porté à l'énorme essor de l'Université de Clermont, en un jour où, simultanément, trois Facultés bénéficiant de bâtiments neufs (dont plusieurs bibliothèques), étaient ainsi inaugurées, et était posée la première pierre d'un futur ensemble pour la Faculté des sciences.

La Faculté mixte de médecine et de pharmacie, de création récente (1954) est l'héritière, cependant, du plus ancien établissement d'enseignement supérieur de Clermont : le Collège de médecine, fondé en 1681, érigé en 1806 en École secondaire de médecine, devenue successivement : École préparatoire (184I), École réorganisée (189I), enfin École de plein exercice (1928). La transformation de cette École en Faculté, en 1954, amena la création d'une section de médecine au sein de la Bibliothèque universitaire, en 1956. Par elle, cette section héritait de certaines collections et de celles de l'École de médecine, qui eut autrefois une petite bibliothèque en son sein, sous la garde de professeurs responsables. La dotation de crédits bien plus élevés, la création de nouveaux postes pour le personnel, ont permis dès 1956 à cette bibliothèque spécialisée de connaître un certain développement. Malheureusement le problème des locaux restait aigu. La jeune Faculté de médecine disposait en 1956 de bâtiments pourtant neufs, mais terriblement exigus, où la Bibliothèque ne pouvait trouver place. Accueillie au sein même de la Bibliothèque universitaire, boulevard Lafayette, où les problèmes de place n'étaient guère plus aisés à résoudre, la section médicale travailla pendant onze ans dans des conditions difficiles (très difficiles même, les dernières années), mais le moins mal possible, grâce à la compréhension et à la bienveillance de ses conservateurs. Création d'un service et d'un fonds à la hauteur des besoins d'une Faculté de médecine et de pharmacie, choix et adaptation d'une bonne classification, étude des projets de construction puis de l'aménagement intérieur de la nouvelle bibliothèque, préparation du transfert et transfert effectif, telles furent les tâches de ces onze années passées dans un sentiment de situation toujours très provisoire.

Objectifs recherchés et lignes générales d'organisation

Certains facteurs ont commandé la construction et surtout l'organisation intérieure de cette nouvelle bibliothèque, facteurs résultant de l'analyse des besoins tant réels que futurs d'une Faculté de médecine moderne et des méthodes de travail de ses usagers. Les préciser nous permettra de mieux présenter par la suite les locaux eux-mêmes, en expliquant le parti pris résolument nouveau adopté pour l'aménagement de certains d'entre eux et en montrant en quel sens nous croyons avoir pu rester fidèle à ces objectifs.

I° Les lecteurs fréquentant la bibliothèque d'une Faculté mixte de médecine et de pharmacie appartiennent à deux catégories très nettement tranchées, plus nettement peut-être que dans toute autre Faculté :
- au niveau de l'enseignement, durant la majeure partie de leur scolarité, les étudiants ont des besoins bibliographiques relativement sommaires. Les usuels priment et demeurent les seuls ouvrages consultés. Certains doivent pouvoir être prêtés pour un court délai. Seules quelques revues françaises doivent être mises à la disposition de cette catégorie d'usagers.
- au niveau de la recherche, si les professeurs eux-mêmes ne viennent pratiquement pas à la bibliothèque, leurs collaborateurs immédiats (agrégés, chefs de travaux, assistants), ainsi que tous les étudiants du 3e cycle et ceux préparant une thèse de doctorat, exigent une bibliothèque très adaptée à leurs besoins, capable de les aider dans des recherches très spécialisées. Les préoccupations des pharmaciens en ce domaine les rapprochent beaucoup de leurs collègues des Facultés des sciences. Avoir très vite sous la main les bibliographies et si possible les documents eux-mêmes (donc les périodiques) devient impérieux.

Ces deux catégories se scindent d'elles-mêmes. Si les salles qui leur sont réservées sont nettement séparées, spontanément il n'y aura pas d'interférence entre les uns et les autres.

2° La création traditionnelle de salles de professeurs, de bibliographie et de périodiques devient dès lors inadéquate. On préférera, suivant en cela les conseils de la Direction des bibliothèques pour les bibliothèques universitaires, créer des salles spécialisées où sont réunis systématiquement par disciplines : ouvrages, collections, périodiques, bibliographies, congrès... et où sont admis tous ceux qui souhaitent procéder à des recherches bibliographiques approfondies.

3° Toute la bibliothèque sera pour ainsi dire construite autour d'une classification, c'est-à-dire que toutes les collections auront un dénominateur commun : une classification commode, facilement retenue et adoptée par le lecteur, permettant une solution de continuité entre le niveau le plus élémentaire (livre en magasin ou usuel) et le niveau le plus élevé (fichier systématique). En 1956, c'est la classification Cunningham qui a été adoptée. Se révélant très insuffisante à l'expérience, elle a été toutefois maintenue, non sans retouches et avec bien des additifs 1. Malgré des transformations importantes, une certaine homogénéité a pu être maintenue. La solution de continuité est réelle. La même classification permet d'ordonner de façon de plus en plus complexe :
- en magasins, en 30 sections systématiques (des regroupements ayant été obligatoirement faits), les ouvrages acquis depuis 1960. Les lecteurs ont accès à cette partie des magasins où le classement systématique facilite leur consultation.
- tous les usuels dans la salle de lecture des étudiants, de même que les semi-usuels au bureau de prêt (69 sections).
- dans les salles spécialisées réservées à la recherche bibliographique : livres, bibliographies, périodiques... rendus distincts pour une même spécialité par adjonction de subdivisions de forme. Là, 205 sections ont été retenues (33 sections et 172 sous-sections)
- aux catalogues, les fiches systématiques avec symbole détaillé.

« D6 : Biochimie », se retrouvera par exemple à tous ces niveaux.

4° Les techniques les plus modernes doivent être utilisées pour résoudre rapidement les problèmes d'obtention et de reproduction des documents : service de prêt entre-bibliothèques bien organisé et bien équipé, appareils de photocopie rapides et rentables, etc...

5° L'indispensable et utile liaison entre la section de médecine et la bibliothèque centrale sur le plan administratif (et amical), ne doit pas faire méconnaître qu'une bibliothèque scientifique moderne voulant travailler sans perte de temps (impératif catégorique de toute recherche scientifique) doit jouir d'une certaine autonomie dans son matériel et son organisation, le souci de servir le lecteur dans les meilleurs conditions étant prioritaire.

Description des locaux

La Faculté mixte de médecine et de pharmacie, œuvre de M. Mathon, architecte en chef, est construite sur le plateau de Saint-Jacques, en retrait de la ville, dans un cadre agréable. Elle s'intègre dans le complexe du Centre hospitalier universitaire, le nouvel hôpital (dont la construction s'achève actuellement) étant à proximité. Le plan masse de la Faculté évoque l'image d'un « peigne ». Elle se compose d'une aile de 350 mètres de long réservée aux salles d'enseignement et aux petits amphithéâtres, où se situe la circulation principale. Perpendiculairement (le tout s'élevant sur 6 étages), à l'est, 4 ailes de bâtiment (les « dents » du peigne) s'y raccordent, la première, en abordant la Faculté, réservée aux services administratifs et à la bibliothèque, les autres à la recherche. En façade, au nord, précédant le bâtiment administratif, se trouve le grand amphithéâtre surplombant de sa masse l'entrée principale.

La bibliothèque se compose elle-même de 2 parties raccordées en équerre : les salles publiques (I 100 m2 de surface environ) occupant tout le 2e étage du bâtiment administratif sur un seul niveau, et les magasins de livres, développant une superficie de 1 300 m2 environ sur 7 étages (soit : 8 niveaux) situés dans une « tour » au début du long corps de bâtiment d'enseignement. L'accès à la bibliothèque se fait par le grand hall d'entrée de la Faculté communiquant avec le grand amphithéâtre. Un escalier conduit directement à la bibliothèque située au 2e étage, comme il a été dit. Sur le palier, face à un long couloir qui dessert la Faculté, une vitrine en glace (3,40 m), à gauche de la porte d'entrée, permet de faire des expositions temporaires de livres et de documents. Très soignée, cette vitrine, éclairée intérieurement, est conçue comme un facteur d'accueil. Elle a, en plus, un rôle fonctionnel en créant, derrière elle, un néo-couloir reliant vestiaires-toilettes et bibliothèque qui, sans cela, auraient été totalement indépendants. L'entrée se fait directement sur la salle des catalogues, sorte de grand vestibule conçu comme une véritable plaque tournante. A droite, le bureau de prêt communique immédiatement avec la « tour » où sont à la fois les réserves de livres, et de plain-pied, les services administratifs. Face à l'entrée, au-delà des blocs constitués par les fichiers, s'ouvre la très vaste salle de lecture pour étudiants. Sur la gauche se fait l'accès à deux salles spécialisées réservées aux chercheurs (professeurs ou non). A main gauche également, s'ouvre le couloir, en arrière de la grande vitrine, conduisant aux vestiaires non gardés et aux toilettes. L'accès à ce couloir est cependant surveillé. Dans ce vestibule, quelques tables-vitrines et une cimaise où peuvent s'accrocher des panneaux, permettent d'organiser des expositions temporaires.

Le bureau de prêt, longue banque de 8,40 m de long, permet :
- de procéder aux inscriptions des étudiants en début d'année, selon un système rapide de timbres numérotés.
- de communiquer des semi-usuels (usuels en surnombre et petits formats). Un millier d'ouvrages sont ainsi contenus sur des rayonnages, à l'arrière de la banque. Certains constituent un fond de culture générale très en vue et libéralement prêté. Les ouvrages médicaux sont eux-mêmes prêtés, mais avec des restrictions quant à la durée du prêt.
- de recevoir les demandes de prêt et de photocopie, et de les satisfaire rapidement grâce aux liaisons verticales (I ascenseur et 2 monte-livres), à un système d'interphone et à la proximité de la salle de reprographie dans le bâtiment désigné sous le nom de « tour à livres ».
- de recevoir en dépôt serviettes et sacs, interdits dans la salle de lecture. Ce dépôt est surveillé, des jetons sont donnés aux lecteurs pour éviter toute confusion.
- de fournir les bulletins de prêt « en continu », sans carbone apparent, dans de petits distributeurs prévus à cet effet (système « Handi-pak » de Numérus), chacun d'eux étant attribué à une catégorie de documents : livres, périodiques, thèses.

Les catalogues sont situés à cheval entre le vestibule dont il vient d'être question et la grande salle de lecture, que ne sépare aucune cloison. Des fichiers en bois de teck (Borgeaud) contiennent les divers catalogues (auteurs, collectivités, congrès, thèses, alphabétique matières et systématique détaillé « C.C.F. » (Cando-Cunningham version française), avec index pour renvois.) Sont également rassemblés là les divers catalogues imprimés, ainsi que les bibliographies générales (Index medicus), qui se trouvent dans un rayonnage en épi, côté salle. Situés face au bureau de prêt, ces catalogues peuvent être consultés sans pénétrer dans les salles de lecture. Un bureau placé en cet endroit, donc tout à l'entrée de la salle, permet au sous-bibliothécaire qui l'occupe de prendre la responsabilité de la tenue de ces catalogues, tout en renseignant et orientant les lecteurs.

La grande salle de lecture est la partie la plus spectaculaire de la bibliothèque de par ses vastes dimensions : 643 m2 au sol, et de par sa hauteur : 6,50 m. Quelques hauts poteaux en béton peuvent être jugés malencontreux, mais outre leur utilité, ils ne rompent pas vraiment l'harmonie et contribuent à lui donner l'allure d'un grand vaisseau. De hauts vitrages sur 3 façades procurent une clarté maximale à cette salle, clarté tempérée si nécessaire par des stores mobiles incorporés aux châssis. Tournant le dos à l'entrée, mais dominant toute la salle de ses 36 m2, une très grande composition décorative de Bernard Mandeville anime un grand panneau. Il s'agit d'un immense collage abstrait, à base d'encre dans un camaïeu de gris ardoisé, dont les formes veulent rappeler le caractère cellulaire de la matière vivante et ses métamorphoses. « L'encre se met à dire noir sur blanc ses poèmes, se met à dessiner les formes du lointain passé de ses cristaux ». (G. Bachelard.)

L'ensemble du mobilier d'ébénisterie a été dessiné par M. Espinasse, architecte. Le Formica madeira, teck de fil (finition « naturel ») a été adopté comme revêtement. Les tables ont été conçues d'un seul tenant, avec des fourre-tout, une bande de formica noir séparant théoriquement les lecteurs qui se font face. L'allée centrale divisant la salle en 2 parties inégales, ces tables ont respectivement 5,60 m et 4,50 m de long de part et d'autre, chacune pouvant recevoir 14 et 12 lecteurs en vis-à-vis. La capacité maximale d'accueil de la salle a été prévue d'emblée, avec 304 places, ce qui permet de réserver l'avenir.

Sauf pour un petit fonds de culture générale, tous les usuels sont regroupés au milieu de la salle, dans la travée de gauche en entrant. Ils sont classés systématiquement (classification Cunningham révisée, très abrégée) dans des rayonnages en épi de 1,20 m de haut (hauteur des allèges). Actuellement 1 200 ouvrages sont à la libre disposition des étudiants. Ce nombre jugé suffisant jusqu'à présent, peut être éventuellement triplé. Le long de l'allée centrale, des présentoirs de revues (hauts également de 1,20 m) offrent aux étudiants 40 périodiques médicaux reçus en double et spécialement réservés aux étudiants, et 28 périodiques généraux (Le Monde, Réalités, etc...).

Si l'on en juge d'après ses utilisateurs, cette salle offre des conditions de travail particulièrement agréables.

Les deux salles spécialisées constituent la partie la plus originale de la bibliothèque. Dans la partie droite de la première salle, en y entrant, des présentoirs de revues (les derniers numéros étant plaçés en façade sur les abattants) regroupent 70 principaux périodiques généraux français et étrangers. C'est la seule « salle de périodiques » proprement dite. Dans le reste de la salle sont rassemblées dans des rayonnages en épi et muraux toutes les spécialités considérées comme « fondamentales » (biologie, morphologie, physiologie, physique, biophysique, chimie, biochimie...) ainsi que la pharmacie. Le classement suit toujours la classification Cunningham (lettres B, C, D et V) aménagée pour permettre ces regroupements, et développée. Les livres classés systématiquement, comportent sur une étiquette : mention de la spécialité, - mention de la catégorie à laquelle l'ouvrage appartient (v. ci-après), - les 3 premières lettres du nom d'auteur et les 3 premières lettres du titre. Pour une spécialité donnée, traités fondamentaux, périodiques essentiels (les 5 dernières années seulement), bibliographies, congrès sont rassemblés dans un ordre précis.

Pour la biochimie par exemple (symbole : D 6), on aura :
D 6/A 1 a : traités, encyclopédies
D 6/A 1 a 2 : collections
D 6/A 1 b : périodiques
D 6/A 1 c : bibliographies rétrospectives
D 6/A 1 d : bibliographies courantes
D 6/A 1 e : dictionnaires
D 6/A 2 : congrès internationaux
D 6/A 4 : congrès français

Les derniers numéros des diverses revues en cours sont rangés dans des boîtes joliment entoilées, spécialement conçues à cet usage.

Un sous-bibliothécaire, en permanence dans cette salle peut conseiller et orienter les lecteurs. Un dépliant imprimé donnant le cadre de la classification adoptée, ainsi que toutes explications utiles est offert à tout entrant. L'expérience montre que les lecteurs n'ont rencontré aucune difficulté pour trouver les livres qui les intéressent... ni pour les remettre en place.

La seconde salle est identique dans sa conception à la première. Elle concerne plus spécialement les disciplines cliniques et para-médicales (lettres E à UU - sauf V). Très agréable par l'admirable point de vue qu'elle offre sur la ville de Clermont et sur la chaîne des volcans, cette salle bénéficie en outre, de la présence de 2 cabines insonorisées munies de magnétophones permettant aux lecteurs de dicter textes et traductions. Un gardien en assure la surveillance.

Des fichiers s'y trouvent concernant les catalogues propres à chacune de ces deux salles. Extrêmement appréciées des usagers, ces deux salles constituent peut-être la partie la plus vivante de la bibliothèque. Le prêt des périodiques n'est pas consenti, mais la photocopie peut être demandée immédiatement à un tarif de faveur. A elles deux, elles peuvent accueillir 35 lecteurs. Elles renferment pour l'instant un peu plus de 5 000 volumes, parmi lesquels figurent 325 titres de périodiques spécialisés. Cette capacité peut encore s'accroître, mais non le nombre de places. On aimerait pouvoir envisager l'extension de ces salles, ce qui malheureusement paraît exclu. L'essentiel pour une bonne recherche bibliographique de base s'y trouve rassemblé, et c'est dans cet esprit qu'elles ont été conçues. Un lecteur voulant consulter des bibliographies plus anciennes et des ouvrages plus spécialisés sera admis dans une galerie de lecture, au 4e étage de la « tour à livres », aménagée dans ce but.

Toujours au même niveau, toute proche, une salle de commissions confortablement agencée permet de réunir précisément commissions de bibliothèque, colloques, groupes d'études, expositions temporaires de livres... Pouvant s'obscurcir complètement, elle permet de faire des projections. Un bureau pour le conservateur en chef de l'université y est installé.

Dans les dépendances de ce vaste étage, outre les vestiaires publics et les toilettes, une petite cuisine initialement prévue, a été conservée à l'intention du personnel travaillant à la « journée continue ».

L'autre corps de bâtiment appelé par les architectes « tour à livres » communique par son étage 3, avec le niveau des salles publiques que nous venons de présenter. A cet étage-là, sont rassemblés les bureaux de tous les services administratifs : le bureau du prêt entre-bibliothèque, très fréquenté (à proximité immédiate de la banque de prêt), le bureau du bibliothécaire chargé des acquisitions et du catalogage, le secrétariat, enfin le bureau du conservateur chef de section. De l'autre côté d'un couloir, une assez grande salle réunit tous les appareils de reprographie : photocopie et multigraphie. Là sont traités les périodiques à leur arrivée. A côté se trouvent toilettes et vestiaires du personnel.

Ces bureaux ont malheureusement des surfaces bien réduites (162 m2 en tout) et connaissent déjà un certain encombrement.

Les 7 niveaux de magasins ont chacun une surface de 162 m2 et sont traditionnellement équipés de rayonnages métalliques (Ronéo-B.D.R.), totalisant 7 161 m linéaires de tablettes, pouvant recevoir 175 000 vol. environ. Les collections sont réparties par catégories, étage par étage, dont certains sont déjà entièrement remplis. Cependant l'accroissement a été théoriquement calculé pour une cinquantaine d'années, les thèses françaises et étrangères posant le plus de problèmes.

L'étage 4 a la particularité d'être accessible au public. Y sont rassemblés tous les livres entrés à la bibliothèque depuis 1960 classés systématiquement, puis par ordre d'entrée, toujours selon la même classification, mais simplifiée (30 sections seulement). Se trouvent là tous les livres qui n'ont pas leur place dans les salles spécialisées, étant donné leur caractère plus particulier. Des tranches numériques divisent les livres d'une même spécialité en 3 catégories : collections, usuels (doubles et usuels retirés des salles), monographies. L'ordre d'entrée a l'avantage d'être simple et de mettre en évidence les livres les plus récents qui sont, bien sûr, les plus demandés. Viennent s'y ajouter des bibliographies plus anciennes qui ne trouvent plus de place dans les salles spécialisées (par ex. : les années 1959-1962 des Chemical abstracts). Les lecteurs sont librement admis à cet étage, mais sont contrôlés au bureau de prêt qui en commande l'accès.

Une galerie latérale bien éclairée, équipée en petite salle de lecture, permet de travailler dans de bonnes conditions. Ce local modeste est destiné sous peu à servir de salle de travaux pratiques et d'enseignement de la bibliographie dans le cadre de l'essor que connaît actuellement l'enseignement dirigé à la Faculté. Ses 8 places pourront être portées à 20, ce qui est un maximum dans un espace plutôt réduit. Des groupes d'étudiants pourront y recevoir un enseignement pratique de bibliographie et y travailler en équipe, chaque groupe étant pris en charge par un responsable. Ce n'est qu'une solution de fortune, la destination de cette petite salle de 34 m2 n'étant pas primitivement celle-là. On peut regretter que plusieurs salles de cours n'aient pu être aménagées à proximité des salles de lecture, ce qui devra être impérativement prévu à l'avenir, selon nous, dans toutes les nouvelles bibliothèques médicales.

L'équipement technique

En ce domaine, l'évolution constante du marché et les perfectionnements incessants rendent tout choix rapidement périmé. Le nôtre s'est porté sur un certain nombre d'appareils jugés très valables et vite appréciés comme étant indispensables.

- Une machine à écrire à répétition SUPERTYPER (Gallou) utilisant bandes et cartes perforées est confiée à une opératrice qui travaille pratiquement à plein temps avec elle. Intéressante pour le catalogage (pour une moyenne de 10 à 12 fiches par livre, mais la bibliothèque diffusant ses fiches auprès des professeurs intéressés doit en multigraphier souvent beaucoup plus), elle est surtout précieuse pour l'édition de différents catalogues : catalogues de périodiques établis à partir de cartes perforées (des mises à jour constantes peuvent être faites lors de chaque réédition), catalogues de thèses annuels puis décennaux, sans compter de multiples travaux usuels : adresses des professeurs, des correspondants étrangers pour les échanges ... Son système de perforation à 8 canaux rend ses bandes lisibles par un ordinateur, ce qui réserve des perspectives très intéressantes pour l'avenir.

- La reprographie est certainement la plus belle invention du siècle pour les bibliothèques, il est difficile de penser que cela ait pu ne pas exister et que certaines bibliothèques en soient encore privées! ce service en plein essor utilise 2 photocopieurs. En temps normal, il fonctionne presque continûment.

Grâce à une régie de recettes autorisée par le Recteur, les frais de photocopie peuvent être très facilement remboursés.

L'appareil ARCOR électrostatique (Polyclair) est celui qui fonctionne le plus. Réservé à ce qui est texte et trait (les similigravures sont très mal reproduites), il donne des résultats satisfaisants. Son rythme de travail est très rapide. C'est un appareil qui donne lieu à des pannes mineures, mais il est robuste et il a permis jusqu'alors de faire 33 000 photocopies dans de bonnes conditions. Grâce à lui, on a pu organiser un service de photocopie de sommaires de périodiques en faveur des professeurs (dont nous avons été l'initiateur), et qui est actif.

Un appareil « Fertomat » (Toshiba) fonctionne parallèlement, mais est seulement réservé aux textes comportant des figures en demi-teinte : coupes histologiques, radiographies, pièces anatomopathologiques... En opérant avec soin, la qualité des résultats est surprenante : c'est la meilleure qui puisse être obtenue avec un photocopieur, elle satisfait généralement les lecteurs attachant de l'importance à cette iconographie. Très lent, exigeant un réglage très minutieux, c'est un appareil de précision convenant à des travaux bien précis.

Un lecteur-reproducteur de microfilms KODAK « Magnaprint » autorise à la fois la lecture directe des microfilms dans des conditions parfaites et surtout leur transformation presque instantanée en photocopie 21 X 27, image par image. Bien moins utilisé que les autres appareils en raison de la défaveur relative dont jouit le microfilm à la Faculté de médecine (la photocopie bien que plus onéreuse lui est préférée de beaucoup), il rend à l'occasion des grands services, notamment pour obtenir justement des photocopies. C'est un appareil de très grande qualité qui donne des résultats excellents.

Un autre appareil de lecture plus simple (Kangaroo) est mis à la disposition des lecteurs au sein des salles spécialisées.

- Un analyseur électronique de stencils (ELECTRO-REX, Colos) permet de reproduire la plupart des imprimés de la bibliothèque (ce qui constitue une grosse économie), et d'éditer, en les illustrant, divers catalogues.

- Deux duplicateurs électriques (Colos REX-ROTARY) servent à la multigraphie des fiches du catalogue et aux très nombreux travaux rencontrés quotidiennement dans une bibliothèque.

Cet équipement technique est d'une telle utilité qu'une panne même mineure et brève affectant l'un de ces appareils, compromet aussitôt l'organisation et la bonne marche du travail. On ne peut mieux mettre en évidence la valeur des services ainsi rendus.

Réflexions après un an de service et perspectives d'avenir

Un an de fonctionnement pour une bibliothèque ne permet pas de porter des jugements bien catégoriques ni définitifs : la première année est toujours une année de rodage et d'expérience.

Disons tout de suite que la fréquentation a été inférieure à ce qu'on aurait pu prévoir, les entrées ont rarement dépassé le chiffre de 250 pour une journée. Plusieurs facteurs ont joué en ce sens l'éloignement de l'hôpital (l'hôpital tout proche n'ouvrira ses portes qu'en 1969 au plus tôt), les événements de Mai 1968 et leurs suites. Sur les 1 443 étudiants inscrits à la Faculté, 833 ont fréquenté la bibliothèque. On constate cependant un net renversement de tendance dès la rentrée de Novembre 1968, les méthodes nouvelles d'enseignement jouent en faveur d'une plus grande fréquentation de la bibliothèque. On compte actuellement jusqu'à 450 entrées par jour, et à certaines heures la salle de lecture donne l'impression dé faire le plein.

Bien que la salle de lecture ne soit pas surveillée, aucune difficulté d'ordre disciplinaire n'a surgi : les étudiants s'affirment satisfaits de leur bibliothèque et reconnaissent manifestement l'énorme effort qui a été fait pour eux. Les disparitions de livres ont été pratiquement nulles cette année. Le système de dépôt des serviettes à l'entrée, bien accepté dans l'ensemble, paraît en ce sens avoir été efficace.

Des expositions ont eu lieu, dont 3 ont particulièrement retenu l'attention : « 5 000 ans d'écriture au service de la pensée médicale », « La greffe du cœur, aspects bibliographiques », « Pascal et ses médecins ». Ces expositions animant l'entrée et retenant l'intérêt du lecteur, doivent malgré tout rester modestes, ne pas dépasser ce simple rôle d'attrait et d'animation.

La constatation la plus nette concerne la diminution du volume du prêt en faveur de la photocopie. Dans une bibliothèque de recherche, le périodique est roi. Le fonds le plus vivant de la bibliothèque se trouvant dans les salles spécialisées, on comprend que la photocopie ait pu supplanter le prêt. C'est ainsi que les liaisons par interphone avec les magasins ont en fait, très peu servi. Par contre certains jours, les magasiniers doivent se relayer pour photocopier presque en permanence, à la demande des lecteurs.

Des difficultés, certes, subsistent qui malheureusement ne paraissent pas pouvoir être résolues de sitôt. L'exiguïté des bureaux est gênante. Elle oblige à faire l'inscription et le catalogage des livres à 3 niveaux différents. La capacité du Bureau de prêt à recevoir des semi-usuels est également limitée, or c'est là un fond de prêt spécial qui demanderait à être augmenté. Dans un autre ordre, les salles spécialisées (elles-mêmes non extensibles) exigeraient que beaucoup de crédits soient accordés pour la reliure des livres, et surtout des périodiques consultés.

L'intégration de la section de médecine d'une bibliothèque universitaire dans une Faculté a bien des avantages, dont les plus évidents sont d'ordre moral et d'ordre pratique. A Clermont-Ferrand, la bibliothèque fait incontestablement davantage partie de la « maison », les relations avec les professeurs qui sont ses immédiats voisins sont facilitées, celles avec le doyen sont faites de compréhension, d'amitié, de volonté d'entraide entre les deux services. Les nouvelles méthodes d'enseignement actif rapprochent encore davantage bibliothécaires, enseignants et étudiants. En revanche, du fait de cette intégration, l'extension même des locaux se trouve bloquée.

Pourtant des perspectives allant dans le sens d'un développement s'ouvrent déjà. L'intégration des étudiants du CPEM à la Faculté de médecine vont accroître ses effectifs, la réalisation concrète du C.H.U., le nouvel hôpital une fois terminé, la création d'un centre anticancéreux, celle de plusieurs unités de l'I.N.S.E.R.M., l'intégration de l'École dentaire à la Faculté, l'existence d'une école de kinésithérapie, d'un Institut d'éducation physique et de sports, sans parler de la création de nouveaux certificats d'études spéciales, dont certains peuvent déjà se préparer à Clermont, laissent penser que la bibliothèque aura un rôle croissant à jouer dans cet ensemble. Déjà son concours est sollicité (et acquis) pour l'organisation de certains enseignements dirigés qui comporteront des cours de bibliographie rénovés aux étudiants de médecine, de pharmacie et de dentaire. C'est là une activité appelée à se développer, de même que ne feront que s'accroître les tâches du service de photocopie.

Enfin un enseignement d'informatique médicale à Clermont-Ferrand, dans un I.U.T. (où s'enseigne également la biologie appliquée), puis dans une Université technique qui doit être prochainement créée, peut laisser imaginer ce que serait une collaboration, en vue d'une étude plus scientifique du traitement de l'information documentaire. C'est une prévision à longue échéance, mais dans un premier temps, des stagiaires du département d'informatique pourront être reçus à la bibliothèque.

Malgré quelques inévitables imperfections, la nouvelle bibliothèque de la Faculté mixte de médecine et pharmacie de Clermont-Ferrand peut être justement estimée comme étant sans doute une des plus belles réalisations de ces dernières années. On peut seulement regretter que pour l'instant, ses perspectives d'extension soient limitées.

Illustration
Plans

  1. (retour)↑  Trois modifications considérables ont été apportées à cette classification américaine :
    - la création de subdivisions de forme permettant de distinguer sur les rayons : les traités, les périodiques, les bibliographies... pour une même spécialité.
    - le regroupement de tout ce qui est appelé « sciences fondamentales » : chimie et biochimie, physique et biophysique, très éloignées dans le cadre original. Parallèlement, développement considérable de cette partie « fondamentale » et de la partie « pharmacie » pratiquement inexistantes dans Cunningham (Cf. La chimie analytique, par ex.), en faisant appel chaque fois à des spécialistes.
    - L'adoption, par intégration, du système Cando, dès sa parution, système extrêmement remarquable pour toute la « clinique ». Seuls les 2 premiers symboles (lettre et chiffre) de Cunningham ont été maintenus, tous les points de vue (chiffres) de Cando étant adoptés. Cette intégration Cando-Cunningham, faite avec l'accord du Dr Chevallier, auteur du Cando, augmente considérablement les possibilités d'un fichier systématique pour lequel cette classification est surtout utilisée.