Le plan de coopération dans les acquisitions des bibliothèques scientifiques de la République fédérale allemande

Dr Gisela Von Busse

Exposé du système mis au point après la dernière guerre pour procéder, sous la direction de la « Forschungsgemeinschaft » et par les fonds spéciaux, aux acquisitions de monographies et périodiques scientifiques étrangers dans les bibliothèques scientifiques de la République fédérale allemande. Avantages et inconvénients. Perspective d'avenir avec la création d'une Bibliothèque spécialisée centrale à Hanovre

Principes généraux.

C'est la grande prérogative du conservateur d'une bibliothèque de décider, sous sa seule responsabilité, de la politique d'acquisitions de sa bibliothèque. Cette prérogative prend toute son importance quand on sait que le caractère d'une bibliothèque se détermine, non seulement pour le présent, mais aussi pour l'avenir, par les acquisitions. Mais ce devoir du conservateur est d'autant plus difficile qu'il ne peut être précisé par aucune règle; il ne consiste pas seulement à résoudre un problème financier et technique (accroissement suffisant - bonne organisation du département des acquisitions - bonne organisation des rapports avec les libraires, avec les partenaires d'échanges... etc.); il consiste avant tout en une détermination du choix de ce qui doit être acheté. Pour les bibliothèques spécialisées qui ne s'occupent que d'une science, cela est cependant plus facile que pour les bibliothèques encyclopédiques que sont en Allemagne les bibliothèques d'université, les bibliothèques d'État, les bibliothèques des « Länder » qui rassemblent et doivent tenir disponibles tous les ouvrages dans de nombreux domaines. Alors qu'il est en général possible de se procurer la littérature nationale, les difficultés sont presque insurmontables pour les littératures étrangères. Ces difficultés sont de plus en plus nombreuses depuis 1945, car la production des ouvrages scientifiques est sans cesse croissante et des pays toujours plus nombreux y participent. Eu égard à cet état de fait, les très grandes bibliothèques ont dû, elles aussi, abandonner l'idée d'autarcie; il semble maintenant que seules une division du travail et une politique de coopération dans les acquisitions puisse apporter une solution. Les bibliothèques d'une même catégorie forment un centre de façon que chacune d'entre elles s'occupe de l'acquisition des livres dans un domaine précis et serve ainsi ses propres fins et celles de l'ensemble des autres bibliothèques et de leurs utilisateurs.

Historique.

Tels étaient les principes de base qui, en Allemagne de l'Ouest, aboutirent, en l'été 1949, au plan des « fonds spéciaux » qu'établit, avec les bibliothèques participantes, la commission des bibliothèques de la « Notgemeinschaft der deutschen Wissenschaft » qui venait d'être reconstituée, l'actuelle « Forschungsgemeinschaft ». Ajoutons encore deux considérations. L'une d'ordre pratique : il y avait une tradition pour ce domaine des « fonds spéciaux » depuis l'époque, où, après la première guerre mondiale, la « Notgemeinschaft der deutschen Wissenschaft » fondée en 1920, partant elle aussi d'une plus ancienne règle pour quelques bibliothèques universitaires prussiennes, soutenait, dans des domaines scientifiques précis et pour les achats des livres étrangers, un petit groupe de huit bibliothèques universitaires. Il s'agissait de se rattacher à cette tradition.

La seconde considération concernait la question essentielle de la structure des bibliothèques allemandes : la question d'une bibliothèque nationale centrale.

La commission des bibliothèques de 1949 envisagea deux possibilités : concentrer dans une seule bibliothèque tous les ouvrages étrangers acquis sur les fonds de la « Forschungsgemeinschaft » ou bien les partager entre plusieurs bibliothèques. On se décida pour le partage, car il n'y avait à cette époque, en Allemagne de l'Ouest, aucune bibliothèque qui pût assumer le rôle de bibliothèque nationale centrale et parce que l'on tenait pour impensable, la construction d'une telle bibliothèque, alors que les dommages de guerre n'étaient en aucune façon réparés.

Toutes ces considérations étaient basées sur des faits allemands. Le programme des fonds spéciaux fut développé à partir de ceux-ci. Peu après qu'il fut fixé, le « Farmington plan » nous fut connu; le « Farmington plan » présente beaucoup d'analogies avec le plan de la « Forschungsgemeinschaft », il ne servit pas d'exemple, mais nous confirma que nous étions sur le bon chemin.

Organisation du plan.

L'ensemble des sciences est divisé en 105 sections, une ou plusieurs de ces sections furent attribuées à une bibliothèque donnée. Puisqu'il n'y a en Allemagne aucun classement systématique homogène suivi par un grand nombre de bibliothèques, - tel celui de la « Library of Congress » aux États-Unis tel, en Union soviétique, le système de classification qui, en voie de formation depuis quelques années, est basé sur les principes du marxisme-léninisme -, un système devait être projeté. Un observateur extérieur peut aujourd'hui considérer cela d'un air sceptique et exprimer des doutes sur la logique interne du système. Nous ne le contredirons pas. Le manque de construction logique et systématique s'explique par le but pratique. La netteté théorique devait céder le pas aux exigences du moment, exigences réelles et conditionnées par l'histoire et par les faits. Les promoteurs du plan voulaient créer un système qui fût facilement utilisable et qui tînt compte des données des bibliothèques allemandes. Il fallait concilier deux principes contradictoires - la classification d'après le point de vue scientifique systématique, pour cela la division des « commissions spécialisées de la « Forschungsgemeinschaft » fut prise pour base - et le groupement d'après les fonds régionaux, d'après les centres d'intérêt culturel, en relations avec la tradition des bibliothèques universitaires prussiennes et le plan d'aide de l'ancienne « Notgemeinschaft der deutscher Wissenschaft ». Cette conciliation ne s'est pas révélée idéale et le praticien ne l'a pas trouvée satisfaisante. Ce dilemne est familier au bibliothécaire qui le rencontre journellement. Pour lui, les solutions de compromis sont inévitables. Mais tant qu'il s'agit simplement de classer exactement un titre dans le catalogue-matières d'une seule bibliothèque, on peut s'aider de renvois, de la combinaison d'un principe systématique et de différents « mots-clés » par exemple le « mot-clé géographique », toujours aussi de l'inscription du titre en plusieurs endroits du catalogue. La difficulté est plus grande encore quand il s'agit de normaliser les acquisitions pour un grand nombre de bibliothèques et quand on doit veiller à se tirer d'affaire avec un seul exemplaire. C'était, au moins au début, une nécessité, puisqu'alors les moyens financiers et les devises étaient rares. Par la suite, ce principe put se relâcher et des acquisitions en double exemplaire purent être faites.

Les bibliothèques américaines qui purent établir, après la guerre, le plan Farmington étaient dans une meilleure situation que les bibliothèques allemandes. Elles ont trouvé une solution très pratique pour le même problème, puisqu'elles ont placé à côté de la « subject specialization » les « country responsabilities », aussi ont-elles laissé coexister les deux principes, sans qu'ils se compliquent l'un l'autre. Néanmoins, des prises de position dans une situation douteuse ne sont pas épargnées aux bibliothèques américaines. (Ainsi la bibliothèque, qui est spécialisée en mathématiques, physique, en chimie doit-elle acquérir les ouvrages des pays, pour lesquels joue la « country responsability » ?)

Pour notre plan général, la tradition était un fardeau, cependant nous dûmes l'accepter, car en bibliothéconomie, la tradition est une obligation et ne peut être abandonnée que s'il y a, pour cela, de bonnes raisons.

Par des « directives » qu'une sous-commission de la commission des bibliothèques a établies, on essaya de préciser ce qu'il fallait décider dans les cas de divergence, lorsqu'un ouvrage pouvait être acquis par deux sections différentes. En principe, le fonds spécial doit avoir le pas sur le « cercle d'intérêt culturel ».

Notre principe se différencie de celui du plan de Farmington, puisqu'il n'indique pas le domaine linguistique ou le pays de parution d'une publication et qu'il est l'objet même de la recherche. Par le « Cercle d'intérêt culturel » français, nous entendons tout ce qui sert à la connaissance de la France en tant que création culturelle, aussi bien les ouvrages sur la langue, la littérature, la connaissance du pays, du peuple, l'histoire culturelle de la France, que l'art français, la vie spirituelle française. Des ouvrages sur le droit, l'organisation politique, l'administration, la société, l'économie de la France relèvent en général de la section droit, mais du cercle d'intérêt culturel quand, de par le sujet, apparaît clairement l'intention de placer la connaissance de la France au centre de la recherche. Un livre sur Renoir relève de l'histoire de l'art, un exposé sur Pascal de la philosophie, un ouvrage sur la révolution française relève aussi bien de l'histoire en général que de la France, un livre sur l'art populaire provençal appartient à la section « France ». La distinction est plus facile et plus claire pour des cercles d'intérêt culturel éloignés (Asie, Amérique latine) que pour les pays européens. Les « directives » traduisent cela, puisque, pour les pays de culture européenne, y compris les États-Unis, le point de vue de la spécialisation l'emporte, en revanche, pour les langues et les pays plus lointains, c'est le point de vue du cercle d'intérêt culturel qui l'emporte.

En principe, la différenciation est la même que dans le plan Farmington : les groupes mentionnés en dernier lieu sont en général, les pays pour lesquels la « country responsability » joue. Mais puisqu'il y est fait entrer tous les ouvrages, le plan Farmington est encore plus pragmatique, alors que nous considérons comme appartenant exclusivement au fonds spécial, toute la littérature scientifique et technique, comme la médecine et l'économie. Il ne faut pas méconnaître un nouveau problème : l'accroissement de la littérature scientifique et technique dans des pays de langues qui nous sont difficilement accessibles (langues chinoise, japonaise, indienne, arabe et même langues slaves). La bibliothèque spécialisée dans les ouvrages de médecine ou les ouvrages sur la construction des machines peut-elle choisir à juste titre et cataloguer les livres écrits en japonais ? Nous avons résolu le problème en décidant que la bibliothèque spécialisée dans le domaine général « Japon » recevrait les ouvrages de médecine, de mathématiques, etc..., sans résumé, qui sont écrits en langue japonaise, quoique ce soient des ouvrages qui devraient revenir à une autre bibliothèque. Ce problème sera plus amplement traité à la fin de cet exposé.

Catégories d'ouvrages.

Les ouvrages des fonds spéciaux consistent en monographies, en périodiques, qu'il s'agisse de publications d'éditeurs, d'instituts, de sociétés, de publications officielles, indifféremment obtenues par l'achat, l'échange ou le don. Seule compte l'importance pour la recherche.

Bien sûr, il ne faut pas oublier que la responsabilité du fonds spécial doit être commune à la « Forschungsgemeinschaft » et aux bibliothèques. Il est entendu que la littérature qui paraît en Allemagne, les ouvrages de bibliographie et de bibliothéconomie qui se réfèrent au fonds spécial de même que les ouvrages des domaines marginaux sont acquis par les bibliothèques sur leurs propres crédits. Sur les crédits de la « Forschungsgemeinschaft » ne peuvent être acquis que les ouvrages qui servent directement la recherche. Avant tout ce sont les ouvrages d'étude et à un degré moindre les ouvrages indispensables à la recherche. 1939 a été choisie comme année limite.

Sont exclus des acquisitions par la « Forschungsgemeinschaft » :
I. Les bibliographies générales, les bibliographies nationales, les catalogues généraux des bibliothèques, les livres d'adresse, les catalogues de libraires, les encyclopédies générales et les lexiques biographiques dans le genre du Who's who.
2. Les traités, abrégés, dictionnaires, grammaires, manuels de conservation ou autres ouvrages semblables, d'utilisation didactique ou pratique.
3. Les traductions parues à l'étranger, sauf si les originaux sont difficilement accessibles de par la langue, ou que les traductions représentent une refonte scientifique.
4. Les ouvrages de luxe et les impressions bibliophiliques.
5. Les ouvrages documentaires, en dehors des :
- cartes qui sont le résultat d'un travail scientifique;
- éditions de textes, qui sont des éditions critiques;
- éditions en fac-similé, importantes pour la recherche;
- éditions isolées d'œuvres d'écrivains ou poètes vivants, s'il s'agit d'auteurs célèbres, importants pour la recherche littéraire et historique;
- ouvrages d'illustrations avec des commentaires scientifiques.

Les bibliothèques participantes.

Participent aux plans des « fonds spéciaux » 24 bibliothèques : 2 bibliothèques d'État, 12 bibliothèques universitaires, 8 bibliothèques d'universités techniques, 2 bibliothèques d'écoles supérieures professionnelles. En principe, ne sont pas comprises les bibliothèques qui sont rattachées au système extérieur du prêt interuniversitaire; car il est essentiel pour le fonctionnement du plan que les livres et périodiques acquis soient à la disposition de chaque chercheur, là où il a son domicile.

La répartition des fonds entre chaque bibliothèque a été soigneusement étudiée lors de la réunion de la commission des bibliothèques de la « Forschungsgemeinschaft » et a été décidée en accord avec les bibliothèques. Déterminantes pour la répartition ont été la tradition de la bibliothèque depuis sa création, et la représentation de la spécialité dans l'Université à laquelle la bibliothèque appartient. Les bibliothèques qui proposaient une spécialité à la « Forschungsgemeinschaft » devaient donner leurs raisons en insistant sur les deux points suivants : la spécialité les avait-elle particulièrement concernées auparavant et les fonds étaient-ils restés après la guerre ? Dans la mesure où les membres de l'ancienne « Notgemeinschaft » restaient dans le domaine fédéral, on leur donna les mêmes spécialités (Bibliothèque universitaire de Bonn, spécialisée dans les études romanes, maintenant dans les cultures française et italienne - Bibliothèque universitaire de Tübingen pour la théologie et pour les études orientales). S'il y avait recoupement, on essayait d'apporter entre les deux bibliothèques une unification valable.

Sans aucun doute le grand déséquilibre entre les répartitions surprend l'observateur. Il est des bibliothèques avec un domaine très large (la Bibliothèque universitaire de Cologne avec toute la médecine, les sciences sociales et économiques, la Bibliothèque universitaire de Gôttingen avec des sections de sciences pures : mathématiques, géologie, physique et chimie). En revanche, des bibliothèques ont un secteur très étroitement limité : la Bibliothèque universitaire de Münster avec les civilisations des Pays-Bas, des Flandres, de l'Afrique du Sud; la Bibliothèque universitaire de Fribourg avec la civilisation suisse. De plus, ne sont pas comprises 6 des 18 bibliothèques universitaires existant actuellement dans la République fédérale allemande.

Au reproche suivant lequel les bibliothèques universitaires sont ouvertement traitées injustement par la « Forschungsgemeinschaft », nous pouvons répondre qu'il faut s'accommoder de cet état de fait, parce qu'il importe seulement de trouver pour tel livre la place qui lui convient le mieux et où il est le plus utile. Comme toutes les mesures de la « Forschungsgemeinschaft », le programme des fonds spéciaux sert la recherche; ce n'est qu'indirectement et avec des limites qu'il aide les bibliothèques. La « Forschungsgemeinschaft » n'accorde, en principe, aucune aide aux instituts; cela va de soi, puisque les instituts scientifiques sont financés par les « Länder » de la République fédérale où ils se trouvent et que d'ailleurs les « Länder » sont parmi les soutiens financiers de la « Forschungsgemeinschaft ». Ce serait un moyen détourné pas très justifié si l'argent retournait à des instituts isolés, cela troublerait la planification du ministre de la culture et du ministre des finances de chaque « Land ».

Dès le début, on fit clairement comprendre aux bibliothèques participantes que la mise en service de fonds spéciaux ne signifiait pas simplement une source d'argent supplémentaire, mais qu'elles acceptaient une obligation qui pouvait devenir une charge. La bibliothèque, en effet, entre dans une association et doit en accepter les règles.

Elle reçoit par l'intermédiaire de la « Forschungsgemeinschaft » les moyens d'acquérir les périodiques étrangers et les monographies, mais elle seule porte la responsabilité de l'acquisition des livres nécessaires et de leur mise à la disposition dans le circuit du prêt interuniversitaire. Elle doit utiliser les ressources de l'état pour l'achat de la littérature allemande et pour la reliure des livres acquis grâce aux ressources de la « Forschungsgemeinschaft ».

Elle doit rapidement cataloguer ces nouvelles entrées pour qu'elles puissent être prêtées le plus vite possible. Mais avant tout, elle doit elle-même préparer le choix des monographies.

Choix des livres.

Les « directives » mentionnées plus haut ne donnent qu'une indication pour préciser les limites de chaque fonds. Le choix des titres est laissé pour les monographies entièrement à la bibliothèque. Cela signifie qu'elle doit avoir, dans son équipe, des collaborateurs spécialistes qui possèdent grâce à leurs études les connaissances correspondantes. La « Forschungsgemeinschaft » s'est fait désigner ces collaborateurs avec l'indication de leurs spécialités et de leurs connaissances linguistiques.

Sur ces diplômés spécialistes repose la lourde charge de choisir, grâce aux bibliographies nationales spécialisées, aux comptes rendus et grâce à leurs propres connaissances, ce qui est important pour la recherche parmi le flot des nouvelles publications. On ne doit pas tendre à la complétude mais à un choix intelligent.

Pour les périodiques, le procédé est un peu différent. Leur choix n'est pas laissé entièrement aux bibliothèques. Une sous-commission de la Commission des bibliothèques fut fondée dès 195I, pour décider de l'acquisition des périodiques.

La commission s'est aussitôt vue placée devant le difficile problème du choix parmi plus de 15 000 titres de périodiques qui étaient présentés comme souhaités par les bibliothèques. Lors de plusieurs séances, elle a étudié à cet effet, spécialité par spécialité, des numéros ou des recueils de tous les périodiques cités. Le résultat, un choix de 7 000 titres, fut consigné dans l'index des périodiques scientifiques étrangers choisis (V.A.Z. 1) qui fut édité en 1957 par la « Forschungsgemeinschaft ». Une nouvelle édition est en préparation. Il va de soi que ce travail de choix doit être continué. Les spécialistes astreints à suivre dans les bibliothèques les nouvelles publications de leur domaine, doivent surtout faire attention aux périodiques nouvellement publiés ou qui auraient échappé jusqu'alors aux recherches et faire parvenir à la « Forschungsgemeinschaft » un exemplaire de ceux qu'ils estiment importants et un exposé motivé. La section des bibliothèques de la « Forschungsgemeinschaft » soutient ce travail, en portant à l'attention des bibliothèques, grâce surtout aux échanges, les nouvelles publications.

Le nombre des périodiques choisis a atteint, entre temps, 9475. En général, chaque périodique n'est consacré qu'à un domaine scientifique; mais dans le cas d'une véritable division un périodique est affecté à deux sections et acquis sur l'argent de la « Forschungsgemeinschaft » pour deux bibliothèques. En ce qui concerne les périodiques, il faut indiquer la distinction entre les périodiques A et les périodiques B. Dans les périodiques A on comprend les périodiques d'intérêt primordial pour une science précise, ils doivent être dans chaque bibliothèque scientifique spécialisée dans cette science. Les périodiques B sont les périodiques d'un caractère très spécial, dont la présence d'un exemplaire en Allemagne fédérale doit être établie, dont plusieurs exemplaires seraient certes souhaitables, mais ne sont pas absolument nécessaires. Dans le V.A.Z. les périodiques A sont indiqués pour chaque science. Ce choix est fait par la commission déjà mentionnée et a été depuis largement complété, le nombre est aujourd'hui de 1477. Chaque bibliothèque participant aux fonds spéciaux reçoit sur les fonds de la « Forschungsgemeinschaft » un exemplaire des périodiques A et des périodiques B de sa spécialité. Pour accroître le nombre des périodiques A et pour pallier le manque de ces périodiques, dans de nombreuses bibliothèques, la « Forschungsgemeinschaft » a prévu des moyens considérables; mais ce soutien est hors du programme des fonds spéciaux et ne doit donc pas être traité ici.

Acquisitions.

Tandis qu'au début les commandes et le paiement des monographies et des périodiques relevaient entièrement de la commission des bibliothèques, tout le processus est progressivement passé aux bibliothèques pour les abonnements aux périodiques courants depuis 196I. Au début de l'année civile, chaque bibliothèque reçoit un rapport sur le montant des sommes attribuées aux monographies et aux périodiques courants.

Commandes et paiements sont effectués par les bibliothèques; les factures payées sont adressées comme pièces justificatives à la « Forschungsgemeinschaft ». Au cas où les sommes attribuées ne sont pas suffisantes, un crédit supplémentaire est possible sur la foi de propositions qui sont examinées lors d'une séance de la commission des bibliothèques.

Les monographies, récemment parues, doivent être achetées c'est-à-dire les ouvrages des dernières années, pour les périodiques ceux de l'année en cours. 1939 constitue l'année limite, 1930 pour les publications les plus importantes. Au début de l'application du programme, les monographies de l'époque de la guerre ou des premières années d'après-guerre achetées suivant ce processus étaient nombreuses, car il n'y avait alors pour les bibliothèques allemandes aucune possibilité de les acquérir, les dons de l'étranger étaient alors le seul salut. Aujourd'hui au contraire, les acquisitions s'étendent pour les monographies à la production des dernières années, quoique pour quelques pays (Orient, Amérique latine, Union soviétique, pays du bloc de l'Est) cela laisse à désirer.

En revanche, pour les périodiques, les lacunes ne sont pas encore toutes comblées ; de nouvelles possibilités sont pour l'instant examinées pour atteindre plus rapidement le but.

En général, les bibliothèques passent par le libraire pour l'achat des monographies et des périodiques. Il leur est possible de pratiquer les échanges. D'ailleurs, la section des bibliothèques de la « Forschungsgemeinschaft » complète les efforts des bibliothèques, par ses propres échanges qui, actuellement, englobent 1 075 partenaires dans 66 pays. Les ouvrages ainsi obtenus sont dirigés vers la bibliothèque concernée sans dépense particulière. Durant l'année 196I ont été affectées par la « Forschungsgemeinschaft » à la réalisation du programme, les sommes suivantes :
- pour les périodiques courants 216 189 D. M.
- pour combler les lacunes 12I 365 D. M.
- pour les monographies 592 283 D. M.
- pour l'échange 113 548 D. M.
Total 1 043 385 D. M.

Récapitulation et vue d'ensemble.

Avec l'aide du programme « de fonds spéciaux », les fonds des bibliothèques scientifiques allemandes se sont enrichis durant les treize dernières années d'une façon beaucoup plus importante que si les mêmes crédits avaient été mis à la libre disposition des bibliothèques.

Avec leurs simples crédits, elles auraient beaucoup moins acheté. L'acquisition d'ouvrages très spécialisés dans le domaine des sciences générales aussi bien que dans des sections délimitées aurait pu être à peine réalisée. Le rattachement à des fonds spéciaux fixés par les « directives » pouvait être très incommode pour les bibliothèques participantes et elles auraient pu croire pouvoir mieux disposer des crédits pour accroître leurs fonds. Néanmoins, elles ont collaboré avec zèle, parce qu'elles savaient qu'elles avaient entrepris une tâche utile pour l'ensemble de nos bibliothèques scientifiques.

Parmi les grands avantages du plan, l'on peut citer l'accroissement constant systématiquement recherché de tout le potentiel de livres dans tous les domaines et l'assurance que dans une bibliothèque précise l'on peut trouver avec certitude la littérature récemment parue d'un domaine précis.

Le premier m'apparaît particulièrement important pour les périodiques. Cela m'a toujours étonnée que le Plan Farmington sollicite des éditeurs les spécimens des nouveaux périodiques, mais que l'acquisition en revienne absolument aux bibliothèques. Je suis convaincue que la force de notre programme de fonds spéciaux réside dans le fait que nous tenons disponible, dans les bibliothèques participantes un choix, éprouvé par une commission d'experts, de 9 500 périodiques. Une tradition a été créée, laquelle étant donné la situation dans l'Allemagne de l'après-guerre, n'aurait pu naître de la propre initiative d'une ou de plusieurs bibliothèques. Les bibliothèques des instituts d'université qui, d'ailleurs jouent un grand rôle en tant qu'atelier de travail du chercheur, n'auraient pas donné entière satisfaction en ce qui concerne les périodiques. Car la continuité, qui doit être exigée dans l'acquisition des périodiques, fait défaut aux instituts d'université qui, en Allemagne, dépendent de la façon de travailler du directeur.

Nous ne pourrions juger de l'utilité pratique de notre plan que si nous avions des données statistiques précises sur l'utilisation des livres et périodiques acquis dans les limites du plan. Quelques bibliothèques ont présenté quelques statistiques. Mais aucun jugement sur l'ensemble n'est possible. Il nous manque d'ailleurs une enquête sur le nombre d'exemplaires uniques d'ouvrages, acquis dans les limites du plan, et sur le nombre de ces mêmes ouvrages acquis par les bibliothèques non participantes.

Une sous-commission de la commission des bibliothèques de la « Forschungsgemeinschaft » a, il y a quelque temps, commencé d'examiner le plan d'une façon critique, pour voir s'il devait être continué de la même façon. Ce travail est en cours, si bien que rien de définitif ne peut être dit. Seules quelques-unes des grandes idées de ce travail peuvent être dégagées ici.

I. La situation des bibliothèques en 1962 est tout autre que celle de 1949, base du système. On peut se demander, si les budgets améliorés des bibliothèques universitaires centrales et les crédits spéciaux qui affluent dans les bibliothèques des instituts d'université orientent la poursuite du plan suivant les mêmes données avec l'achat de monographies et de périodiques sur les fonds spéciaux ou s'il faut limiter le plan aux périodiques.

La commission des bibliothèques pense que pour le moment aucune transformation fondamentale ne doit être envisagée, qui aboutirait à enlever des secteurs du domaine d'acquisition de la « Forschungsgemeinschaft ». Perturber une organisation vieille de dix ans apporterait plus de dommages que d'économies. Néanmoins la commission suivra avec attention l'évolution.

2. Toutes les sections des sciences ne paraissent pas de la même façon aptes à entrer dans le cadre d'une bibliothèque universitaire comme fonds spécial. Il faut se demander si quelques sections ne devraient être hors du plan et traitées d'une autre façon.

La commission des bibliothèques croit que, pour des domaines précis, une bibliothèque spécialisée centrale offre la meilleure possibilité pour fournir les livres. A la différence des bibliothèques avec fonds spéciaux, elle doit toujours tenir disponibles ses fonds. Elle doit être un atelier de travail où le chercheur trouve tous les ouvrages essentiels de sa spécialité, sans avoir à craindre qu'une partie en soit prêtée. En dehors des ouvrages de sa propre spécialité, elle doit acquérir et tenir disponibles les rapports des ouvrages officiels ou semi-officiels que l'on trouve difficilement.

Pour la technique a été créée à cet effet à Hanovre la bibliothèque d'informations techniques qui est aidée par la « Forschungsgemeinschaft ». Un projet de bibliothèque centrale de l'agriculture est à l'étude. Le soutien de ces bibliothèques par la « Forschungsgemeinschaft » aura pour conséquence certaines modifications dans le plan de fonds spéciaux.

L'alternative - beaucoup de bibliothèques avec des fonds spéciaux ou une bibliothèque nationale centrale que prévoyait la commission de 1949 - se voit donc modifiée par la création de bibliothèques spécialisées centrales.

3. La structure fondamentale du plan se base sur la division classique des sciences. Il faut se demander s'il faut la maintenir encore pour les ouvrages en langues difficilement accessibles.

La commission a, comme on l'a déjà dit, trouvé une solution de compromis, avant tout pour les périodiques. Les périodiques japonais et chinois sur la médecine, la physique, la biologie qui n'ont aucun résumé en une langue facile, sont attribués aux fonds spéciaux correspondants, mais donnés à la bibliothèque de Marburg, qui se charge de la sinologie et de la japonologie et a des collaborateurs capables de juger les périodiques et de les cataloguer.

A l'avenir les bibliothèques spécialisées centrales seront dans ce domaine bien utiles. La bibliothèque d'informations techniques de Hanovre a créé une section « bureau de documentation » pour les ouvrages de sciences et les ouvrages techniques soviétiques, où seront rassemblés tous les ouvrages en langue russe ou en traductions et qui fournira des informations sur des exposés traduits, extraits des périodiques soviétiques. Si cette bibliothèque réussit à avoir des collaborateurs qui connaissent le chinois et le japonais, les ouvrages techniques dans ces langues seront rassemblés uniquement dans la bibliothèque d'informations techniques, les bibliothèques de fonds spéciaux en seront déchargées et la « Westdeutsche Bibliothek » pourra abandonner pour ce domaine ses fonctions d'intermédiaire. Déjà maintenant la majeure partie des périodiques techniques soviétiques est conservée en premier lieu à la bibliothèque d'informations techniques et non plus dans les bibliothèques à fonds spéciaux.

Notre développement est parallèle sur ce point au développement anglais, qui conduisit à la création de la « National lending library » du DSIR. Le programme allemand des fonds spéciaux est en pleine transformation et en plein développement. Cela est d'ailleurs vrai pour toutes les branches de notre activité dans le domaine des bibliothèques qui nous contraint toujours à réfléchir sur ce qui est nécessaire pour le présent et pour l'avenir.

Toute remarque ou suggestion de la part de nos collègues français sera utile pour notre commission des bibliothèques et y sera la bienvenue 2.

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Plan de répartition des fonds spéciaux (1/4)

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Plan de répartition des fonds spéciaux (2/4)

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Plan de répartition des fonds spéciaux (3/4)

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Plan de répartition des fonds spéciaux (4/4)

  1. (retour)↑  V. A. Z. : Verzeichnis ausgewählter wissenchaftlicher Zeitschriften des Auslandes.
  2. (retour)↑  Traduit de l'allemand par Mlle A. Carpentier, bibliothécaire à la Direction des bibliothèques de France.